L'Aviron Bayonnais et le Racing baillonné ?

Les Basques lâchés

L'Aviron est un club omnisport nommé par sa section à rame et à coque. Une fantaisie qui dissimule un club de football, sous le nom évocateur de joutes nautiques Oxford-Cambridge, de jeunesse musculeuse pour les élites anglaises, Conan Doyle, etc. Mais tout le monde sait combien le Sud-Ouest s'est compromis avec la culture britannique, un moindre mal qui nous permet de leurs mettre la pâtée au rugby de temps en temps.

D'ailleurs ils ne sont guère restés longtemps, les Anglais. La légende veut qu'ils renoncèrent après une menue morsure de caniche, ce qui inspira à Conan Doyle le chef-d'oeuvre qui l'éleva là-bas à l'égal de Shakespeare, Elton John et le mouton à la menthe : « Le chien des Basques erre, vil. »

Équipe de football donc, sympathique, vaillante, quoique un peu laborieuse. Lors du match aller, le supporter bayonnais interrogé par bluefever67 était bien pudique sur les atouts de son club. Le nom qui apparaît dans la presse est celui d' Anthony Soubervie, latéral droit et pilier de la défense du club – peut-être le meilleur du National à son poste. Pour le reste, l'équipe connaît dans l'ensemble une saison délicate, après être revenu en National en 2008 où il s'était depuis maintenu sans éclat. A l'heure actuelle, l'Aviron peut toujours être rattrapé par Plabennec et Rodez. Pour ces trois équipes, il reste encore deux matchs, les Bayonnais étant sans doute les moins chanceux en jouant le Racing et Cannes.

On passera sur les procédures et débats qui ont entourés la tenue du match aller ; le Racing n'avait pu se déplacer pour des raisons météorologiques. Un report en janvier, plutôt opportun, puisqu'il nous a permis d'aligner des joueurs encore non qualifiés à la date initiale du match, comme Yannick Yenga et Nicolas Belvito.

Mais qui était qualifié au début de saison ? Allez, une dizaine de fantassins, en comptant Laurent Fournier. Peu importe du reste, le Racing a bien gagné ce match aller.

Pris pour des jambons

Tout était en place pour le traditionnel match final 'à la Racing'. On se souvient de 2006, et les larmes de Duguépéroux. Il y eut 2008, la chute de Furlan ; 2009, les larmes de Cassard, la Mosson ; 2010 enfin, les sièges volant à Châteauroux. De quoi réjouir le supporter, toujours un peu porté à la grandiloquence. Cette année, pour ne rien changer, chacun préparait ses kleenex, pianotait des posts enfiévrés, lustrait son clairon de l'Apocalypse. On allait donc mourir – mourir n'est rien, mais les 40 matchs avant, etc.

Las, le Prési annonça la décision de jouer à huis clos ! Et pour y assister, lui, seul !
Imaginons Jafar Hilali perdu dans son immense jouet en béton, relisant Montaigne ou cherchant quelqu'un pour lui indiquer les toilettes, et entendant assourdie la rumeur des fâcheux. On se souvient de la banderole « Les cons ça ose tout... » ; imaginons Jafar Hilali distribuant un tract « Et je le prouve » à l'unique spectateur. Bien sûr, tout ça n'aura pas lieu.

Mais laissons là Insignifiant Ier, qui doit de toute façon se sentir parfois seul, même quand il fait 100 000 à Snake sur son Blackberry.

Reste donc l'oeuvre collective, le Racing. Laurent Fournier mérite une entrée directe au Panthéon des personnalités sympathiques du Racing. Il est adorable. L'équipe à son image réchauffe le vieux béton de la Meinau ; tout est bon chez elle, il n'a rien à jeter. Mais que peut-on encore rêver d'une montée en L2 ? Doit-on seulement le faire, s'il faut composer avec un président dément ? Nul ne le sait, mais on hésiterait à ne pas goûter une nouvelle victoire. Ainsi soit-il, allez Racing donc.