Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

La revanche des maudits

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Par conan
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Jacky Duguépéroux, le messie © rcs-en-force

Quatre jours après le triomphe du Racing au Stade de France, que pouvons nous retenir de cette belle aventure ? De l'espoir, des symboles et plein de belles histoires de destins croisés...

Le premier titre de l'ère Keller

Lorsqu'il devint manager général du club à l'orée de la saison 2001-2002, Marc Keller, conscient de la difficulté de la tâche qui l'attendait, a dit qu'il lui faudrait bien 4 ans pour remettre le club sur de bons rails. Le Racing était alors en D2, à l'article de la mort suite à la catastrophe Proisy et les coups de butoir des funestes Gardon, Le Roy et Lombardo. Le robinet à dollars de Cleveland était alors depuis longtemps tari et, sans doute le pire de tout, l'image du club était tout simplement désastreuse, même aux yeux de ses plus ardents supporters.

4 ans plus tard il semblerait que Marc Keller soit en passe de gagner son périlleux pari. Sauf catastrophe, le Racing, enfin viable financièrement et sans doute bientôt débarrassé des casseroles judiciaires laissées un peu partout par son encombrant et procédurier ancien président est qualifié pour la Coupe UEFA. Et surtout, et c'est sans doute le plus important, le Racing a profité de la Coupe de la Ligue (et de quelques superbes rencontres jouées auparavant) pour pouvoir a nouveau faire rêver son public.

Une victoire pour le jeune manager colmarien et surtout la récompense d'un véritable travail de fourmi. En effet, s'il a bénéficié en règle générale de la bienveillance des supporters, certaines décisions laissèrent perplexes les fans qui parfois doutèrent des véritables ambitions du club. Mais quitte à passer pour un pingre, Marc Keller s'est patiemment attaché a resserrer les budgets en supprimant toutes dépenses inutiles. Si parfois l'opération vira dans le pittoresque (comme par exemple la décision d'effectuer de nombreux déplacements en bus), elle se solda surtout par une sagesse parfois exaspérante sur le marché des transferts. Le Racing semblait alors condamné au transferts curieux, aux fins de contrats, aux prêts comprenant des clauses extravagantes et aux jeunes futures vedettes venant des contrées les plus exotiques. Si les erreurs de casting furent relativement fréquentes, la plus lourde en conséquences étant la nomination du débonnaire mais trop inexpérimenté Antoine Kombouaré au poste d'entraîneur, quelques belles réussites sont à relever : Mamadou Niang, Mickaël Pagis, Arthur Boka ou Alexander Farnerud, présents lors de la désormais mythique finale de 2005, en constituent les parfaites illustrations.

Si tant de temps et d'indulgence furent accordés à Marc Keller, ce fut sans doute parce que les observateurs ont vu les efforts qu'il effectuait afin de restaurer le blason de la maison Racing, lui redonnant honneur et fierté. Proche des associations de supporters avec lesquelles il prône le dialogue, il encourage la reconstitution du Kop en ¼ de virage. Parallèlement, il s'attelle a redonner une identité et un caractère au club en adoptant par exemple la traditionnelle tenue bleu roy trop longtemps abandonnée ou bien en se battant en 2003 pour que le club puisse enfin garder son nom de Racing club de Strasbourg et non s'appeler, comme ce fut le cas durant quelques mois, « Strasbourg football depuis 1906 »...

Comment ne pas être satisfait de voir cette politique que l'on peut qualifier de sagesse passionnée enfin récompensée par cette Coupe de la Ligue ? Pour beaucoup de supporters, nous voilà revenu au point de départ après une triste parenthèse de 8 ans de stagnation depuis un certain 12 avril 1997. Beaucoup n'attendent qu'une étincelle pour s'enflammer. Et si la rencontre de samedi constituait le déclic tant espéré ? Le premier élément de la réponse sera donné samedi à Sochaux. Mais quoiqu'il arrive, soyons convaincu que le succès ne montera pas à la tête de Marc Keller qui saura quoiqu'il arrive guider le navire avec la tête froide.


Jacky Duguépéroux peut enfin savourer

Ses larmes a la fin de la rencontre ont ému l'Alsace entière. Silencieusement, durant des années, il avait ravalé sa fierté et son amertume. L'amertume d'avoir vu son premier triomphe de 1997, récompense d'une splendide saison, gâché par le virage a 180 degrés pris alors par le club. Jacky Duguépéroux n'était pas assez « sexy » pour les hommes d'IMG venus forts de leurs certitudes et croyant tout savoir. Il fut mis dans un placard quelques mois plus tard après avoir offert, comme un ultime baroud d'honneur, une splendide campagne européenne au club. 6 ans plus tard, il fut rappelé au chevet d'un Racing auteur d'un début de saison catastrophique.

Jacky Duguépéroux donna alors au Racing la rigueur qui lui faisait tellement défaut et pris des décisions, curieuses au premier abord mais qui s'avérèrent géniales a l'usage. Il imposa Stéphane Cassard dans les buts au détriment d'un Remy Vercoutre revenant de blessure et ce fut un succès tant sur le terrain que sur le plan humain. Le fougueux et ambitieux Vercoutre sur la touche n'a en effet jamais été laissé tombé et fut titularisé lors de toutes les rencontres de Coupes, même au Stade de France à la surprise de certains observateurs. Il titularisa Yacine Abdesadki à son vrai poste et Sidi Keita, totalement inconnu en début de saison. Il imposa le retour d'un Jean-Christophe Devaux en totale disgrâce sous l'ère Kombouaré en défense centrale. Il géra enfin de façon merveilleuse le cas Alexander Farnerud, ce pur diamant alors en perdition, car tellement fragile psychologiquement. On ne peut qu'être impressionné devant le poids de ces décision dans le redressement du club et tout particulièrement dans la conquête de la Coupe de la Ligue. Alors, si la vérité est toujours sur le terrain, on ne peut que saluer le rôle fondamental qu'a eu le chef d'orchestre dans ce triomphe. Et Jacky Duguépéroux peut être fier de cette Coupe qui est en très large partie son oeuvre.


Sidi Keita, de l'enfer au paradis

Inconnu en début de saison, à part peut être par les spécialistes de la CFA, le jeune milieu malien Sidi Yaya Keita fut peut être le plus brave parmi les braves de cet historique 30 avril 2005. Pourtant sa carrière a bien failli basculer définitivement il y a 6 mois au stade Gerland. Sidi Keita était alors la surprise du chef Duguépéroux et se signala lors de ses deux premières titularisations par une combativité et une activité sur le terrain assez hors du commun. Mais le jeune et inexpérimenté Keita fut bien trop fougueux. Face à l'OL il s'engagea de toutes ses forces pour récupérer la balle des pieds de Caçapa. Hélas, son pied roula sur le ballon et blessa assez sévèrement le défenseur Brésilien. Son acte fut indéniablement plus un geste naïf et maladroit qu'un véritable attentat prémédité. Malgré cela, il fut montré du doigt par la presse nationale, le Président Aulas, qui n'est plus à une gesticulation prêt, lançant une véritable fatwa a son encontre. La ligue prononça sa suspension durant deux mois et huit matchs, dur, très dur pour un gamin de 19 ans. Le risque fut grand de voir cette incident briser définitivement la carrière du jeune talent, mais le staff du Racing su l'encadrer correctement. Pour le reste, Sidi Keita montra tout simplement qu'au niveau du caractère, il avait l'étoffe des plus grands. C'est un Keita assagi mais tout aussi impressionnant que l'on a pu revoir sous le maillot strasbourgeois. Il s'imposa tout d'abord petit à petit comme titulaire au sein de l'équipe, reléguant Christian Bassila, pourtant capitaine en début de saison, sur le banc de touche. Titularisé pour la finale de la Coupe de la Ligue, il fut ni plus ni moins l'homme de la rencontre et creva littéralement l'écran. Pour beaucoup, un très grand joueur est né ce 30 avril. Il n'a que 20 ans et n'est même pas encore professionnel !


Jean-Christophe Devaux ce héros

Drôle de destin que celui du tôlier de la défense strasbourgeoise. Présent au club depuis 2000, il connu toutes les galères et même la relégation. Il fut également entre 2001 et 2003 le meilleur joueur strasbourgeois, peut être le meilleur spécialiste en France de l'art du marquage individuel. Pourtant sa carrière bascula lors de l'été 2003. Jean-Christophe Devaux, alors en fin de contrat, pense qu'un gros club l'intégrera au sein de son effectif. Volonté de promotion tout à fait légitime au vue de ses performances. Pourtant le changement de club ne s'effectua jamais et c'est un peu en catimini qu'il signa un nouveau contrat pour le Racing, ratant au passage toute la phase de préparation physique.

La saison 2004-2005 fut à oublier, Devaux hors de forme n'entrant absolument pas dans le schéma d'Antoine Kombouaré. La carrière de « Jeannot » sembla donc s'enliser jusqu'à l'arrivée de Jacky Duguépéroux au poste d'entraîneur du Racing. Très vite, et malgré les solides concurrences de Karim Haggui et de Cédric Kanté, Jean-Christophe Devaux redevint le solide défenseur intraitable qu'il était. La suite, on la connaît tous. Pilier de la défense du Racing, il fut vraisemblablement possédé par l'esprit de Lilian Thuram, autre défenseur aphone devant le but qui se réveilla au Stade de France lors d'une rencontre capitale. Devaux inscrivit un but, celui du triomphe, un but déjà dans la légende au même titre que celui de Stephen Keshi face à Rennes en 1992. Un but qui n'est que le deuxième de la carrière de celui qui sera peut être bientôt international polonais et qui vient de rentrer dans la légende du Racing...


Alexander Farnerud, l'homme de la Coupe de la Ligue

Tout ou presque a été dit au sujet du jeune prodige Suédois. Timide et perdu en début de saison, Alexander Farnerud a gagné en assurance et en combativité. C'est en Coupe de la Ligue qu'il éclata et justifia enfin les espoirs placés en lui. Buteur déjà face à Troyes et Clermont, c'est déjà lui en 8e de finale qui d'une magnifique frappe, égalisa face à Lille, but décisif pour la qualification. Mais le chef d'oeuvre d'Alexander Farnerud fut incontestablement la demi finale entre le Racing et Saint-Etienne. Buteur une nouvelle fois, Alexander Farnerud fut l'auteur d'une performance formidable, à tel point que c'est lui que ses coéquipiers porteront en triomphe devant le Kop à la fin de la rencontre.

Auteur d'une rencontre sérieuse en finale, il s'est offert avec cette Coupe un très beau cadeau la veille de ses 21 ans. S'il sait qui lui reste énormément de travail a effectuer, Alex Farnerud a enfin acquis le respect de ses coéquipiers et du public du fait de son rôle décisif tout au long de cette compétition. De quoi bien relancer la suite de sa carrière...


Conclusion : vers l'exorcisme du Racing ?

La Meinau étant probablement bâtie sur un ancien cimetière indien, le Racing fait figure de club maudit, et ce depuis plus de 25 ans. Le club ne s'est en fait jamais véritablement remit de la vieille brouille entre Gilbert Gress et André Bord et de ce divorce douloureux. Chaque fois qu'il y a eu un semblant de redressement et d'espoir d'avenir radieux, le club s'est effondré, englué dans la crise et les querelles internes. Dernier exemple en date, la victoire 4-1 face à l'OM en octobre 2003 qui est restée finalement sans lendemain.

Le Racing pourrait il enfin profiter de sa bonne performance en Coupe de la Ligue pour s'imposer dans la durée ? Rien n'est sur évidemment, mais certains bons signes tendent vers l'optimisme. Contrairement a la cassure d'avril 1997, le changement de président s'effectue cette fois ci dans la douceur et la continuité. La politique des dirigeants du club ne devrait donc pas effectuer de virages brusques et difficilement contrôlés. Stabilité et continuité également sur le terrain, illustré par l'activation de l'option d'achat du très prometteur Arthur Boka, footballeur atypique et déroutant qui constitue l'une des révélations de la saison. L'équipe sur le terrain ne devrait pas être bouleversée même s'il est clair que le Racing aura du mal a conserver au sein de son effectif un Mamadou Niang flamboyant en cette fin de saison. Cette continuité dans le travail ne peut que donner le sourire, d'autant que les noms de renfort éventuels sont très séduisant. S'il s'avérait en effet que Bakari Koné ou (et ?) Sébastien Grax, assurément deux futures vedettes du football hexagonal, signaient à Strasbourg, on peut dire que le Racing aura franchi un pallier important au niveau de l'ambition.

Enfin gageons que le club a trouvé en la personne de Jacky Duguépéroux l'homme de la situation. Plus qu'un entraîneur, il est la mémoire vivante du club et une partie de son âme. Il est le seul qui sur le banc de touche a véritablement connu la réussite depuis Gilbert Gress première époque. Avec un tel leader, le Racing peut de nouveau avoir espoir en l'avenir. Une installation durable dans la première partie du tableau en championnat doublé d'une beau parcours en coupe UEFA semblent des rêves tout à fait accessible. Au Racing de ne pas rater cette fois ci le bon wagon...

conan

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