Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

RCS - Clermont : Le football « négatif »

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Après-match
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Par knack90
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clermont compo.jpg

« La patience est l’aptitude d’un individu à se maîtriser face à une attente, à rester calme dans une situation de tension, face à des difficultés, ou encore la qualité de persévérance face au retard » (Définition Wikipédia). L’attente, la tension, les difficultés et le retard, toutes les cases sont cochées concernant ce Racing 2023/24. Pas étonnant que Patrick Vieira réclame de la patience à tout instants et à tout le monde depuis le début de la saison. Requête justifiée ou excuse fallacieuse ? Tentative de réponse sous l’angle d’une sommaire analyse tactique du match face à Clermont.

Pour le compte de la 11ème journée de Ligue 1, les Racingmen, 14ème du classement, retrouvaient la Meinau pour la réception du Clermont Foot Auvergne, avant-dernier, 6 points derrière les Bleus. Le Racing reste sur une série de 4 matchs sans victoire et 1 point sur 12 possibles. La défiance envers le coach alsacien, Patrick Vieira, reste forte même si le point obtenu à Rennes semble avoir temporairement calmé l’opinion publique. Ce match face à un adversaire direct pour le maintien revêt donc une valeur de test, pour une équipe dont les légers progrès doivent désormais se matérialiser en points. En face, Clermont ne se présente pas en victime docile. 17ème certes, mais 4 points obtenus lors des 3 dernières rencontres, dont une victoire au Groupama Stadium de Lyon, dans un duel de cancres.

Pascal Gastien, le coach auvergnat, doit faire avec l’absence d’Alidu Seidu, homme de base de son système défensif et avec celle, plus anecdotique, de l’ailier Jérémie Bela, ce dernier étant très rarement titulaire.

Depuis le début de la saison, le Clermont Foot évolue généralement dans un 5-3-2 articulé auteur d’un trio au milieu de terrain : Gastien, Gonalons et Magnin. Pour ce match, ils innovent avec un 5-2-2-1 « Antonetti Style » où Gastien et Gonalons doivent assurer l’équilibre du milieu pendant que Mohammed Cham et Elbasan Rashani tenteront, depuis leurs positions de demi-ailiers, de seconder le très physique avant-centre jamaïcain Shamar Nicholson.

Ce système présente notamment l’avantage, en phases défensives, de placer un joueur dans la zone de chacun des deux membres du double-pivot médian strasbourgeois (Doukouré et Mwanga), et donc de ralentir nos sorties de balles.

Equipe


On notera qu’en phase d’attaque placée, le dispositif clermontois bascule vers un 3-4-1-2: Rashani venant se placer à la gauche de Nicholson qui se décale légèrement vers la droite. Cham se promenant dans l’interligne défensif alsacien pour servir de point d’appui « haut » au relanceur principal et quasiment exclusif de l’équipe : Johan Gastien. Ce dernier, profite de l’équilibre assuré par un Gonalons, sentinelle devant la défense, pour disposer d’une liberté totale dans ses déplacements comme le montre sa heat-map couvrant la quasi-totalité des zones entre les 30 mètres auvergnats et ceux du Racing.

Equipe


Côté alsacien, on regrette les absences sur blessures de Thomas Delaine, touché face au Stade rennais et de Karol Fila, touché par la poisse. Par ailleurs, Patrick Vieira, désireux de préserver l’implication des quelques joueurs d’expérience composants son effectif, invite cordialement Sanjin Prcic et Jean-Eudes Aholou à aller déguster une paire de knacks en tribunes. Tribunes, où ils seront rejoints par l’intermittent du spectacle, Saïdou Sow, pour la deuxième fois d’affilée hors du groupe et qui doit se féliciter d’un peu de stabilité dans sa saison.
À l’inverse, apparition du jeune Jérémy Sebas sur le banc. Surprenante au premier abord, mais juste récompense de son très bon début de saison avec la réserve (5 buts en 6 matchs) et dont le profil pourrait être utile dans un effectif manquant de solutions offensives sur les ailes.

Côté tactique, on retrouve le système en 4-2-3-1 aligné à Rennes. L’amicale Darwiniste évoquée lors du dernier article crie à la trahison. Son président, M. Nunez, footballeur professionnel sur les bords de la Mersey et adepte de la fine moustache (classique chez les petits-fils d’immigrés en Uruguay) déclarera : « une compo de Patrick Vieira sans changements de système ou ajustements tactiques bizarres, c’est comme une France sans fromages ou un Cambodgien avec deux jambes : une hérésie ! »

Au niveau du choix des hommes, mis à part Frédéric Guilbert qui échange son rôle de coach mental sur Instagram avec celui d’arrière gauche (en raison de l’absence forcée de Thomas Delaine), la composition est identique à la semaine passée. On ne change pas une équipe qui ne perd pas.

Equipe


À la perte du ballon, l’équipe retrouve son système en 4-4-2 avec Ângelo Gabriel et Dilane Bakwa en charge du contrôle des pistons adverses. Nuance toutefois concernant le replacement de Moïse Sahi Dion, qui alternera, selon la hauteur du bloc, entre une position à hauteur d’Emegha, ou plus bas, dans la zone de Gonalons et Gastien. Compte-tenu du rôle respectif de ces deux joueurs, évoqué plus avant, on pourrait s’étonner que Moïse Sahi Dion n’ait pas été mis spécifiquement dans la zone de Johan Gastien (un peu comme nos adversaires qui ciblaient Prcic en début de la saison dernière). En effet, cela aurait nécessairement contrarié les phases de possessions auvergnates en obligeant Maxime Gonalons, moins technique que son compère, à prendre l’orientation du jeu à son compte. Sauf que, quand on veut obliger l’adversaire à prendre la responsabilité du ballon et qu’on essaie de l’aspirer loin de son but, lui « offrir » 30 ou 40 mètres de remontées de balle sécurisées est plutôt pertinent. Le rôle clef de Gastien étant facilement identifiable pour un néophyte, je pense que s’il a été laissé « libre » par le staff alsacien, c’était sans doute volontaire. Pour résumé, on leur a offert la maîtrise du ballon et des remontées de balle « simples », pour obtenir, en contrepartie, des espaces à exploiter en transition.

Equipe


Patrick Vieira renouvelle à l’identique le plan de jeu appliqué au Roazhon Park :
- on laisse le ballon à l’adversaire, peu importe son pedigree ou son profil technique (61 % de possession pour Clermont dans ce match)
- un bloc médian/bas, extrêmement compact dans l’axe, renforcé par le double-pivot composé d’Ismaël Doukouré et Junior Mwanga.
- une absence de pressing dans les 35/40 mètres adverses. Priorité est donné à la reconstitution rapide du bloc-équipe plutôt qu’à l’idée de mettre sous pression les relanceurs adverses.
- dès la récupération du ballon, les deux milieux axiaux doivent servir de rampes de lancement à des offensives directes. Aucune volonté de maîtrise ou de ralentir le tempo de transmission du ballon pour la conserver (361 passes tentées par le RCS contre 580 par son adversaire, soit quasiment 40% de moins). La verticalité prime.
- les joueurs offensifs ont pour consignes d’attaquer « frontalement » la ligne défensive adverse, par le dribble et la course. Pas de décrochages, pas de combinaisons dans les petits espaces. On fonce vers le but, et peu importe le déchet. On est sur un classique jeu de transitions rapides (contre-attaques pour les nostalgiques des années 90), à l’opposé des standards esthétiques et techniques établis depuis 20 ou 25 ans.

Alors ça donne quoi ce jeu hyper direct face à une équipe, à priori, à notre portée ?
L’analyse tactique de cette rencontre va être assez rapide pour une raison assez simple : sans aucun but marqué (qui aurait nécessairement impliqué des ajustements des protagonistes), les deux équipes auront globalement continué à appliquer leurs systèmes de jeu de la première à la dernière minute.

D’une part, une équipe clermontoise soucieuse de conserver la balle et de rechercher Cham et Rashani entre les lignes, soit pour combiner dans les 30 mètres adverses, soit pour écarter le jeu vers les vouloirs, notamment gauche, compte-tenu du profil nettement plus offensif d’Allevinah par rapport à Konaté, côté droit. De l’autre, le Racing, solidement installé dans sa propre partie de terrain, avec un bloc-équipe compact dans la profondeur mais suffisamment « large » pour cadrer les deux pistons Clermontois avec nos ailiers. On ne provoque pas la perte de balle de l’adversaire, on l’attend, et on exploite aussi rapidement que possible les espaces libres.

Alors oui, c’est frustrant.
Frustrant de voir ce jeu « passif » dans les phases de récupération, avec un bloc qui n’avance pas sur l’adversaire et des rares phases de possession sans réelle maîtrise du tempo et un déchet technique qui donnent cette impression de rendre continuellement le ballon à l’adversaire.
Cela d’autant plus que, par des ajustements assez basiques, le Racing aurait pu mettre les Clermontois sous pression. Par exemple, si au lieu de cadrer les pistons avec nos ailiers, on l’aurait fait avec nos latéraux, nos ailiers auraient pu monter systématiquement sur Borges et Pelmard. Additionné au marquage individuel de Gastien par Sahi évoqué plus haut, on aurait pu espérer faire dérailler tout le plan de jeu « avec ballon » du CF63.
Dans ces conditions, il est très tentant de considérer le jeu du Racing comme défaillant, voire inexistant. La réalité, c’est que ce n’est juste pas le plan de jeu.

La philosophie de jeu du coach alsacien se porte sur un football « négatif », pour reprendre un qualificatif attribué à celui d’Helenio Herrera en son temps. Ceux qui ont vu le Nice et le Crystal Palace de Vieira ne seront pas surpris. Les autres, il faudra vous habituer.
Une étude de l’observatoire du football du CIES du 08 novembre indique que le Racing est la 4ème équipe française avec l’indice de jeu direct le plus élevé. J’ai le sentiment que si on ne prenait en compte que les 5 derniers matchs, ce taux serait encore supérieur.
Même si l’équipe progresse collectivement, même si les joueurs progressent individuellement et même si des joueurs plus forts et plus performants (y compris plus expérimentés) nous rejoignent, on n’aura pas plus de "beau jeu" (au sens des critères Guardiolesques et Kloppesques). Le plafond en termes de réussite du projet à moyenne échéance, c’est le Nice de Farioli (qui reprend les mêmes grands principes de jeu, mais en faisant tout mieux grâce à un effectif de meilleur qualité).
Certains diront que ,dans ce cas, ça ne vaut plus la peine d’aller au stade. Que le football doit être un divertissement avant d’être un business. Je leur répondrai que le football est un sport avant d’être un divertissement. Le beau et le bon sont deux choses différentes.

Revenons au match de dimanche.
Globalement le match a été équilibré. Comme déjà rappelé plus tôt, mise à part après l’expulsion de Marvin Senaya, les deux entraîneurs ont conservé leurs plans de jeu durant la totalité de la rencontre, faisant des remplacements « poste pour poste » et ne procédant à aucun ajustement tactique majeur.
Les Clermontois auront eu quelques occasions en première mi-temps, chaque fois venues du côté droit de la défense strasbourgeoise, où Ângelo semble toujours incapable de faire preuve d’un minimum de discipline et d’engagement défensifs. Ses oublis dans le cadrage du très remuant Allevinah aurait pu nous coûter cher si Cham avait converti son face-à-face avec Matz Sels à la 21ème minutes. Pour le Racing, peu d’occasion à se mettre sous la dent malgré des tentatives timides de Sahi ou Ângelo autour de la 20ème minute. Le principal fait de jeu pour les Bleus demeurant la sortie sur blessure de Dilane Bakwa, suppléé par Jérémy Sebas juste avant la mi-temps.
Début de match fermé, où les Alsaciens font bonne figure dans les items statistiques les plus pertinents pour un jeu de transition rapide : les duels qu’ils remportent quasiment au 2/3 et les dribbles réussis pour 69 % d’entre eux (obligatoires pour casser le contre-pressing adverse)

En deuxième mi-temps, les Strasbourgeois prendront légèrement l’ascendant sur leur adversaire du jour. Mieux en place défensivement (malgré quelques placements approximatifs du duo Ângelo/Sebas), le Racing ne concédera aucune frappe cadrée, mis à part un coup d’éclat lointain de Rashani qui finira sur la barre transversale de Matz Sels (46ème).
Toujours dominatrice au milieu, la lessiveuse Doukouré/Mwanga, récupère (72 % de duels gagnés), oriente (90 % de passes réussies, 111 ballons touchés à eux deux et 6 dribbles réussis sur 6) et se projette (comme à la 61ème, où Junior Mwanga est à deux doigts de Mory Diaw de débloquer le match), confirmant les bonnes impressions aperçues à Rennes. Assurément le point fort du Racing 2023/2024.
En attaque, le Racing manque toujours de créativité et reste très brouillon. Néanmoins, l'équipe pensera avoir réussi à faire sauter le verrou clermontois à la 73ème mais un très léger hors-jeu d'Emmanuel Emegha douchera les espérances de la Meinau.
Au final, 11 frappes au but, dont 5 fois après la 76ème minute et l’expulsion de Marvin Senaya.

Pour rappel, l’équipe qui termine la rencontre :

Equipe


Score final 0-0, les 10 Strasbourgeois sur le terrain essuient les sifflets des spectateurs.
Sifflets de déception et de frustration, que j’estime à titre personnel, assez injustes et contre-productifs.

Le résultat n’est pas bon. On espérait tous les trois points. Le niveau de jeu n’est pas suffisant, et quand, comme Patrick Vieira, on choisit une philosophie de jeu moins ambitieuse et peu esthétique, il ne reste pas grand-chose d’autre à proposer que de l’efficacité. Donc quand elle n'est pas là...
Le retard accumulé pendant la pré-saison et jusqu’au match de Metz, à une période où le coach alsacien tâtonnait tactiquement (pour être poli), ne sera plus rattrapé et pénalise encore l’équipe aujourd’hui.

Toutefois, on commence à comprendre vers quoi le staff et l’équipe tendent et, même si le choix de philosophie de jeu qui a été décidé est critiquable et peut sembler en décalage avec les discours de début de saison, il a le mérite d’avoir été fait depuis 5 matchs. Le projet de jeu a enfin une direction.

Par ailleurs, des progrès sensibles et continus peuvent être constatés depuis le match de Lens. À titre personnel, je trouve que les matchs à Rennes et face à Clermont sont nos meilleures prestations depuis le début de la saison.
Cette impression visuelle est renforcée par les statistiques de ce dernier match, et notamment celles des items « marqueurs » pour un jeu de transition rapide. En comparaison avec nos autres matchs après Metz :
- 1,01 xG, meilleur résultat
- 0,90 xG pour l’adversaire, 2ème résultat le plus bas
- 1ère fois où le différentiel des xG est positif
- 18 tirs tentés, meilleur résultat
- 5 tirs cadrés, meilleur résultat
- 21 dribbles tentés, meilleur résultat
- 13 dribbles réussis, meilleur résultat
- 107 duels joués et 59 remportés, résultat le plus haut
- 55 % de duels gagnés, meilleur taux.

Alors, oui, c’est encore insuffisant et on peut légitimement être en doit de demander mieux à cette équipe, mais elle semble enfin sur la voie du progrès et d’une certaine cohérence. Elle mériterait sans doute d’être encouragée dans cette voie plutôt que conspuée et mise sous pression.

Au final, ce jeu "négatif" assumé ne serait-il pas l'espoir d'une dynamique positive. Rendez-vous à Marseille dans 15 jours pour une ébauche de réponse.

knack90

Commentaires (14)

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  • Encore une fois très intéressant et des arguments pertinents.
  • Pour les stats "record" de cette fin d'article, qui présagent un avenir meilleur, je rappellerais juste qu'en face, c'était, avec Metz, probablement l'équipe la plus faible de Ligue tant par la qualité individuelle des joueurs que par le collectif cette saison.

    Encore heureux que les stats soient meilleures contre Clermont que contre Rennes ou Nice, mais si on ne bât pas un concurrent aussi faible, qui a clairement le niveau de Ligue 2, on compte battre qui avec ce systèmes de jeu négatif ?

    Enfin, si le football est un sport avant d’être un divertissement au niveau amateur, au niveau professionnel, c'est avant tout un business, qui a besoin de spectateurs et téléspectateurs pour vivre. Et pour avoir de l'argent, le sport doit être attrayant, ce qui n'est plus le cas du Racing avec Vieira. Pas d'attrait, pas de public. Pas de public, pas de recettes. Pas de recettes, pas d'argent. Pas d'argent, pas de foot pro. CQFD.

    Sinon, merci pour cette analyse tactique poussée, qui demande probablement à chaque fois de de revoir des purges horrible pour essayer de comprendre ce que le négativiste Vieira tente de faire pour massacrer l'essence du football.
  • On est d'accord que Clermont est sans doute top3 des équipes les plus faibles du championnat. Et j'indique bien qu'il aurait fallu gagner, ne serait-ce que pour materialiser les progrès.

    Par contre, dire que, si tu bats pas Clermont, tu battras personne, c'est un peu un raccourci. On a bien fait match nul à Rennes avec la même organisation (et malgré une maîtrise tactique moindre). Ça depend aussi de ton état de forme du jour, de celui de l'adversaire, du scénario du match, du style de jeu adverse...

    En définitive, il me paraît toujours plus pertinent de juger les progrès sur le contenu que sur le résultat. Et, depuis la dernière trêve internationale, il me semble évident qu'on ai passé un cap. Le bémol, c'est qu'on part de très très bas. Sur ce point, je pense qu'il y a consensus.

    Enfin, sur le dernier point, je suis circonspect sur un lien éventuel entre spectacle sur le terrain et le budget du club. Surtout avec le projet BlueCo. Mais ça mériterai un débat plus large.
  • Il est vrai que lorsqu'on cuisina l'éléphant du jardin des plantes, heureux ceux qui eurent un morceau de cuisse plutôt que de pied. Bon, rien à voir avec une entrecôte de Charolais mais c'est largement meilleur que les orties du jardin des plantes.
  • Merci encore une fois pour cet article détaillé. Même si je trouve l'analyse juste par rapport à ce qui est produit sur le terrain, j'ai du mal à être en accord avec (et ça c'est complètement personnel). D'un point de vue purement sportif et tactique, je peux concevoir que l'application d'une tactique "passive" voir basique peut être une bonne chose quand on voit la jeunesse et l'inexpérience de notre effectif, mais est-ce vraiment leur / nous rendre service ?

    Je pense qu'on a tendance à omettre certains facteurs comme la psychologie / le mental qui ont une part tellement importante, peut-être encore plus avec de jeunes joueurs. Est-ce que d'avantage de possession, maîtrise du ballon ne permettrait pas aussi de mettre d'avantage en confiance nos joueurs ?

    La passivité n'est pas non plus forcément dans l'ADN du club / la région. Les rares fois cette saison où j'ai vu l'ensemble du stade encourager les joueurs étaient dans des phases "d'agression" ou de récupération hautes, et on sait tous ce que l'apport de la Meinau peut produire comme effet sur les joueurs.

    Est-ce rendre service aux joueurs de volontairement ou intuitivement les brider, car c'est des fois l'impression que j'ai. Il est indéniable que la jeunesse et l'inexpérience conduit à des erreurs ou à des mauvais choix, mais on peut aussi apercevoir les qualités de certains de ces jeunes mal exploitées. Peut-être que je me trompes, mais c'est mon ressenti.
  • Merci pour l'article.
    Pour ma part je pense qu'on peut être satisfait des 7 joueurs "défensifs", le gardien évidemment, les 4 défenseurs, et les 2 milieux déf sur les deux dernières rencontres. L'animation offensive est un vrai problème et l'absence de pressing dans le camp adverse s'avère finalement un handicap car cela nous fait repartir de très bas.
    Je suis de ceux qui pensent que la tactique de Vieira est inhérente à son choix de faire jouer les plus jeunes pour les développer : défense basse, pas de pressing pour ne pas cramer les joueurs, jeu direct et rapide vers l'avant, possession laissée à l'adversaire. L'inverse serait possible avec des joueurs avec plus de consistance (comme sous Stéphan) mais c'est un choix de faire jouer ceux qui seront là les 2 ou 3 prochaines saisons.
  • mimikn a écrit, le 12/11/2023 18:49 :

    Est-ce que d'avantage de possession, maîtrise du ballon ne permettrait pas aussi de mettre d'avantage en confiance nos joueurs ?

    La passivité n'est pas non plus forcément dans l'ADN du club / la région. Les rares fois cette saison où j'ai vu l'ensemble du stade encourager les joueurs étaient dans des phases "d'agression" ou de récupération hautes, et on sait tous ce que l'apport de la Meinau peut produire comme effet sur les joueurs.

    Est-ce rendre service aux joueurs de volontairement ou intuitivement les brider, car c'est des fois l'impression que j'ai.


    Déjà, merci pour ton commentaire qui incite à l'échange.

    A titre personnel, je vois la tactique de transition rapide de Vieira comme un moyen de déresponsabiliser nos jeunes offensifs. D'ailleurs, plusieurs fois dans ses interview, Vieira évoque le fait de "se lâcher" comme un point de progression à travaillé.
    L'avantage du jeu de transition, c'est que ta base défensives (entre 4 et 6 joueurs) reste en place en phases offensives (par exemple, l'orientation du jeu est fait par ton double-pivot et pas par tes centraux). L'équilibre est donc assuré en cas de perte de balles.
    La "pression" de l'efficacité collective repose donc principalement sur ta ligne défensive, où Vieira aligne ses joueurs les plus expérimentés du 11. Les offensifs devraient donc pouvoir jouer plus libérés.

    Par ailleurs, le fait de volontairement récupérer la balle plus bas et un moyen d'obtenir des attaques avec plus d'espaces vers l'avant. Il est évident que Angelo, Emegha, Bakwa ont plus des qualités de courses et de provocation que de techniques et de déplacement dans des petits espaces, nécessaires au jeu de possession.

    Pour l'histoire de l'ADN, je crois que le public suivra l'équipe, même avec ce type de plan de jeu, à condition que l'intensité à la récupération et dans les attaques continue à progresser et que les résultats positifs finissent par arriver.
  • mediasoc a écrit, le 12/11/2023 20:57 :
    L'animation offensive est un vrai problème et l'absence de pressing dans le camp adverse s'avère finalement un handicap car cela nous fait repartir de très bas. (...)
    la tactique de Vieira est inhérente à son choix de faire jouer les plus jeunes pour les développer


    Je pense que le choix du plan de jeu est effectivement adapté aux profils encore inaboutis de nos joueurs offensifs. D'ailleurs, ce style de jeu, qui est le plan de jeu de Vieira partout où il passé, est sans doute une des raisons de sa venue.
    En effet, il est parfaitement adapté à un projet sportif où l'effectif est en transition totale sur 2/3 ans maximum et qui sera sûrement ensuite renouvelé par cycles successifs.

    Le (contre-)pressing dans le camps adverse, c’est un élément qui paraît obligatoire aujourd'hui pour "bien jouer" mais c'est finalement une norme très récente (20 ans max). L'AJ Auxerre de Guy Roux, jouait un jeu de transition rapide avec un bloc médian/bas pour les mêmes raisons que le Racing de Patrick Vieira. Quand tu as Kapo, Cissé et Fadiga en attaque, tu as plus besoin d'espaces que du ballon pour être dangereux. Idem pour Angelo/Emegha et Bakwa (je parle de profils équivalents et pas de niveau équivalent qu'on soit bien d'accord :D).
  • Auxerre faisait certes un jeu de transition, mais effectuait par ailleurs un jeu de construction au milieu fort intéressant, avec conservation du ballon si besoin, grâce à des milieux talentueux qui étaient la base de lancement des ailiers. Scifo, Martins, Dutuel, pour ne citer qu'eux, étaient des joueurs qui excellaient balle au pied, et le football d'Auxerre était agréable à regarder.

    Laurey aussi a effectué plusieurs saisons du jeu de transition rapide sans pour autant proposer un non-football systématique.
  • @superdou

    Sur le point évoqué avec @mediasoc, je faisais simplement le lien entre le choix de ne pas presser haut et le profil de nos joueurs offensifs, en prenant comme exemple une ligne d'attaque "référence" dans le jeu de courses directes.

    On est bien d'accord que comparer le Racing d'aujourd'hui avec le Auxerre du début des années 2000 ou le Nice de Farioli, c'est impossible en termes de niveau de jeu, et notamment de qualités techniques et de maîtrise tactique

    Malgré tout, il y a des marqueurs tactiques communs très forts.
    Pour simplifier, la structure est la même, mais le niveau de jeu et l'animation sont différents en raison de la qualité des joueurs (et de la compétence de l'encadrement).

    Par exemple, si on garde l'ensemble de la structure tactique du Racing à l'instant T mais que tu échanges Nyamsi/Perrin par Todibo/Dante, ton animation, notamment offensive, sera complètement différente malgré des principes de jeu identiques.
    La sûreté technique supérieure de ta charnière permettrait par exemple :
    - d'avoir des latéraux plus écartés et plus haut en phase de possessions
    - d'orienter le jeu depuis la ligne arrière et pas depuis ton double-pivot médian, libérant Mwanga et Doukouré et leur permettant de servir de relais plus haut et/ou de se projeter plus souvent
    - d'avoir un jeu long vers l'attaquant plus précis...

    Dans ce cas là, évidemment que le Racing serait meilleur et plus agréable à voir jouer.

    Quand au dernier point, pour moi les matchs de Paris, Rennes et Clermont sont loin d'un non-football. Mais, évidemment, c'est subjectif.
  • knack90 a écrit, le 13/11/2023 12:37 :
    @superdou

    Malgré tout, il y a des marqueurs tactiques communs très forts.
    Pour simplifier, la structure est la même, mais le niveau de jeu et l'animation sont différents en raison de la qualité des joueurs (et de la compétence de l'encadrement).

    Par exemple, si on garde l'ensemble de la structure tactique du Racing à l'instant T mais que tu échanges Nyamsi/Perrin par Todibo/Dante, ton animation, notamment offensive, sera complètement différente malgré des principes de jeu identiques.
    La sûreté technique supérieure de ta charnière permettrait par exemple :
    - d'avoir des latéraux plus écartés et plus haut en phase de possessions
    - d'orienter le jeu depuis la ligne arrière et pas depuis ton double-pivot médian, libérant Mwanga et Doukouré et leur permettant de servir de relais plus haut et/ou de se projeter plus souvent
    - d'avoir un jeu long vers l'attaquant plus précis...


    Je partage cette analyse et j'irais même plus loin pour décrire la philosophie de notre coach : je pense que ce dernier ne conçoit pas la défense (je veux parler des 4 de derrière) à travers un prisme "technique". En les maintenant aussi bas, il se prive volontairement d'une capacité de projection et cherche à assurer quelques précieuses clean sheets...

    Le positionnement au milieu de Doukouré est à mon sens le symbole d'une vision "petits bras" qui plombe effectivement notre système de jeu (qu'elle soit offensive ou défensive, l'animation implique l’ensemble de l'équipe et pas seulement 4 ou 5 joueurs)

    Regrettable et pas nécessairement encourageant après 1/3 du championnat...
  • @teddy95

    Je pense que Vieira souhaite actuellement jouer plus bas et laisser la ballon à l'adversaire pour deux raisons :
    - avoir des espaces à la récupération du ballon, pour jouer des attaques en transition rapide
    - parce que son équipe n'est pas capable de créer ces espaces elle-même en "aspirant" l'équipe adverse quand elle a le ballon (ce que fait très bien Nice avec des joueurs de bien meilleures qualité)

    Je pense que le plan de jeu actuel est, dans l'esprit de Patrick Vieira, une phase de transition. Une version simplifié de l'objectif de jeu final (qui ressemblerai donc au Nice de Farioli)

    A cela, deux "indices" :
    - il le dit clairement dans son interview sur Win(...)x TV. Il souhaiterai plus de possession et de maîtrise mais d'une, il faut avoir les joueurs pour, et de deux, elles doivent servir à créer de l'espace (à contrario d'un jeu d'attaques placées, type PSG ou Barça qui les réduits pour "asphyxier" l'adversaire)
    - on a claqué 20M d'€uros sur un type, parce que précisément, il a les qualités pour mettre en place ce type de plan de jeu.

    Au final, je ne pense pas qu'il s'agisse d'un manque d'ambition (sauf à considérer que jouer la contre-attaque en est un, ce qui me semble être une vérité "factice" induite par beaucoup de suiveurs du foot, médias compris, depuis les succès espagnols des années 2000), mais plutôt d'un adaptation ponctuelle de sa philosophie de jeu au "matériel" actuellement mis à sa disposition.
  • Phase de transition ? Peut-être, mais uniquement dans son esprit...

    Le premier hic, c'est que PV a ce "matériel" à disposition depuis presque 15 matchs (pré-saison compris) et qu'il semble encore tâtonner !
    Le second, c'est que dans le foot actuel, les entraineurs n'ont pas toujours 6 mois pour mettre en place une philosophie de jeu : si nous pointons à la 16e place du classement à la trêve, je ne pense pas qu'il y survive.

    On a effectivement mis 20M€ sur la table pour un joueur... qui a progressivement disparu des radars : par conséquent, en supposant que l'ambition de PV n'est pas à remettre en cause, on peut facilement douter de ses capacités à (re-)mobiliser ses troupes et à faire progresser ses joueurs.
  • teddy95 a écrit, le 20/11/2023 16:53 :
    Phase de transition ? Peut-être, mais uniquement dans son esprit...

    Le premier hic, c'est que PV a ce "matériel" à disposition depuis presque 15 matchs (pré-saison compris) et qu'il semble encore tâtonner !
    Le second, c'est que dans le foot actuel, les entraineurs n'ont pas toujours 6 mois pour mettre en place une philosophie de jeu : si nous pointons à la 16e place du classement à la trêve, je ne pense pas qu'il y survive.

    On a effectivement mis 20M€ sur la table pour un joueur... qui a progressivement disparu des radars : par conséquent, en supposant que l'ambition de PV n'est pas à remettre en cause, on peut facilement douter de ses capacités à (re-)mobiliser ses troupes et à faire progresser ses joueurs.


    A titre personnel (et à contre-courant de la majorité du Stub', je l'entends), je trouve qu'au contraire, son plan de jeu de plus en plus clair.
    Peu séduisant, mais de plus en plus cohérent.

    PV à trois années de contrat et c'est un choix personnel de Keller. Je pense qu'il est très loin d'être sur la sellette.

    Sylla paie sans doute sa fébrilité sur les premiers matchs de la saison, son jeu à risques (peu adapté au jeu actuel) et, à priori, des problèmes de comportement.
    Je reste persuadé qu'à moyen terme, il deviendra titulaire indiscutable en même temps que le niveau de l'équipe montera en gamme.

    Évidemment, je peux me tromper complètement.
    Vieira fait peut-être ses compos avec un Boggle, Keller a peut-être déjà pris contact avec Jacky Duguépéroux pour janvier et Sylla est sûrement nul.

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