A l'Est, du nouveau ?

Cela fait bien longtemps que les trois plus grands clubs de l'Est ne sont pas présents régulièrement dans la première moitié du classement du championnat de France de L1. Et quand ceci arrive, le phénomène fait plus figure d'accident qu'autre chose. La plus jolie performance des 10 dernières années revient au FC Metz, lors de l'exercice 1997/1998, qui avait terminé second du championnat, juste derrière un Racing Club de Lens alors intraitable . C'était la fameuse époque des « PP flingueurs », Pouget et Pirès, qui faisaient trembler les défenses de France et de Navarre. Le temps a passé, les destinées également.

Depuis, plus rien. Ou si peu. Des miettes. Des clubs qui font l'ascenseur entre L1 et L2 à tour de rôle, et pour se mettre à peine quelque chose d'intéressant sous la dent quelques victoires en Coupe (le Racing de Strasbourg en 2005 pour la Coupe de la Ligue et une Coupe de France en 2001... à part ça, plus rien).
Si fierté l'on peut avoir, c'est le club alsacien qui en matière de palmarès prend largement le pas sur ses voisins lorrains. Metz n'a rien gagné depuis 1996 (une Coupe de la Ligue) et il faut remonter à 1988 pour voir le club grenat remporter une Coupe de France. Du côté du stade Marcel Picot à Nancy, rien à brandir depuis...1978 et une victoire en Coupe de France.

Alors bien sûr, toujours dans l'est de la France, Sochaux s'en tire plutôt mieux, mais nous n'en parlerons pas, les supporters des clubs précités ne considérant manifestement pas que les Sochaliens fassent partie de ce qu'il convient d'appeler le « Grand Est » et se trouvent de toute façon extérieurs aux querelles alsaco-lorraines qui subsistent depuis des temps reculés.

« Le Grand Est sera grenat », telle est la récurrente revendication des supporters de St Symphorien, oui mais voilà pour l'instant la région en question est au plus mal depuis des lustres, et il n'y a pas de quoi pavoiser à se disputer au cours d'une querelle de modeste voisinage. Le championnat, lui, en tout cas, n'est ni lorrain, ni alsacien depuis des années, c'est à dire depuis la victoire en 1979 du Racing de Gilbert Gress et... Jacky Duguépéroux aujourd'hui à la tête d'une équipe alsacienne en quête de repères.

Cette saison, après quelques journées de championnat, le constat n'est guère plus brillant. A l'heure ou sont écrites ces lignes, au niveau comptable, les équipes se tiennent, certes, mais ce n'est guère mirobolant. Strasbourg et Metz ont deux points, Nancy est lanterne rouge avec un zéro pointé au compteur. Pas de quoi pousser sa fierté au maximum, donc. Allez, soyons réalistes, attribuons un petit avantage au club alsacien, qui, loin de déjouer accumule calendrier délicat (Auxerre, Lyon et Monaco en entrée), malchance et arbitrage malheureux. De quoi se consoler du côté de la Meinau.
Malheureusement, les saisons se suivent et se ressemblent le long de la Ligne Maginot. Dans les stades de football de la région, les hivers sont un peu plus rigoureux, un peu plus dur qu'ailleurs. En l'état, les quelques derbys entre ces éternels rivaux (les haines sont aussi ancestrales entre Alsaciens et Lorrains qu'entre Marseillais et Parisiens) tendent à réchauffer les stades, mais c'est à peu près tout.

Justement, en parlant de derby de l'Est, le dernier en date entre Metz et Strasbourg lors de cette 4e journée s'est soldé par un triste 0-0, et l'insipidité du football développé entre les deux équipes ne pousse pas à l'optimisme. Nul sur toute la ligne, et ce ne sont pas les quelques individualités qui se sont mises en lumière qui ont changé quelque chose. Dans le même temps, Nancy était défait à Lyon, sur le fil, mais vaincu quand même. Le football de nos régions à décidément perdu de son rouge aux joues.

Et chacun, dans son coin d'Est, de rêver à un bon parcours en L1, de dépasser la ligne de flottaison du championnat pour qu'enfin, dans la France du football, on remarque : « Tiens... à l'Est, y a du nouveau ! »