RCS - Bastia, côté tribunes

On se souvient du premier match de la saison contre Montpellier : beaucoup d'attente et de retard aux entrées malgré un stade à moitié vide, un tifo destiné à charmer les serpents de la Ligue 2, de bons ultras visiteurs et une ambiance assez bonne en tribune avec bien sûr une première victoire.

On n'en espérait donc pas moins pour ce deuxième match à la Meinau, à nouveau contre un concurrent possible à la montée. Serait-ce une meilleure organisation, le bouche-à-oreille ou une intervention céleste ? Quoi qu'il en soit, la pluie abondante cesse, le soleil fait son apparition et pour la même affluence que contre les Héraultais, l'entrée au stade est bien plus paisible : cette fois point de cris et de contestation, la queue est plutôt fluide et on s'énerve moins que contre Montpellier. Avec un Racing premier au classement, il faut dire qu'on est plus disposé à sourire à nouveau en arrivant à la Meinau !

Petite désillusion toutefois : le stade sera à peine davantage garni que pour le match précédent. La faute aux vacanciers, à ceux qui restent encore à convaincre ou aux exilés qui écouteront la retransmission sur le nouveau joujou DNaudio ? Qui sait... Peut-être faut-il savoir se contenter de cette affluence et constater que si la Meinau est à moitié vide, elle est aussi, finalement, à moitié pleine et il ne faudra guère espérer davantage cette année. La « reconquête » sera longue...

A noter parmi tous ces fidèles de nombreux ultras allemands de Karlsruhe et de Berlin venus rendre visite à leurs amis et homologues strasbourgeois, présence manifestée par plusieurs drapeaux et bâches apposés pour l'occasion sur la bâche des UB90.

Le tifo du soir rend d'ailleurs hommage à cet axe amical entre les supporters des trois villes : de nombreux pots de fumée viennent colorer le Kop de bleu et de blanc, avec la banderole « Zusammen in Blau und Weiss » (ensemble en bleu et blanc), les trois clubs arborant les mêmes couleurs. Il devient alors difficile de voir l'entrée des joueurs sur la pelouse, et l'hommage rendu à Hervé Gorce (ancien footballeur et responsable à la LFP) est rattrapé de justesse avec un beau tendu d'écharpes sur tout le quart de virage nord-ouest et le respect de la traditionnelle minute de silence.

Peu avant, un autre hommage était rendu sur la pelouse, moins funèbre celui-là : François Remetter, un des grands gardiens de l'histoire du Racing et du football français, était mis à l'honneur pour ses 80 ans en recevant un maillot et des applaudissements nourris des gradins respectueux.

Après tout ce protocole, le match débute enfin – dans le brouillard pour une bonne partie du Kop en raison des fumigènes précédents - et sur les chapeaux de roue : en effet il ne faut pas attendre longtemps avant que le filet et le poteau bastiais ne tremblent ! De peu, mais cela a le mérite de dynamiser les encouragements et le Kop hurle son soutien aux siens de belle manière.

Les chants baisseront ensuite en intensité au fur et à mesure que le jeu du Racing redeviendra sans réelle inspiration ni occasion au cours de la première période. Mais comme sur le terrain, tout n'est pas à jeter et l'espoir persiste.
Cette première mi-temps aura aussi permis de constater le retour à la normalité des panneaux d'affichage, en grève technique lors de la rencontre face à Montpellier.

Au niveau des visiteurs, seule une douzaine de passionnés ont pris place dans la tribune qui leur est réservée, avec notamment une section suisse de fans du club bastiais. Les Rebels, supporters allemands du SCB habitués des rencontres à la Meinau semblaient eux absents pour ce match...

Mais les locaux sont bel et bien présents et décidés à pousser le Racing jusqu'à la victoire, comme cela a été plusieurs fois répété au cours de la première mi-temps au micro dans le Kop. Et si la première mi-temps a pu paraître poussive parfois, à l'image du jeu du RCS, elle sera beaucoup plus énergique jusqu'à la fin du match.

En effet, le Racing pose de plus en plus de soucis à l'équipe bastiaise, les espaces se créent, les ballons lancés dans le dos de la défense et sur les ailes se multiplient et peu à peu le match s'emballe.

Cette fois, ça y est, la machine est lancée et tout le monde y croit. Las ! Le but tant espéré ne vient pas et la frustration commence à gagner le stade. Mais l'incroyable se produit alors : Carlier entre dans les arrêts de jeu et marque... pendant qu'une partie de la Meinau regarde ailleurs ! En effet, lors de l'ultime assaut, sur un énième ballon quelconque sorti en touche, l'action est vite jouée avec un autre ballon et se poursuit de l'autre côté du terrain... jusqu'à ce que le ballon de la touche ne soit inexplicablement relancé sur le terrain. Alors que Jean-Alain Fanchone adresse une merveille de centre dans la surface bastiaise, Szelesi renvoie en vain le ballon, mollement. Et sous le regard horrifié des spectateurs, le ballon reste dans l'aire de jeu et on se dit alors que l'arbitre va interrompre l'action pour régulariser la situation et faire sortir un des deux ballons. Que nenni, l'action se poursuit, Carlier est à la réception du centre de Fanchone et propulse le ballon au fond des filets. Incroyable dénouement, le Racing arrache la victoire à la 93e minute pendant que beaucoup demandent à leur voisin ce qu'il s'est passé et si l'arbitre va valider le but !

Evidemment, ces quelques secondes semblent interminables dans les tribunes et l'explosion de joie au moment du but assez spéciale. Mais oui, le Racing remporte sa 3e victoire consécutive dans la liesse que l'on imagine et les chants résonnent bien après la fin du match.

Les joueurs viennent partager ce bonheur devant le Kop et Carlier se permet même de revenir haranguer la tribune sous les vivats que l'on imagine.

Et si l'on reprenait plaisir à voir le Racing gagner et le stade vibrer ?