Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Les Herbiers Léonard, pour le plaisir

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5.0 / 5 (3 notes)
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Avant-match
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Par jpdarky, iuliu68, meem, slade
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© jpdarky

Comme le Racing montera quoi qu’il arrive, Marc Keller l’a prophétisé durant l’avant-saison, les clubs qonreçoat ont encore moins d’intérêt que durant les saisons précédentes. C’est pourquoi Racingstub préfère se concentrer sur les hauts faits de Notre Direction. C’est en immersion totale avec Marc Keller que nous allons vivre cet avant-match et peut-être bien plus.

(NDLR : cet article fait partie d'une série d'articles au ton décalé et résolument second degré, sans informations footbalistiques ajoutées (**). (**) Conformément à la législation en vigueur.)

Strasbourg-Alsace, Loges du Stade de la Meinau, vendredi 14 août 2015

“Jaune”, remarqua-t-il avant de retourner vers le buffet d’une démarche à la fois féline et puissante, le fruit d’un travail physique et hygiénique constant. Marc pris un verre de Carola bleue (il ne supportait pas les bulles, même les fines, ça lui donnait des gaz, inacceptable pour le bel et bon homme qu’il ambitionnait être le plus longtemps possible depuis qu’il avait eu son premier Big Jim).

Repassant devant la vitre de la loge, il s’arrêta pour siroter son verre, puis un second. Il commençait à se demander s’il n’avait pas abusé de la mi-cuite. Mais pourquoi mi-cuite ? Pourquoi pas pas-cuite-du-tout ? Avait-il avalé une de ces cochonneries pleines d’acides gras saturés pour lesquels les clients faisaient la queue interminablement ? Impossible. Il jeta un coup d’oeil à travers la vitre. “Jaune”, se dit-il à nouveau, et, souplement, il gagna le salon pour retrouver les autres membres du Board.

Alors Marc, tu ne nous a pas répondu : tu penses quoi de l’animation chorégraphiée de ces UB ?” redemanda Christophe, celui qu’il considérait comme son fidèle lieutenant. Tout le monde le surnommait CR67. Marc n’avait jamais compris pourquoi d’ailleurs. Quel rapport avec l’année qui a suivi celle de la naissance d’Eric Cantona se demandait-il souvent. Puis il oubliait. Il oubliait qu’il se l’était demandé.

Mais CROTTE ! C’est JAUNE !” s’écria-t-il soudain, sa voix sonnant trop aïgue à son goût. Il redescendit de deux octaves avec un regard par en-dessous qu’il travaillait tous les matins dans la glace après son masque à l’argile bleue du Nicaragua qu’il achetait en Suisse : “Ils ont fait leur animation en JAUNE… Comme la couleur d’Orléans !”. Lui, le perfectionniste, l’amoureux du détail, le scrupuleux examinateur de tous les petits éléments (ce qui lui avait permis de réussir à tous les examens de comptabilité haut la main), était estomaqué, sidéré.

Ha, tiens, oui” commenta sobrement Patrick Adler qui remontait le chauffage. “Ach ! Mais c’est choli quand même hein” lança Egon Gindorf qui fourrageait dans les petits fours “... aber… où sont les knacks ?

Réaction typique de ses bons amis co-actionnaires. “Ils sont bien aimables et conciliants” pensa-t-il. Parfois, quand il était d’humeur méchante, cela lui arrivait quand il était contrarié d’avoir raté la météo sur Télématin, ou quand il n’avait pas réussi ses 42 séries de 20 power-squats, il les trouvait lourdauds. Il s’en voulait évidemment immédiatement, ce n’était pas le genre de pensée que l’homme qu’il voulait être pouvait se permettre d’avoir. Yul, son coach de vie, lui répétait régulièrement que les pensées mauvaises rendaient l’homme mauvais. Brrrrr.

Ce match ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices, Marc était contrarié. Il était contrarié depuis une semaine de toute façon. Depuis cette incroyable défaite à Dunkerque pour commencer une saison qu’il avait pressentie comme étant LA saison, celle qui permettrait au club d’accéder enfin à la D2, et lui permettrait donc d’accomplir le premier étage de la deuxième partie de son grand oeuvre en forme de fusée.

Le désarroi


Eschau-Alsace, Manoir Keller, Lundi 10 Août 2015 (oui, c’est un flash-back, la Rédaction ne recule devant aucun sacrifice, sans augmentation du prix des consommations)
Ambiance sonore : “Atmosphere” Joy division (1980).

Marc se laissait porter par les mouvements de l’eau de sa piscine, allongé sur son matelas gonflable bleu, essayant tant bien que mal de se concentrer sur la lecture de son PrépaBac Comptabilité. La même question tournait sans cesse, “Pourquoi ?” Pourquoi les joueurs ont-ils été battus? Pourquoi n’ont-ils pas voulu gagner? Il sortit de l’eau et s’allongea sur les dalles brulantes pour continuer sa dépression au sec.

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”Il me semble que la misère serait moins pénible au soleil.” Tu parles, quand ça veut pas, ça veut pas.

La défaite était insupportable à Marc qui se considérait comme un battant, un ouineur comme lui disait si souvent son ami Arsène. Après tout, il avait lu l’Art de la guerre de Sun Tzu dès ses 29 ans, même s’il sentait chez Arsène une pointe de jalousie quant à son instinct de guerrier : “Stop being a whiner maintenant dü” lui envoyait souvent par SMS le manager d’Arsenal. Marc se rendait bien compte à ce type de message que même le sage de l’Emirates voyait en lui l’étoile filante en pleine ascension (ce qui est balaise pour une étoile filante, mais Marc est diplômé de gestion, pas d’astronomie, alors ça va hein) vers le firmament dont la lumière lumineuse pourrait éclipser la gloire éternelle d’Arsène.

Mais il ne lui en voulait pas. Malgré ses doutes, sa déception quant au match de Dunkerque, il savait qu’il devait pardonner l’envie et la jalousie d’Arsène. “Le pardon est une preuve d’intelligence Marc, c’est le plus beau des dons gratuits” lui disait souvent Yul, qui se tenait présentemment au bord de la piscine dans son sloggi panthère très très serré, avec ce sourire désarmant que des années de pratiques des sagesses orientales avait rendu si apaisant, “d’ailleurs, pardon de t’avoir fait mal en y allant un peu fort sur le massage tout à l’heure, je ne retrouvais plus le gel.” Après tout, cette jalousie d’Arsène à son endroit était causée par sa propre excellence, impossible de lui en vouloir. Et en plus là, il avait mal à son envers.

Ordre et beauté, luxe, calme et volupté


Eschau-Alsace, Manoir Keller, Jeudi 27 août 2015
Ambiance sonore : Concerto pour piano n°21 K467 de Mozart, premier mouvement.

Sérénité. Calme. Joie contenue. Marc était enfin apaisé ce matin alors que la température de cette fin d’été torride flirtait déjà avec les 30°C. Mais rien ne troublait Marc, tout n’était que quiétude. Le Racing avait engrangé sa première victoire, et à l’extérieur qui plus est.

Ca y est, le Devialet 800 du salon donnant sur la terrasse faisait entendre le moment préféré de Marc, lorsque Yeol Eum Son entamait sur son Steinway le générique de “Mes mains ont la parole” qui avait bercé son enfance alors que, rentrant de l’école, il trépignait en attendant Goldorak à Récré A2.

Un nuage passa dans le ciel, il obscurcit un instant le paysage et l’âme de Marc. Les Herbiers. Voilà que ce ce nom bucolique se mit à perturber Marc. Il ne put s’empêcher de repenser, d’un coup, aux hêtres, à Shakespeare et à la petite Mélanie Wittmer, dont le souvenir obstrue encore si souvent sa pensée à l’heure de recruter LE joueur qui fera remonter le Racing en D2.

Mélanie Wittmer, outre ses longs cheveux blonds comme les blés (mais sans épis) et ses yeux verts, jouait de la harpe mieux qu’aucune autre enfant de la classe de CE2. Il faut dire que son sixième doigt lui conférait une dextérité qui lui permet, certainement aujourd’hui encore et depuis le banc de touche des féminines du FC Niedermorschwihr, de demander à faire entrer le n°12 à la place du n°6.

Marc méditait souvent sur son propre herbier, devant une feuille bien connue : “Hêtre ou ne pas hêtre, telle est la question”. Il ne savait pas encore. Non, il ne savait pas encore qu’un jour, il ne retrouverait pas Mélanie. Ni les autres jours. Il ne savait pas non plus que devant lui, en août 2015, se dresserait une hêtraie devant l’équipe de son coeur. Celle dont il rêvait enfant, vêtu des guenilles débraillées et usées jusqu’à la corde si courantes dans son comté natal, qu’il aimait presque autant que Mélanie.

A l’époque, il se voyait brillant tacticien. Deux défenseurs, un zigzagueur (il l’appelait comme cela mais c’était déjà le libéro), deux milieux défensifs à plat puis deux milieux offensifs ‘'l’un plus avancé que l’autre, un autre zigzagueur fou (il l’appelait comme ça mais c’était déjà le Youridjorkaeff qui avait fait entrer tant de monde dans sa lumière) et deux attaquants décalés. Il appellerait ce système Alain Quéz... euh, non, MW. Oui, MW. Marc, ce poète, inventerait un système tactique pour séduire Mélanie Wittmer. Un jour elle serait sienne, ho oui, elle serait sienne.

Depuis Dunkerque, Marc médite. Il se voit bien reprendre le banc. En se resservant une tasse de thé maté aux extraits de quinoa équitable, il repense à son herbier et se dit “Finalement, je connais aussi mal l’équipe des Herbiers que la tactique au foot ou les arbres de la forêt, quel désarroi esthétique. Laissons parler les spécialistes”.

Les Herbiers est un enfer grammatical


Il se tourna vers Yul, son coach de vie, qui déroulait les tapis de sol Quechua bleu nécessaires pour la séance quotidienne et matinale de Extreme Yoga Védique et lui demanda : “Dis, Yul, c’est quoi les Herbiers ? C’est quoi ce nom ? Des gens habitent vraiment là-bas ? Ils ont des terrains de foot comme chez nous ? Si oui, pourquoi ?

"Hé hé hé, la souplesse de ta peau délicatement hâlée grâce à Point Soleil n’a d’égale que ton abyssale méconnaissance des coins à gueux de l’Intérieur. Après, Les Herbiers, il faut bien le reconnaître, la plupart des gens ne connaissent sans doute pas. Ou peut-être. Personne de notable n'y a vécu ou ne s'y est attardé. Même pas Valérie Trierweiler, dont le nom aurait dû t’indiquer qu'elle est de la région. Ni Jean-Marc Ayrault, dont les faux-pas collent bien à la peau.

Le site le plus remarquable montre l'étroitesse d'esprit de ce coin de Chouans : le mont des Alouettes. Où il n'y a ni mont ni oiseau. Enfin juste un monticule et des oiseaux, Banda bhāṛa mēṁ jā'ō, qui ne sont ni des mouettes, ni des cigognes. Bref, les Herbiers sont/est une terre hostile, et pas que pour la grammaire.

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Le Mont des Alouettes, document remis.

En fait, dans l'insignifiance, les Herbiers pourrait (quand je te dis que c’est une terre hostile pour la grammaire) avantageusement se jumeler avec Saint-Étienne-lès-Remiremont, Fraize ou Lépanges-sur-Vologne, sauf que les mecs n’utilisent pas de plastique. Ils font tout avec du macramé et de la toile de jute, ça flotte beaucoup moins bien. Sans parler de l’étanchéité qui est tout simplement déplorable. Du coup ils ont plein d’enfants, ils se reproduisent comme des lapins (leurs préservatifs aussi sont en toile de jute).

Tiens en parlant de Lépanges-sur-Vologne, tu savais que le Puy du Fou est situé juste à côté des Herbiers ? Que Philippe le Jolis de Villiers de Saintignon habite la commune ? Que Xavier Dupont de Ligonnès n'avait jamais mis les pieds à moins de trois kilomètres de la maison des Villemin ?

D’ailleurs, j’ai appris en furetant sur Wikiprout que le nom des Herbiers aurait à voir, non pas avec les herbes (auquel cas, si ces gens sont un peu raisonnables, ils auraient appelé le patelin Krautersdorf par exemple) mais avec le prénom Herbert.

Et là, tout s'éclaire. Herbert, Alsace, Herbert Léonard. Bon sang mais c'est bien sûr. Le plus célèbre chanteur alsacien (avant Cookie Dingler et Matt Moussi... Pokora) est célébré aux Herbiers, ce qui rend instantanément le coin moins hostile, voire carrément amical. Mais, comme on dit pas loin des Herbiers, Cointreau n'en faut. Bon, allez, mets ta rotule droite sous ton apophyse coracoïde et cambre toi, je vais te masser le sacrum avec mon gros lingam."

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Yul en pleine forme dans le salon d’été de Marc Keller : “Allez ! C’est l”heure du massage !”

Docilement, Marc s’exécuta. Il s’était toujours demandé pourquoi il fallait faire ces séances tout nu, mais il avait toute confiance en Yul. Et vu les sommes astronomiques qu’il lui faisait tomber, il était sûr que ça devait être un bon. Les exercices l’aidaient à s’accomplir en tant qu’Homme. Mais aujourd’hui il ne pouvait s’empêcher de penser à tout ce que Yul lui avait révélé sur le Herbalife, non, mince, comment il s’appele déjà le bled ? Tout était confus, tout se mélangeait dans sa tête. Les ahanements saccadés de Yul derrière lui ne facilitaient pas les choses.

Ce qui tue, c’est l’espoir


Émergeant soudain de l’abime de réflexions dans lequel l’avaient plongé les explications de Maître Yul, Marc réalisa avec effroi que si son thé Maté avait un drôle de goût c’est parce qu’il avait infusé les feuilles sêchées de hêtres de son herbier au lieu du thé, distrait par ses pensées vagabondes. “Fichtre, je crois que je suis allé trop loin dans la profondeur de ma méditation Vipassana, je m’a trompé. Les herbiers, c’est pas chou au goût. Mon Canto, et si j’étais aussi en pleine méditation intense au moment de signer Marester ? Peut-être m’a-je aussi trompé ? Ô confusion ! Ô doute ! Où est-ce que j’ai mis mon doudou ?” pensa-t-il en cherchant fièvreusement le bout de nappe à carreaux arraché à la table du “Coucou des bois” alors qu’il n’était encore qu’un bambin aux joues roses et aux sabots crottés. Il se frictionna convulsivement la joue avec le bout d’étoffe.

Réalisant soudain la stupéfiante synchronicité sérendipitique de la coïncidence de son absorption de l’herbier à proximité du match face à les Herbiers, Marc y vit un signe du destin qui fit bondir son coeur de joie et cette pensée déversa en lui des torrents d’allégresse. Cette fois-ci, c’était sûr, la première victoire à domicile qui lancerait définitivement la saison du club était à portée de pied. Le premier pas de la saison vers son objectif pour lequel il construisait patiemment un délicat échaffaudage depuis des mois et des années était à sa main.

Le Destin sourira t’il enfin à Marc en lui offrant la première pierre de la saison de son grand oeuvre ? Mais quel est cette force mystérieuse qui pousse Marc et le Racing vers les sommets ? Pourquoi Patrick Adler a-t-il monté le chauffage ? Quelles sont les qualifications de Yul ? Pourquoi porte-t'il un bracelet électronique ? Où sont passées les clés du camion ? Vous le saurez peut-être dans le prochain épisode, s’il y a un prochain épisode.

Papier co-effeuillé par Iuliu68, Slade, MEEM et JPDarky

PS : Douglas Adams forever

jpdarky, iuliu68, meem, slade

Commentaires (7)

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  • Article complètement déjanté.....à croire que l auteur à fumé de l herbiers......belle tranche de rigolade en ce matin pluvieux.....
  • On s'y croirait !
  • Ces mecs ne reculent devant aucun pléonasme:
    lumière lumineuse, dons gratuits. Aujourd'hui ils se nomment même Madame Irma ou qui sait la nouvelle voyante extra-lucide qui conseille Flanby, puiqu'ils sont à même de narrer l'emploi du temps de Marcoleplusbo du 27 août 2015 soit le jour de la parution de cet article.


    Mélanie Wittmer sur Goo-Gleu Deutschland.
    Question de goût, il y en a une chiée.

    Quant à savoir où sont passées les clés du camion, il suffit d'aller à Bischwiller.
  • "Ils sont à même de narrer l'emploi du temps de Marcoleplusbo du 27 août 2015 soit le jour de la parution de cet article."

    Le don de double-vue. Tout simplement.
    http://www.kamouloxdufoot.com/kdf/images/smiles/redsheetfloat.gif
  • Ceux qui pensent qu'il s'agit juste d'une coïncidence n'ont pas compris que tout cela n'est qu'une partie infime d'un grand plan.
  • J'ai bien fait d'aller faire un tour dans la Stub ce soir . J'y ai découvert une prose surprenante ! Une dissertation sur l'herbe des Herbiers. Si des brins de la pelouse de la Meinau , accrochés aux crampons retourneront victorieux en Vendée il mériteront bien d'être sèches pour l'éternité dans un herbier. Et nous on passera pour des cons avec nos Stats ! Il y a du côté des Herbiers les Carola : Compagnie des Alsaciens de la Région Ouest Loire Atlantique. Ils cherchent un sponsor pour le tu do du match retour, la revanche quoi !
  • Comme d'hab......excellent(+)

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