Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Pouliquen, l'homme qui fait chanter les cygnes

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Par romeocrepe
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Deus ex machina ? Non, spécialiste des soins palliatifs. Nommé en janvier 2008 entraîneur d'un FC Metz ne pouvant plus être sauvé, Yvon Pouliquen s'emploie à lui donner une fin digne, et plus en Coupe si affinités.

Accepter une telle mission, prendre un poste d'entraîneur de Metz en sachant pertinemment que, sauf à suivre un tableau de marche de champion et à faire d'une équipe inadaptée à la L1 l'équipe de France type, suppose une abnégation hors normes, un dévouement, un esprit sacrificiel de moine trappiste. La bière de ces mêmes moines doit sans doute être bien utile, les soirs où l'équipe est égale à elle-même. Yvon Pouliquen fait partie de ces personnalités rares, c'est un saint laïc.

Toute sa carrière a été au service des autres. Le Breton, formé à Brest, était un bon joueur, mais trop effacé. « Il acceptait trop facilement d'être le 12e ou 13e homme » a témoigné François Yvinec, président du Stade Brestois à l'époque. Pourtant, Yvon Pouliquen ne dépareillait pas dans l'effectif, évoluant alors en L1, s'entendant bien avec des Bosser, des Le Guen ou des Guérin.

En 1987, après dix ans de bons et loyaux services, il quitte Brest pour Laval, puis Saint-Etienne. Joueur fiable, toujours titulaire ou presque, il abandonne la Première Division en 1991 pour Strasbourg. Le Breton fait déjà état de son goût du grand écart : sa vie footballistique aura désormais deux jambes, l'une à l'extrême Ouest, l'autre à l'extrême Est. Son bail strasbourgeois va aussi durer dix ans, comme au Stade Brestois.

On connaît la suite : la remontée de 1992, et, surtout, ce but en demi-finale de Coupe de France en 1995 contre Metz, qualifié encore récemment de « mythique » par certains membres du stub. La fortune d'Yvon Pouliquen est faite, le voici dans le « hall of fame » du Racing.

Au moment de la retraite sportive, une place dans le staff l'attend. Un destin d'entraîneur va s'ouvrir, mais un destin paradoxal.

Le paradoxe Pouliquen
En 2000, l'ère Proisy-Le Roy, en place depuis 1997-1998, n'a déjà que trop duré. Claude Le Roy, derrière son homme-lige Mankowski puis directement, ne s'est que trop accroché, malgré l'échec patent de sa politique de recrutement et sa gestion désastreuse. Dernier avatar de ce staff déconnecté de la réalité : le recrutement à prix d'or de José Luis Chilavert. Le Racing réalise une des pires séries de matches aller de toute l'Histoire du championnat. Enfin, Le Roy démissionne. Yvon Pouliquen est bombardé entraîneur d'un Racing à l'agonie.

Au niveau comptable, le Racing ne réussira pas à redresser la barre, mais, dans la grisaille, le nouveau technicien va nourrir les regrets des supporters. En championnat, si cela ne se traduit pas dans les points, et si le niveau de jeu fluctue, on note un progrès, une combativité, que l'on avait perdu l'habitude de voir chez les joueurs. En Coupe de France surtout, une autre équipe est sur le terrain. Lyon et Nantes n'y résistent pas. La Meinau ne comprend plus, mais elle prend ce que, pour une fois, le Racing lui donne. La finale 2001 est gagnée, certes sans la manière, mais Strasbourg ramène une Coupe de France.

Sur ce, Pouliquen, non conservé pour assurer la remontée, refait l'essuie-glace, pour Lorient, parmi l'élite. Bis repetita : Lorient descend, mais gagne la Coupe de France et est finaliste de la Coupe de la Ligue 2002 ! Alors Pouliquen, spécialiste de Coupe, ou prestidigitateur capable de détourner l'attention collective vers d'autres objectifs, histoire de faire oublier le triste quotidien du championnat ? Trêve de mauvais esprit : gagner une Coupe n'est pas donné à tout le monde, alors en gagner deux de suite, cela ne saurait être totalement un hasard.

Ce n'est d'ailleurs pas le dernier des paradoxes d'Yvon Pouliquen : vainqueur de Coupe et meneur de convoi funèbre en championnat, homme discret, joueur collectif, et entraîneur au style plutôt offensif et combattif.

Aujourd'hui à Metz après un passage à Guingamp puis à Grenoble, il est le barreur d'une équipe au sort scellé en L1. Pourtant, égal à lui-même, il la conduit à l'excellence en Coupe, et il monte des coups d'éclat en Championnat, comme le week-end dernier contre Caen.

Le Racing, battu récemment en Coupe, et ancien patient du docteur-veilleur Pouliquen, le sait mieux que quiconque : avec Yvon Pouliquen, le FC Metz, cygne promis au trépas, va chanter jusqu'au dernier souffle.

romeocrepe

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