Désespérant mais encourageant !

Après la correction lyonnaise, l'humeur n'est évidemment pas au beau fixe, et à quelques heures du match en Coupe de France contre Nancy à la Meinau, le Racing semble avoir grillé ses dernières cartouches, sur le terrain comme dans les gradins. La démonstration de l'OL ne justifie pas la résignation du RCS, d'autant que certains joueurs commencent à s'épancher sur leur vague à l'âme et évoquent leur envie de changer d'air. L'attention va se focaliser sur Mickaël Pagis, qui intéresserait l'OM, habitué à faire ses emplettes à Strasbourg. Le buteur strasbourgeois a perdu son efficacité de la saison dernière, et, pire, jusqu'à l'envie de jouer peut-être, n'étant plus que l'ombre de lui-même. On a pourtant du mal à croire que le RCS s'appauvrisse encore en attaque sans renfort digne de ce nom pour compenser ! Et pourtant, c'est un défenseur ivoirien, Gnoleba Loué, qui s'apprête à signer, tandis que Yacine Abdessadki, courtisé par Philippe Ginestet, ferait son retour, bien que Jacky Duguépéroux ne cache pas sa surprise. Encore...

Un Racing serial loser, des joueurs sur le départ, des dirigeants qui se tirent dans les pattes : l'année commence bien, dans la digne continuité des derniers mois cauchemardesques. Les spectateurs de ne s'y trompent pas, à peine 4 000 courageux se rendant à la Meinau pour le derby en Coupe de France. On est bien loin de la reconquête espérée, et la météo n'explique pas tout... Pagis est écarté du groupe soi-disant pour le ménager, et sans lui les Bleus rajeunis livrent un très bon match face à de fantomatiques Nancéiens, s'imposant facilement 4-0, avec Gameiro et Alex Farnerud en buteurs providentiels. Comme en UEFA, Strasbourg confirme donc son statut d'équipe de Coupe, malgré son bonnet d'âne en championnat. Bref, la victoire est rare, il faut donc essayer de se convaincre de la savourer... Malgré « l'affaire Pagis » et le contretemps pour le transfert d'Abdessadki.

Le lendemain, l'attaquant dont la signature est annoncée au Racing, Youla, va finalement renforcer le FC Metz, au nez et à la barbe des Strasbourgeois incrédules. On a du mal à y croire, et la pilule est encore plus dure à avaler lorsque le lendemain, le 9 janvier, Pagis signe effectivement à l'OM, confirmant les rumeurs à ce sujet. Ginestet est officiellement intronisé président dans l'indifférence la plus totale, Djetou qui avait fait la fine bouche il y a quelques mois revient sur la pointe des pieds pour s'entraîner avec le Racing, et l'unique recrue strasbourgeoise, l'imposant Edgar Loué, se fait malheureusement connaître par son excès de poids et ses crampes à l'entraînement ! On croit au gag, c'est trop énorme, mais c'est pourtant la triste réalité du quotidien du Racing, irrécupérable. Entre Dallas et Benny Hill...

Le jour suivant, les dirigeants en remettent une couche, Gindorf philosophant sur l'évidence d'un changement d'entraîneur, ce qui ne laisse pas de surprendre au vu de la longévité de Jacky Duguépéroux sous sa présidence. L'Egyptien Moslim est recruté, mais Abdessadki, dont le retour à la Meinau est annoncé depuis quelques temps par Philippe Ginestet, ne rejoint pas (encore ?) les rangs strasbourgeois, son transfert posant manifestement certains problèmes, les dirigeants toulousains exigeant une somme qui rebute leurs homologues strasbourgeois, le joueur ayant été laissé libre de tout contrat en fin de saison dernière.

Au niveau des dirigeants du Racing justement, l'ambiance délétère, qu'on pouvait imaginer suite aux différentes affaires ayant émaillé la saison, notamment par rapport à la succession d'Egon Gindorf, commence à se manifester dans la presse. Les actionnaires minoritaires sont en effet annoncés sur le départ, la rupture avec Ginestet étant inévitablement consommée. Seuls Gindorf et Wendling resteraient au sein du club... Patrick Adler, qui n'a jamais caché son soutien à Marc Keller et son hostilité à l'encontre du nouveau président, tire à boulets rouges sur l'état d'esprit qui règne et annonce qu'il va vendre ses parts. Une page se tourne donc et l'euphorique succession de l'après-Proisy semble bien lointaine...

Heureusement, l'équipe a la bonne idée d'offrir une excellente prestation à Louis II, obtenant un match nul injuste 1-1 contre Monaco, méritant sans doute plus. Mais la situation du Racing dépend aussi des résultats des autres équipes, et il faut impérativement gagner et prendre plus de points pour avoir le droit d'espérer.

Il faut donc confirmer contre le voisin messin, ce que fait le RCS : l'équipe s'impose 2-1 grâce à deux buts en première mi-temps, un pénalty et une expulsion lorraine. La performance n'est en rien remarquable face à une autre faible équipe, mais mine de rien le Racing vient d'engranger trois résultats positifs en une semaine, ce qui ne lui était jamais arrivé cette saison. Il a aussi su montrer que, malgré le départ de Pagis, il peut marquer (sept buts en trois matches) et peut surtout compter sur des jeunes prometteurs qui ont à coeur de montrer leurs ambitions.

En bref, après avoir touché le fond et halluciné chaque jour en découvrant la presse, la période écoulée s'annonce finalement plutôt encourageante, avec des résultats positifs. Bien sûr, tout cela reste à confirmer et la situation au classement demeure insultante, mais il y a indéniablement du mieux. Ne reste plus à espérer qu'au niveau des actionnaires, le calme revienne, et que ceux qui veulent partir le fassent rapidement sans mettre de bâton dans les roues de ceux (ou celui) qui restent pour essayer de sauver ce qui peut encore l'être...