Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Thomas Delaine dans son nouveau jardin

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Par athor
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© Julien Buret - Let's Go Metz

A peine la saison 2021/2022 terminée, le Racing a officialisé la signature de sa première recrue, le latéral gauche Thomas Delaine (30 ans), arrivé en fin de contrat à Metz.

L'anecdote est largement connue des téléspectateurs des matchs de Ligue 2 diffusés par BeIN Sports et commentés par le duo Samuel Ollivier – Robert Malm, qui la répétaient à l'envi, au point que cela en devienne un running gag : Thomas Delaine a été jardinier-paysagiste à Arras avant de (re)devenir footballeur professionnel. Un parcours pas courant dans le monde professionnel d'aujourd'hui, même si le Racing a connu d'autres joueurs ayant vécu le monde amateur et la "vie réelle" avant de percer, de Dimitri Liénard à Nuno Da Costa, en passant par Khalid Boutaïb. Le nouveau latéral strasbourgeois avait pourtant connu un début de parcours on ne peut plus classique.

Après des premiers pas dans le club de son village d'Aix-Noulette, à côté de Lens, quelques semaines après la victoire de l'équipe de France à la coupe du monde 1998, et un passage pour le CS Avion, Thomas Delaine intègre la préformation du RC Lens à l'âge de 14 ans et s'engage dans le voie habituelle pour tenter de devenir footballeur professionnel. Joueur polyvalent, il arpente tout le côté droit, mais fait face à la concurrence d'une belle génération, avec notamment Serge Aurier au poste de latéral. Pas toujours titulaire donc, le Lensois de naissance parvient tout de même à faire son trou et participe activement au titre de champion de France U18, remporté en 2009 sous la direction d’Eric Assadourian. En 2010, il signe un contrat stagiaire de deux ans et intègre progressivement l'équipe réserve en CFA, au milieu des pépites de la génération 1992-1993 que sont Raphaël Varane, Geoffrey Kondogbia ou encore Thorgan Hazard. Lors de la saison 2011/2012, alors que l'équipe première évolue en L2, Delaine réalise une saison pleine en CFA, avec 28 matchs disputés, mais n'est finalement pas conservé à l'issue de son contrat. Après quelques semaines à tenter de trouver un nouveau point de chute, il reçoit l'appel d'Eric Sikora, son ancien entraîneur en catégorie U19 qui vient d'être nommé à la tête de l'équipe réserve. L'idole de Bollaert lui propose de rempiler sous convention amateur afin de poursuivre sa progression en CFA, au poste de milieu offensif. Un pari réussi puisque après une nouvelle saison pleine à cet échelon, le directeur sportif du club Antoine Sibierski lui offre un premier contrat professionnel de deux ans, à la grande joie du joueur : « c’est inespéré et cela fait très plaisir. Je pense que mon changement de poste n’est pas étranger à cette nouvelle donne. Mais je n’oublie pas d’où je viens. Il y a 8 mois, je me trouvais sans rien et, mentalement, je ne me sentais pas bien du tout. Je me posais des tas de questions et me demandais ce que j’allais faire sans le foot à 21 ans. Et par bonheur… Alors, je peux vous dire que je ne vais rien lâcher. »

Il est alors question d'un prêt en National pour Thomas Delaine, qui effectue un essai du côté de Boulogne à l'occasion d'un match amical, mais sans lendemain. Cantonné en équipe réserve, sans jamais être appelé avec les pros, ces deux saisons sont finalement plus frustrantes qu'autre chose : « le coach Antoine Kombouaré n'a jamais fait appel à moi, même pour s'entraîner. J'avais beau avoir 22 ans, on me prenait toujours pour le gentil petit Thomas Delaine qui avait 15 ans... » Arrivé découragé et démotivé à l'issue de son aventure lensoise en 2015, il est tout proche de s'engager à Noeux-les-Mines en DH avant d'être rattrapé par la manche par Reynald Dabrowski, l'entraîneur d'Arras, à l'époque en CFA : « je l'ai convaincu de venir chez nous. Je le connais depuis gamin. A 14 ans, il avait des tests d'endurance déjà extraordinaires. Lens a peut-être loupé quelque chose avec lui. Mais parfois les clubs ont tendance à aller chercher ailleurs ce qu'ils ont sous la main... Quand il est arrivé à Arras, il était en plein doute. Mais il a su se reconstruire. » Une renaissance confirmée par l'intéressé: « ça m'a fait du bien de me retrouver avec des adultes et plus avec les jeunes. A Lens, j'avais tendance à baisser les bras rapidement quand ça devenait compliqué. Je me sentais bridé, j'osais moins prendre mon couloir. A Arras, j'ai senti de la confiance autour de moi, ça m'a libéré. J'avais trouvé le cadre familial qui suffisait à mon épanouissement. »

Installé dans un bon club de CFA, Thomas Delaine allait embrasser la vie de centaines de joueurs amateurs évoluant dans les championnats nationaux, en jonglant entre le football et la vie professionnelle. Le 1er juillet 2017, il signe ainsi son deuxième contrat pro, un CDI de jardinier-paysagiste dans une société d'Arras. Mais moins de quinze jours plus tard, tout bascule avec un appel de Pierre Dréossi, le directeur sportif du Paris FC, qui vient tout juste d'échouer au barrage d'accession en L2 : «  on s’était rencontré dans un hôtel à Arras pour qu’il essaie de me convaincre. Au début je n’étais pas hyper chaud car j’avais peur de tout quitter. Ma compagne et moi étions en CDI et on attendait un enfant. Venir au Paris FC était donc un grand changement, une prise de risque. Et puis après plusieurs jours il a réussi à me convaincre. Je n’étais pas hyper serein en signant mais mon choix s’est avéré payant par la suite. » Encore plus payant puisque le PFC est finalement repêché en L2 à la suite du dépôt de bilan de Bastia. Sous les ordres de Fabien Mercadal, Thomas Delaine se met rapidement au niveau et s'éclate dans un poste de latéral gauche où il s'est désormais fixé depuis son passage à Arras, au point d'en être rapidement considéré comme l'une des références de la division. Dès l'hiver, les recruteurs se pressent à Charléty : le club anglais d'Everton a envoyé des émissaires à plusieurs reprises, d'autres clubs d'Outre-Manche ont coché son nom, tout comme des clubs de L1, comme Rennes, Angers, Caen, Nantes, Amiens ou encore Reims. « C'est la première fois que je suis confronté à cette situation, reconnaît Delaine. C'est pour ça que j'ai dit à mon agent que je ne voulais rien savoir ni rien entendre avant la fin du championnat avec le Paris FC. Je reste focalisé sur notre objectif et je ne veux pas me polluer l'esprit avec tout ça.  »

Finalement, au mois d'août, il surprend quelque peu le monde de la L2 en signant à Metz, alors leader du championnat, contre un million d'euros, estimant avoir besoin de franchir un pallier supplémentaire avant de goûter à la première division. Bien lui en a pris puisque le Pas-de-Calaisiens réalise une saison encore plus aboutie avec 32 matchs et 7 passes décisives, dont 4 pour le meilleur buteur Habib Diallo, un titre de meilleur latéral gauche de L2 aux trophées UNFP, et surtout, un titre de champion de France de L2, synonyme de montée en L1.

Titulaire dès le premier match, à l'occasion d'un match à la Meinau contre le Racing, il s'illustre négativement par un tacle maladroit qui blesse Youssouf Fofana. Par la suite, il apparaît régulièrement dans le onze de départ jusqu'au mois de décembre avant d'être confronté au retour de Mathieu Udol. Delaine retrouve alors parfois le banc, ou doit parfois jouer les utilités sur le côté droit ou dans un rôle de milieu offensif. L'arrêt du championnat à la suite de la crise sanitaire met fin à une première saison de L1 assez contrastée et plutôt compliquée sur le plan collectif. Néanmoins, son entraîneur Vincent Hognon salue son adaptation et loue les qualités de son joueur : « c’est un garçon arrivé sur le tard mais qui a beaucoup de qualités. Il est travailleur, il a une grosse pointe de vitesse, il joue des deux pieds, il est intelligent, il comprend ce qu’on lui demande, il est discipliné, il a des qualités naturelles. » Son coéquipier Opa Nguette est lui plus direct : « Thomas, il peut même jouer tout seul sur le côté gauche ! Il défend, il attaque, il fait un peu tout.» 

Remplaçant au début de la saison 2020/2021, il retrouve sa place de titulaire au moment du retour sur le banc de Frédéric Antonetti, se découvrant même des talents de buteur, notamment lors du derby face au Racing au mois de février. Une nouvelle corde à son arc offensif, qu'il a su développer depuis son arrivée en Lorraine, en s'appuyant sur ses qualités de vitesse et d'accélération (il était déjà surnommé Bip-Bip au Paris FC). En s'appuyant sur ces qualités, Antonetti va utiliser Thomas Delaine aux quatre coins du terrain lors de la saison 2021/2022. Sans jamais réussir à trouver la bonne formule, avec un effectif limité, le technicien corse aligne ainsi son joueur comme latéral gauche bien sûr, mais aussi comme milieu gauche, milieu droit ou encore latéral droit. Une polyvalence dont il est capable, mais qui ne l'enchante guère « c’est un peu compliqué, ce ne sont pas les mêmes orientations ni les mêmes appuis.Quand cela fait des années que l’on joue à gauche, on n’aime vraiment pas aller de l’autre côté, mais, comme le coach me le demande, je le fais et j’essaie de faire du mieux possible. Après, ce n’est pas le poste que je préfère. Je suis beaucoup mieux à gauche. » A la peine en championnat, le FC Metz finit par confirmer son destin de relégué avec une série fatale de 14 matchs sans victoire début 2022. Arrivé en fin de contrat et auréolé d'un statut de joueur fiable de L1, Thomas Delaine ne manque pas de prétendants au moment de donner une nouvelle impulsion à sa carrière, à 30 ans. Suivi de longue date par le Racing, un accord est trouvé très tôt, au mois de février, pour un contrat de trois saisons. Dès lors, sa signature est un secret de Polichinelle même s'il a finalement fallu attendre la fin du championnat pour que le club puisse officialiser l'information. Après le départ d'Anthony Caci, le RCS n'a donc pas tardé pour trouver son remplaçant naturel, avec un droitier capable de centrer des deux pieds, et possédant des qualités de contre-attaquant idéales pour s'installer dans un 3-5-2.


Citations issues d'articles de La Voix du Nord, le Parisien, le site officiel du PFC et Le Républicain Lorrain.

athor

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