Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Vaincre le syndrôme Hans im Schnockeloch

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Par romeocrepe
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Après les violons de l'automne, la langueur monotone. Mezza voce certes, mais de façon bien présente, une ambiance malsaine ressurgit. Les Strasbourgeois ne s'intéressent-ils plus au Racing que parce qu'ils adorent le détester?

Le Racing n'aura donc pas connu son soleil d'Austerlitz. Parce que l'équipe n'a pu inscrire dans la durée ses bonnes dispositions du premier tiers du championnat. Parce que l'effectif, bien qu'assaini après, enfin, la liquidation des dernières scories de l'ère Le Roy, n'est pas encore bien stabilisé. Parce que, surtout, l'étrange smog empoisonnant les esprits d'entre Vosges et Rhin ne s'est toujours pas dissipé malgré l'assainissement moral et sportif du club. Le syndrôme Hans im Schnockeloch est loin d'être vaincu.

Ljuboja a vu juste
L'attitude du public paraît en effet bien paradoxale. L'intérêt des Strasbourgeois et des Alsaciens pour leur club est pourtant une réalité incontestable. L'exigence bien connue du public de la Meinau, qui s'il peut parfois attendre trop ne peut se voir reprocher d'exiger de ses joueurs le meilleur d'eux-mêmes, peut tout à fait être considérée comme une marque d'attachement légitime au Racing, à sa gloire et, à travers lui, à celle de la ville de Strasbourg et de l'Alsace en général. De même, de la bierstub de quartier aux dîners en ville, le Racing est de toutes les conversations, toujours ; chacun se sent investi d'une infîme parcelle de sa substance et, par là même s'arroge le titre d'entraîneur.
Pourtant, bien que réduite à des dimensions indignes la privant de toute ambition par la faute d'une municipalité pourtant encline à déclarer Strasbourg capitale de tout et de son contraire, l'enceinte de la Meinau brille surtout par ses absents, les jours où la ferveur populaire pourrait renverser le sort.
Autant d'entraîneurs que d'habitants ? Peut-être, mais l'immense majorité appartient simultanément au corps hélas répandu des Inspecteurs des Travaux finis, prêts à voler au-secours de la victoire mais décidément bien absents les jours où leur équipe pourtant adorée aurait besoin d'eux.
Terrible paradoxe, illustré sans détour par Danijel Ljuboja à son départ. Certains fidèles de la Meinau ont encaissé durement une critique qui ne leur était pourtant pas destinée ; mais les propos du néo-parisien relèvent, il faut en convenir, du langage de vérité.

Crise de confiance et mélange des genres
Il est vrai que les errements à la tête du club, et ses conséquences directes sur les résultats, ont détourné les gens de la Meinau ces dernières années. Telle une ravissante idiote, notre Racing a connu plusieurs amants successifs, tous riches et séduisants mais cyniques et maladroits, qui lui faisaient miroiter monts et merveilles pour, au final, mieux lui prendre ce qu'elle avait à offrir et la laisser seule, démunie et déchue.
Le dernier en date, un ancien tennisman qui préférait le ciment de Flushing-Meadows à la pelouse il est vrai défraîchie de l'arène du Krimmeri avait promis de la pourvoir en diamants du ballon rond. La belle alsacienne crédule ne reçut qu'une ou deux pépites respectables, le reste n'étant que verroterie telles celles que Christophe Colomb offrit aux Indiens d'Amérique. Ces colifichets étaient pourtant fort coûteux...
Aux catastrophes internes s'ajoute la pincée d'embrouillamini politique, car si aujourd'hui l'un et l'autre sont juridiquement indépendants –mais dans les faits le pouvoir d'influence de la mairie reste déterminant, le moyen de pression financier restant efficace, et les dirigeants actuels ne se font pas prier pour peser sur les décisions importantes-, le poids du politique a contribué à l'ambiance psychodramatique. La guerilla politico-sportive entre Robert Grossmann et André Bord des années 70-80, le choix d'IMG par la municipalité socialiste en 1997 ont contribué à cristalliser durablement autour du club des conflits extra-sportifs.

Hommages posthumes
Conséquence également : les meilleurs serviteurs du Racing ont droit à la reconnaissance à leur départ. Ivan Hasek n'est certes pas le meilleur exemple car, comme joueur d'abord, comme entraîneur ensuite, il a toujours joui d'une bonne image. Mais a-t-il été vraiment soutenu alors qu'il menait à bien la tâche ingrate de faire remonter le club et de le maintenir avec le calamiteux héritage Le Roy ? Car à Strasbourg, la démocratie d'opinion fait des ravages. La valeur éprouvée la veille encore n'a pas de valeur face à l'apparente vérité du moment. Antoine Kombouaré était salué pour ses qualités d'enthousiasme de jeune entraîneur au style de jeu vivant et ses aptitudes de formateur. 24 octobre 2003, défaite à Sochaux, la roue tourne, on se souvient de son inexpérience...
Gilbert Gress, lui, n'a plus ce problème, LE titre pardonne tout, mais était-il moins contesté ?

Retrouver l'envie
Il est grand temps de cesser ce pessimisme chronique. De vaincre ce syndrôme Hans im Schnockeloch, d'envier les autres et de négliger ses propres atouts et mépriser ses serviteurs dévoués. De refuser de faire contre mauvaise fortune bon coeur, comme ce jour de 2001 où nous avions gagné la Coupe et que la place Kléber était moins animée que lors de la victoire de Galatasaray en coupe d'Europe en mai 2000. De croire que le psychodrame à la Une des journaux est la marque d'un grand club.
Et si, autres temps, autres moeurs, nous ne reverrons pas de sitôt la foule se précipiter rue de la Nuée Bleue à minuit les soirs de match pour ne pas rater la Une des DNA, je ne puis que souhaiter que cette équipe, en voie d'assainissement, reçoive le soutien et l'adhésion active et sans réserve de tous ceux qui s'en disent ses supporters et ses défenseurs. Qui aime bien châtie bien ? Peut-être, mais il faut dépasser ce stade négatif. Recréons l'enthousiasme, portons cette équipe plus haut qu'elle ne le ferait seule, et que notre foi demeure.

romeocrepe

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