Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Kombouaré, une nouvelle carrière commence

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Par conan
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Kombouaré, un homme passionné © Karim Chergui

Antoine Kombouaré est peut être l'entraineur dont le Racing avait besoin après plusieurs saisons de vaches maigres. Jeune coach, l'ancien Parisien a connu une carrière bien remplie. Retrospective sur le passé du chouchou du Parc des Princes.

Antoine Kombouaré, sa vie et son oeuvre

Antoine est un tout jeune entraîneur qui est arrivé, un peu à la surprise générale il faut bien le dire, au Racing, remplaçant par là même le mythe vivant Ivan Hasek. J'avoue avec honte que je faisais partie des sceptiques. Je me disais qu'il fallait plutôt un entraîneur expérimenté pour guider le Racing, et qu'Antoine représentait toute de même un sacré coup de poker. Pourtant je l'aimais bien en tant que joueur et les échos provenant du côté de Paris semblaient montrer qu'il était très apprécié et qu'il avait réalisé un travail remarquable à la tête de la CFA. Très vite, et un peu comme tout le monde en fait, j'ai appris à apprécier sa sobriété qui nous change des années frimes de l'époque Le Roy, l'humilité de son discours réaliste dans lesquels il ne nous promet pas monts et merveilles mais où le mot travail revient à peu près toutes les deux phrases. Et puis j'ai aimé le Racing qu'il nous a préparé, un Racing certes naïf qui n'est pas un foudre de guerre de ce championnat, mais un Racing si attachant avec cette bande de jeunes joueurs visiblement heureux de jouer ensemble et tous portés vers l'offensive. Antoine, c'est le coach qu'il nous fallait pour un projet à moyen terme, c'est clair et net !

C'était quand même un sacré beau joueur Antoine, un solide défenseur. Pas un joueur extraordinaire non plus, il ne compte d'ailleurs aucune sélection en équipe de France, mais l'un de ces joueurs que l'on qualifie de « joueur de devoir » et si précieux pour une équipe professionnelle. Et pourtant, il a tout de même effectué une très belle carrière.


Ses premiers pas parmi les pros

Sa carrière, il l'a entamé au sein de la fameuse école nantaise au milieu des années 1980. Une école dont la philosophie prône un football éminemment collectif et porté vers l'offensive. Est-ce vraiment étonnant de le voir tenter d'appliquer cette philosophie au Racing quand on sait que le premier entraîneur de Antoine Kombouaré fut Jean-Claude Suaudeau, figure emblématique du FC Nantes ? A l'époque, Nantes était l'une des équipes phares de notre championnat. C'était l'époque romantique des Bertrand-Demanes, Barronchelli, Touré ou Loïc Amisse. Antoine a également côtoyé de très grands joueurs étrangers sous le maillot canari tels que Vahid Halilhodzic, Mo Johnston, Frankie Vercauteren ou le champion du monde argentin Jorge Burruchaga. Il a enfin vu éclore de jeunes espoirs du football français dont personne n'allaient prédire le destin fabuleux qui les attendaient : deux gamins qui firent leurs premières armes sous le maillot nantais alors qu'ils n'avaient qu'à peine 18 ans et qui se nommaient Didier Deschamps et Marcel Dessailly.

Kombouaré, je me souviendrais toujours du premier match ou le l'ai vu jouer à la télé. Pourtant cela date... Au printemps 1986 le FC Nantes affrontait les terribles italiens de l'Inter de Milan pour un quart de finale de la Coupe UEFA. Il fallait réaliser un exploit pour se qualifier, car les Nantais furent inexistants au match aller, balayés 3-0 par la bande à Zenga, Ferri, Bergomi, Altobelli, Brady et Rummenigge. Mission impossible et pourtant un vent de folie vola ce soir là sur la Beaujeoire. Nantes mène 3-1 à la mi-temps et entrevoit l'exploit. Trois buts plus magnifiques les uns que les autres dont une tête fabuleuse de Kombouaré (déjà...). Malheureusement le réalisme italien viendra à bout de l'enthousiasme et du culot nantais. José Touré est matraqué et devra quitter la pelouse sur une civière, ce qui le privera de Coupe du Monde. Le score final est de 3-3 mais Nantes avait tutoyé le rêve.

Après deux titres de vice champion de France en 1986 et 1987, Antoine connaîtra l'époque ou le FC Nantes perdra quelque peu son âme et son identité, renonçant à sa politique de jeunes qui lui avait tant réussi pour recruter des vedettes. Coco Suaudeau est même remercié, remplacé par Blazevic (qui entraînera par la suite la sélection croate lors de la Coupe du Monde 1998). Le Croate est un coach malin comme un singe et de classe mondiale. Malheureusement la greffe ne prend pas et le FC Nantes sombre dans l'anonymat du championnat.


Paris ou les années magiques

Le Néo-Calédonien est finalement transféré à Toulon avant de rejoindre en 1990 un PSG ambitieux et désireux de devenir l'égal du grand Olympique de Marseille. Ses cinq années passées dans la capitale allaient être véritablement magiques. Antoine allait y côtoyer les Ginola, Lama, Le Guen, Guérin, Valdo, Ricardo, Rai et le plus grand de tous de son propre aveu, George Weah. Sous le maillot du PSG il allait se forger un palmarès fabuleux (un titre de champion de France, deux coupes de France, une coupe de la ligue, trois demi finales de Coupe d'Europe). Mais surtout, il allait participer aux matchs de Coupe d'Europe les plus mémorables de l'histoire du PSG face aux Anderlecht, Naples, Real Madrid, Juventus, Arsenal, Bayern Munich, Kiev, Barcelone et Milan AC. Pourtant les débuts d'Antoine à Paris sont très difficiles et il ne parvient pas à obtenir une place de titulaire. Il doit convaincre Arthur Jorge son entraîneur, un homme très dur et prônant un football très rigoureux. Un peu l'antithèse du football champagne joué à Nantes. Le chef d'oeuvre de Kombouaré fut sans aucun doute la campagne UEFA 1992-1993 qui restera gravée dans toutes les mémoires et qu'Antoine marqua très largement de son empreinte. Après avoir éliminé le PAOK Salonique dans l'enfer du stade grec de la Toumba et gagné sur le terrain de Naples, le PSG joua son 8ème de finale face aux solides belges d'Anderlecht. Le match aller au Parc des Princes se solda par un triste 0-0 et Anderlecht mène chez lui 1-0 au retour. Le PSG est éliminé à 5 minutes de la fin lorsque Kombouaré, d'une très belle tête, propulse le ballon au fond des filets et le PSG en quart de finale. Sans ce but in extremis, il n'y aurait jamais eu LE chef d'oeuvre d'Antoine, ce quart de finale retour face au mythique Real Madrid de Michel, Butragueno, Prosinecki et Zamorano. En Espagne, le PSG possède une balle de 2-2 au bout du pied en fin de match mais sur le contre, le Real marque et l'emporte 3-1. Mission très difficile donc pour Paris qui joue dans un Parc chauffé à blanc comme il ne l'a jamais été. Weah marque rapidement de la tête sur corner. La partie est crispante et le Real tient le choc. Pourtant Paris se bat sur tous les ballons et à 10 minutes de la fin, David Ginola envoie une reprise de volée extraordinaire dans la lucarne de Buyo. C'est de la folie au Parc des Princes, le stade et en ébullition et Valdo le fait définitivement chavirer en marquant le troisième but !

On joue les arrêts de jeu, interminables... Inexplicablement l'arbitre fait jouer six minutes d'arrêts de jeu ! Et la catastrophe arriva avec un but du Real. Prolongations pense-t-on alors, le Parc est abasourdi. Mais sur le coup d'envoi le PSG obtient immédiatement un coup franc excentré sur la droite, une sorte de mini corner. Platini au micro de Canal + annonce : « C'est le 4ème but, vous allez voir ». Et ça ne rate pas, Kombouaré place une tête imparable et propulse le PSG au paradis au terme d'une partie qui aura duré près de 100 minutes ! C'est de la folie, tout le monde hurle et s'embrasse. Antoine, quant à lui, est définitivement entré dans l'histoire du football français grâce à ce but inoubliable....

Sa carrière, Antoine la terminera en effectuant de belles petites saisons à Sion, ou il remporta une Coupe du Suisse, à Aberdeen ou il gardera toute sa vie l'image du formidable public écossais et enfin au Racing Club de Paris dans les divisions inférieures. Antoine n'était certes pas un grand joueur. C'était un défenseur qualifié de physique, à la technique un peu frustre. Et pourtant, partout ou il a joué, Antoine n'a laissé que d'excellents souvenirs. L'image d'un joueur certes limité, mais sérieux et d'un grand courage. D'ailleurs, aujourd'hui encore, il reste le chouchou du public parisien...


Une reconversion réussie

Ce joueur a été influencé par de célèbres techniciens au cours de sa carrière. Coco Suaudeau et la fameuse école nantaise, Blazevic et son intelligence tactique et Arthur Jorge et sa rigueur poussée à l'extrême. On peut affirmer qu'il existe de bien pires mentors pour inspirer une carrière d'entraîneur ! Antoine exerça ses premières armes dans l'équipe de CFA du PSG. Les Parisiens apprécièrent beaucoup la qualité de son contact avec les jeunes éléments et sa faculté à tirer le meilleur d'eux-mêmes. La qualité de son travail fut unanimement reconnu et remarqué, ce qui lui a permis de prendre en main les destinées du Racing cette saison. En six mois, il a réussi à apposer sa griffe sur le jeu de son équipe. Gageons qu'avec un peu plus de réussite et moins de naïveté, ce Racing là possède un très bel avenir sous sa conduite. Le club en tous les cas peut être fier de compter dans ses rangs un homme de sa trempe et d'une telle qualité humaine.

conan

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