Compte à rebours en Comtat Venaissin

Une dizaine de supporters alsaciens avaient fait le déplacement en Avignon, où l'on n'a, en revanche, aperçu aucun actionnaire majoritaire, zéro chargé de mission et pas plus de directeur de la communication. Il faut dire que ces augustes décideurs avaient fort à faire à Paris où ils ont une nouvelle fois dû faire face aux turpitudes infligées par la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG). L'organisme de contrôle a réitéré la demande déjà formulée le 15 décembre : Alain Fontenla doit verser trois millions d'euros sur le compte de la SASP sous peine d'exclusion du club de toutes les compétitions fédérales. Une sanction extrême qui, si elle venait à être prononcée, ne laisserait plus que l'équipe des U15 inter-régionaux pour défendre les couleurs du Racing... L'actionnaire majoritaire assure ce soir qu'il va s'exécuter avec la plus grande célérité. C'est du moins ce qu'affirme le 492ème communiqué publié depuis la prise de pouvoir de Fontenla. Espérons.

Difficile de jouer l'esprit libre dans ces conditions pour des Strasbourgeois qui se déplacent en Avignon chez une équipe arlésienne invaincue dans un domicile qui n'est pas tout à fait le sien. Pascal Janin surprend une fois de plus en alignant Simon Zenke - pourtant peu en vue face à Laval - en lieu et place de David Ledy. Le reste de l'équipe est sans surprise : Arnaud Maire remplace poste pour poste Steven Pelé et le milieu à quatre vaguement inspiré de celui d'Arrigo Sacchi reste inchangé.

Les Bleus essuient quelques premières banderilles arlésiennes mais résistent bien. A la douzième minute, Quentin Othon déborde et élimine son vis-à-vis. Il centre en retrait pour son capitaine qui trouve le fond des filets. Troisième but en championnat dans la carrière de Guillaume Lacour, voilà un match qui commence sous les meilleurs auspices. D'autant plus que les joueurs du RCS prennent le match en main et font souffrir les Provençaux bicéphales. Une tête de Nicolas Fauvergue sème la panique sans que l'on réussisse à savoir si elle a franchi la ligne ou non : Lucile Guillotin n'a pas de ralenti au Parc des sports et c'est un véritable scandale.

Réveil arlésien en fin de première période et ça tangue pour l'inédite arrière-garde alsacienne, sans dommage cependant quand la pause survient. Le match reprend sur un rythme haché marqué par de nombreuses interruptions de jeu pour blessure. Les Arléso-Avignonnais n'ont cependant rien perdu de leur fougue et égalisent onze minutes après le retour des vestiaires par Maurice Dalé sur coup de pied de coin. Revigoré par ce retour à la marque, les coéquipiers d'un Ali-Azouz Mathlouthi remuant mais inefficace acculent le onze du Racing sur ses cages et multiplient les situations chaudes. Le talent de Stéphane Cassard et la maladresse des attaquants adverses permettent de repartir vers Strasbourg avec un point précieux qu'il faudra bonifier dans dix jours contre Ajaccio. D'ici là, de l'eau aura encore coulé sous les ponts. On annonce même une visite à Strasbourg de l'homme au col roulé, c'est dire si la situation est exceptionnelle. Les joueurs ont fait leur part du travail, l'actionnaire fera-t-il la sienne ? Réponse au prochain épisode de ce drame épique, à mi-chemin entre L'Enlèvement des Sabines et Plus belle la vie.

N.B. : Avignon ne fait pas exactement partie du Comtat Venaissin, je sais. Mais allez chercher un jeu de mot potable à minuit et en vous interdisant le trop éculé pont où l'on danse. Un peu d'indulgence, que diable.