Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Dans le rétro : mai 1989

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Souvenir/anecdote
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Par kitl
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Auteur d’une bonne fin de saison, le RC Strasbourg est amené à jouer sa survie à Sochaux, au cours de la dernière journée. Un nul suffirait à éviter les barrages, un exploit au regard de l’éprouvant parcours de l’équipe depuis juillet.

Résumé de l’épisode précédent : barragiste à quatre journées de la fin du championnat, le Racing compte prolonger sa dynamique du printemps jusqu’au maintien. On espère qu'à l'heure des comptes, le penalty manqué de Didaux face au PSG ou celui de Mège en mars contre Monaco ne manqueront pas…


Au moment où, sur la lointaine Nouvelle-Calédonie, l’assassinat de Jean-Marie Tjibaou fait planer le doute sur le processus d’apaisement issu des accords de Matignon de juin 1988, le championnat de France de football entre sans le savoir dans une nouvelle ère.
D’une frappe canon à quelques instants de la fin de la rencontre, Franck Sauzée vient en effet d’offrir un succès capital – et la tête du classement – à l’Olympique de Marseille. Ce match est depuis considéré comme le point de départ de la rivalité « séculaire » entre l’OM et le PSG. Le titre est cependant loin d’être acquis, puisqu’à la 35ème journée, l’AJ Auxerre est toujours dans le coup. Les Bourguignons vont toutefois complètement manquer leur mois de mai, à commencer par leur déplacement à la Meinau.

A l’entame de la dernière ligne droite, Gérard Banide choisit de relancer le meneur de jeu brésilien Pita, aux dépens du bison anglais Stainrod, qui faisait quelque peu double-emploi avec Reichert, mais dont l’abattage a rendu de fiers services au Racing. Patiemment remis de son opération, passé par la case réserve, le gaucher pauliste entend démontrer qu’il vaut mieux que le joueur qui traînait sa misère en début de saison.
D’un coup-franc direct de sa spécialité, il trompe Bruno Martini et apporte trois points cruciaux au RCS (1-0). Dans le même temps, le match nul entre Laval et Caen arrange les desseins alsaciens : Strasbourg grimpe en 17ème position. Des haut-parleurs de la Meinau résonnent une autre nouvelle saluée par les gradins : victorieux à Quimper, le FC Mulhouse est quasiment en première division.

Le Conseil de l’Europe célèbre ses quarante ans en s’offrant un concert de Julio Iglesias. Un grand séducteur chasse l’autre, puisque François Mitterrand y va de sa visite officielle.
La crise sidérurgique lorraine désormais – douloureusement – purgée, voici le temps de la récolte des fruits de la reconversion. Sur l’ancien site de l’usine sidérurgique d’Hagondange, le parc d’attractions Big Bang Schtroumpf a vu le jour : il entend conquérir une clientèle allemande et luxembourgeoise et donner un modèle de revitalisation des gigantesques friches. Mais le volume des emplois créés n’est guère comparable avec celui des anciens hauts-fourneaux…

De Sacilor à Usinor. Le Racing réalise une seconde période de haut vol et manque de peu de s’imposer à Grimonprez-Jooris (1-1). Pita a frappé le poteau à cinq minutes de la fin. Le coup aurait été parfait si Lens avait tenu Caen en échec, mais l’insaisissable Fabrice Divert a frappé à la dernière minute. Les Normands s’offrent un sursis et rejoignent Laval, deux points derrière le Racing, toujours 17ème.

On a beau ignorer la division dans laquelle évoluera le club, les rumeurs de transfert vont bon train. Un certain nombre d’éléments seraient laissés libres en fin de saison : Flucklinger, Andrieux, Plancque… Sont annoncés un certain nombre de joueurs méridionaux, comme les Alésiens Dall’Oglio et Leclerc ou le gardien Sansone, ce dernier étant en balance avec le Lillois Lama.
Le tableau des DNA comporte également une colonne « probables » où figurent le Matracien Jean-Luc Dogon ainsi qu’un international israélien, amené par Mordechai Spiegler, directeur sportif officieux du Racing.

Fabrice Mège resterait en cas de maintien. Suspendu face à Toulouse, l’ancien Niçois espère retrouver la Meinau en juillet en première division. C’est également le vœu de Léo Specht, le futur retraité, qui a prévu de retrouver ses partenaires champions de France début juin à Valence, chez Alain Léopold.
Guère concernés, les Toulousains – avec les pitchouns Debève et Pavon sur le banc – s’inclinent 4 buts à 1, mais le Racing ne s’est mis à l’abri qu’à la 86ème minute. Nouveau récital de Pita, double passeur décisif et auteur d’un corner direct avec la complicité de Robin Huc.

Maintenus à la mi-temps, à la faveur du nul entre Laval et Toulon et du succès bordelais devant Caen, les Racingmen déchantent en apprenant le stupéfiant comeback caennais à Lescure, revenus de 0-2 à 3-2 en un quart d’heure… Tout se jouera à Bonal.

Temps fort diplomatique à Pékin : après trente ans de brouille sino-soviétique, Mikhaïl Gorbatchev est attendu en Chine, en pleine secousse estudiantine. Cette visite est quelque peu éclipsée par le mouvement, qui en appelle à une Glasnost et une Perestroïka à la sauce chinoise… Mais Deng Xiaoping, l’artisan de l’ouverture économique n’est pas prêt à desserrer l’étreinte.

A Mulhouse, le nouveau maire Jean-Marie Bockel fustige au contraire le « laxisme » budgétaire de son prédécesseur Joseph Klifa, qui n’a cessé ces dernières années de combler le tonneau des Danaïdes du FCM. Alors que le club d’André Goerig vient d’enfin décrocher la première division, après de nombreux échecs en barrages, la reprise en main municipale fait l’effet d’une bombe. La montée n’est pas remise en cause, mais difficile d’envisager de renforcer l’effectif avec un déficit de 42 millions de francs accumulé ces dernières années.
Bockel entend constituer une Société d’économie mixte pour remettre le football mulhousien – et l’argent du contribuable – dans le droit chemin.

Ces nouvelles ne suscitent (pour l’instant !) que peu d’écho dans les bureaux meinauviens, entièrement tournés vers le rendez-vous sochalien. Le Racing a prévu d’offrir le court déplacement à ses abonnés, ce qui mobilisera sept cars et de nombreux véhicules particuliers. A noter que certains supporters resteront sur le carreau, faute de cars en nombre suffisant…

La soirée tourne très rapidement au cauchemar. Impeccable depuis son intronisation, Pascal Janin se troue et boxe le corner de Thomas dans ses filets. Suivra une tête de Croci, abandonné par la défense, avant que Silvestre ne donne le coup de grâce à des Alsaciens une fois de plus amorphes. 3-0, parfaite claque et parfait calque du revers inaugural à la Meinau.
Pas encore de retraite pour Specht, mais un barrage à couteaux tirés contre le Brest Armorique au programme du mois de juin.


Article réalisé à partir des archives des Dernières Nouvelles d'Alsace, consultables à la médiathèque André Malraux ou au Musée historique de Haguenau.

kitl

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