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Le saviez-vous ? Lego Art – carte du Monde, référence 31203, est le plus gros kit de la marque aux petites briques avec pas moins de 11695 pièces. Je me demande qui peut avoir la patience pour faire ce genre de machin ? Peut-être Patrick Vieira ? En effet, construire un truc, une pièce après l’autre, semble être sa grande passion. Retour tactique sur la dernière mouture du « Patoche Project », samedi dernier face à l’Olympique de Marseille.
Pour le compte de la 13ème journée de Ligue 1, les Racingmen, au repos forcé depuis trois semaines, retrouvent la Meinau pour la venue d’un Olympique de Marseille, plutôt mal en point.
L’OM, 10ème du classement au coup d’envoi, reste sur 4 défaites lors de ses 6 derniers matchs de championnat et ne possède qu’un seul point d’avance sur le Racing, 15ème et qui n’a plus connu la victoire depuis deux mois.
Gennaro Gattuso, l’entraîneur des Olympiens, peine à convaincre depuis son arrivée. Son plan de jeu, privilégiant la maîtrise technique et la possession, semble parfois peu compatible avec un effectif construit pour répondre à la philosophie tactique de son prédécesseur, Marcelino, fortement axée sur le jeu direct et la prise d’espace.
Le technicien italien était plutôt adepte du 4-3-3 « pointe basse » depuis son arrivée sur la Canebière, et le trio Kondogbia/Veretout/Rongier semblait avoir une longueur d’avance sur la concurrence. Certes, mais la blessure du dernier cité, obligea Gattuso à revoir son organisation depuis deux matchs et à basculer en 4-2-3-1, où Amine Harit occupe un rôle de meneur de jeu axial. Par ailleurs, il devait compter, outre celle de Valentin Rongier, avec les absences de Samuel Gigot et Pape Gueye, suspendus, et de François-Régis Mughe, également blessé.
Logiquement, l’équipe marseillaise alignée à la Meinau aurait pu ressembler à cela.
C’est sans doute ce que ce sont dit Patrick Vieira et son staff. Toutefois, ce n’est pas le système dans lequel les Provencaux vont évoluer en réalité. Ayant sans doute étudié le jeu strasbourgeois mis en place depuis quelques semaines, le technicien italien décide d’inverser son triangle médian, avec deux objectifs distincts :
- défensivement, placer deux joueurs dans la zone des premiers relanceurs strasbourgeois, Ismaël Doukouré et Junior Mwanga et tenter de ralentir les sorties de balles alsaciennes.
- offensivement, en phase d’attaque placée, créer le surnombre autour de ce double-pivot et le « noyer » au milieu des déplacements et dézonages des offensifs marseillais.
Au final, la composition de l’OM ressemble plutôt à cela :
De son côté, le coach des Bleus récupère Thomas Delaine et Dilane Bakwa mais devra se passer de Marvin Senaya, suspendu après son carton rouge récolté face à Clermont et dont l’absence s’ajoute à celle, récurrente, de Karol Fila. L’entraîneur alsacien reconduit la tactique vue face à Rennes et Clermont (l’amical Darwiniste en PLS) : un 4-2-3-1 articulé autour de son double-pivot axial médian. Au niveau du choix des hommes, un signal fort: la titularisation de Kévin Gameiro dans un rôle d’attaquant de soutien. Sans doute autant la conséquence des dernières rentrées convaincantes du vétéran alsacien que de l’indigence des prestations de Moïse Sahi Dion à ce poste.
En phase offensive, le Racing se présente donc sous ce format :
En phase défensive, là encore, Patrick Vieira ne change pas sa recette des derniers matchs: bloc médian/bas en 4-4–2 à plat, absence de pressing dans les 30/35 mètres adverses, ailiers responsabilisés dans les tâches défensives et défense centrale « doublée », toutes les cases sont cochées.
Dès la 20ème seconde du match, première incompréhension entre les Bleus et le public de la Meinau : ballon dans les pieds de Pau Lopez, le portier marseillais remonte le ballon sur 20 mètres, absence de pressing d’Emmanuel Emegha et premiers sifflets qui tombent des tribunes.
Message à caractère informatif pour les siffleurs compulsifs : il ne presse pas parce que le plan de jeu c’est de ne pas presser. C’est prévu et travaillé à l’entraînement. Si Emegha décide de prendre l’initiative d’aller « chercher plus haut », il contrevient aux consignes de son entraîneur, flingue l’alignement défensif de ses coéquipiers et offre un décalage aux Marseillais qui leur permettra de « casser » une ligne sans effort. Bref, il pénalise l’équipe. C’était vraiment très intéressant.
Pas le temps pour les siffleurs de se remettre de leurs émois de public d’esthète que Clauss teste déjà les gants de Matz Sels (2ème). Réponse strasbourgeoise dans la foulée : transition rapide des Alsaciens, décalage d’Ângelo Gabriel sur le côté droit vers Gameiro qui frappe en angle fermé sur le portier olympien. Ce dernier repousse le ballon dans les pieds de l’international français qui, avec beaucoup de lucidité, sert Emmanuel Emegha dans l’axe, qui frappe dans le but vide.
6ème minute : 1-0 pour le Racing et le jeu de transition rapide du « Patoche Project ».
Nombreux dans le public espèrent que ce but va libérer les Bleus. Naïfs qu’ils sont, ils ne savent pas encore qu’ils viennent de voir, à l’instant, les deux seules frappes strasbourgeoises de la 1ère mi-temps.
À l’inverse, comme vexée par cette entame délicate, l’armada de l’OM met progressivement en place son plan de jeu initial : harceler le double-pivot médian du Racing et le forcer à s’écarter de l’axe en croisant les positionnements des deux milieux relayeurs et des deux demi-ailiers (Veretout et Harit finiront le match avec un positionnement moyen quasiment équivalent à celui de Correa et Ndiaye). Ainsi, une fois en phase d’attaque placée, les Marseillais sont positionnés de cette manière :
Doukouré et Mwanga, attirés par le positionnement extérieur des deux relayeurs, libèrent l’axe, permettant à Correa et Ndiaye de s’engouffrer dans cette zone libre et d’arriver lancés dans la surface alsacienne. Le plan de Gattuso fonctionne parfaitement et le Racing ne semble pas en mesure de trouver les ajustements nécessaires au rééquilibrage des débats. Cela d’autant plus que, quand le double-pivot des Bleus essais de s’adapter et de ne plus dézoner, cela permet un surnombre marseillais dans les couloirs et la multiplication de centres mettant sous pression constante une défense strasbourgeoise, pas aidée par le manque d’implication défensive d’Ângelo Gabriel ou la naïveté des placements défensifs de Thomas Delaine.
Matz Sels repoussera bien l’échéance sur une tête de Joaquin Correa à la 19ème minute, mais sur un centre dégagé dans l’axe par la défense du Racing, Jonathan Clauss parviendra à égaliser pour l’OM d’une reprise de l’entrée de la surface de réparation.
1-1 à la mi-temps avec une domination territoriale et statistique totale des Olympiens : 72 % de possession de balle, 10 tirs à 2, 7 corners à 0… Le Racing s’en sort bien pour l’instant et la plupart des observateurs se demandent dans combien de temps il finira par céder une deuxième fois.
Le RCS à la tête dans le seau et les supporters broient du noir.
Ombre.
22h00, le jeu va pouvoir reprendre, sans doute sur les mêmes bases que la première.
Sauf que, le coach strasbourgeois et son staff semblent avoir aperçu la Lumière pendant la pause, et procède à plusieurs ajustements qui seront, au final, diablement efficaces dans cette deuxième mi-temps :
- en premier lieu, la sortie dès la 53ème minute d’Ângelo Gabriel, remplacé par un Dilane Bakwa, infiniment plus discipliné défensivement. Fin de la récré pour Renan Lodi qu’on ne reverra plus aux avants-postes. Soit dit en passant, l’ailier brésilien a sans doute épuisé une bonne partie de son crédit de « jeune pépite », tant son apport offensif est neutre et son niveau défensif désastreux. Sortant du lot dans l’équipe en perdition du début de saison, il est devenu un joueur « négatif » dans une équipe plus cohérente collectivement. Sur le banc au prochain match ? À titre personnel, je l’espère.
- ensuite, en demandant aux deux latéraux de déclencher la pression sur les joueurs excentrés adverses un peu plus haut, de manière à créer une ligne de quatre défenseurs avec Doukouré et Mwanga. L’intérêt étant de mieux occuper la largeur du terrain, de renforcer le positionnement axial du double-pivot et de limiter l’exploitation des demi-couloirs par Veretout et Harit. Évidemment, ce choix de mettre de la densité dans l’interligne défensive strasbourgeoise comporte une part de risque: la création d’espaces libres dans le dos des latéraux alsaciens. Charge à Nyamsi et Perrin, dans des fonctions proches de celles d’un libéro, de couper les éventuels ballons en profondeur.
- enfin, le choix de décharger Doukouré et Mwanga des premières relances. Marseille, pendant la totalité de la première mi-temps avait clairement axé son pressing, à raison, sur ces deux joueurs. En demandant à Nyamsi et Perrin de reprendre l’orientation du jeu à leur charge, Patrick Vieira a réduit l’efficacité du pressing olympien en l’obligeant à « chasser » le ballon une ligne plus haute, libérant de l’espace, soit pour les deux médians axiaux (qui en profitent pour sortir la tête de l’eau), soit dans l’interligne défensif des Marseillais quand leurs milieux accompagnaient le pressing de leurs attaquants. C’est ainsi qu’à plusieurs reprises, Gerzino Nyamsi a pu trouver des passes directes dans le demi-couloirs à destination de Gameiro, Bakwa ou Diarra, positionnés 30 ou 40 mètres plus haut, brisant d’une passe, deux lignes défensives olympiennes.
Sur ce dernier point, message à caractère informatif pour les siffleurs compulsifs :
Si Nyamsi, Perrin et Sels se font des passes dans leurs vingt mètres pendant trente secondes ou plus, ce n’est pas pour casser le rythme ou « jouer à la baballe ». L’idée, prévue et travaillée à l’entraînement, consiste à « attirer » un attaquant, voir toute une ligne, voir même tout le bloc équipe adverse, pour créer de l’espace plus haut sur le terrain et pouvoir attaquer plus facilement. C’est donc inutile de huer vos propres défenseurs pour qu’ils relancent plus vite. Au final, c’est le déplacement de l’attaquant adverse qui déclenchera le jeu vers l’avant. C’était vraiment très intéressant
Au final, une deuxième mi-temps pleine, où le « Patoche Project » prend encore un petit peu d’épaisseur avec l’ajout de ce jeu de possession basse, permettant une alternative aux contre-attaques, tout en préservant la ligne directrice du jeu prôné par le coach alsacien : l’exploitation des espaces.
Toute ressemblance avec le plan de jeu de l’OGC Nice serait tout sauf une surprise.
Enfin, mention spéciale à Kévin Gameiro, dont la justesse technique et l’intelligence de déplacement auront éclairées le jeu strasbourgeois durant la totalité de la rencontre.
On notera également l’ascendant physique pris par le Racing sur cette partie du match, avec des remplaçants rapidement au diapason de leurs collègues.
Pour rappel, l’équipe qui termine la rencontre :
13 tirs à 6, 5 tirs cadrés à 0, 52 % de possession strasbourgeoise, 63 % de duels gagnés, une barre transversale trouvée par Bakwa… mais malheureusement pas de second but. Une deuxième période, en parfait contraste de la première, justifiant sans doute le partage des points au final.
Comptablement, le compte n’y est toujours pas et l’absence de victoire empêche le RCS de prendre ses distances avec la zone rouge.Toutefois, il est indéniable que l’équipe progresse et que le plan de jeu devient de plus en plus cohérent, maîtrisé et varié.
Il a trois semaines, à l’issue du match face à Clermont, je présentais le jeu strictement « négatif » mis en place par le coach et son staff comme une étape dans l’évolution du jeu de l’équipe. La deuxième mi-temps d’hier nous donne un aperçu de vers quoi ils veulent tendre dans un avenir proche. Reste à réaliser ce type de performance de manière récurrente, y compris face à des adversaires de meilleure qualité.
Pièce par pièce, Patrick Vieira construit son équipe.
Arrive désormais une série de quatre matchs face à des adversaires de notre calibre mais avec des réussites diverses depuis le début de saison : Reims, Brest, Le Havre et Lorient.
Le temps des progrès doit continuer, mais il est nécessaire qu’en parallèle le Racing engrange désormais des points.
Rendez-vous dès vendredi à Reims pour un test difficile face à l’actuel 5ème de L1, dont le profil de jeu pourrait néanmoins nous convenir. Pour cela, il faudra plus de constance et moins de contraste entre périodes d'ombres et de lumières.
L’OM, 10ème du classement au coup d’envoi, reste sur 4 défaites lors de ses 6 derniers matchs de championnat et ne possède qu’un seul point d’avance sur le Racing, 15ème et qui n’a plus connu la victoire depuis deux mois.
Gennaro Gattuso, l’entraîneur des Olympiens, peine à convaincre depuis son arrivée. Son plan de jeu, privilégiant la maîtrise technique et la possession, semble parfois peu compatible avec un effectif construit pour répondre à la philosophie tactique de son prédécesseur, Marcelino, fortement axée sur le jeu direct et la prise d’espace.
Le technicien italien était plutôt adepte du 4-3-3 « pointe basse » depuis son arrivée sur la Canebière, et le trio Kondogbia/Veretout/Rongier semblait avoir une longueur d’avance sur la concurrence. Certes, mais la blessure du dernier cité, obligea Gattuso à revoir son organisation depuis deux matchs et à basculer en 4-2-3-1, où Amine Harit occupe un rôle de meneur de jeu axial. Par ailleurs, il devait compter, outre celle de Valentin Rongier, avec les absences de Samuel Gigot et Pape Gueye, suspendus, et de François-Régis Mughe, également blessé.
Logiquement, l’équipe marseillaise alignée à la Meinau aurait pu ressembler à cela.
C’est sans doute ce que ce sont dit Patrick Vieira et son staff. Toutefois, ce n’est pas le système dans lequel les Provencaux vont évoluer en réalité. Ayant sans doute étudié le jeu strasbourgeois mis en place depuis quelques semaines, le technicien italien décide d’inverser son triangle médian, avec deux objectifs distincts :
- défensivement, placer deux joueurs dans la zone des premiers relanceurs strasbourgeois, Ismaël Doukouré et Junior Mwanga et tenter de ralentir les sorties de balles alsaciennes.
- offensivement, en phase d’attaque placée, créer le surnombre autour de ce double-pivot et le « noyer » au milieu des déplacements et dézonages des offensifs marseillais.
Au final, la composition de l’OM ressemble plutôt à cela :
De son côté, le coach des Bleus récupère Thomas Delaine et Dilane Bakwa mais devra se passer de Marvin Senaya, suspendu après son carton rouge récolté face à Clermont et dont l’absence s’ajoute à celle, récurrente, de Karol Fila. L’entraîneur alsacien reconduit la tactique vue face à Rennes et Clermont (l’amical Darwiniste en PLS) : un 4-2-3-1 articulé autour de son double-pivot axial médian. Au niveau du choix des hommes, un signal fort: la titularisation de Kévin Gameiro dans un rôle d’attaquant de soutien. Sans doute autant la conséquence des dernières rentrées convaincantes du vétéran alsacien que de l’indigence des prestations de Moïse Sahi Dion à ce poste.
En phase offensive, le Racing se présente donc sous ce format :
En phase défensive, là encore, Patrick Vieira ne change pas sa recette des derniers matchs: bloc médian/bas en 4-4–2 à plat, absence de pressing dans les 30/35 mètres adverses, ailiers responsabilisés dans les tâches défensives et défense centrale « doublée », toutes les cases sont cochées.
Dès la 20ème seconde du match, première incompréhension entre les Bleus et le public de la Meinau : ballon dans les pieds de Pau Lopez, le portier marseillais remonte le ballon sur 20 mètres, absence de pressing d’Emmanuel Emegha et premiers sifflets qui tombent des tribunes.
Message à caractère informatif pour les siffleurs compulsifs : il ne presse pas parce que le plan de jeu c’est de ne pas presser. C’est prévu et travaillé à l’entraînement. Si Emegha décide de prendre l’initiative d’aller « chercher plus haut », il contrevient aux consignes de son entraîneur, flingue l’alignement défensif de ses coéquipiers et offre un décalage aux Marseillais qui leur permettra de « casser » une ligne sans effort. Bref, il pénalise l’équipe. C’était vraiment très intéressant.
Pas le temps pour les siffleurs de se remettre de leurs émois de public d’esthète que Clauss teste déjà les gants de Matz Sels (2ème). Réponse strasbourgeoise dans la foulée : transition rapide des Alsaciens, décalage d’Ângelo Gabriel sur le côté droit vers Gameiro qui frappe en angle fermé sur le portier olympien. Ce dernier repousse le ballon dans les pieds de l’international français qui, avec beaucoup de lucidité, sert Emmanuel Emegha dans l’axe, qui frappe dans le but vide.
6ème minute : 1-0 pour le Racing et le jeu de transition rapide du « Patoche Project ».
Nombreux dans le public espèrent que ce but va libérer les Bleus. Naïfs qu’ils sont, ils ne savent pas encore qu’ils viennent de voir, à l’instant, les deux seules frappes strasbourgeoises de la 1ère mi-temps.
À l’inverse, comme vexée par cette entame délicate, l’armada de l’OM met progressivement en place son plan de jeu initial : harceler le double-pivot médian du Racing et le forcer à s’écarter de l’axe en croisant les positionnements des deux milieux relayeurs et des deux demi-ailiers (Veretout et Harit finiront le match avec un positionnement moyen quasiment équivalent à celui de Correa et Ndiaye). Ainsi, une fois en phase d’attaque placée, les Marseillais sont positionnés de cette manière :
Doukouré et Mwanga, attirés par le positionnement extérieur des deux relayeurs, libèrent l’axe, permettant à Correa et Ndiaye de s’engouffrer dans cette zone libre et d’arriver lancés dans la surface alsacienne. Le plan de Gattuso fonctionne parfaitement et le Racing ne semble pas en mesure de trouver les ajustements nécessaires au rééquilibrage des débats. Cela d’autant plus que, quand le double-pivot des Bleus essais de s’adapter et de ne plus dézoner, cela permet un surnombre marseillais dans les couloirs et la multiplication de centres mettant sous pression constante une défense strasbourgeoise, pas aidée par le manque d’implication défensive d’Ângelo Gabriel ou la naïveté des placements défensifs de Thomas Delaine.
Matz Sels repoussera bien l’échéance sur une tête de Joaquin Correa à la 19ème minute, mais sur un centre dégagé dans l’axe par la défense du Racing, Jonathan Clauss parviendra à égaliser pour l’OM d’une reprise de l’entrée de la surface de réparation.
1-1 à la mi-temps avec une domination territoriale et statistique totale des Olympiens : 72 % de possession de balle, 10 tirs à 2, 7 corners à 0… Le Racing s’en sort bien pour l’instant et la plupart des observateurs se demandent dans combien de temps il finira par céder une deuxième fois.
Le RCS à la tête dans le seau et les supporters broient du noir.
Ombre.
22h00, le jeu va pouvoir reprendre, sans doute sur les mêmes bases que la première.
Sauf que, le coach strasbourgeois et son staff semblent avoir aperçu la Lumière pendant la pause, et procède à plusieurs ajustements qui seront, au final, diablement efficaces dans cette deuxième mi-temps :
- en premier lieu, la sortie dès la 53ème minute d’Ângelo Gabriel, remplacé par un Dilane Bakwa, infiniment plus discipliné défensivement. Fin de la récré pour Renan Lodi qu’on ne reverra plus aux avants-postes. Soit dit en passant, l’ailier brésilien a sans doute épuisé une bonne partie de son crédit de « jeune pépite », tant son apport offensif est neutre et son niveau défensif désastreux. Sortant du lot dans l’équipe en perdition du début de saison, il est devenu un joueur « négatif » dans une équipe plus cohérente collectivement. Sur le banc au prochain match ? À titre personnel, je l’espère.
- ensuite, en demandant aux deux latéraux de déclencher la pression sur les joueurs excentrés adverses un peu plus haut, de manière à créer une ligne de quatre défenseurs avec Doukouré et Mwanga. L’intérêt étant de mieux occuper la largeur du terrain, de renforcer le positionnement axial du double-pivot et de limiter l’exploitation des demi-couloirs par Veretout et Harit. Évidemment, ce choix de mettre de la densité dans l’interligne défensive strasbourgeoise comporte une part de risque: la création d’espaces libres dans le dos des latéraux alsaciens. Charge à Nyamsi et Perrin, dans des fonctions proches de celles d’un libéro, de couper les éventuels ballons en profondeur.
- enfin, le choix de décharger Doukouré et Mwanga des premières relances. Marseille, pendant la totalité de la première mi-temps avait clairement axé son pressing, à raison, sur ces deux joueurs. En demandant à Nyamsi et Perrin de reprendre l’orientation du jeu à leur charge, Patrick Vieira a réduit l’efficacité du pressing olympien en l’obligeant à « chasser » le ballon une ligne plus haute, libérant de l’espace, soit pour les deux médians axiaux (qui en profitent pour sortir la tête de l’eau), soit dans l’interligne défensif des Marseillais quand leurs milieux accompagnaient le pressing de leurs attaquants. C’est ainsi qu’à plusieurs reprises, Gerzino Nyamsi a pu trouver des passes directes dans le demi-couloirs à destination de Gameiro, Bakwa ou Diarra, positionnés 30 ou 40 mètres plus haut, brisant d’une passe, deux lignes défensives olympiennes.
Sur ce dernier point, message à caractère informatif pour les siffleurs compulsifs :
Si Nyamsi, Perrin et Sels se font des passes dans leurs vingt mètres pendant trente secondes ou plus, ce n’est pas pour casser le rythme ou « jouer à la baballe ». L’idée, prévue et travaillée à l’entraînement, consiste à « attirer » un attaquant, voir toute une ligne, voir même tout le bloc équipe adverse, pour créer de l’espace plus haut sur le terrain et pouvoir attaquer plus facilement. C’est donc inutile de huer vos propres défenseurs pour qu’ils relancent plus vite. Au final, c’est le déplacement de l’attaquant adverse qui déclenchera le jeu vers l’avant. C’était vraiment très intéressant
Au final, une deuxième mi-temps pleine, où le « Patoche Project » prend encore un petit peu d’épaisseur avec l’ajout de ce jeu de possession basse, permettant une alternative aux contre-attaques, tout en préservant la ligne directrice du jeu prôné par le coach alsacien : l’exploitation des espaces.
Toute ressemblance avec le plan de jeu de l’OGC Nice serait tout sauf une surprise.
Enfin, mention spéciale à Kévin Gameiro, dont la justesse technique et l’intelligence de déplacement auront éclairées le jeu strasbourgeois durant la totalité de la rencontre.
On notera également l’ascendant physique pris par le Racing sur cette partie du match, avec des remplaçants rapidement au diapason de leurs collègues.
Pour rappel, l’équipe qui termine la rencontre :
13 tirs à 6, 5 tirs cadrés à 0, 52 % de possession strasbourgeoise, 63 % de duels gagnés, une barre transversale trouvée par Bakwa… mais malheureusement pas de second but. Une deuxième période, en parfait contraste de la première, justifiant sans doute le partage des points au final.
Comptablement, le compte n’y est toujours pas et l’absence de victoire empêche le RCS de prendre ses distances avec la zone rouge.Toutefois, il est indéniable que l’équipe progresse et que le plan de jeu devient de plus en plus cohérent, maîtrisé et varié.
Il a trois semaines, à l’issue du match face à Clermont, je présentais le jeu strictement « négatif » mis en place par le coach et son staff comme une étape dans l’évolution du jeu de l’équipe. La deuxième mi-temps d’hier nous donne un aperçu de vers quoi ils veulent tendre dans un avenir proche. Reste à réaliser ce type de performance de manière récurrente, y compris face à des adversaires de meilleure qualité.
Pièce par pièce, Patrick Vieira construit son équipe.
Arrive désormais une série de quatre matchs face à des adversaires de notre calibre mais avec des réussites diverses depuis le début de saison : Reims, Brest, Le Havre et Lorient.
Le temps des progrès doit continuer, mais il est nécessaire qu’en parallèle le Racing engrange désormais des points.
Rendez-vous dès vendredi à Reims pour un test difficile face à l’actuel 5ème de L1, dont le profil de jeu pourrait néanmoins nous convenir. Pour cela, il faudra plus de constance et moins de contraste entre périodes d'ombres et de lumières.