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Heinrich Schliemann avait creusé jusqu'à Troie VII. Le Racing ira jusqu'à Auxerre III, et trouvera l'Homère de Bourgogne.
(Cet article est bien sûr très sérieux et à prendre sans le moindre humour. Il a été bel et bien été écrit par Napoléon Ier, inutile d'hurler à l'usurpation d'identité, c'est vraiment moi)
Auxerre faisait trembler l'Europe au temps où l'auteur était jeune. Auxerre était l'incarnation de l'empire paysan français, la revanche des cul-terreux qui détruisent des hordes étrangères en alignant cantonniers et garde-champêtres. Le tsar Alexandre Ier le disait aux couronnes de la troisième coalition : "Affronter les Français à Auxerre ? Ah non alors j'ai trop les chocottes. Attendons plutôt Austerlitz, ça sonne quasi pareil et au moins avec les Allemands on sait où on va, j'ai moi-même une perceuse Bosch à laquelle je remettrais ma vie même en enfer. Et si Laslandes nous colle une bicyclette, ce que je ne crois guère, on siffle carton rouge comme d'hab, et baste". Et paf ! L'auteur serait un Russe monarchiste que l'article s'appellerait "Auxerre, vice de sa Majesté" (*).
Par conséquent, l'auteur aime beaucoup l'idée auxerroise.
La déception du visiteur est en proportion, puisqu'une fois dépassés l'auto-école Roux, le garage Roux, Lulu la rouquine et la cathédrale il touche aux bords de la commune. Auxerre est tout petit. Elle doit l'essentiel d'une vie rurale fragile à son club de foot adoré.
Le sens de l'histoire n'est pas favorable à Auxerre, les gars du coin le sentent, un peu comme les animaux, et nous même le savons, à Marseille, à Strasbourg. Nos élites urbaines nous fermentent des lendemains qui gazouillent, il suffit de lire entre les lignes et d'écouter l'instinct infaillible du commissaire aux comptes qui sommeille en nous. Oui, la trésorerie du Racing est assurée pour l'éternité !
Soyons sérieux un instant, est-ce qu'Auxerre III vaut la peine d'être massacré comme les autres sous prétexte de succès sportif ? L'auteur, qui n'est pas à bout de citations, et aussi un peu par flemme (il fait un agréable 24°C à Rennes au moment où il tape ces lignes) préfère à nouveau laisser la parole à meilleur que lui. C'est pour une Histoire naturelle de Jules Renard, qui évoque Auxerre dans la mesure où elle se déroule au bord de l'Yonne :
D'autres pêcheurs accordent de l'importance au vent qu'il fait, au soleil qui chauffe, aux nuances de l'eau, M. Vernet aucune. Sa perche de ligne de noisetier à la main, il partait à son gré, longeait l'Yonne, s'arrêtait aussitôt qu'il ne voulait pas aller plus loin, déroulait, posait la ligne, et passait d'agréables moments, jusqu'à l'heure de revenir à la maison pour déjeuner ou dîner.
(...)
Bientôt, il prit un poisson.
(...)
M. Vernet, calmé, rejeta sa ligne à l'eau et au lieu de mettre le goujon dans le sac, sans savoir pourquoi (il ne sut jamais le dire), il regarda le goujon.
Pour la première fois, il regarda un poisson qu'il venait de prendre ! D'habitude, il se dépêchait de lancer sa ligne à d'autres poissons, qui n'attendaient qu'elle. Aujourd?hui, il regardait le goujon avec curiosité, puis avec étonnement, puis avec une espèce d'inquiétude.
"C'est drôle, dit M. Vernet, je m'aperçois qu'il étouffe !"
Et il ajouta :
"Qu'il souffre !"
(...)
M. Vernet roula sa ligne, cacha au pied d'un saule les deux poissons qu'une loutre y trouverait peut-être et s'en alla.
Il semblait plutôt gai et méditait en marche.
"Je serais sans excuses, se disait-il. Chasseur, même si je pouvais m'offrir avec mon argent d'autre viande, je mangeais du moins le gibier, je me nourrissais, je ne donnais pas la mort uniquement par plaisir, mais Mme Vernet rit bien, quand je lui apporte mes quelques poissons raides et secs, et que je n'ose même pas, honteux, la prier de les faire cuire. C'est le chat qui se régale. Qu'il aille les pêcher lui-même s'il veut ! Moi, je casse ma ligne !"
Cependant, comme il tenait encore les morceaux brisés, M. Vernet murmura, non sans tristesse :
"Est-ce enfin devenir sage, est-ce perdre déjà le goût de vivre ?"
(*) "Auxerre, vice de sa Majesté" : elle n'est pas neuve, mais les titres de 2007 devaient bien resservir un jour
La guerre de III
Auxerre faisait trembler l'Europe au temps où l'auteur était jeune. Auxerre était l'incarnation de l'empire paysan français, la revanche des cul-terreux qui détruisent des hordes étrangères en alignant cantonniers et garde-champêtres. Le tsar Alexandre Ier le disait aux couronnes de la troisième coalition : "Affronter les Français à Auxerre ? Ah non alors j'ai trop les chocottes. Attendons plutôt Austerlitz, ça sonne quasi pareil et au moins avec les Allemands on sait où on va, j'ai moi-même une perceuse Bosch à laquelle je remettrais ma vie même en enfer. Et si Laslandes nous colle une bicyclette, ce que je ne crois guère, on siffle carton rouge comme d'hab, et baste". Et paf ! L'auteur serait un Russe monarchiste que l'article s'appellerait "Auxerre, vice de sa Majesté" (*).
Par conséquent, l'auteur aime beaucoup l'idée auxerroise.
La déception du visiteur est en proportion, puisqu'une fois dépassés l'auto-école Roux, le garage Roux, Lulu la rouquine et la cathédrale il touche aux bords de la commune. Auxerre est tout petit. Elle doit l'essentiel d'une vie rurale fragile à son club de foot adoré.
Le sens de l'histoire n'est pas favorable à Auxerre, les gars du coin le sentent, un peu comme les animaux, et nous même le savons, à Marseille, à Strasbourg. Nos élites urbaines nous fermentent des lendemains qui gazouillent, il suffit de lire entre les lignes et d'écouter l'instinct infaillible du commissaire aux comptes qui sommeille en nous. Oui, la trésorerie du Racing est assurée pour l'éternité !
Pourquoi tant de haine ?
Soyons sérieux un instant, est-ce qu'Auxerre III vaut la peine d'être massacré comme les autres sous prétexte de succès sportif ? L'auteur, qui n'est pas à bout de citations, et aussi un peu par flemme (il fait un agréable 24°C à Rennes au moment où il tape ces lignes) préfère à nouveau laisser la parole à meilleur que lui. C'est pour une Histoire naturelle de Jules Renard, qui évoque Auxerre dans la mesure où elle se déroule au bord de l'Yonne :
D'autres pêcheurs accordent de l'importance au vent qu'il fait, au soleil qui chauffe, aux nuances de l'eau, M. Vernet aucune. Sa perche de ligne de noisetier à la main, il partait à son gré, longeait l'Yonne, s'arrêtait aussitôt qu'il ne voulait pas aller plus loin, déroulait, posait la ligne, et passait d'agréables moments, jusqu'à l'heure de revenir à la maison pour déjeuner ou dîner.
(...)
Bientôt, il prit un poisson.
(...)
M. Vernet, calmé, rejeta sa ligne à l'eau et au lieu de mettre le goujon dans le sac, sans savoir pourquoi (il ne sut jamais le dire), il regarda le goujon.
Pour la première fois, il regarda un poisson qu'il venait de prendre ! D'habitude, il se dépêchait de lancer sa ligne à d'autres poissons, qui n'attendaient qu'elle. Aujourd?hui, il regardait le goujon avec curiosité, puis avec étonnement, puis avec une espèce d'inquiétude.
"C'est drôle, dit M. Vernet, je m'aperçois qu'il étouffe !"
Et il ajouta :
"Qu'il souffre !"
(...)
M. Vernet roula sa ligne, cacha au pied d'un saule les deux poissons qu'une loutre y trouverait peut-être et s'en alla.
Il semblait plutôt gai et méditait en marche.
"Je serais sans excuses, se disait-il. Chasseur, même si je pouvais m'offrir avec mon argent d'autre viande, je mangeais du moins le gibier, je me nourrissais, je ne donnais pas la mort uniquement par plaisir, mais Mme Vernet rit bien, quand je lui apporte mes quelques poissons raides et secs, et que je n'ose même pas, honteux, la prier de les faire cuire. C'est le chat qui se régale. Qu'il aille les pêcher lui-même s'il veut ! Moi, je casse ma ligne !"
Cependant, comme il tenait encore les morceaux brisés, M. Vernet murmura, non sans tristesse :
"Est-ce enfin devenir sage, est-ce perdre déjà le goût de vivre ?"
(*) "Auxerre, vice de sa Majesté" : elle n'est pas neuve, mais les titres de 2007 devaient bien resservir un jour
