Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Antoine Kombouaré et la vraie vie

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Par romeocrepe
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Antoine Kombouaré au bord du terrain © Karim Chergui

Pour Antoine Kombouaré, le temps de l'innocence est révolu. De sa capacité à surmonter sa première crise sportive dépendra son avenir, et celui du Racing.

Il n'y a plus de gentil Antoine. Il ne doit plus y avoir de gentil Antoine. La gentillesse est une faiblesse dans le monde ultracompétitif du football et plus encore dans le microcosme des entraîneurs. Antoine Kombouaré le sait, lui qui a finalement préféré se passer temporairement des services de deux de ses jeunes les plus prometteurs, Mouloungui et Arrache, coupables d'avoir manqué des entraînements, car il convenait de réagir. Mais cet acte fut aussi nécessaire que dérisoire, car jamais un entraîneur à poigne n'aurait connu de désertion.

L'histoire de Gilbert Gress recherchant ses joueurs le soir en galante compagnie pour les obliger à rentrer dormir lors de la glorieuse saison 78-79 n'est pas tout à fait une légende, et plus proche de nous la rigueur et le discours sans concessions d'Ivan Hasek –pas toujours suffisant malgré tout- est une réalité. Kombouaré n'ignore pas qu'il doit s'imposer à ses joueurs, mais il a sans doute, comme tout le monde, été grisé par ses débuts enthousiasmants.

Une étoile est née
Quelle belle histoire en effet que ce premier tiers du championnat ! Une nouvelle équipe dirigeante, composée de gens du cru et de fidèles de longue date au Racing. Un nouvel entraîneur qui, si son inexpérience pouvait inquiéter, n'en était pas moins un formateur reconnu et une figure sympathique du football français (voir ou revoir à ce sujet Kombouaré, une nouvelle carrière commence). Un groupe avec peu d'arrivées certes du fait des finances du club, mais allégé par les fins de contrat de certains joueurs estampillés Le Roy. Et surtout, dès le début de la saison, un nouveau style de jeu, ouvert et bien servi par une attaque efficace. Le Racing gagne avec la manière et perd avec les honneurs. Antoine fait les gros titres des média sportifs. Une étoile est née.

Au pied du mur
Mais l'illusion n'as pas passé l'automne. Lucide, Antoine Kombouaré avait prédit la lourde défaite de Sochaux (3-0). Il ne pouvait cependant prévoir l'affaiblissement net de son effectif, avec le départ de Ljuboja et le lourd contingent de blessés, parmi lesquels Corentin Martins, capitaine exemplaire de professionnalisme, sans parler des démotivés, des déchus et des nouvelles recrues non satisfaisantes... Dans un classement des entraîneurs effectué en février par l'Equipe Magazine, le prometteur élève Kombouaré n'est plus qu'antépénultième...

Pour Antoine, le vrai baptême du feu a donc commencé, car la marque de fabrique d'un homme ne se jauge pas dans la facilité mais dans la difficulté. Sa stature se définira à l'aune de sa capacité à remobiliser ses troupes, à trouver des solutions tactiques pour exploiter au mieux les qualités des joueurs disponibles, à régler enfin ce problème d'organisation défensive qui pénalise tant le Racing, bref à reprendre le pouvoir sur son destin d'entraîneur et, partant, sur l'avenir du Racing. Il est au pied du mur, et le club avec lui.

Mais finalement, cette épreuve relève de la plus élémentaire normalité. Strasbourg n'est pas Lyon ou Monaco, ou sauf catastrophe un entraîneur normalement constitué n'opérant pas de choix hasardeux parviendra plus ou moins à ses objectifs, décrochant au pire un accessit qualificatif pour l'UEFA. Entre Vosges et Rhin il est plaisant de rugir et d'exiger, mais l'on joue souvent les riches en étant sans le sou, au détriment de l'entraîneur.

Mi Petit Prince mi géant débonnaire, Antoine Kombouaré, bien qu'il s'en défende et doive être crédité de sa lucidité et de sa modestie, a commencé sa carrière en L1 sur un nuage, oubliant sans doute d'asseoir son emprise sur le groupe. Pourquoi rechercher l'ascendant à tout prix quand tout rigole ? Depuis cet hiver, il découvre enfin que le monde est tragique, qu'entraîner Strasbourg est un exercice délicat, et que, si son crédit personnel n'est pas encore entamé, il n'en sera pas moins bien seul pour relever le défi du maintien. Bienvenue dans la vraie vie Antoine.

romeocrepe

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