Le bilan à la trêve

Comment peut-on monter une équipe tenant la route après la fin de saison apocalyptique que le Racing a connu et l'hémorragie inévitable de joueurs qui s'en est suivie ? La réponse apportée par la direction est celle de la stabilité. Philippe Ginestet garde sa confiance dans le travail de Jean-Marc Furlan (pour s'économiser les frais de licenciement ironisent les mauvaises langues) et développe sa communication au sujet du grand stade de 42 000 places qui doit remplacer le Stade de la Meinau.
On s'inquiète plus du sort du grand hamster d'Alsace que de la destinée sportive de l'équipe version 2008/2009, sans doute parce qu'on ne se fait guère d'illusions sur sa capacité de remontée immédiate.

Il faut dire que les renégats désignés par le staff technique et une partie de l'opinion publique comme les responsables de la catastrophe (Johansen, Abdessadki, Renteria), les jeunes espoirs (Bellaïd, Gameiro, Schneiderlin) et autres bonnes pioches du dernier recrutement telles que Rodrigo sont remplacés par quelques joueurs solides de Ligue 2 (Shereni, Marcos, Belghazouani, Pelé...) renforcés par quelques anciens indésirables du club comme Carlier et Gargorov. Et vu qu'à Strasbourg, on est plus à une énormité près, pourquoi ne pas confier au Bulgare la direction du jeu ? Et dire qu'il n'est revenu que parce que le CSKA Sofia, en proie à de sérieux problèmes financiers, n'a pu lever la maigre option...

C'est un peu contre toute attente que la mayonnaise prend tout de suite entre les nouveaux, les jeunes et les piliers que sont devenus Cassard et Lacour. Le Racing enchaine les victoires comme il enchaînait les défaites deux mois plus tôt et s'impose immédiatement comme un prétendant légitime à la montée. Les victoires sont parfois laborieuses et souvent arrachée aux tripes, comme par exemple à Brest ou face à Bastia. Mais le Racing est là et bien là, ce qui en soit est presque un exploit. Cette euphorie et cette solidarité permettent à l'équipe de revenir à 2-2 après avoir été mené 2-0 Sedan. Strasbourg se permet même d'offrir le spectacle face à Nîmes en l'emportant 5-0 avant de sombrer à Angers 3-0 trois jours plus tard ; premier coup d'arrêt, premier coup de froid...

Malgré ce splendide début de saison, le Racing reste le Racing, un club qui ne fait jamais les choses comme les autres et à qui il arrive toujours des histoires rocambolesques. Face à Châteauroux, une réserve est déposée au sujet de la validité du deuxième but strasbourgeois. Emil Gargorov aurait joué le corner pour lui-même. Il faut attendre quelques semaines avant de voir cette victoire validée par la Ligue.
Moins anecdotique, l'affaire Chahir Belghazouani, à qui on reproche sa participation dans un clip de rap au goût douteux et qui est prié de retourner en Ukraine voir si les jeunes filles sont aussi dociles qu'à Hautepierre. Un club qui se permet de licencier un joueur nommé meilleur joueur de la division au cours du mois écoulé pour des raisons morales, voilà qui sort de l'ordinaire.

Malheureusement, les frasques de Belghazouani arrivent au mauvais moment. Quentin Othon, auteur d'un début de match splendide contre Tours, se fait casser la jambe par un joueur adverse. Saison terminée. Emil Gargorov renoue avec l'infirmerie. Marcos est touché pour quelques longues semaines à Metz. Shereni et Pelé sont également out.
Du coup, c'est toute l'équipe du Racing qui boite et ce d'autant que le buteur joker Kandia Traoré est très loin du niveau sensé être le sien. Furlan doit colmater les brèches avec les moyens du bord et compter sur ses jeunes. Jean-Alain Fanchone en profite pour tirer son épingle du jeu et fait étalage d'un potentiel très intéressant. Sans aucun doute la grande révélation strasbourgeoise de ce début de saison.

L'hiver pointe son nez, il est souvent rude en Alsace. Strasbourg a de plus en plus de mal à gagner ses matchs. Lens, réduit à dix, décroche le point du nul à la Meinau lors d'un match au sommet très décevant. Metz emporte en Lorraine le premier derby de la saison avant que Guingamp ne triomphe à la Meinau 2-0 au terme d'un non-match édifiant.
Le spectre de la saison passée rôde à la Meinau, d'autant que les scénarios semblent similaires : des débuts brillants et le début de la fin en hiver... La similitude se fait d'autant plus précise que Sedan humilie le Racing en Coupe de France dans une Meinau déserte.

Pour son dernier match de l'année 2008, le Racing vient à bout, fort difficilement, de Boulogne, l'équipe surprise de l'année, et se rassure en réalisant une bonne opération comptable. Si absolument aucun écart définitif n'est creusé, le club pointe aujourd'hui à la deuxième place du classement, mais la moitié du chemin reste à parcourir. Le Racing laisse cependant apparaitre quelques promesses et autres motifs d'espoirs.

Nous retiendrons de cette moitié de saison la bonne intégration générale des recrues, principalement Marcos et Harlington Shereni, mais aussi Steven Pelé qui a contribué à stabiliser la défense, l'éclosion tardive d'Emil Gargorov qui serait à ce jour le chouchou de la Meinau s'il n'était pas si souvent blessé, l'enthousiasme de Jean-Alain Fanchone et l'efficacité étonnante de James Fanchone, qui avec 9 buts fait partie des meilleures gâchettes de la division.
Le Racing n'a plus que 5 mois pour tenir ses promesses et atteindre la terre promise de la Ligue 1. Si rien n'est fait, le coup reste jouable.