Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : décembre 1989

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Souvenir/anecdote
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Par kitl
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Dernier bain de foule pour Daniel Hechter

Après Honecker, Ceaușescu et bientôt Hechter ? Si l’heure n’est pas encore au « dégagisme », cette mouvementée année 1989 n’épargne pas le Racing, cible d’un audit municipal au vitriol, dont les révélations façon feuilleton éclipsent encore davantage le rectangle vert…

Résumé de l’épisode précédent: battu par le leader nancéien, le Racing semble condamné à briguer une place de barragiste au printemps prochain.

Strasbourg. Bastia. Nîmes. Trois anciennes places fortes du football hexagonal, compagnons de chambrée dans cette infernale deuxième division à deux groupes, un seul promu et un parcours du combattant pour se rattraper via les barrages. Lorsqu’on a connu la gloire européenne ou la lutte pour le titre, on conçoit mal de s'être fait chiper le leadership régional par un éboueur amélioré ou d’être cantonné dans son île.
Deux gros poissons au menu de décembre : les Corses étaient donnés pour morts à l’été, avant qu’une providentielle union sacrée insulaire ne sauve le club à l’étoile. Nîmes espère de son côté se reconstruire grâce aux héritiers de Kader Firoud.

Leur compte bancaire désormais pourvu, Bastia a également fait fructifier son compteur points. Quatre victoires et deux nuls ont replacé les hommes de Roland Gransart à la deuxième place, juste devant le Racing. Hélas pour lui, le Sporting débarque à la Meinau face au onze-type de Specht – retours de Buisine et J. Cobos, Monczuk soutenu par Djorkaeff et deux ailiers – avec un paramètre supplémentaire à gérer. La pelouse est en effet totalement verglacée…

Un penalty de Djorkaeff, une réalisation opportuniste de Géraldès et le premier but de Nestor Subiat (servi par Monczuk) assurent un succès de seconde période (3-0) à Strasbourg. Un concurrent provisoirement éliminé, place aux Gardois…

A Berlin-Est, Egon Krenz est à son tour balayé, trois jours après la démission collective du comité central et du bureau politique du SED, le parti (presque) unique de RDA. La direction de la Stasi s’est également faite hara-kiri… Ce vide politique profite au voisin Helmut Kohl, bien décidé à pousser ses pions auprès de ses collègues européens, réunis en sommet à Strasbourg.

Dix ans auparavant, VGE accueillait déjà à l’Hôtel de Ville l’Italien Andreotti, le Belge Martens et l’insubmersible Maggie Thatcher, toujours en fonction.
Ce Conseil européen des 8-9 décembre 1989 fera date, bien plus que celui de 1979, et pas seulement pour les perturbations générées par une grève de la CTS. Au menu des « Douze », de nouvelles discussions monétaires prévues depuis belle lurette et surtout une question bien plus brûlante : que faire avec l’Est et singulièrement l’Allemagne ?

Le sommet règle un certain nombre d’ambiguïtés quant à la « question allemande » et aux nouvelles donnes économiques et démocratiques de 1992-1993. La CEE – avant tout le Royaume-Uni et la France, vainqueurs de 1945 – donne son aval à une autodétermination allemande, en dépit des craintes que ne manquerait pas de susciter le retour d’une Allemagne pleine et entière. On a assisté durant le week-end strasbourgeois à une mise en avant de trois personnalités, les autres chefs de gouvernements étant réduits au rôle de figurant. Le maître de cérémonie Mitterrand, Kohl et son agenda domestique (quitte à lâcher du lest sur la monnaie commune) et enfin Thatcher dans son personnage favori de Madame No.

Au Racing, la victoire contre Bastia est déjà évacuée par les bruissements autour du fameux audit sur la gestion Hechter commandé par l’équipe Trautmann à son arrivée en mars. Le document est entre les mains de la municipalité, qui attend que la Société d’Economie Mixte (SEM) soit sur les rails pour le divulguer.
Selon la page Chuchotements des DNA, signe que l’on s’éloigne de la rubrique purement sportive, il y aurait un audit light destiné au comité de gestion du RCS et un autre plus hard, conservé précieusement place de l’Etoile.

Face à René Girard et les siens, le Racing court après le score, en vain. Défaite avec les honneurs, 5 buts à 3, mais défaite quand même. Toujours la fragilité défensive constatée à Nancy et ce constat ennuyeux d’être à nouveau incapable de rapporter des points en marquant trois fois à l’extérieur.
Le lendemain du match, le groupe se retrouve pour une bouillabaisse autour d’Hechter, « dont le départ paraît proche désormais » (Jean-Pierre Meyer).

Le dégel à l’Est permet à un vieux serpent de mer de refaire surface, tel un Hibernatus : les emprunts russes dont les premiers remontent à plus d’un siècle… Un conseil municipal commun réunit des élus de Strasbourg et Périgueux, cinquante ans après l’évacuation, en présence de Pierre Pflimlin et Yves Guéna.
Dernier dinosaure en place, Ceaușescu vacille. Une révolte partie de Transylvanie se transformerait en véritable révolution, sans que les sources contradictoires ne fassent la lumière sur les événements. Le dictateur et son épouse seront finalement exécutés et un couvercle soigneusement posé sur ce qui s’est déroulé durant ces troubles journées roumaines de décembre 1989.

Au Racing, c’est au contraire une opération-vérité qui se prépare, avec un article par jour consacré au fameux audit. Ce DNA-Leaks, qu’on ne peut imaginer déclenché sans la complicité de la municipalité, achève de discréditer la gestion d’un club financièrement exsangue, perfusé d’argent public et à l’avenir sportif incertain.
Curieux renversement, alors que la presse locale a approuvé parfois bruyamment les initiatives d’Hechter et ses leitmotivs de modernisation et de professionnalisation depuis 1986.

Un match de Coupe de France expédié face à Belfort (il y avait 0-0 à la 79ème) et les joueurs partent en vacances jusque début janvier. Une trêve de Noël guère féérique les attend, parsemées d’indiscrétions sur les salaires, de révélations de magouilles et compromissions… De quoi alimenter les discussions autour du sapin.


Article réalisé à partir des archives des Dernières Nouvelles d'Alsace, consultables à la médiathèque André Malraux ou au Musée historique de Haguenau (consultées en février et gardées au chaud depuis).

Plus de détails croustillants sur l'audit dans un article à suivre...

kitl

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Stammtisch
  • lamazonienbleu Les Messins vont passer une très belle soirée
  • lamazonienbleu Et on se fait une bataille de fumis à la fin pour le dernier dv dans la Meinau historique !
  • lamazonienbleu Tout le monde en claquettes chaussettes la semaine prochaine : le public et les joueurs !
  • lamazonienbleu Non, non tenseur tu te trompes encore : beaucoup de stubistes préféreraient perdre contre Metz !
  • tenseur Même si le maintien est déjà acquis
  • tenseur Il faut gagner face à Metz à la Meinau
  • arthas Et Ajorque qui renouait avec une place de titulaire, mais pas de but
  • tendedret Mainz toujours barragiste après 1-1 à Heidenheim
  • guigs67 hello savez vous si il y a entrainement demain et si oui vers quelle h? le calendrier n'est pas à jour sur le site officiel. merci
  • cigonhao Je suis d accord. C est pour ca que je souffre moins devant l app FreeLigue1 que devant la télé
  • arthas Voire la Ligue Europa !
  • arthas Et la finale de Coupe d'Allemagne :D
  • indamixe mene actuellement 3-1
  • indamixe restera 2 matchs abordables au bayer pour une saison parfaite
  • gohelforever tu m'étonnes vu le jeu proposé....
  • cigonhao Syndrome dépressionaire aigue
  • lamazonienbleu En plus pour un dernier hommage à Gameiro et à la Meinau version 1984, il faut une victoire !
  • lamazonienbleu Bizarre tous les stubistes qui espèrent une victoire de Metz... Perso je n'y arrive pas
  • nicolesse68 Hopla un dernier match avant les vacances.
  • hoernel Il faudra rendre un grand hommage a kevin dimanche prochain

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