Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Le grand Bleu

Note
5.0 / 5 (16 notes)
Date
Catégorie
Humeur
Lectures
Lu 8.241 fois
Auteur(s)
Par louky
Commentaires
10 comm.
Goncalves.jpg
© fsrcs

Il a hissé haut les couleurs du Racing, se battant avec vigueur contre vents et marées pour maintenir le club à flot dans l'élite, perçant les nuages de son regard d'un bleu aussi profond que le maillot qu'il a porté ces trois dernières saisons. Anthony Gonçalves a décidé de changer de cap, laissant dans son sillage un profond vague à l'âme à celles et ceux qui l'ont tant aimé et une constellation de souvenirs qui illumineront encore longtemps le ciel de la Meinau.

La nouvelle, aussi inattendue que brutale, a charrié son lot d'écumes sur les rives du Krimmeri. Dans un premier temps, personne n'a vraiment voulu y croire, à cette foutue rumeur qui envoyait Anthony Gonçalves loin, bien trop loin de la Meinau. Pourtant, à mesure qu'elle se précisait, elle a laissé poindre chez les amoureux du Racing une insondable tristesse et un profond vague à l'âme.

C'est désormais officiel : le Gonz débarque en Normandie, prêt à ferrailler pour les trois prochaines années dans une division qu'il connaît si bien. Lui qui a rejoint le Racing en Ligue 2 au tout début de son renouveau dans le monde professionnel. C'était il y a trois ans, à l'intersaison 2016-2017. À l'époque, du côté strasbourgeois, pas grand monde ne connaissait ce milieu de terrain habitué à jouer le maintien avec Laval, son club de cœur dont il est le capitaine emblématique.

La Meinau va pourtant vite comprendre quel joueur et, surtout, quel homme est Anthony Gonçalves. Un véritable guerrier au regard d'un bleu profond et perçant, mordant dans chaque ballon comme si c'était le dernier match de sa carrière. Le Gonz s'impose comme l'un des artisans majeurs du titre de champion de France de Ligue 2 et goûte pour la première fois de sa carrière à l'élite du foot français. Une consécration inattendue et plus que méritée pour ce fidèle soldat qui n'a jamais, ô grand jamais, rien lâché.

Dans les cœurs des supporters, c'est encore une autre histoire, autrement plus belle. En trois saisons, le Chartrain de naissance est devenu une véritable icône en Alsace. Et pas seulement pour son rôle sur le terrain. En dehors, le Gonz a tout fait pour se faire adopter par un public à qui il a multiplié les messages d'amour et de reconnaissance. Tous d'une sincérité profondément touchante, à l'heure des communiqués de façade de joueurs qui s'en foutent parfois complètement du maillot. Lui serrait fort le sien, à chaque but, après chaque passé dé, après chaque titre. Frappant l'écusson sur son cœur avec ardeur, comme s'il voulait entretenir le plus longtemps possible cette flamme unique avec un public qui n'a connu que (trop) rarement un investissement émotionnel aussi fort de l'un des siens.

Oui, mais voilà. Après trois ans d'un amour intense et réciproque, il lui a fallu partir.
Le Gonz n'a jamais été ni le plus talentueux, ni le plus technique de l'effectif, et il en a toujours été pleinement conscient. Il a nettement moins joué en Ligue 1, cela le rendait triste, mais il a toujours fermé sa gueule. Parce que l'équipe, le club, le public, tout ça lui importait bien davantage que son propre sort. Un dévouement rare et précieux, qui a fini par payer. La saison écoulée, il a inscrit cinq buts, dont un dernier magnifique au Parc des Princes où il nettoie le petit filet du grand Gigi Buffon. Une autre légende.

À 33 ans, Anthony Gonçalves a finalement décidé de privilégier le temps de jeu, là où le Racing n'était plus en mesure de le lui garantir. Il fera désormais les beaux jours de Caen, qui recrute un joueur magnifique et un vrai bon mec comme on en fait rarement dans le milieu du foot pro.

À Strasbourg, il laissera une trace indélébile dans les cœurs et les mémoires. Se plonger dans les souvenirs du Gonz sous le maillot bleu, c'est assumer de voir perler quelques larmes sur ses joues : sa ruée vers le banc messin après le but de Seka, son cri de joie mêlée de rage dans les bras de Kadou Mangane après la victoire lyonnaise. Une rencontre durant laquelle il a susurré à l'oreille de Liénard à quel point ici, à la Meinau, tout était possible...

Et surtout, son no-limit à lui (à 3min15), seul sur le banc après une victoire fédératrice contre Brest qui lance le Racing à toute blinde vers la Ligue 1. Il adorait plonger son regard énamouré dans ce Mur bleu à qui il a tant donné et qui lui doit tant. Qu'il soit à jamais remercié d'avoir été l'un des nôtres. Un grand Bleu.

louky

Commentaires (10)

Commentaire

Ne sera pas affiché, mais uniquement utilisé pour afficher votre éventuel gravatar.

Enregistre dans un cookie vos informations pour ne plus avoir à les resaisir la prochaine fois.

Annuler

Connectés

Voir toute la liste


Stammtisch

Mode fenêtre Archives