Pablo Martinez, défenseur intraitable ?

Onzième défense de L2 la saison dernière, le Racing savait dès la montée acquise que ce secteur de jeu serait le plus gros chantier de l'été, et nécessitera le renfort de joueurs fiables. Après la signature de Kenny Lala, c'est Pablo Martinez qui est la seconde recrue de cet été. Défenseur franco-espagnol de 28 ans, il a résilié son contrat à Angers pour retrouver Thierry Laurey, qui fut son entraîneur au Gazélec Ajaccio durant trois saisons. Mais si le natif de Martigues évoluait en L1 ces deux dernières saisons, sa trajectoire fut loin d'être rectiligne. Formé à Nîmes, il ne se voit pas offrir de contrat pro à l'âge de 18 ans et doit rebondir ailleurs. Aidé par ses origines familiales, il met le cap sur les Baléares et le club de Majorque, alors en première division espagnole. Après un essai avec l'équipe des moins de 18 ans, il signe un contrat de trois ans, pour évoluer avec l'équipe réserve, en Segunda B, l'équivalent de la troisième division. Joueur de rotation, il décide de partir au bout de deux ans, lorsque le club décide de remodeler l'équipe, lui laissant encore moins de perspectives.

Retour en France, à quelques kilomètres de Nîmes, à Uzès, club de CFA2, où évolue déjà un certain Khalid Boutaïb. Son état d'esprit et sa grinta (« J’ai peut être la rage de vaincre, je suis un enragé, je n’aime pas perdre, je suis un compétiteur ») attirent l'oeil, notamment du FC Martigues, en CFA. Malheureusement, avec seulement six rencontres de championnat au compteur, l'expérience tourne court et Martinez préfère retourner à Uzès, monté en CFA entretemps. Nous sommes en 2011, et à 22 ans, la carrière du défenseur semble enfin prendre un bon tournant. Titulaire durant toute la saison, sa polyvalence (latéral gauche, défenseur central voire milieu défensif) le rend indispensable aux yeux de son entraîneur Samuel Cruz. Il est ainsi l'un des principaux artisans de la montée en National, division au sein de laquelle il n'aura pas trop de mal à s'adapter. Malgré la mauvaise saison de son club, qui s'est plus ou moins sabordé en fin d'exercice pour des questions budgétaires, Pablo Martinez conserve son statut et se faire remarquer par des clubs plus huppés.

Direction donc le Gazélec Ajaccio, autre club de National, mais qui vient tout juste d'être relégué et qui possède donc le statut professionnel. L'objectif présenté au joueur est aussi assez clair : « le directeur sportif et le coach m’avaient appelé pour me présenter le projet du club, c’est à dire une remontée en Ligue 2 et à terme toucher du doigt l’élite. » La suite est assez connue : sous les ordres de Thierry Laurey, les Corses enchaînent deux montées, avec un groupe de joueurs relativement stable, au sein duquel Pablo Martinez s'est bien installé, tantôt en charnière centrale, aux côtés du poète Rodéric Filippi, tantôt à gauche. En fin de contrat après la descente du Gazélec, il parvient à retrouver un club de L1 et signe pour trois ans à Angers, où Stéphane Moulin apprécie son « gros mental, qui lui a permis de gravir les échelons (…) C'est un joueur de tempérament, il va nous apporter son agressivité saine, sa technique. C'est un gagneur. Il a un peu le même profil que Yoann Andreu, en un peu plus costaud. » Mis en concurrence avec d'autres latéraux, il peine toutefois à engranger du temps de jeu et donc à acquérir le rythme suffisant pour s'imposer au sein du onze scoïste. Présent trente fois sur la feuille de match en championnat, il n'aura finalement disputé que 622 minutes de jeu, soit neuf apparitions. Un coup d'arrêt dans une carrière jusque là atypique mais ascendante. Sans garanti d'un temps de jeu supérieur à Angers, il a finalement répondu à l'appel de Thierry Laurey, désireux de renforcer son arrière garde, surtout avec l'indisponibilité d'Abdallah N'Dour sur le côté gauche et les doutes qui entourent encore la composition de la charnière centrale. Pour ce faire, quoi de mieux que de compter sur un élément fiable, à l'état d'esprit impeccable ?

Le joueur en détail

Pablo Martinez se défini lui même comme un joueur très polyvalent. A son arrivée à Ajaccio, il disait ainsi pouvoir « évoluer latéral gauche comme milieu défensif, mais mon poste de prédilection est défenseur central. Je n’ai pas encore discuté de ce sujet avec le coach mais dans tous les cas, je m’adapterais ! » Au Gazélec, il a ainsi passé ses deux premières saisons dans l'axe, avant de glisser petit à petit sur le côté gauche lors de la troisième saison, un poste qu'il occupait également à Angers, à l'exception de son dernier match, à Nice.

Ce profil influe assez logiquement sur son style de jeu et, même si l'échantillon de matchs est assez limité, son positionnement moyen la saison dernière montre bien que Martinez est avant tout un latéral défensif, relativement peu porté sur l'aspect offensif de son poste :


Une impression qu'on retrouve également dans ses statistiques, avec un nombre de duels offensifs joués assez faible (2 par match), tout comme les centres (1,7) et les dribbles (0,7 tentés par match). Mais à l'inverse, on trouve un joueur assez solide défensivement. Si son nombre de duels défensifs (3,8) reste correct, il se révèle être un excellent intercepteur (6,4), révélateur d'une bonne lecture du jeu, qui compense il est vrai un manque de vitesse. En outre, il est également très bon de la tête. En comparaison avec les autres latéraux strasbourgeois de la saison dernière, ainsi qu'avec Kenny Lala, le profil de Martinez est assez atypique, car se rapprochant plus de celui d'un défenseur central exilé sur un côté.