Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Claude Papi, un héros corse

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Portrait
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Par conan
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20 ans avant Zinedine Zidane, un autre numéro 10 chauve éclaboussait le championnat de France et l'Europe entière de sa classe.

C’est avec une certaine émotion que j’ai accepté la proposition indécente de @athor pour que je relate la carrière de Claude Papi. Ce joueur a été en effet mon premier souvenir de football, ma première idole. Forcément, quand on est môme, un joueur chauve avec un nom qui claque, ça marque. Donc à 3 ans, le projet était de dribler les meubles de l’appartement familial en scandant « Papi ! Papi ! Papi ! ».
Avec le recul, je me dis que j’ai fait preuve d’un excellent gout. Les numéros 10 chauves ont tendance à laisser une belle trace dans le football français. Et puis Claude Papi a eu une carrière assez improbable que je vais vous résumer ici.

Le natif de Porto Vecchio est l’homme d’un seul club, le SEC Bastia, dont il porte le légendaire maillot bleu floqué de la tête de Maure durant les années 70, l’un des plus classe de l’histoire du football Européen. Et Bastia à cette époque, c’est le club le plus déjanté du championnat : un stade totalement improbable, un public de feu et une équipe de fous furieux qui va se tailler sa part de légende à l’ombre de l’AS Saint Étienne, de l’Olympique de Marseille et du FC Nantes.
Forcément, le talent du joueur Corse ne laisse pas insensible la DTN et c’est Stefan Kovacs qui le sélectionne pour la première fois en 1973 pour un France-Danemark. Il entre à la mi-temps et l’équipe de France l’emporte 3-0, tous les buts étant marqué en seconde période. Malheureusement pour Papi, la France ne manque pas de numéros 10 à cette époque, le plus illustre d’entre eux s’appelant Michel Platini.

Cette abondance explique cette injustice incongrue. Claude Papi ne connait que deux autres malheureuses sélections, à chaque fois sans lendemain. A 0-0 contre la Hongrie au Parc des Princes, il entre en jeu et la France l’emporte 2-0. Enfin Michel Hidalgo l’emmène en Argentine pour disputer la Coupe du Monde. La France, déjà éliminée, affronte la Hongrie pour du beurre, lors du fameux match joué avec les maillots verts de Kimberley. Elle gagne 3-1, tous les buts sont inscrits lors de la mi-temps jouée par Papi.
Le Corse gardera une certaine amertume, notamment envers Michel Hidalgo, pour ces 3 malheureux bouts de matchs, une broutille aux vues du niveau de jeu qu’il affiche match après match. Tant pis, c’est sous le maillot bleu de Bastia qu’il va écrire sa légende.

Finaliste de la Coupe de France 1972, il perd 2-1 face à l’OM de Gilbert Gress lors de la première finale jouée dans le tout nouveau Parc des Princes. Les années suivantes sont plus compliquées, difficile de véritablement briller dans une équipe de Bastia qui ne joue pas les premiers rôles. Et pourtant en 76-77 Bastia fait parler la poudre grâce à son quatuor magique Papi-Dzajic-Felix-Zimako. Durant cette saison, les Corses proposent des statistiques à faire rêver les suiveurs de la soporifique L1 actuelle : ils n’inscrivent pas moins de 82 buts cette année-là ! De quoi donner des cauchemars à nos chers entraîneurs apôtres de la défense et du résultats à tout prix.

Mais le plus beau vient la saison suivante. Qualifié en coupe UEFA, Bastia exporte sa force de frappe et devient une terreur en Europe. Rep et Krimau ont remplacé Dzajic et Zimako, mais la magie est intacte. Le Sporting du Portugal, Newcastle et Zurich mordent la poussière, les Allemands de l’Est de Iena encaissent 7-2 à Furiani… mais le chef d’œuvre est l’élimination de la grande équipe de Torino, à l’époque une des meilleures équipes Italienne, terreur de la compétition au même titre que le Barça de Cruijff. Vainqueurs 2-1 lors du match aller, les Corses s’imposent 3-2 au stadio communale devant 70 000 spectateurs médusés, dont 20 000 Bastiais ayant effectué le déplacement.



Claude Papi est un élément essentiel de cette épopée. Il est au sommet de son art et inscrit 7 buts, dont la reprise de volée décisive contre Zurich qui envoie Bastia en finale. En finale, le PSV Eindhoven met fin au rêve, même si on regrettera le match aller joué à Furiani sur une pelouse gorgée d’eau totalement impraticable, qui empêcha les Corse de développer leur jeu.

Fidèle à son club, Claude Papi repousse les propositions les plus prestigieuses et lucratives. Le FC Nantes tente de l’enrôler, en vain. Mais c’est surtout le puissant Cosmos de New York qui lui fait les yeux doux et lui promet une pluie de dollars. Mais la fierté Corse et l’amour du pays n’ont aucun prix.

Le crépuscule de sa carrière sera marqué par les blessures. Comme une ironie, il assiste des gradins à la victoire de Bastia en finale de la Coupe de France face à Saint-Etienne et Michel Platini. La saison suivante en 1982, il raccroche définitivement les crampons. Son corps dit stop, brisé par la blessure de trop. Il peut profiter d’une retraite bien méritée, de sa famille, de ses amis, de la Corse…

Malheureusement ce bonheur n’est qu’éphémère. Un an plus tard, lors d’une partie de tennis, Claude Papi décède brusquement, victime d’une rupture d’anévrisme. La nouvelle est brutale, inattendue et traumatise toute la Corse qui ne peut se résoudre à la perte de son idole. Jamais elle n’oubliera son héros, si simple dans le quotidien, et génial balle aux pieds.


Claude Papi le plus grand joueur de Bastia par Costa

conan

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  • lafoudre2 Suivent Perrin puis Bakwa et Sissoko
  • lafoudre2 @athor Au nombre de points totalisé dans le baromètre c'est toujours Sels qui est en tête ,serait le joueur de la (mi) saison ?
  • raukoras Donc un décès la première saison?
  • matteo Pas de souci, je prévois de finir "bien mieux que" Walter White
  • mouloungoal Méfie-toi il finit mal. ;)
  • matteo T'inquiète, je suis le Walter White de la toxicité
  • il-vecchio Envoie! Mais fais gaffe à toi si elle est frelatée! Je ne veux que de la pure!
  • matteo toxicité pure à tous !
  • jack Après Mikautadze ballade toute le monde
  • julien Douk' dans l'équipe type, alors qu'il s'est fait balader par Mikautadze?
  • matteo Les Bakwa-Mwanga de la ligne de but
  • matteo Ce sont un peu les Tic et Tac de la défense
  • matteo J'avais confondu avec son homologue
  • matteo Oui pardon le poteau gauche
  • athor (même si pour le joueur de la saison, les jeux sont faits)
  • athor N'oubliez pas le baromètre !
  • lafoudre2 oui le poteau gauche, mais pas celui du milieu qui encore une fois n'a pas servi à grand chose
  • chrisneudorf C'est plutôt le poteau gauche
  • matteo Le poteau droit de Bellaarouch
  • matteo Je n'arrive pas à voter pour le meilleur défenseur du match

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