Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Nos années amateurs

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Flux RSS 52 messages · 14.503 lectures · Premier message par axis · Dernier message par roiin

  • Mon histoire, et celle récente du Racing, sont étroitement liées. Cette tranche de vie, je vous la livre ici, modestement. C’est celle d’un petit soldat bleu, qui connaît tout ou presque de son camp, mais que personne ou presque ne connaît. Pas le meilleur soldat, mais pas le moins bon. Pas le plus fidèle, mais l’un de ceux qui ne désertera jamais.

    Intro
    Quand le 14 Aout 2010, le Racing affronte Cannes en national, niveau jusque-là jamais atteint dans mon passé de supporter, je suis fébrile. 6500 spectateurs, une équipe inconnue ou presque, une descente à digérer. Jan Koller fera mal et arrachera le nul à 94ème. Je viens de rentrer de vacances, mes premières que je passe seul avec ma fille de 3 ans. Nouvel appart, nouvelle vie, nouvelle division. L’heure du changement.

    Rétro
    Mon premier match à la Meinau est loin derrière déjà : Un anonyme 2-2 contre Gueugnon en ligue 2 21 années auparavant, le 21 juillet 1989, devant 6500 spectateurs, déjà. Je ne sais pas encore ce soir-là que ma vie a changé. Que dorénavant, je vais vibrer, hurler, trembler, exploser au rythme d’un club, au rythme de Mon club.
    Et les souvenirs s’enchaînent : Le barrage contre Nice (3-1), perdu 6-0 au retour. Le pré-barrage contre Le Mans (3-1) de la saison suivante, qui annonce un extraordinaire Racing-Rennes, le 13 Mai 1992. Le système D du gamin pour aller à la Meinau, en bus, en vélo, à pied… Eric Sold et ses commentaires empreints d’un délicieux chauvinisme (« PENAAAAAALTY, Monsieur l’arbitre, tout à fait !!!! ») et de notre doux et sucré accent régional (« Aaaaallez les pleeeeus et plannnnncs »). Des soirées devant la radio, à entendre le jingle « Allo Maman bobo » quand le Racing encaisse un but. Un 2-2 contre le grand OM (merci J.J Etamé !), une finale de coupe de France perdue, des campagnes européennes (Milan AC, l’Inter), mes premiers « kops » (Liverpool dans la fosse), le premier déplacement (RCS – Bordeaux au Parc des Princes, premier trophée en direct pour moi). Et ça se bouscule dans ma tête : Nelly Viennot et son pétard, le Bordeaux de Zidane et Dugarry qui s’incline 2-0 après prolongation à 8 (!!) contre 11, et puis, et puis, et puis… 2011.

    Chute
    4ème … A quelques points de Guingamp, on ne montera pas. Hilali et son hélico, Bayonne et son jambon, et pour le Racing, la place du con. Encore. 2009, il manque un petit but à Montpellier pour remonter. 2010, il manque 2 petits points pour ne pas tomber. 2011, il manque 3 petits points pour remonter. Et le feuilleton de l’été arrive, plus croustillant que jamais. Le Racing est ma religion, la Meinau sa cathédrale, le stub va devenir ma bible. Chaque matin au réveil, chaque soir au coucher. Avec une sale odeur de danger qui plane. Ce n’est pas comme d’habitude, ce coup-là, c’est grave. On ne parle plus d’une relégation, ou d’une non-montée, on parle d’une mort. Ouarf ! Comme si on m’attaquait, comme si on bouleversait mon équilibre, comme si on déplaçait mes meubles, à mon insu. On est en train de m’enlever mon Racing. J’ai lu sur le stub qu’on jouera peut-être à Molsheim, sur le terrain de la « 2 », la Meinau étant trop grande pour du CFA2. J’ai lu qu’un sombre inconnu avait racheté le Racing pour 1 euro. J’ai lu, et je n’en crois pas mes yeux.

    Debouts !
    02 septembre 2011. Je prends ma voiture sous le soleil de cette fin d’été, avec mon écharpe fièrement passée à l’anneau de ma ceinture. M’enfin je n’en mène pas large. CFA 2 devant 2500 ou 3000 spectateurs, ça me fout le blues. Le Racing, et la Meinau, c’est un peu l’endroit où je me sens le mieux. Je suis un « alsaco’ de village » qui a fait ses études en ville, mais qui est vite retourné à la campagne ensuite. Alors la Meinau, c’est un peu chez moi : Des vieux, des jeunes, des beaux, des moches, de l’accent alsacien ou pas, mais l’Alsace quoi. Celle que j’aime. Première nouvelle, les parkings sont déjà bien pleins une heure avant le match. Devant le stade, ça boit de la bière, ça rigole, ça papote. La pancarte en carton au bas du kop indique « Venez nous aider ». Eh ben ouais, 15 ans après, j’y retourne dans le kop. J’ai pris ma carte Fédération des supporters, mon p’tit bout de ruban bleu et maintenant je vais donner de la voix, c’est tout ce que je peux faire. Comme un soldat dans l’armée des supporters. On a perdu une, deux, trois batailles, et pratiquement la guerre. Mais le noyau de résistants s’est reformé, et repart, parcelle par parcelle, à la reconquête de ses terres. Les tire-au-flanc, les déserteurs ont quitté le navire, y’a plus de maillots de l’OM à la Meinau. Y’a plus de de spectateurs non plus, juste des supporters. Je partais avec l’idée que la plus belle des victoires, ce soir-là, et au-delà du 4-1 contre l’ASIM, ça serait que rien n’ait changé. Tout a changé, mais en mieux.

    Avec mon pote Flo, on va arpenter la Meinau toute la saison, et se déplacer aussi. Quand arrive le premier grand match de la nouvelle ère : Vesoul. J’ai serré la pince à Monczuk ce soir-là. Le même qui était sur le terrain à mes premiers matchs. Le premier joueur du Racing qui a fait briller mes yeux de gosse. Sacré signe du destin. Première victoire, le championnat de CFA2. C’est une petite victoire, mais elle est belle, elle rend l’espoir. Le petit soldat bleu que je suis est désormais devenu V.R.P. du Racing. On ne frappe pas quelqu’un à terre, alors je défends, je revendique, j’affiche, je draine des gens à la Meinau. Et le public se renouvelle, plus fervent. Les gens sont en bleu, avec des enfants. Ma cousine s’abonne, elle ne lâchera désormais plus le kop avec sa bande de potes.

    Direction le CFA. Les réserves de Sochaux, Nancy, Paris-SG, et Auxerre nous attendent, mais aussi un rival historique, le FCM. J’étais à Mulhouse, sous la pluie (et dans les gaz lacrymogènes). J’étais à la Place d’Austerlitz pour un cortège mémorable vers la Meinau contre Mulhouse. Et un samedi matin de mai, toujours avec mon pote Flo, on se lance dans un drôle de défi : Grenoble. 600 bornes, un match, et re-600 bornes. Ce qui est sympa, quand on voyage seuls (j’entends hors déplacement organisé), c’est qu’une part d’imprévu subsiste. A 1 km du stade, fenêtres de la voiture ouvertes, un chant au loin se fait entendre. « Yes yes yes Flo ! Les UB sont déjà là, trop bon !!! ». Et moi de sortir les écharpes, le drapeau, tout immatriculé 67 que je suis. Au carrefour, le son se fait plus net, ils sont juste là, on va tourner et… et… Tomber sur les 300 membres du kop grenoblois, devant leur bar d’avant match. Record d’Europe du rentrage d’écharpe ex-plo-sé ! Ce match restera le tournant pour moi. Ce soir-là, on est chanceux : Grenoble ne montera pas, et nous, on s’offre de l’émotion pour la fin de saison et ce match décisif à Raon que je ne raterais pour rien au monde… Sauf s’il venait à être reporté, et tombait au milieu de nos vacances à Flo et moi, à 3500 km de là. Mais bon, évidemment, peu de chance que cela arrive…

    02 Juin 2013, Flo et moi avons tout checké. Depuis le matin, on est en stress. On va regarder Raon-Racing d’un bar de Slantchev Briag qui a le wifi, sur Alsace 20, avec mon Iphone : La plan parfait quoi. Pour que le barman ne nous fasse pas braire, on lui a tout de suite expliqué ce qui arrivait, et on a commandé 2 Longs drinks chacun. Happy Hour oblige vu l’heure du match (tout le monde est à la piscine ou à la plage, personne dans les bars) on hérite de 8 énormes cocktails « Sex-on-the-Beach », dont le degré d’alcool est inversement proportionnel à l’engouement du public pour le FC Mulhouse au stade de l’Ill. Quoi qu’il arrive, on sera donc bourrés. Une fois le barman revêtu de mon maillot ES blanc, le match peut démarrer. Ce supporter d’un obscur club bulgare de 2ème division locale aux couleurs de Dortmund, et qui deviendra un bon copain ensuite, sera finalement conquis par l’hallucinante ambiance, et regardera l’ensemble du match avec nous. 3 heures après, deux illuminés ont été signalés en train de faire des bombes dans la piscine désertée de l’hôtel, devant les gens attablés autour de leur apéro. Retour en national.

    3 saisons de national, et une nouvelle organisation. Le vendredi est la messe de la semaine : On est désormais une bonne rangée de potes abonnés. Rendez-vous tôt, bière, match et resto après. 2 heures du mat’ à la maison, les yeux rougis de la fatigue de la semaine, la voix défoncée jusqu’au dimanche. Et pourtant, je suis en tribune Nord… Saison 1 : L’armée bleue progresse doucement, difficilement : L’égalisation de Belhameur contre Luzenac (2-2, 04/10/2013), et la Meinau qui s’enflamme. Le 3-2 contre Bourg-Péronnas (Ribas X2 dans les arrêts de jeu), qui redonne l’espoir. Le 2-2 final contre le Red Star, dans une odeur de pneus cramés, qui nous condamne. Mais le cycle de la loose est brisé. Après 2 montées, la chance a changé de côté. On sera repêchés. Saison 2 - 15/08/2014 : Le pénalty arrêté par Gauclin contre Epinal dans les dernières minutes, et la Meinau « qui chante comme un seul homme » (copyright@EricSold). 13/02/2015, RCS – Colmar, 3-1, un selfie avec Seka, un joyeux anniv’ à Dimitri Liénard. Et le final, Racing-Colomiers, avec ce quart d’heure de folie à jamais gravé dans ma mémoire. J’ai au moins vu 100 fois cette vidéo du kop sur Youtube : But de Blayac, explosion de joie, la rumeur part, 2ème but de Blayac, et la Meinau qui entre dans une transe jamais connue jusque-là. On finira 4ème, mais avec tous une certitude, celle qu’on est sur le bon chemin. Saison 3, le retour. 08/01/2015, RCS-Belfort, 2-0 devant 15 000 spectateurs et une première du feu de dieu de Bouanga. Et la trouille de celui qui arrive tout près du sommet, et qui tremble au dernier pas : 1-1 contre Châteauroux, à 11 contre 9, devant 15 000 spectateurs. 0-1 contre Amiens à la 94’, devant 26 000 personnes. Et enfin, la montée. Le retour.

    Purifiés.
    Plus de dirigeants mégalos, plus de contrats de stars du ballon rond, moins de bling-bling et des finances saines. La Racing est de retour, il sent le frais, le propre, le bébé. 5 saisons d’une guerre de tranchées pour reconquérir le terrain perdu, mais aussi et surtout, pour embellir l’armée bleue. On a gagné plus qu’on a perdu. La Racing n’a jamais été aussi proche de nous, les alsaciens. Un club français, à l’ambiance de Bundesliga, j’ai lu il y a peu. C’est tout à fait ça.

    Un seul amour, et pour toujours, Racing Club de Strasbourg.
  • =D
  • Tu m'as donné les larmes aux yeux Daikaran... Magnifique récit où je me retrouve à bien des niveaux =D
  • (+)=D
  • Message magnifique Daikaran =D
  • Superbe témoignage, @daikaran ! =D
    Moi aussi j'en avais les larmes aux yeux...

    Et merci aussi à @axis qui a eu l'excellente idée de créer ce topic, qui nous permettra de ne pas oublier....
  • Bordel de m..... ! Le plus bel article qu'il m'ait été donné de lire sur le sujet !
  • C'est vraiment beau, un vrai supporter à n'en pas douter !
  • (+)

    Qu'on vienne pas nous dire qu'il n'y a pas de plumes pour rédiger des articles ! [-(:)
  • Je viens de tomber sur cet article de 20 minutes que je n'avais pas encore vu, les commentaires qu'on trouve ici complètent bien ce qui y est écrit.

    J'adore la vidéo du coach et du président de Belfort qui déconnent dans les salons de la Meinau après avoir perdu la saison dernière
  • La tribune de presse étant désormais réservée aux journalistes professionnels il n'y aura plus de Live RBS pour les rencontres à la Meinau
    Les commentaires passionnés de Fred et Anthony en direct ou lors des résumés de Strastv sont aussi à ranger aux rayons des beaux souvenirs
  • :(
    Il n'y a pas que du bon dans le professionnalisme...

    Bon on ne va pas se plaindre, nous avons tous souhaité cette remontée dans le monde pro ! Mais on va de + en + se rendre compte que par bien des aspects c'était pas si mal que ça le monde amateur.
  • J'ai aperçu placardé devant le cagibi qui sert de salle de presse à la Meinau un mot du président régional de l'USJSF, syndicat des journalistes sportifs. Ce bon Fr.N expliquait que la "tolérance" en vigueur depuis 2011 allait cesser ; en clair, seuls les titulaires de la carte de presse ont le droit d'exercer des fonctions de nature journalistique les soirs de match.

    J'ignore si ce veto provient de la LFP, du Racing ou dudit syndicat.
  • Ce ne sont surement pas les articles de cet expert ès-approximation, désinformation, erreurs notoires et autres qui ont maintenu le Racing visible et audible dans les médias.
  • Comme je n'avais pas encore témoigné dans le cadre de ce sujet : je le fais enfin.

    Outre le mythique match à Raon (quelle page de l'histoire du club ce match à Raon !), un autre souvenir que je garde de nos années amateurs, c'est la liberté totale que, de fait, on avait dans le stade, les contrôles étant quasiement inexistants. J'ai absolument fait toutes les tribunes, parfois plusieurs dans un seul match : latéral, d'un côté puis de l'autre, puis pendant le match je partais derrière le but. Il était même facile d'accéder au "panier" VIP, là où se trouve le président et tout le gratin ; et cela, dès avant même la liquidation du Club, Jafarschloch n'ayant plus les moyens de rémunérer des stadiers, du coup il m'est arrivé d'être assis à côté de personnes faisant du scooting qui ignoraient tout de la farce ubuesque que vivait le club...).

    Mon fil,s que j'ai emmené dès tout petit à la Meinau, n'a connu qu'un Racing qui gagne, avec à la fin de la saison, l'envahissement du terrain... Pour lui, c'est la norme (:O). Il va falloir que je le prépare au contexte de la L1.
  • Question liberté de mouvement, on peut dire qu'elle c'est considérablement réduite..
    Entre les parkings maintenant payants, les entrées VIP sans parler du passage sous la tribune sud réservé aux "privilégiés" la place pour la plèbe s'amenuise..
  • Il y a 10 ans, jour pour jour, le 29 mai 2009, le Racing club de Strasbourg vivait l'une des pires rencontre de son histoire puisque le Montpellier-HSC envoyait le Racing club de Strasbourg – pour la première fois de l’histoire de ce dernier – en national…

    Il y a 10 ans…

    Le début de la descente vers les années amateurs....
  • Non on finissait 4eme de L2, mais l'issue finale est la même
  • Le résumé en vidéo https://youtu.be/MUlxoYa-EFw
    On le rappellera à notre cher Renaud l'année prochaine s'il obtient un penalty.
  • rv68 a écrit, le 29/05/2019 15:02 :
    Non on finissait 4eme de L2, mais l'issue finale est la même

    Merci pour la rectification... cela commence à faire loin.
  • Le lien entre la défaite à Montpellier et celle à Chateauroux un an plus tard https://racingstub.com/games/24315/ n'est malheureusement que trop évident. Après cette remontée immédiate gâchée, le club sombre totalement lors d'une saison pathétique de bout en bout.
  • Un peu HS mais marrant de voir les trajectoires des différents clubs montant/descendant cette saison-là et ce qu'ils sont devenus 9 ans après:

    Montée:
    - Caen (relégué en L2 cette saison);
    - Brest (montée également en L1 cette saison);
    - Arles-Avignon: Régional 2 cette saison, pas de montée/descente

    Descente:
    - Guingamp (relégué en L2 cette saison);
    - Strasbourg (maintenu en L1);
    - Bastia (montée en N2 cette saison).
  • C'est en effet Châteauroux qui le14 mai 2010 et pour la première fois de notre histoire envoyait le Racing club de Strasbourg en national… triste date.
  • Putain ... ce match de Montpellier ... Le peno de cohade ... l’occase de Fou de Traoré dans les arrêts de jeu ... . Moi prostré de longues minutes dans le salon de mon frère ... . Le début de la fin ..
    Le début de la suite finalement .
    Putain de club
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