L'espoir au bout de la nuit.

Bon point pris ou deux points perdus ? Seul l'avenir le dira... Mais vu l'ovation qu'a réservée hier soir la Meinau à ses joueurs au coup de sifflet final, il semble clair que dans l'euphorie, les supporters ont spontanément optés pour la première option. Il faut dire que les joueurs strasbourgeois font plaisir à voir lorsque ils se battent ainsi sur le terrain comme des morts de faim. Le Racing pointe ce matin à deux petits points de Troyes, mais plus que le bilan mathématique, c'est la manière avec laquelle ce résultat fut obtenu et les conséquences psychologiques de cette rencontre qui sont à retenir.

Car on a pu s'apercevoir que les bons résultats du LOSC au cours des dernières saisons étaient loin d'être le fruit du hasard. Il s'agit d'une équipe combative, extrêmement bien organisée et appliquant un pressing étouffant sur son adversaire. Battre cette belle mécanique bien huilée aurait relevé de l'énorme performance. La victoire aurait pu devenir réalité sans ces errements défensifs si caractéristiques du Racing cette saison.

C'est en effet avec beaucoup de coeur que le Racing relève le défi. Alex Farnerud se signale d'entrée de jeu par deux belles occasions, malheureusement vendangées. Mais au moins cette fois-ci, il a le mérite de ne pas baisser les bras, même après l'ouverture du score de Kader Keita qui profite d'une erreur d'Abou pour crucifier Puydebois dès la 8ème minute. Le Lillois contribuera à la belle ambiance de la soirée en allant chambrer un peu le Kop et son but aura le mérite de décupler la volonté du Racing qui manifeste une belle réaction d'orgueil en l'occasion.

Les Strasbourgeois se ruent à l'attaque, bousculant même par moments la machine lilloise, mais exposant toujours une défense assez naïve au risque d'un deuxième coup de poignard. Les Lillois trouvent d'ailleurs la base du poteau de Puydebois sur un coup de pied arrêté. Mais c'est Strasbourg qui trouve le chemin du but peu après la demi heure de jeu, Alex Farnerud rachetant ses échecs de début de rencontre par une belle frappe ne laissant aucune chance à Tony Sylva, le portier lillois.

La première mi-temps, de grande qualité, s'achève sur le sentiment que le Racing est capable de forcer le destin. Un Racing applaudi à l'entrée des vestiaires et qui revient, un quart d'heure plus tard, gonflé à bloc et imposant une pression folle sur le but de Sylva, obtenant une série de corners. Lille est dans les cordes mais ne craque pas. L'équipe nordiste laisse même passer l'orage avec beaucoup de sang froid. La partie s'équilibre au fil des minutes au milieu des terrains. Quelques percées de Diané et Boka, stoppées de façon plus que musclée dans la surface de réparation par les défenseurs du LOSC, font gronder la Meinau. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Monsieur Duhamel, l'arbitre de la rencontre, ne s'est pas fait que des amis hier soir !

Alors que l'on semble s'acheminer vers un nul somme toute équitable, les deux équipes semblant émoussées par une belle débauche d'efforts et ayant de plus en plus de mal à pousser leurs actions jusqu'au bout, survient, à la 80ème minute, l'action du match : un centre anodin du Suisse Lichtsteiner dont se souviendra longtemps le pauvre Nicolas Puydebois qui se troue complètement. Kader Keita, qui n'en demandait pas tant, marque le deuxième but de la soirée, un but qui cette fois assomme la Meinau.

Comme face au Mans, le Racing va encore perdre de façon stupide ! Puydebois, prostré sur sa ligne de but, est encouragé par ses équipiers qui font preuve d'une belle attitude vis-à-vis de leur gardien de but. Mais ils ne se contentent pas cette fois d'une belle démonstration de compassion et de camaraderie. Bien décidés à prendre le taureau du destin par les cornes, les joueurs du Racing jettent leurs dernières forces dans la bataille, à l'image d'Arthur Boka, véritablement en transe sur le terrain. Le destin sourit aux audacieux, et cette fois, l'adage se vérifiera en faveur du Racing. Profitant d'une inexplicable mésentente entre Rafael et Sylva, Amara Diané marque à l'ultime minute sans doute le but le moins esthétique de sa carrière, mais l'un des plus important à ne pas douter. Un but qui, en tous cas, fait exploser une Meinau ivre de bonheur qui se remet match après match à avoir de nouveau foi en son équipe.

Dans le même temps, les défaites de Troyes, de Sochaux et d'Ajaccio donne le sourire aux supporters strasbourgeois, contents de leur soirée. Si le Racing est passé tout près de la correctionnelle, l'espoir est toujours là. Et il ne demande qu'à grandir...