Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Légende : Dominique Dropsy

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Par filipe
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Nombreux sont les supporters qui voient en lui le meilleur gardien de l'histoire du RCS.

Champion de France à trois reprises, Dominique Dropsy n'aurait jamais dû connaître qu'un seul titre national.

Nous sommes en 1984 et après onze ans d'une présence unanimement appréciée, Dominique Dropsy, âgé de 32 ans, arrive en fin de contrat au Racing. Le gardien de but espère obtenir une prolongation qui pourra le mener jusqu'au terme de sa carrière ; mais ce qui devait apparaître comme une simple formalité, étant donné les états de service du gardien international, prend rapidement une tournure étonnante.
Alors qu'il espère trois ans de contrat, le Racing ne lui propose... qu'une année supplémentaire. Jurgen Sundermann, l'entraîneur allemand du RCS, prend en effet exemple sur une pratique courante en Bundesliga et souhaite faire signer à tous les joueurs des engagements de douze mois seulement pour les maintenir sous pression. Dropsy refuse, tente de faire valoir son passé au club et se retrouve finalement un temps écarté du groupe professionnel.
Le RCS décide alors de jouer la montre de longs mois et espère faire céder son gardien, d'autant que ce dernier n'a jamais caché son attachement au Racing et sa volonté d'y finir sa carrière, malgré les performances médiocres du club depuis plus de quatre saisons. Sa réputation d'homme casanier n'est d'ailleurs plus à faire et les décideurs strasbourgeois sont sûrs d'obtenir le dernier mot.

Mais ils ignorent qu'en janvier 1984 Dropsy a rencontré Didier Couécou en toute discrétion à l'aéroport d'Orly. Ce dernier, mandaté par Aimé Jacquet, l'entraîneur des Girondins de Bordeaux, tente de convaincre le gardien picard de rejoindre la Gironde.
Sollicité depuis plusieurs saisons par le futur sélectionneur des Bleus, Dropsy avait jusque-là toujours refusé ses avances. Mais dans l'impasse à Strasbourg, il finit par accepter la proposition des Girondins, sacrés champions de France cette saison-là.
Averti par Dropsy, le Racing lui proposera au dernier moment un nouveau bail de quatre années, mais c'est bien trop tard : Dominique Dropsy est déjà parti. « Dommage. J'étais bien à Strasbourg, j'étais installé. Je n'avais pas particulièrement envie de changer d'air. Strasbourg a été une grande partie de ma vie. Mes enfants sont nés là-bas, mon meilleur ami vit à Strasbourg » dira-t-il plus tard.
Au passage, le RCS ne touche donc aucune indemnité de transfert et perd ainsi l'un des meilleurs gardiens de son histoire.

Dropsy se rajoute alors à l'impressionnante liste d'anciens Strasbourgeois ayant rejoint Bordeaux au début des années 80 (Specht, Gemmrich, Vergnes, Bracci, Domenech) et accompagne la montée en puissance du club girondin tout au long de la décennie : il devient champion de France, donc, par deux fois en 1985 puis 1987, année où il réalisa même le doublé coupe-championnat.
En 1985 Dropsy participe également à l'aventure en Coupe des Champions qui s'achève en demi-finale face à la Juventus de Michel Platini, malgré un match retour extraordinaire et une victoire 2-0 face aux Italiens (mais les Bordelais peuvent-ils regretter la finale au Heysel ?)
Seule véritable anicroche, cet incroyable match disputé en janvier 1986 à Monaco, devant les caméras de Canal+, et une invraisemblable défaite 9 à 0.

Avec les Girondins et le Racing, Dropsy n'a connu qu'un troisième club professionnel : l'US Valenciennes, son club formateur au sein duquel il est arrivé en 1970. Le Picard né près de la frontière belge débute en D1 à 20 ans au cours du mois août 1972 et s'impose rapidement dans les cages de l'équipe de France espoirs.
En fin de saison, Valenciennes est reléguée à l'étage inférieur et son entraîneur, Robert Domergue, arrive à Strasbourg d'abord en tant que directeur sportif puis rapidement comme entraîneur. Dans ses bagages, le technicien fait venir trois joueurs du Nord : l'avant centre camerounais Joseph Maya Yegba, un certain Jacky Duguépéroux et Dominique Dropsy.

Mais les débuts sont difficiles. Les décisions prises par les dirigeants sont contradictoires, les conflits s'accumulent, l'ambiance est malsaine et sur le terrain, l'équipe éprouve des difficultés.
Les saisons passent jusqu'à la relégation de 1976. Dropsy, sollicité par de nombreux clubs de D1, notamment par Lille, décide tout de même de rester au Racing et de faire confiance à la nouvelle équipe dirigeante menée par Alain Léopold. Il faut dire que quelques indiscrétions lui avaient laissé entendre que Gilbert Gress, son ami et coéquipier à Strasbourg entre 73 et 75, pourrait prendre un an plus tard les destinées du RCS. En attendant, conduite par l'expérimenté Elek Schwartz, l'équipe ne passe qu'une saison à l'étage inférieur et remporte le titre de champion de D2.

Strasbourg retrouve sa place en D1 et Gress arrive effectivement au poste d'entraîneur. Deux ans plus tard, le Racing fête le titre de champion de France après une victoire face à l'OL au stade Gerland. « Le retour en train de Lyon, où nous décrochons le titre, est fantastique. A partir de Mulhouse jusqu'à Strasbourg, toutes les gares étaient pleines. Des moments comme ceux-là, je n'en ai jamais revécu, même à Bordeaux ! » dira l'homme d'Hirson (dans l'Aisne) quelques années plus tard.
Pourtant tout n'a pas été rose, notamment en décembre 1978 où après un match nul concédé à la Meinau face à Reims (2-2), Gress prend durement à partie Dropsy et Domenech dans les vestiaires. Accusés par le coach d'avoir fait un mauvais match, Gress leur reproche devant l'ensemble de l'équipe d'avoir indirectement « volé la prime de match dans la poche de (leurs) coéquipiers ». Si Domenech viendra s'en expliquer entre quatre yeux dès le lendemain, Dropsy quant à lui conserva pendant longtemps une rancoeur tenace et silencieuse envers son entraîneur.

Mais cette saison qui marque le seul titre de champion du Racing correspond également à la prise de pouvoir de Dropsy dans les buts de l'Equipe de France. Ses qualités (détente, réflexes, sûreté dans la prise de balle et bon jeu au pied notamment) sont reconnues par tous les observateurs.
Pourtant, à la surprise de beaucoup d'entre eux, le gardien strasbourgeois ne fut pas retenu pour participer à la Coupe du Monde 1978. Michel Hidalgo lui préférant Dominique Baratelli le Niçois, Jean-Paul Bertrand-Demanes le Nantais et André Rey le Messin, titulaire du poste, né et formé à... Strasbourg et à qui les dirigeants alsaciens avaient conseillé en 1974 d'arrêter le football, avant de le céder au FC Metz. Gratuitement.
Malheureusement pour Rey, tout s'écroule un mois avant le départ pour l'Argentine : il se fracture le poignet à l'entraînement et doit renoncer à la Coupe du Monde. Dropsy, son successeur à Strasbourg, est alors appelé par le sélectionneur pour occuper le poste de gardien numéro trois.
Après les deux défaites concédées face à l'Italie et l'Argentine, la France est éliminée avant la troisième rencontre contre la Hongrie ; Hidalgo en profite alors pour faire jouer les réservistes lors de ce dernier match de poule. Dropsy fête à cette occasion sa première sélection au cours d'une rencontre qui va rentrer dans l'histoire. Moins par son résultat (victoire 3-1) que par la tenue portée par les Français (suite à une erreur de l'intendant, l'équipe dut emprunter les maillots à rayures vertes et blanches d'une équipe de banlieue de Mar del Plata, le Kimberley FC).

A l'automne de cette même année, alors que le Racing domine le championnat, Dominique Dropsy prend l'ascendant sur ses concurrents et gagne logiquement sa place de titulaire au cours de sept des huit rencontres de qualifications à l'Euro 80 (la France ne se parviendra pas à se qualifier), puis entame la campagne des éliminatoires de la Coupe du Monde 82.
Malgré de solides performances, la nouvelle crise qui secoue durablement le RCS au début des années 80 fragilise de plus en plus sa position en équipe nationale. En mars 1981, il réalise une prestation moyenne aux Pays-Bas et encaisse un but malheureux qui scelle la défaite française (une frappe surpuissante de Muhren fait rebondir le ballon sur la transversale, avant de toucher son dos et d'entrer dans le but).
La course au poste de numéro 1 est par conséquent rouverte.

Mais ni Dominique Baratelli, passé au PSG, ni Jean Castaneda le Stéphanois, ne parviennent à s'imposer à sa place. Le premier est critiqué pour son gabarit un peu trop juste tandis que le second commet régulièrement d'énormes erreurs sur les balles aériennes, les plus célèbres restant celles qui coûtèrent deux buts et une défaite à la France face à l'Irlande en match de qualification.
Pourtant ces deux gardiens seront convoqués pour la Coupe du Monde 1982, tout comme le Monégasque Jean-Luc Ettori, qui, à la surprise générale sera titularisé dans les buts des Bleus.
Dominique Dropsy, toujours irréprochable à Strasbourg, devait quant à lui rester en France. Il faut dire qu'au cours de la saison qui précéda cette Coupe du Monde, le Racing termina à une anonyme 10ème place tandis que Monaco gagnait le titre devant St-Etienne et que le PSG remportait la Coupe de France...

Après la Coupe du Monde, Ettori, très peu convaincant pendant la compétition et Castaneda (qui commit deux nouvelles grossières erreurs au cours du match pour la troisième place perdue face à la Pologne) sont rapidement écartés de l'Equipe de France. Baratelli quant à lui à 35 ans. Une chance pour Dropsy ?
Non, car c'est à ce moment que Joël Bats éclot et finit par s'imposer sans contestation dans le but français en 1984. Malgré son transfert à Bordeaux cette même année et son retour au plus haut niveau de compétition, Dropsy n'aura plus jamais l'occasion de connaître la sélection nationale.

Il joue finalement son dernier match professionnel le 21 avril 1989, après avoir battu le nombre de rencontres disputés en D1 (596). Un record uniquement vaincu par... Jean-Luc Ettori en 1994 (602).
596 matchs auxquels il faut ajouter 38 rencontres de D2 plus les matchs de Coupe d'Europe et en Equipe de France, ce qui situe sa constance pendant près de deux décennies. « En vingt ans, je n'ai manqué que sept matchs parce que je m'étais fracturé la main après un choc à l'entraînement (ndlr : en mars 1982). Durant toute ma carrière, j'ai fait le maximum pour faire mon métier le mieux possible, du coup, je n'ai jamais été mis sur la touche à cause de mes prestations ».

Devenu ensuite entraîneur des gardiens des Girondins de Bordeaux (poste qu'il occupe depuis 1990), il s'apprête aujourd'hui à vivre une nouvelle saison sur le banc des Bordelais avant d'envisager de plus en plus sérieusement une retraite dans les prochains mois.
Une nouvelle vie dont il compte profiter en Gironde. « Je suis bien ici, à Bordeaux. J'y ai mon équilibre. (...) A Strasbourg, c'était l'instabilité permanente. Je ne sais pas à quoi c'est dû. Mais de toute façon il y a longtemps que j'ai arrêté de me poser la question. Aujourd'hui ma vie est à Bordeaux et je pense qu'elle reste à Bordeaux jusqu'à la fin de mes jours ».

filipe

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