Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Fautes graves, un été d'enfer à la Meinau

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Par conan
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L'Ange bleu n'est pas content et il le fait bruyamment savoir ! Dans son ouvrage « Fautes graves, un été d'enfer à la Meinau », il revient sur son ultime et éphémère expérience d'entraineur à la tête du Racing.

Le vieux lion, loin d'être abattu, sort les crocs. Il est d'autant plus énervé que sa femme et son fils ont soufferts des critiques considérés comme iniques qui se sont abattu sur lui d'à peu près partout. Le livre est d'ailleurs dédié à Béatrice, Franck, ainsi qu'aux supporters du Racing.

Au niveau de la forme, le livre est très court - moins de cent pages – et écrit en très gros caractères, ce qui rend sa lecture rapide, grandement facilitée de surcroît par la plume du Maître qui est agréable. On reconnait parfaitement la gouaille et le piquant du personnage.

D'entrée de jeu, nous avons le droit à son curriculum vitae, histoire de bien planter le décor. Au cas où le lecteur n'aurait pas bien compris à qui il a à faire, il a droit, régulièrement, aux rappels de ses exploits de 1979 et au Xamax, et de son immense popularité en Suisse, illustrée notamment par l'exemple amusant d'une émission de télé-réalité estampillée Endemol dont Gress était la vedette.

S'ensuit la préface d'André Bord (ancien ministre) qui pose le décor. Outre l'officialisation de la réconciliation entre les deux hommes, l'ancien président du Racing défend son ancien entraîneur, estime son licenciement injuste et fustige la direction responsable des résultats désastreux du club depuis quatre ans. Le ton est donné, et Gilbert Gress ne lâchera pas ses deux proies favorites de tout le bouquin, j'ai nommé Philippe Ginestet et Jean-Luc Herzog. En général, quand Schilles n'aime pas quelqu'un, il omet son prénom et le désigne uniquement par son patronyme. Ginestet et Herzog sont donc coupables d'avoir ricané lorsque l'hypothèse d'une arrivée de l'Ange Bleu au poste d'entraîneur a été évoquée, estimant qu'il était dépassé. Crime de lèse-majesté de la part de ceux qui ont plongé le Racing au fond de l'abîme.

Gilbert Gress, qui pense au moment de son engagement que Jacky Kientz sera intronisé président d'ici quelques semaines, regrette amèrement – c'est un euphémisme - que les négociations n'aient point abouti et taxe l'ignoble Ginestet de ne pas être un homme de parole. En outre, il ne supporte pas son immixtion en tant qu'actionnaire principal dans le domaine sportif, notamment au niveau des transferts. Citons Biancalani, refusé car l'affreux actionnaire ne veut pas financer un arrière gauche alors que Jean-Alain Fanchone n'est pas encore transféré et que Quentin Othon peut tenir sa place. Citons encore le lion indomptable Guy-Armand Feutchine, refusé sans explication. Ou James Fanchone, jeté comme un malpropre par Herzog lorsqu'il est revenu négocier un nouveau contrat. Enfin, il y a la proposition d'un joueur comme Sébastien Grax, jugée fantaisiste et rejetée unanimement par le staff technique... Devant tant d'incompétence, il est évident que le club fonce droit dans le mur et que nonobstant son excellence, Maître Gress ne pourra pas faire grand-chose...

L'équipe est jugée inapte à jouer la montée par manque de préparation - la majorité de l'équipe titulaire n'était pas à Amphion-les-Bains - et tout simplement par manque de talent. Schilles révèle qu'il existe un rapport émanent du staff médical selon lequel sur les 33 professionnels de la saison dernière, 11 ont des appréciations positives du type « dur au mal » ou « pro exemplaire » , le reste des dossiers comportant des notes moins élogieuses du type « inconstant dans l'effort » ou « comportement peu compatible avec les exigences du haut niveau ». En prennent notamment pour leur grade Marcos Dos Santos, Emil Gargorov – qui serait manipulé par Ginestet-, Jean-Alain Fanchone dont le sosie fréquente les discothèques à Erstein, et bien sûr, l'infâme duo Pierre Ducrocq - Steven Pelé, les deux joueurs ayant osé mettre en doute le caractère idoine de la préparation dans la presse. En revanche, Gress réfute en bloc la thèse d'un effectif (ou du moins une partie de celui-ci) qui aurait levé le pied à Istres et contre Châteauroux pour le pousser vers la sortie. Il affirme ne pouvoir imaginer que ce soit possible.

Restent des gens exemplaires comme Stéphane Cassard ou Guillaume Lacour, Milovan Sikimic qui a été d'une grande honnêteté après le désastre d'Istres ou Grégory Paisley, présenté comme un type intègre. Le lecteur restera sur sa faim au niveau de l'explication de l'affaire Paisley, très confuse – au contraire du reste de l'ouvrage - et présentant des contradictions avec la version évoquée à l'époque). Quant à Magaye Gueye, le plus intelligent et talentueux de l'effectif, il démontre magistralement que la préparation d'Amphion-les-Bains était adaptée et que le choc des générations ne posait aucun problème.

La défense de la préparation physique estampillée Gress constitue en fait le coeur de l'ouvrage. Il balaye d'un revers de la main toutes les critiques et tous les doutes qui ont été émis sur ce point, campant sur ses positions et s'attachant à démontrer par des exemples du passé ou actuels (Gueye) que sa préparation était tout à fait adaptée. Sur ce point, Gress se montre des plus acerbes et peu échappent à sa colère. Nous avons vu que Ducrocq et Paisley étaient des cibles de choix. Jean-Claude Thiry, l'actuel préparateur physique, est sévèrement taclé sans être jamais nommé. Il lui est reproché ses propos sur le site officiel concernant « le retard de préparation », et son stage durant la mini trêve de 15 jours précédant le match à Nantes, qui aurait au final fait plus mal aux organismes qu'autre chose. Pascal Janin aussi est au passage égratigné, lui qui était à Amphion-les-Bains et qui a corroboré en partie cette idée de préparation inadaptée alors que la majorité de l'équipe qu'il aligne n'y a pas participé.

Enfin, et surtout, Gilbert Gress tire à boulet rouges cramoisis sur la presse, écrite ou radio, nationale ou régionale, sceptique devant ses méthodes et accusée de malhonnêteté vis-à-vis des lecteurs. Des pages de diatribes acerbes perpétuant la légende des relations tumultueuses Gress/presse !

Dans les derniers chapitres, Gress revient sur son licenciement pour faute grave, s'attachant à minimiser les actes qui lui sont reprochés. Il explique notamment que la révélation de l'affaire Paisley était destinée à provoquer une réunion autour d'une table et qu'à aucun moment il ne pensait être licencié. Il revient également sur la vilipende publique de la journaliste Barbara Schuster – désignée sur le sobriquet Ba.... Sc.... - estimant que les supporters du Racing présents à l'entrainement sont des gens civilisés et bien élevés et que l'intégrité physique de la journaliste n'était aucunement menacée. Il en profite pour en remettre une couche sur la direction, sur Léonard Specht qui lui fait de la peine et qui n'est plus que l'ombre du guerrier de Grünberg, et bien évidement sur le monstre Ginestet dont il explique les basses manoeuvres par la jalousie insupportable suscitée par le fossé abyssal entre le triomphe de 1979, et la médiocrité dans laquelle le Racing est plongé aujourd'hui.

Pour conclure, je dirais que ce livre est la vision personnelle des événements de cet été tels que l'auteur, l'un des acteurs principaux de la tragédie, les a vécus. L'auteur est profondément blessé et défend bec et ongle sa démarche. Inutile de chercher dans son propos l'ombre d'un remord, d'un doute ou de la reconnaissance de l'une ou l'autre erreur, pour Gilbert Gress, il n'est nullement responsable de la situation actuelle du Racing et il tenait à le faire savoir. Si la lecture du livre est agréable et parfois amusante, il n'apporte au final que très peu d'informations nouvelles à ceux qui suivent quotidiennement l'actualité du club. Pour le reste, il se contentera de conforter les pro- et anti-Gress dans leur position...

conan

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