Gueugnon ça pue de l'oignon !

Le lecteur fidèle de https://racingstub.com sera probablement étonné de l'introduction volontairement provocatrice de cet article qui ne cadre pas vraiment avec la ligne éditoriale habituellement élégante et sophistiquée qui sied à ce site. J'en conviens, cela mérite une petite explication.

La dernière lubie de marc, pourtant habituellement pas avare d'idées novatrices et parfois carrément géniales pour ce site, est de vouloir que l'on écrive des « articles pas très sympas » à l'encontre des adversaires du Racing. Drôle d'idée à première vue, l'humour étant une chose trop sérieuse pour qu'on la confie à des rigolos comme des supporters de foot, ou pire à des gens qui aimeraient l'être mais préfèrent cracher allégrement dans la soupe. Le but recherché, très louable au demeurant, est de publier des articles au ton décalé afin de motiver des gens, dont on sait qu'ils ont la plume facile et agréable, à en faire profiter la communauté par de beaux et rutilants articles.
En fait je pense qu'il serait moins vain de tenter de motiver des cardinaux du Vatican à monter un spectacle de trapézistes, mais ce dernier propos n'engage que moi.

Je suis cependant déterminé à jouer le jeu, parce que marc est un mec super cool malgré son air bourru. Il me faut donc écrire un article pas sympa sur l'équipe de Gueugnon ce qui me pose un beau problème de conscience. En effet, Gueugnon, c'est une équipe que j'aime bien, supportée par des gens que j'aime bien. Il me faut donc dire du mal d'une chose que j'aime bien. Qu'est ce qu'on ne doit pas faire pour la pérennité du Stub. Mais il faut parfois savoir vendre son âme pure à Lucifer. Et puis je me dis que je suis la pointe d'un glaive manié par une puissance spirituelle supérieure dont le plan infaillible échappe totalement au simple mortel que je suis, vu que mon misérable cerveau ne peut pas comprendre.

Ce club m'inspire le respect. Un patelin du fin fond de la France profonde qui envoie depuis plus de trente ans une équipe en deuxième division nationale, qui a joué une saison en D1, qui en 1979 a refusé une montée en D1 alors qu'il avait éclaté tout le monde dans son groupe, car il n'avait pas les moyens financiers de passer professionnel, j'ai pas vraiment envie de me foutre de sa gueule. Un petit club sans histoire tel que celui là, qui gagne une Coupe de la Ligue en 2000 en battant en finale le PSG, je n'ai pas l'impression d'être en position de le railler. Il est d'ailleurs à noter que Gueugnon, lors de cette glorieuse campagne, a éliminé le Racing de Claude Le Roy en quart de finale. Cette rencontre restera d'ailleurs comme l'une des plus mémorables démonstrations du génie tactique incompris du sorcier blanc lors de son passage en Alsace.
Au-delà de la respectabilité sportive du FC Gueugnon, ils n'ont même pas contre eux le fait d'être des enfoirés comme ailleurs dans le pays. A Gueugnon ce sont des gens simples, sains et sympathiques. Ils aiment le Ricard, la bière, la bonne bouffe et le football. Ce sont donc des gens bien.


Il est quand même Punk et un poil Gothique le stade de Gueugnon !

Pour ne pas être très sympa avec Gueugnon, il me faut donc sombrer dans la bassesse la plus vile. Me moquer par exemple de l'accent du coin. Je ne sais pas si vous avez déjà demandé votre chemin à un autochtone (moi ça m'est déjà arrivé !) et bien c'est vraiment un grand moment ! Le gars il vous explique pendant dix minutes un truc en baragouinant et on ne comprend strictement rien ! C'est énorme ! Cela dit, c'est un peu snobinard quand même de se moquer des accents, surtout quand on supporte une équipe comme Strasbourg, qui, il est inutile de le nier, est Alsacienne. Un Gueugnonnais qui demande son chemin à un gars du fin fond du Haut Rhin, il s'en souviendra toute sa vie lui aussi...

Bon puisqu'on en est à jouer aux bourgeois snobs qui se moquent des soi-disant bouseux, allons sur le site de la ville de Gueugnon, www.gueugnon.fr. Nous y apprenons des choses réellement fascinantes :

« Village né en 876, en passant par des étapes industrielles marquantes, est aujourd'hui une ville active de 8 563 habitants, située en Bourgogne du Sud, à l'Ouest du département de la Saône-et-Loire. Chef-lieu d'un canton de 12 827 habitants de l'arrondissement de Charolles, Gueugnon est souvent perçu comme un îlot industriel au centre d'une région essentiellement vouée à l'élevage charolais. Ville à la campagne ou campagne dans la ville ? Voilà son charme. »

Vous pouvez rigoler, on joue au foot dans la même division qu'eux, et ils sont fichus de nous battre vendredi...
Attardons nous sur le passage traitant des origines du mot « Gueugnon », qui gageons-le, ne manquera pas de captiver notre attention.

"Dans le patois charollais, le mot gueugnon signifie geindre, gémir languissamment. Or, comme autrefois, il n'y avait pas de pont sur l'Arroux en cet endroit, il fallait attendre le batelier et sa barque, il fallait, par conséquent, languir, gémir, geindre ou gueugner : de là le mot Gueugnon".

Languir, gémir et geindre, c'est aussi ce qu'à fait une partie du public de la Meinau mécontent du 0-0 face à Ajaccio qui a suivi l'exploit du Havre et la bonne option prise pour la remontée. C'est sûr qu'après, ça crée des liens, faut pas chercher plus loin pourquoi à Strasbourg on aime bien Gueugnon ! D'ailleurs à propos de l'Arroux sur les rives de laquelle on peut gémir à toute berzingue :

« L'Arroux déroule ses méandres à travers les vertes prairies du Morvan à la lisière du Charolais. Jadis, elle fut un axe fluvial d'une grande importance. Longue de plus de 100 km et comptant 27 affluents, l'Arroux prend sa source sur le territoire de la commune d'Arnay-le-duc en Côte d'or et se jette dans la Loire à Digoin. »

Il y a une tradition locale séculaire qui dit que si on jette une pièce dans l'Arroux et que l'on fait un voeu, celui-ci se réalise. De nombreuses pièces se seraient donc accumulées dans le fond du fleuve au fil des siècles et certains effectuent des expéditions en scaphandre pour essayer de devenir riche en les récupérant. Du fait de ce phénomène, le fleuve a acquis le surnom de « l'Arroux de la fortune ».

Sinon, pour revenir au football, difficile de se moquer du FC Gueugnon sans être bas. Néanmoins, ce doit quand même être le seul club en France que le Racing arrive à truander en lui refilant des joueurs dont on fait croire qu'ils sont bons, tels que Rudy Carlier. Mieux que cela, nous parvenons à lui livrer clé en main des joueurs dont on lui fait croire qu'ils sont bons, qui lui font croire qu'ils ne sont pas bon, et qui en fait sont supers bons une fois revenus chez nous alors qu'ils ne jouaient pas chez eux (vous suivez le raisonnement ? Je pense bien évidement à Eric Mouloungui). D'un autre côté, il faut bien qu'on se venge d'eux d'une manière ou d'une autre. Nous avons acheté à ce club, dans le cadre d'un transfert fort onéreux, Stéphane Roda.

Je vais tout de même sombrer définitivement dans le côté obscur de la force et me livrer à des calembours des plus douteux avec les noms des joueurs du FC Gueugnon : Le Peiser de Gobi, la brosse Adam, Coulibaly balo dans son berceau, Hauw Nord c'était les corons, Correia parce que je le vaux bien, Tsoumou t'es tout dur. Faute de me faire détester par les Gueugnonnais, je pense avoir gagné ma place dans la classe, entre Blèze et Bézu, pour avoir le droit de me faire virer par Fabrice.

Bref pas moyen d'être vraiment vache avec le FC Gueugnon. En plus ce pamphlet n'est rien à comparer avec le coup de poignard dans le dos de l'équipementier Lotto. Il y a une ou deux saisons, le FC Gueugnon avait le plus beau maillot de la L2. Cette année il a le plus rigolo avec des grosses rayures bleues qui partent de travers. Le dessinateur a dû fumer des substances prohibées avant de dessiner son patron, et vu le résultat, M. Lotto a dit « tiens on va écouler nos stocks du côté de Gueugnon ».

En définitive, il est bien plus méchant que moi, M. Lotto.