Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

« On ne pourra pas nous enlever ces montées »

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Par athor
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Capitaine du Racing lors des deux saisons en CFA2 et CFA, Ludovic Golliard a vécu une troisième saison plus compliquée. Aujourd'hui de retour dans sa ville de Besançon, il nous raconte comment il a vécu son passage à Strasbourg.

Racingstub.com : Après ton passage, tu es resté quelques mois sans club avant de signer à l'ASPTT Besançon (qui est devenu ensuite le Besançon FC), comment s'est passé cette période ?

Ludovic Golliard : Je m'étais blessé en début de saison contre Vannes, et j'avais été out jusqu'à la trêve, puisque j'avais rechuté, et il s'avère que cette blessure, une désinsertion sur l'avant de la cuisse, avait été très mal prise en charge, j'ai eu des complications. Quand j'ai résilié, j'avais encore des douleurs, j'avais mal en trottinant, j'avais toujours eu mal dans la saison, mais je serrais les dents, en me disant que ça allait passer. Au final, ça a été contreproductif pour moi et pour la suite de mon aventure à Strasbourg.

J'ai eu cette complication, je n'ai donc pu signer nulle part à l'intersaison et j'ai dû me faire opérer à Lyon en octobre 2014. Comme j'étais en convalescence chez moi, à Besançon, j'ai été sollicité par le coach pour faire les derniers mois de compétition avec eux, en DH. Ça m'a permis de retrouver un peu la forme, de m'entraîner et de vivre avec un groupe. Derrière, ça s'est enchaîné et on est tombé d'accord sur le fait que je reste ici. Je suis chez moi, j'ai 33 ans, ça me permettait aussi de penser à ma reconversion.

Le BFC est un club assez jeune, mais avec pas mal d'anciens du Besançon Racing Club, dont l'entraîneur, c'est ce qui a fait pencher la balance ?

J'ai été sollicité par beaucoup de clubs de la région. Après ma blessure et ma mésaventure par rapport à ça, il fallait que je retrouve du rythme, et je ne me voyais pas partir loin de ma famille, et à un âge où je pensais à ma reconversion. Le fait que je signe dans ce club oui, car j'avais eu ce coach (Hervé Genet) au BRC à l'époque. Il me connait très bien, et j'ai également retrouvé d'anciens coéquipiers. C'est ça qui a fait que j'ai choisi ce club plutôt qu'un autre.

Tu parlais de ta reconversion, tu te vois éducateur ou entraîneur à l'avenir ?

Pour l'instant non, je ne suis pas dans cette optique. Je considère qu'il faut avoir la fibre pour ça, on ne devient pas entraîneur parce qu'on a joué au foot, c'est quelque chose qu'on a en soi. Je ne suis pas certain d'avoir tout ce qu'il faut maintenant, mais peut-être qu'il peut y avoir une révélation plus tard. Concernant ma reconversion, je suis encore en train de voir tout ça, ce n'est pas encore défini totalement, mais j'y songe maintenant.

Revenons maintenant sur ton passage à Strasbourg : tu étais un des premiers joueurs contactés, qu'est-ce qui t'a amené à y signer, d'autant que le club avait choisi de repartir en CFA2 à ce moment-là ?

A la base, ce devait être en CFA quand on en a discuté. Après, les dirigeants, et notamment François Keller, nous avaient laissé le choix, à moi et aux autres, de pouvoir repartir. Moi, j'ai décidé de continuer pour le projet du club. Un club comme Strasbourg ne pouvait pas végéter longtemps à ce niveau-là. C'était certain, de par la ville, le club et l'histoire qu'il y avait, que ça allait repartir. C'est vrai que ça a été plutôt rapide. Les doubles montées de CFA2 et CFA ne sont pas faciles, on ne pourra pas nous les enlever. Quand on voit un club comme Grenoble qui végète en CFA, on se rend bien compte de cette difficulté, surtout avec tous les rebondissement qu'il y a eu. Ça reste de bons souvenirs.

Sur les premiers matchs de CFA2, tu imaginais l'engouement qu'il allait y avoir ?

On sentait que les gens avaient vécu des années difficiles et qu'il fallait une nouvelle émulation avec le public. Puis, les résultats ont suivi et ça a encore progressé. Pour ceux qui n'y ont pas joué, c'est difficile de s'en rendre compte de l'extérieur, mais une fois qu'on est là bas, on se rend compte qu'il y a une vrai ferveur.

Si tout s'est bien passé sur le terrain la première année, il y a eu quelques tensions au niveau de la direction, ça a eu des conséquences sur le groupe ?

Non, on était dans notre bulle, on savait qu'il y avait ces tensions, et on craignait un peu de gagner la montée sur le terrain pour rien, sans savoir où on allait. Mais on ne s'inquiétait pas plus que ça, on était bien sur le terrain, on était un bon groupe.

La saison de CFA est un peu plus difficile, notamment au début. Comment tu expliques cela ?

Le souci, c'est qu'on attendait beaucoup de nous, parce qu'on était Strasbourg. On attendait du beau jeu, qu'on gagne les matchs 3 ou 4-0. Mais la plupart de ceux qui y ont évolué savent que le championnat de CFA est difficile. Ça peut arriver de ne pas être bon, mais il faut savoir prendre les points, et notamment à domicile. C'est ce qui a fait la différence. Mais c'est vrai qu'on a eu un coup de moins bien, surtout pendant l'hiver, et sur le match à domicile contre Moulins, où on prend 0-4, et où plus personne n'y croit.

Et sur le déplacement d'après, à Yzeure, on est parti avec un groupe un peu rafistolé. Pas mal avaient abandonné le navire à ce moment là, et ceux qui y ont cru et qui sont allé à Yzeure se mettre le cul par terre (sic) ont eu raison. C'est ça qui a relancé la dynamique.

Pour revenir à ces matchs contre Moulins et Yzeure, qu'est-ce qui a fait le déclic à ce moment ?

On est allé à Yzeure avec notre dernière cartouche, il y avait des joueurs qui avait eu moins de temps de jeu qui ont répondu présents sur ce match. Et derrière, c'est reparti, on savait qu'on n'avait pas le droit à l'erreur sur chacun des matchs qui arrivait, et ça a lancé une spirale positive qui a fait qu'on y a tous cru à nouveau. Et c'est vrai que les rencontres à domicile on fait la différence.

On arrive au dernier match de la saison face à Raon l'Etape. Pendant deux semaines, avec tout l'engouement et les polémiques dans la presse, comment avez-vous vécu cet événement ?

On était à l'entraînement, ça faisait deux semaines que tous les autres clubs étaient en vacances, ce n'était pas évident à gérer mais il fallait rester concentré. On sentait l'énorme attente des gens car on jouait une finale sur ce match. Le scénario de ce match était assez rocambolesque, avec les délocalisations et le report.
On savait aussi que Raon allait jouer sur le fait qu'ils vivaient une sorte d'injustice, qu'ils allaient jouer ce match en tant que petit et que s'ils perdaient, c'était normal. Nous, on savait ce qu'il fallait faire, ces petites bagarres dans la presse, on s'en moquait un peu.

Ce match reste un gros souvenir, avec les conditions qu'il y a eu, avec la tournure qu'il y a eu, le fait de mener largement et de se faire peur comme ça sur la fin. Je pense que sur le banc, François et le staff ont dû transpirer, mais c'est ce qui fait que ça a été encore plus beau.

En National, les résultats ne sont pas au rendez-vous et on sent pas l'équipe pouvoir relever la tête. Que s'est-il passé ?

J'ai le souvenir qu'on n'était pas mal parti, on fait un résultat au Red Star, équipe favorite du championnat, en ouverture, on fait quelques nuls, on gagne contre Vannes à domicile, le match où je me blesse d'ailleurs. Après, c'est vrai qu'on a enchaîné quelques mauvais résultats, on s'est mis un peu la pression, parce qu'on sait qu'à Strasbourg, si on commence à perdre quelques matchs, ça monte vite en pression. C'était une spirale, avec en plus des blessés et des suspensions, qui fait que le coach n'a pas pu tirer de l'équipe son rendement maximum. On a eu du mal à ressortir la tête de l'eau.

Pendant cette période, François Keller passait son BEPF et était donc souvent à Clairefontaine en semaine. Ça a eu une impact sur le groupe ?

Non, je ne pense pas, car on a l'habitude des coachs qui passent leurs diplômes ou qui partent en recyclage, ça arrive aussi. Il y avait les adjoints pour gérer les séances, donc je doute que ça ait joué quoi que ce soit.

A ton retour de blessure, tu joues un peu moins, et tu finis même par être écarté du groupe. Comment as-tu vécu cet épisode ?

J'ai été écarté dès la prise de fonction de Jacky Duguépéroux, ça était un choix de sa part. Je comprenais, parce que mes performances n'était pas au top, mais je trainais une blessure qui était mal soignée, et ça m'a fait déjouer aussi. Il n'y a que mes proches qui savent exactement ce qu'il s'est passé, j'ai joué avec des douleurs de janvier à juin. Après coup, quand j'ai su de quoi je souffrais, ce n'était pas étonnant. Le chirurgien qui m'a opéré a un peu halluciné que j'ai pu continuer à jouer avec ces douleurs. En fait, j'aurais dû me soigner totalement et ne plus avoir mal avant de reprendre. Je ne jette pas la pierre au staff médical mais la prise en charge a été mal gérée, on n'a pas respecté le délai de cicatrisation, avec un protocole qui a été accéléré, parce qu'à ce moment-là, j'étais considéré comme un joueur important. On a voulu aller vite, et je pense que ça a été fatal pour moi et un peu pour le club aussi. C'est cette blessure qui a fait que j'ai fini par résilier à Strasbourg je pense.

D'un coach à un autre, ce ne sont pas les mêmes joueurs que l'on utilise, Jacky Duguépéroux a fait le choix de certains, ça lui a donné plus ou moins raison, parce qu'on est tout de même descendu. Mais à un moment donné, il faut tout de même tenter quelque chose.

Avec le recul, tu penses que cet effectif pouvait se maintenir en National ?

Je pense que oui, je crois qu'on n'était pas un mauvais groupe. Quand on voit le championnat de National, il n'y avait pas grand chose à envier, mais il fallait qu'on soit tous au top et on ne l'a pas été. Il suffisait que quelques joueurs soient un peu amoindris et ça se voyait tout de suite. Il y a des joueurs qui n'ont pas répondu présent, et moi le premier. Je suis quelqu'un qui marche à la confiance, dès que j'ai senti qu'on ne comptait plus sur moi, c'est vrai que j'avais un peu la tête dans le sac.

A la reprise, à l'été 2014, Jacky Duguépéroux annonce qu'il écarte deux joueurs, Julien Perrin et toi. Tu l'expliques par ta blessure. As-tu des regrets par rapport à cela ?

Dès l'instant que l'entraîneur ne comptait pas sur moi, je ne me voyais pas rester. Comme je l'ai dit, je suis quelqu'un qui marche à la confiance, à l'affectif.

Au final, même si ça ne s'est pas très bien fini, je préfère garder le positif de cette aventure formidable avec ce groupe, on a fait la double montée, j'ai connu l'engouement à Strasbourg, mon épouse et moi sommes tombés amoureux de cette ville et de cette région. Après, les aléas ont fait qu'on a dû partir, mais ça restera une bonne expérience, un bon moment dans ma carrière. Je souhaite le meilleur au Racing aujourd'hui.

Merci à Ludovic Golliard pour sa disponibilité et à Jean-Luc Manso pour avoir permis cet entretien.

athor

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