Jonas Martin, joueur du mois d'août

Jonas Martin, maître des cartes.

« Je suis l’as de trèfle qui pique ton cœur » aurait dit MC Solaar. Mais loin du rap jeu, Jonas Martin s’est imposé en patron cet été, lui qui, pour rappel, s’est remis plus vite que prévu d’une opération à la cheville intervenue en fin de saison dernière, peu après Lyon, et pouvait manquer la préparation. Joueur le plus utilisé la saison passée avec ses 3 039 minutes au compteur, le natif de Besançon démarre sur les même bases. Il était même possible de l’imaginer avec le brassard de capitaine cette saison, comme ce fut parfois le cas lors des matchs amicaux estivaux. Contre Bordeaux, il gratifie sa prestation pleine par une action collective d’école qu’il conclue lui-même d’une passe décisive pour Nuno Da Costa. Une semaine plus tard, pour le retour des Racingmen à la Meinau, Jonas Martin réitère et rend une copie quasi-parfaite. Malgré le score final, et pour la deuxième fois consécutivement en supériorité numérique, le milieu de terrain, placé à chaque fois au poste de numéro 10 dans un 4-2-3-1 inhabituel la saison passée, s’est distingué. Sans doute Thierry Laurey a-t-il trouvé la façon la plus optimale d’utiliser son joueur, souvent critiqué pour son insuffisance ou ses performances trop neutres. Au Groupama Stadium, le vendredi suivant, le coach strasbourgeois reconduit son schéma de jeu. Comme la saison dernière, les bleus perdent. Mais ils affichent un visage nettement plus convaincant voire séduisant. Et Jonas Martin, encore lui, d’être élu meilleur strasbourgeois du match sur racingstub.com. Il semble cette saison avoir pris du galon, et a toutes les cartes du jeu à distribuer à ses coéquipiers. La bonne pioche est peut-être là, un an plus tard.

Stefan Mitrovic bien trop fort.

Il était l’une des interrogations du mercato. Recalé à la visite médicale à Saint-Etienne en janvier, il rate la coupe du monde avec la Serbie pour son temps de jeu proche de zéro et une blessure à la cheville qui le tient longtemps éloigné des terrains. Le Racing flaire le bon coup et décide de l’enrôler contre près de 2 millions d’euros. Valeur sûre ? À priori, non. Ce transfert s’apparenterait plus à une prise de risque de la part des recruteurs. Mais moins de trois mois seulement après son arrivée, le colonel serbe entoure les manches de son maillot avec le brassard de capitaine. Dès son premier match officiel sous ses nouvelles couleurs. Pas de quoi le faire trembler, ni douter. Sa prestation à Bordeaux, à l’image du collectif, est convaincante. Le Racing semble enfin avoir trouvé un défenseur central solide et rassurant. Une victoire et un clean sheet à l’extérieur ? Retournez en arrière, au 8 décembre 2017, contre… Bordeaux ! Cela permet de mesurer un peu la performance dont Mitrovic est complice. Et les âmes alsaciennes continuent à être conquises par le grand serbe (1,89m) au fur et à mesure des matchs qui passent, que ce soit Saint-Etienne ou Lyon face à lui.

Ibou Sisso-Conquérant.

Les Normands avaient Guillaume le Conquérant, l’Alsace a désormais Ibrahima Sissoko. Ibou pour les intimes (ou presque). Recruté en anticipation du départ attendu et effectif de Jean-Eudes Aholou, la tâche n’était pas simple ni acquise d’avance. Mais à la vue du mois d’août, difficile de donner tort aux dirigeants et recruteurs du plus grand club de l’est. Ibou Sissoko assure dans un poste devant la défense, accompagné de Dimitri Liénard, repositionné. Pour son premier match au Racing, son tout premier en Ligue 1, l’ancien joueur de Jean-Marc Furlan débloque le compteur but de l’Alsace cette saison et montre la voie aux siens vers un succès en terre bordelaise (2-0). La sentinelle strasbourgeoise a déjà récupéré 34 ballons. Seuls Benjamin André (Rennes, 42), Ferland Mendy (OL, 39), Téji Savanier (Nîmes, 38), Morgan Sanson (OM, 36) font mieux. Son rendu, autant défensif qu’offensif, est déjà plus que louable et le collectif semble bien huilé avec ses nouveaux coéquipiers. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le premier mois d’Ibou ici est plutôt chouette (lol).

Le nouveau portier Matz Sels complète le premier top de l’année, très proche d’Ibrahima Sissoko. Anthony Caci et Anthony Gonçalvès y sont également, mais dans une moindre mesure. Le second étant crédité notamment de son but face à Saint-Etienne.

Les flops du mois

Dimitri Liénard sans la manière.

« La lucarne, la lucarne, la lucarne […] la lucarne, la lucarne » s’esclaffait 12 fois Luc Dreosto au micro de France Bleu Alsace pour commenter le coup-franc de « Dim’ » dans la lunette de Mathieu Gorgelin. Il offrait le maintien en Ligue 1 à toute l’Alsace. Une trêve et un scandale plus tard, Dimitri Liénard semble en difficulté. Techniquement, tactiquement, footballistiquement, rien ne lui réussit. Sa (seule) passe décisive contre Bordeaux vient nuancer le bilan mais ne suffit pas à contraster le très mauvais mois du chouchou du public. Sa désormais célèbre patte gauche est encore en vacances, probablement bien malgré lui. La tête au nouveau contrat, les pieds ailleurs que sur les terrains. Dimitri Liénard, repositionné devant la défense lorsque Thierry Laurey joue en 4-2-3-1, est bel et bien perdu. Les temps sont durs certes, mais suffisamment longs pour que l’Alsacien d’adoption puisse retrouver son niveau de la saison écoulée, sinon de l’élever. Il suffit d’un match pour le remobiliser et retrouver un Liénard martial.

Adrien Thomasson cloche.

Première information pour ceux qui découvrent Adrien Thomasson cette saison, son nom à consonance danoise, originaire de Croatie (dont il est sélectionnable), se prononce bien à la française. Thomas Sont. Ou alors, en référence à Nino Ferrer « Y a Thomasson qui son et y a jamais person qui répond ». Mais c’est un autre débat. Et si je bâclais ce passage comme Ferrer ses rimes, je m’arrêterais là. Très en jambes lors des matchs amicaux, notamment contre Reims, le retour à la compétition est beaucoup plus difficile. Titulaire tantôt à droite, tantôt à gauche, Thomasson ne trouve sa régularité que dans la pauvreté de ses performances hélas. Sans aucun doute, le meilleur reste à venir puisque, selon son rythme de carrière, il devrait rester jusqu’en 2021 en Alsace. Ce joueur de ballon ne tardera pas à combiner avec ses coéquipiers comme le Racing a déjà pu le faire parfois. Antonio Bandera ou bandera pas, telle est la question, en attendant le bal « Thomasson » reste masqué.

Ô hisse, Zohi !

Deux minutes de silence pour le titre bâteau… et un « badoum » pour cette entrée en matière. Kévin Zohi, avant le début de cet excercice, n’avait disputé qu’une seule minute de jeu en Ligue 1. Contre Montpellier, à la Meinau, et avait eu le temps de perdre le seul ballon qu’il a touché. Depuis, l’ivoirien recruté au Mali à l’Académie Jean-Marie Guillou a eu l’occasion de se racheter. Performant en réserve depuis son arrivée en janvier 2017, présent dans le groupe professionnel et sous contrat pro, il a peu à peu pris ses marques. Il mérite même son petit papier dans les DNA/L’Alsace cet été. « Sanka », en référence à Rasta Rocket et la coupe afro qu’il a tristement décidé de raser pendant la trêve, a débuté contre Bordeaux puis a joué la seconde période contre Saint-Etienne. Mais son style de jeu, à base de vitesse de percussions, dribbles et un-contre-un, avec beaucoup de prises de risques offensives notamment, n’a pas porté ses fruits. Bien qu’intéressant, Kévin «Lucien » Zohi a perdu beaucoup de ballons et loupé les décalages pour créer une occasion de buts. Stéphane Ruffier est tout de même parvenu à détourner en corner une belle frappe du jeune attaquant ivoirien qui prenait le chemin du petit filet. Des Jamaïcains ont réussi à disputer les Jeux Olympiques d’Hiver en bobsleigh, petit « sanka » local parviendra à faire son trou dans le football professionnel. Patience et travail.

Nuno Da Costa, Lionel Carole, Pablo Martinez, Ludovic Ajorque et Kenny Lala complètent les flops, bien que cela se fasse d’extrême justesse pour les deux derniers cités, et que les notes ne sont pas tant négatives que cela pour les trois précédents.

Le classement complet

Joueur	Matchs	Bordeaux - RCS 0-2	RCS - St-Etienne 1-1	Lyon - RCS 2-0	Moyenne
Jonas Martin	3	1.91	1.98	2.44	2.11
Stefan Mitrovic	3	1.89	1.42	2.13	1.81
Ibrahima Sissoko	3	2.42	1.79	-0.13	1.36
Matz Sels	3	1.09	1	1.68	1.26
Anthony Caci	3	-0.59	0.9	1.2	0.5
Anthony Gonçalves	2		2.21	-1.7	0.26
Kenny Lala	3	1.34	0.2	-1.93	-0.13
Ludovic Ajorque	2	-0.58		0	-0.29
Pablo Martinez	2	-0.94	-0.13		-0.54
Lionel Carole	2		-1.04	-0.3	-0.67
Nuno Da Costa	3	0.2	-0.44	-2.04	-0.76
Kévin Zohi	2	-0.65	-1.17		-0.91
Adrien Thomasson	3	-1.64	-1.96	-1.9	-1.83
Dimitri Liénard	2	-1.85	-2.12		-1.99