Les hauts de Orléans

Orléans. L'ancienne, pas la nouvelle. Cette ville existe donc. C'est amusant, parce qu'en bon Parisien parisocentrique (ou parigocentrique mais ça c'est bon pour les crânes les plus bas des hordes provinciales qui ne manquent jamais une occasion de médire sur cette ville qui leur donne tant) la porte d'Orléans, c'est la limite géographique et symbolique entre le nord et le sud du pays. Le sud commence précisément à la porte d'Orléans : Montrouge, ça sent déjà le midi, l'accent de pierres qui roule, la lavande, l'occitan, tout ça. La porte d'Orléans, dernier endroit où Ilan Halimi a été vu vivant. Mais je m'égare (d'Orléans, aujourd'hui nommée d'après une bataille remportée par la Grande Armée sous le soleil d'une bourgade tchèque où n'est pas né Jan Suchoparek).

A star is burnt

- David Ledy tentant de cadrer le tir d'un boulet de canon contre le mur d'Orléans. Allégorie.

Orléans. Jeanne d'Arc qui libère la ville de l'Infâme, sans savoir qu'un jour les infects Probyn, Hill, Johnson, Carling et Underwood&Underwood viendront de nouveau souiller notre sol et celui de Crocodile Dundee, la ville écossaise jumelée avec Orléans.

Orléans. Chef-lieu de la région au nom le plus absurde et du Loiret, un cours d'eau insignifiant de douze kilomètres. Vous avez idée d'appeler « Centre » une région qui se voit disputer le point central du pays par sa voisine auvergnate ? Sans compter qu'appeler une région « Centre » implique qu'on a totalement renoncé à l'idée d'agrandir le territoire national en envahissant les pays contigus, Orléans, symbole du déclinisme défaitiste français. Vous avez idée de laisser à vos voisins le nom du fleuve royal, qui baigne quatre départements sur six (et deux sur cinq à côté, regardez bien la carte) ? Vous avez idée d'être moins célèbre que votre version nouvelle ? Remarquez, ça arrive à la Zélande (un troupeau d'îles de la mer du Nord, entre Pays-Bas et Danemark) à la Calédonie (nom poétique de l'Écosse, je vous autorise à insulter quiconque appelle « Calédonie » celle qui n'est que nouvelle) à la Twingo et donc à Orléans.

Orléans. Les vinaigriers. Vous saviez qu'il y avait une méthode typiquement locale de fabriquer du vinaigre ? Que circulaient sur la Loire des embarcations à fond plat (fûtreaux) pour éviter la vase et le sable d'un fleuve capricieux ? Qu'il y avait un Pont de l'Europe beaucoup moins laid mais aussi beaucoup moins symbolique que celui de Strasbourg ? Qu'on fabriquait et qu'on fabrique toujours une espèce de confiserie nommée cotignac, à partir de ce fruit ridicule qui ne veut être ni pomme ni poire et se réfugie dans les angles (@jpdarky calme toi, il ne s'agit pas encore une fois de stigmatiser nos perfides amis rosbifs, prends tes cachets) ? Que d'ailleurs, le cognassier n'est pas l'arbre dont (ou sur lequel) on tire les cognasses ?

Vers l'infini et au-delà

- A mi-chemin entre Orléans et l'infini, Pluton.

Orléans. L'aérotrain. Une expérience qui promettait le progrès, le génie, la ville à vingt minutes de Paris et la gare de Strasbourg à vingt minutes de celle de Vendenheim. Ah non ça c'est déjà le cas, pardon, j'ai dû me méprendre. Un train sur un rail en béton, propulsée par de l'air comprimé. Ça marche pas mal avec des munitions dans un canon, pourquoi pas avec des capsules d'hominidés pressés hein ?

Orléans. Ville dont sont originaires Bruno Germain, Philippe Chanlot, Reynald Pedros et Patrice Loko. Ca en impose, n'est-ce pas ? Beaucoup moins que Florian « Brozoufs » Thauvin, cela dit. Mais Orléans ce n'est pas que de la merde, Jean Calvin y a étudié et Louis Pasteur y a sa rue. Pause respect. Merci. Mais ce n'est pas tout, Jean-Marie Lustiger a été évêque là-bas et Gilles Deleuze y a enseigné. La vache. Et comme si ça ne suffisait pas, Olivier Lejeune y est aussi né. Le coup de grâce, on se fait enfoncer, glissons vite.

Orléans. Yann Moix a grandi dans le coin, son insignifiant frère y est né. Deux scribouillards écrasés par le génie d'un autre natif d'Orléans, Charles Péguy. La ville de Jean Zay. Ne me dites pas que vous ne savez pas qui était Jean Zay.

J'affirme qu'Orléans n'existe pas

- Ceci n'est pas Orléans. Ceci est l'un des nombreux Non-Orléans.

Orléans. L'affaire de la rumeur d'Orléans. Une légende urbaine à base de traite des Blanches et de vieil antisémitisme probablement conservé dans le vinaigre de l'Occupation, sagement conservée par les miliciens qui ont tué Jean Zay. Les mecs sont tellement antisémites que les juifs sont obligés de se faire passer pour évêque afin d'échapper aux ennuis.

Orléans. Anagramme d'Orelsan. Tout sauf un hasard. Je vous laisse méditer.