Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Ainsi soit Thil

Note
5.0 / 5 (1 note)
Date
Catégorie
Portrait
Lectures
Lu 2.943 fois
Auteur(s)
Par athor
Commentaires
4 comm.
03082015Image2.jpg
© Clément Smague

Joueur emblématique de Boulogne pendant six saisons, Grégory Thil a retrouvé le club rouge et noir cet été. Portrait de ce goleador au parcours atypique.

Si le visage de l'équipe de l'US Boulogne a beaucoup changé cet été, avec une trentaine de mouvements, il y en a un qui a attiré l'attention et créé un nouvel engouement au stade de la Libération. Après quatre saisons loin de la côte d'Opale, Grégory Thil, l'ancien capitaine, goleador et symbole des dernières belles années du club, est de retour pour un dernier tour de piste. A 35 ans, le joueur vit là un de ses derniers challenges, et espère briller à nouveau pour finir sur une bonne note une carrière riche et pleine de rebondissement.

Car le parcours de Thil est tout sauf linéaire, bien loin du schéma habituel. Ainé d'une famille de six enfants, ce fils d'un ancien bon joueur amateur a donc renoncé à intégrer un centre de formation pour rester auprès de son clan, à Balagny-sur-Thérain, dans le sud de l'Oise, où il domine clairement ses coéquipiers d'alors. Dès l'âge de 15 ans, il s'entraîne, trois à quatre fois par semaine, avec l'équipe sénior, qui évolue en première division départementale. Peu importe le niveau, l'attaquant se comporte comme un professionnel: « il a toujours eu une hygiène de vie irréprochable et une méthodologie de pro. Il arrivait à l'entraînement une heure avant, pour tâter le terrain, choisir ses crampons » se souvient Rachid Kerchaoui, le président du club de Mouy, situé trois kilomètres plus loin, qui l'a convaincu de franchir un palier pour jouer en PH. A 20 ans, alors qu'il cumule ses études en STAPS avec un contrat emploi-jeune comme aide-éducateur dans un collège, Thil est monté en DH avec Mouy, et s'apprête à disputer la finale de la coupe de l'Oise, devant 4 000 spectateurs au stade Pierre Brisson de Beauvais. Un tournant dans sa carrière puisque dans le public, Jacky Bonnevay, entraîneur du club local de l'ASBO, assiste à son doublé. Quelques jours plus tard, le coach lui propose de rejoindre son effectif: « il avait un super état d'esprit, et un gros potentiel physique, athlétique. On l'a pris pour avoir un mec en plus, juste pour voir. » La signature d'un premier contrat pro ne tarde pas, au minimum syndical de 12 000 francs par mois.

Tout en continuant à vivre chez ses parents, à 25 kilomètres de là, Grégory Thil se retrouve à jouer la montée, avec dix apparitions, dont quatre titularisations, pour son première saison, mais le club craque au printemps: « il y avait des problèmes avec la direction concernant la prime de montée, il y a même eu une grève de deux ou trois jours. C'était le souk ». La saison suivante, il s'impose peu à peu comme titulaire, aux côtés notamment de Steve Savidan, prêté par Châteauroux, mais Beauvais connaît une saison noire, et tombe en National, puis en CFA un an plus tard. Lorsque le club perd son statut professionnel, et doit libérer ses joueurs, Thil fait des essais en Angleterre, mais refuse l'offre de Grimbsy Town (D4). Il opte finalement pour une licence amateur à l'ASBO, où il retrouve pour la première un ancien attaquant comme entraîneur. Pourtant, Bruno Roux était sceptique au départ de leur collaboration: « il se créait des occasions mais ratait tous ses duels. On a dû reprendre toutes les bases à zéro ». Résultat, une saison à 16 buts en 24 matchs, mais une montée manquée de trois points, derrière Boulogne.

Alors que l'attaquant reçoit des propositions de clubs du sud de la France, dont Toulon, il décide finalement de répondre positivement aux sollicitations de Boulogne-sur-Mer, promu en National donc, et qui en avait sa priorité pour l'associer à son serial buteur Jawad El Hajri, qui reste sur une saison à 21 buts. Et le duo fonctionne bien lors de cette première saison, puisqu'il inscrit 70% des buts des Rouges et Noirs, dont 10 pour Thil. Le club termine à une belle 6ème place, mais voit partir El Hajri, auteur cette fois-ci de 23 réalisations, à Brest. A l'été 2006, Grégory Thil hérite donc du statut de leader d'attaque ainsi que du brassard de capitaine. Une marque de confiance de son entraîneur Philippe Montanier, qui voit en lui « un attaquant atypique, qui a ce côté excentrique nécessaire chez un buteur, mais qui se projette aussi beaucoup sur le collectif. » Confiance rendue sur le terrain, et largement, puisqu'avec ses 31 buts, il contribue largement à la promotion de Boulogne en L2. Un total qui reste encore dans les annales, puisqu'il s'agit du record de buts inscrits en une saison de National (un record autrefois détenu par Jacques Rémy pour l'anecdote). Sur sa lancée, il continue de planter avec une belle régularité en L2. Mais ses 16 buts en 2006/2007 (dont un retentissant triplé contre Nantes) n'empêchent pas son club de devoir lutter pour son maintien, jusqu'à la dernière journée et un match à la vie à la mort contre Niort (fiche du match). Encore virtuellement relégué dans les arrêts de jeu, l'USBCO arrache la victoire au bout des arrêts de jeu et gagne une nouvelle saison en deuxième division.

Une nouvelle chance pour les Nordistes qui comptent bien la saisir. Si l'attaquant était ardemment convoité durant l'intersaison, notamment par Lens, Reims et le Racing, il rempile et maintient son niveau de performance, au sein d'une attaque qu'il partage avec Jérémy Blayac. Sauf que cette fois-ci, son club surprend et occupe le haut de tableau du championnat tout au long de l'année. Dans le sprint final, Thil se révèle décisif, en plantant 9 de ses 18 buts dans les dix derniers matchs, et contribue ainsi largement à la montée surprise en L1. En bon capitaine, le Picard régale et offre un voyage à Ibiza à ses coéquipiers: « c'est parti d'un pari en février ou mars où on s'était vraiment mis en galère pour jouer l'accession. Les gars m'ont dit: 'capitaine, si on monte, tu nous paies un voyage ?' J'ai dit OK ».

La montée de ce club atypique a évidemment suscité l'intérêt des médias, curieux de découvrir certains éléments au parcours sinueux, comme Anthony Lecointe, ancien ouvrier dans une usine de transformation de poisson, et donc Grégory Thil, l'amateur devenu pro sur le tard. Si les débuts sont plutôt prometteurs, avec un doublé inscrit contre Grenoble, il se blesse gravement à la cheville à la 5ème journée à Valenciennes. Une première pour lui car, depuis son arrivée en 2005, il n'avait manqué qu'un seul des 157 matchs de championnat, pour suspension. En son absence, Boulogne glisse peu à peu vers une zone rouge qu'il ne parviendra plus à quitter. Le retour de Thil au printemps ne change pas grand chose, même s'il contribue à quelques coups d'éclat comme ce net succès au stade Bonal contre Sochaux (3-0) ou la victoire à la 38ème journée contre Rennes. Avec 31 points, les Nordistes retrouvent la Ligue 2 dès l'été 2010. Un échelon où l'attaquant continue sa distribution de buts aux quatre coins de France, 15 en 38 rencontres. A 31 ans, et après six saisons à Boulogne, Grégory Thil décide de tourner la page et de retenter sa chance dans l'élite. Pour environ 800 000€, il est transféré à Dijon, promu en L1, et qui se cherche un buteur après le départ de Sebastian Ribas.

Mais son passage dans la capitale des Ducs de Bourgogne sera loin d'être une réussite. En concurrence avec Brice Jovial lors de la première saison, il ne parvient pas à se montrer suffisamment décisif pour empêcher la relégation inéluctable du DFCO. Un an plus tard, avec une statut de remplaçant, il se blesse gravement au genou, quelques jours après avoir inscrit son premier but, et enchaîne les galères: « Je me suis blessé le 11 septembre à l’entrainement ensuite je me suis fais opérer très rapidement une semaine plus tard, le 18. Puis à partir de là, je suis parti en rééducation. Au bout d’une dizaine de jours, j’ai commencé à me sentir moins bien, à faire beaucoup de fièvre. Suite à des examens, il s’est avéré que j’avais attrapé un staphylocoque. S’en est suivit une antibiothérapie: les médecins analysent le germe et mettent au point un antibiogramme. C’est un traitement qui dure 6 semaines. J’ai commencé à suivre le traitement, puis au bout de trois semaines ça n’allait toujours pas mieux. Je suis donc retourné à Lyon voir le chirurgien qui m’a annoncé qu’il fallait que je me fasse opérer de nouveau. L’opération a eu lieu le 20 octobre. Ils ont ensuite mis au point un nouvel antibiogramme qui cette fois-ci a été efficace. Je suis donc resté en tout deux mois et demi sous antibiotiques pour éliminer totalement l’infection. » Son retour en toute fin de saison n'est qu'anecdotique, tout comme son troisième exercice, où il ne passe que 715 minutes sur les terrains. En 2014, il rejoint donc Châteauroux en prêt, dans l'espoir de se relancer et d'oublier ces trois ans à Dijon, ponctués d'à peine cinq buts en championnat.

Dans l'Indre, Grégory Thil retrouve enfin un statut de titulaire, et le joueur de 34 ans se voit confier la mission d'encadrer la très jeune garde castelroussine, avec Sébastien Roudet et Laurent Bonnart. Mais le club, qui ne doit son maintien qu'à l'imbroglio Luzenac, enchaîne les mauvais résultats et se révèle très poussif dans le jeu. Largué au classement, avec Arles-Avignon, dès la sortie de l'hiver, Châteauroux est rapidement condamné, mais le Picard parvient à ne pas s'attirer les foudres du public se rendant encore au stade Gaston Petit. Son bilan de six buts en 37 matchs, le meilleur de l'équipe, reste finalement plutôt honorable.

Libre cet été, Thil affichait sa volonté de continuer en L2, mais eût égard à son âge, rédhibitoire pour beaucoup de clubs, son téléphone est longtemps resté muet. Jusqu'à cette proposition de Jacques Wattez, le président de Boulogne, qui cherchait à crédibiliser son nouveau projet de montée dans les deux ans. En quelques jours, l'affaire est bouclée: « C’est un retour aux sources dans mon club de cœur que je n’aurai jamais imaginé mais l’opportunité d’un challenge intéressant s’est présentée.» Mais pas question d'une pré-retraite, le buteur voit au delà de 2016: « Ce qui serait bien, c'est de ramener le club au statut pro, ce serait bien, ouais. J'ai signé 2+1, après, tant que je pourrai continuer, je continuerai. » Si le retour de l'ancien idole du stade de la Libération a eu un effet non négligeable sur la vente d'abonnements, elle constitue également une vraie plus value sportive. Grégory Thil affiche déjà quatre réalisations à son compteur, et entend bien poursuivre sur la lancée.

Citations extraites du Courrier Picard, So Foot, Site Officiel du DFCO et Vosges Matin.

athor

Commentaires (4)

Flux RSS 4 messages · Premier message par benjaminh68 · Dernier message par guigui113

Commenter


Connectés

Voir toute la liste


Stammtisch
  • valdestras Guilbert à Rennes? Pour renforcer leur équipe 2? (Et j'adore guilbert)
  • azzu ils ont causé lors du match face à eux, c'est sus
  • azzu Juju Stephan récupérera sûrement un ou deux élément à Rennes l'an prochain (genre un Guilbert)
  • iron-foot67 Ah oui je trouvais pas merci
  • mediasoc ça se vaut en général, sauf contre Nancy
  • mediasoc il y a les moyennes d'âge sur les fiches de match [lien]
  • iron-foot67 Les autres réserves vue les âges est au alentours de 19a
  • iron-foot67 La moyenne d'âge de l'équipe 2 à vue de nez est de 17ans
  • il-vecchio Comme un air d'Alaa ce Libanais: [lien]
  • valdestras Guilbert sera encore là comme perrin. Et à mon humble avis, ça sera tout !
  • tempest Quid de Guilbert, Delaine et Aholou en fin de saison ?
  • tempest puisque l'équipe 1 est une "équipe X" d'une world company du football
  • tempest On sait donc également que l'équipe 2 n'a pas d'avenir sous sa forme actuelle
  • tempest Au moins ceux qui s'abonnent le feront en connaissance de cause
  • tempest Pape Daouda Diong ... Bon et bien on connaît dorénavant la suite du projet
  • il-vecchio Si la Var dort la nuit l'avare se réveille à toute heure inquiet de la possible disparition de son or.
  • il-vecchio Tout ce qu'il ne faut pas faire sur un terrain. Catalogue partiel: [lien]
  • moderateur La VAR dort la nuit, et certains devraient en faire de même.
  • valdestras Exact, je me demande si c'est bien réglementaire tout ça. Gautier démission !
  • il-vecchio Et je constate que la Var s'est réveillée entre 6h43 et 7h00

Mode fenêtre Archives