« Le Racing, ma maison ! » (2/2)

Retrouvez la première partie de l'entretien avec Tommy De Jong ici.

Le Racing : « Mon club »

A la fin de la saison 2009/2010, le Racing descend en National et toi, tu mets le cap sur Schiltigheim. Pourquoi avoir fait ce choix ?
Car je pensais, et je pense toujours, que c'est un bon club. Au niveau des entraînements et des installations, ça se rapproche beaucoup du Racing. J'étais aussi aller m'entraîner à Haguenau pendant deux mois où ça s'est bien passé. Je me suis tourné vers Schiltigheim car ils avaient plus de moyens, il ne faut pas se leurrer. Quand je suis arrivé là-bas, j'étais au chômage et je n'avais pas trop le choix. Ce n'est pas par défaut que je suis allé à Schiltigheim : je n'en ai entendu que du bien, par Jean Moog ou Mehdi Kirch, qui avaient signé avant moi là-bas et que j'ai côtoyés au Racing. C'était une bonne saison, je pense que, si on n'avait fait pas les cons, on pouvait même monter à la place de Sarre-Union...

Le Racing est en CFA2 cette année. En tant qu'Alsacien, qu'as-tu ressenti lors de la descente aux enfers du club ?
C'est triste, mais comme je suis implanté au Racing depuis quelques années, je n'ai pas été surpris. Je savais que c'était inévitable... On a vu ce qui s'est passé depuis que Roland Weller a cédé le club à la ville, avec McCormack puis, par la suite, avec Ginestet et Hilali. C'était presque mieux pour le club de repartir en CFA2 sur des bases saines, des bases « alsaciennes », si je peux me permettre. Avoir Jean-Marc Kuentz, François Keller, Thierry Wendling ou encore Albert Gemmrich et Joël Tanter derrière le club, c'est vraiment un atout. Le Racing est un club familial, il ne faut pas l'oublier. Il appartient aux Alsaciens. Si les gens de l'extérieur veulent donner un coup de main, comme les joueurs le font cette année, c'est très bien, mais il faut que cela reste dans ces normes-là. Il faut que les Alsaciens se reconnaissent dans le Racing.

Pourquoi ne pas être resté chez les Verts ? L'appel du Racing était trop fort ?
Non, Schiltigheim n'était pas sûr de vouloir me garder, et mo,i je n'étais pas sûr de vouloir rester. Parallèlement, j'étais très proche de David Ledy, qui ne savait pas non plus s'il allait rester ou pas, qui attendait à tout prix une offre du Racing, et qui a aussi dû lâcher son appartement. Il a donc habité avec ma femme et moi. Il aspirait encore à une carrière, ce qui est tout à fait compréhensible et normal, quand on sait qu'il a mis 13 buts en National la saison passée. Personnellement, j'étais presque dans l'optique d'arrêter le foot, car je ne trouvais plus de plaisir sur le terrain, et ça, c'est la pire des choses qui puisse arriver ! Comme David devait se maintenir en forme, il allait courir, il me proposait de l'accompagner, ce que j'ai fait. A partir du moment où François Keller l'a appelé pour s'entraîner avec le groupe, j'ai demandé à François si je pouvais en faire de même car j'avais quelques kilos en trop. Aucun souci, comme d'habitude. Le Racing cherchait des joueurs, je cherchais un club et ils voulaient des joueurs pour le CFA, sans savoir qu'on allait tomber en CFA2. Dès le début, j'ai signé pour le projet de jouer avec la réserve. Faire partie du projet de reconstruction du club, c'est très important !

David Ledy, justement... Ça t'a étonné qu'il reste fidèle au Racing ?
Non, même si je sais qu'il a aussi eu des propositions d'au-dessus. Ça ne m'étonne pas car je connais le joueur du foot et le mec aussi, il est fidèle, c'est bien pour le Racing et les Alsaciens. C'est bien se s'appuyer sur un staff alsacien, des joueurs alsaciens : c'est ce qui manquait au Racing ces dernières années. Ensuite, on peut ne pas aimer le joueur, mais aujourd'hui, il a fait un sacrifice, c'est de rester en CFA2. Il sait que ça ne sera pas évident, mais il est venu pour le projet. Pour lui, et pour ceux qui ont signé, ils souhaitent que le Racing remonte le plus vite possible, en CFA, en National et en L2, si c'est possible.

Le grand frère buteur

Tu as déjà marqué 5 buts avec la réserve cette saison. Tu te redécouvres des talents de buteur ?
On est attaquant ou on ne l'est pas. Tout ce que j'ai fait en étant petit à Herrlisheim ou au Racing, où j'étais attaquant les premières années, ce sont des choses qu'on ne perd pas quand on s'entraîne tous les jours pendant 10 ans matin et après-midi. Faire le pompier de service en DH au poste d'attaquant (à la demande de Jean-Marc Kuentz) ne m'a posé aucun problème, surtout que le premier match, j'ai mis un triplé contre l'ASIM II. En attaque, il faut beaucoup de confiance, et quand je suis au Racing, ça ne peut qu'aller ! Porter le maillot du Racing et être le capitaine de la réserve montre que Jean-Marc et même François me font confiance, et pensent que je peux apporter quelque chose à ce club. Je suis super content de porter le maillot du Racing, c'est une fierté, même en DH. Pendant le deuxième match contre Hirtzbach, je peux en mettre deux, et le soir, j'ai du mal à m'endormir, même si ce n'est que de la DH, même si on gagné car je n'ai pas réussi à aider le club. J'ai l'âme d'un attaquant.

Le fait d'évoluer avec la réserve est donc un accord avec François Keller ?
Dès le départ, c'était convenu que j'encadre la réserve, quelle que soit la division. Certes, j'aurais préféré qu'elle soit en CFA car ça voudrait dire que la première est en National ! Mais ça me pose aucun problème. Évidemment, je rêve tous les jours de pouvoir jouer 1 ou 2 matches en CFA2 devant nos supporters, les meilleurs de France ! Je n'ai jamais vu des supporters comme ça se déplacer à Forbach, à Thaon ou même à la Meinau, c'est du domaine de l'impossible ! Sincèrement, quand j'étais sur le banc à Forbach, j'avais des frissons et c'était juste énorme ! S'il y a bien quelque chose qui est resté de ces années merdiques au Racing, c'est les supporters ! J'en profite maintenant pour le dire, je pense au nom de tous les joueurs de la CFA2 : merci d'être là, merci de suivre le club comme vous le faites, c'est super important pour nous et pour le club !

Tu as 24 ans maintenant, il va être difficile d'aspirer à un avenir pro à présent. Quand tu regardes en arrière, as-tu des regrets ou des choses que tu aurais faites autrement ?
Sincèrement, je ne pense pas. J'ai fait tout ce que je pouvais : après, dans le foot, il faut beaucoup de chance, il faut être là au bon moment, au bon endroit, et dans la vie de tous les jours, c'est pareil. Il ne faut pas vivre avec des regrets : si je vis avec le passé, je vais vivre très mal jusqu'à la fin de ma vie ! Aujourd'hui, je suis avec une femme qui est très bien, je vis avec le présent, en pensant au futur, et je pense qu'aujourd'hui, je ne peux pas être mieux que ce que je suis ! Comme tout le monde, je rêverais de jouer au Barça ou au Real, mais je suis super heureux avec ce que j'ai. Je vis pour quelque chose que j'aime et j'ai la chance de pouvoir vivre grâce à ça. J'entraîne aussi les jeunes en sport-études, donc j'ai ma reconversion à 24 ans, même si c'est un peu tôt. Aujourd'hui, je suis super content, et pour rien au monde, je ne changerais quelque chose.

Est-ce que tu surfes un peu sur le site racingstub.com, tu lis ce que l'on dit sur toi et t'en penses quoi ?
Je n'y vais pas pour moi, car c'est inutile. J'y vais pour voir ce que les gens pensent du Racing aujourd'hui, de l'équipe. Ça fait du bien de voir des supporters qui aiment le club : après, ça doit pas être facile pour eux non plus, comme pour nous, les joueurs, mais je pense que tous ceux qui ont signé ici sont des bons footballeurs, et surtout des bonnes personnes. C'est ce qu'il faut aujourd'hui. Sinon, le Stub, c'est un site de supporters, donc ça reste aux supporters, mais c'est bien si quelques joueurs peuvent s'intégrer et parler avec eux, c'est intéressant pour les deux parties. Après, ça fait toujours plaisir de lire qu'on parle de vous positivement, notamment suite à mon triplé contre l'ASIM II et le doublé contre le FAIG, on disait : « [i]Ah, de Jong a encore mis un doublé, cela sera peut-être l'attaquant de la Une ! [/i]». C'est utopique, car je sais que ça sera pas possible, mais ça fait plaisir.

Justement, les supporters te voient comme un attaquant de la Une, un duo David Ledy-Tommy De Jong, ça marcherait ?
Ça pourrait marcher, mais faut pas le dire au coach ! (rires) David, je le connais très bien, on se connaît par coeur sur le terrain, on en a discuté quelques fois aussi, c'est une association qui pourrait marcher, mais on sait pourquoi j'ai signé. Mais si François nous associe un jour, ça pourrait faire de bonnes choses, voire très mal ! (rires)

Dernière question, que peut-on souhaiter à Tommy De Jong et au Racing ?
Pour Tommy De Jong, de continuer comme ça ! Et continuer à marquer des buts avec la réserve et faire le maximum pour le club ! Puis, que cela reste comme ça au niveau sentimental et familial, car je n'ai à me plaindre de rien ! J'ai une femme formidable, des parents en bonne santé, je pense sincèrement que c'est le principal. J'ai des potes extraordinaires et pour rien au monde, je ne changerais tout ça !
Pour le Racing, je pense qu'on est sur la même trajectoire, lui et moi. Comme tout le monde, je veux que le Racing retrouve au plus vite l'élite, que ses valeurs changent un peu, car depuis 10 ans, on en parle plus en mal qu'en bien. Le Racing ne doit pas être des footballeurs « bourgeois » qui se la racontent avec des salaires mirobolants. Le Racing, aujourd'hui, ce sont des mecs simples qui veulent que le club remonte. Cette année, les supporters peuvent vraiment s'identifier au Racing, car les joueurs sont dans le même état d'esprit qu'eux. Puisse le Racing, dans 5 ans, se présenter à la Meinau devant 35000 personnes en Ligue 1, contre Lyon ou Marseille...
Un grand merci à Tommy pour sa disponibilité et sa bonne humeur !

Interview réalisée le 22/09/2011.