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![sissoko.JPG](https://racingstub.com/uploads/cache/big500/uploads/media/5ba0e2ac70cc8/sissoko.jpg)
7 juin de l’an 2018. Le Racing termine sa première saison de Ligue 1 depuis son retour dans l’élite française. Le maintien fraîchement acquis est encore dans toutes les têtes quand une nouvelle tombe.
« Ibrahima Sissoko arrive », annonce le club. Mais qui es-tu ?
Entre Brest et Strasbourg, un étrange pont se crée. Les clubs des deux villes ne traitent pas particulièrement ensemble, mais plusieurs anciens pensionnaires du Racing foulent Francis-Le Blé au moment où ces lignes sont écrites. Toi, tu fais le chemin inverse et sans escale. On ne découvre pas un simple joueur venant de Ligue 2, on découvre un international U20.
Jeune, mince et pas forcément le plus adroit, tu dois t’imposer au milieu face à des Jonas Martin, Anthony Gonçalves, Youssouf Fofana et Dimitri Liénard. Tant de noms qui auraient pu te faire reculer. Avec Thierry Laurey aux commandes, tu es d’emblée titularisé et tu ne quitteras quasiment jamais le onze jusqu’à ton 198e match. Toi, le milieu récupérateur qui as même l’audace de marquer lors de ton premier match. Pourtant, c’est la discrétion qui reste ton arme la plus efficace. Tu ne causes pas de problème, tu ne cherches pas les caméras ni les micros. De temps à autre, comme s’il fallait nous rappeler que tu es là, tu nous offres un petit sursaut d’orgueil, une effusion, une étincelle de magie, comme ton but à Monaco.
Farouchement discret, tu es adepte de la « faute intelligente ». Tu démarres la Coupe de la Ligue 2019 par deux suspensions face à Lille et à Marseille, toi qui accumuleras 41 avertissements chez nous, avec un grand nombre de suspensions souvent bien placées mais jamais un seul carton rouge. Lors de cette épopée, tu reprendras ton poste de titulaire à partir des quarts de finale et joueras jusqu’à 118 minutes sur les 120 de la finale. Avec ce souffle hors norme, tu es un artisan majeur de ce titre.
Malheureusement, pendant les années qui ont suivi, tu as parfois du mal. Tu es souvent titulaire, mais pas vraiment indiscutable. Souvent impactant, mais jamais décisif. Te voir démarrer occasionnellement un match sur le banc n’est pas choquant. Et sans qu’on s’en rende compte, le Racing devient dépendant de ton état de forme.
Sous Julien Stéphan, tu montres que le hibou a des crocs. Est-ce la nostalgie d’un vent breton qui te donne ces ailes ? Cette année, ton voisin de palier descend d’un cran et tu deviens le relayeur. Celui qu’il manquait au Racing. Tu t’endurcis, tu mets deux nouveaux buts, tu fais six passes décisives. C’est ta saison la plus complète, la saison de référence, et indiscutable. Tu es en forme, le Racing également.
Mais le joueur du Racing s’habille en bleu. Il porte les couleurs du club mais également ses maux. Quand tu te blesses à l’épaule puis à la cheville, l’équipe s’enlise à nouveau. On la perd, on perd un coach, puis un autre arrive. Si le mistral peut donner mal à la tête, Frédéric Antonetti apporte-t-il un air méditerranéen qui panse tes plaies ? Ce parfum étrange, « L’Irremplaçable », qu’on s’est mis à nommer, s’impose à nouveau à la Meinau.
Le football, cet éternel recommencement. Quelques mois passent, le Racing entame doucement sa première année sous son nouvel actionnariat et Patrick Vieira essaie de faire sans toi. Mais ce poème tu le connais. Il se ravise en décembre, le Racing entame alors une série décisive de deux mois sans défaite.
12 mai de l’an 2024. Le Racing termine sa première saison de Ligue 1 sous son nouveau pavillon. Le maintien fraîchement acquis, nous préparons les festivités pour le dernier match à la maison quand une nouvelle tombe : « Ibrahima Sissoko sur le départ », annonce le club. Ce soir, tu prends ce micro qui est resté si loin. Si loin pendant toutes ces années. Et tu nous adresses ces derniers mots : « J’ai été fier de jouer pour le Racing. »
Nous sommes fiers de t’avoir eu à nos côtés.
Entre Brest et Strasbourg, un étrange pont se crée. Les clubs des deux villes ne traitent pas particulièrement ensemble, mais plusieurs anciens pensionnaires du Racing foulent Francis-Le Blé au moment où ces lignes sont écrites. Toi, tu fais le chemin inverse et sans escale. On ne découvre pas un simple joueur venant de Ligue 2, on découvre un international U20.
Jeune, mince et pas forcément le plus adroit, tu dois t’imposer au milieu face à des Jonas Martin, Anthony Gonçalves, Youssouf Fofana et Dimitri Liénard. Tant de noms qui auraient pu te faire reculer. Avec Thierry Laurey aux commandes, tu es d’emblée titularisé et tu ne quitteras quasiment jamais le onze jusqu’à ton 198e match. Toi, le milieu récupérateur qui as même l’audace de marquer lors de ton premier match. Pourtant, c’est la discrétion qui reste ton arme la plus efficace. Tu ne causes pas de problème, tu ne cherches pas les caméras ni les micros. De temps à autre, comme s’il fallait nous rappeler que tu es là, tu nous offres un petit sursaut d’orgueil, une effusion, une étincelle de magie, comme ton but à Monaco.
Farouchement discret, tu es adepte de la « faute intelligente ». Tu démarres la Coupe de la Ligue 2019 par deux suspensions face à Lille et à Marseille, toi qui accumuleras 41 avertissements chez nous, avec un grand nombre de suspensions souvent bien placées mais jamais un seul carton rouge. Lors de cette épopée, tu reprendras ton poste de titulaire à partir des quarts de finale et joueras jusqu’à 118 minutes sur les 120 de la finale. Avec ce souffle hors norme, tu es un artisan majeur de ce titre.
Malheureusement, pendant les années qui ont suivi, tu as parfois du mal. Tu es souvent titulaire, mais pas vraiment indiscutable. Souvent impactant, mais jamais décisif. Te voir démarrer occasionnellement un match sur le banc n’est pas choquant. Et sans qu’on s’en rende compte, le Racing devient dépendant de ton état de forme.
Sous Julien Stéphan, tu montres que le hibou a des crocs. Est-ce la nostalgie d’un vent breton qui te donne ces ailes ? Cette année, ton voisin de palier descend d’un cran et tu deviens le relayeur. Celui qu’il manquait au Racing. Tu t’endurcis, tu mets deux nouveaux buts, tu fais six passes décisives. C’est ta saison la plus complète, la saison de référence, et indiscutable. Tu es en forme, le Racing également.
Mais le joueur du Racing s’habille en bleu. Il porte les couleurs du club mais également ses maux. Quand tu te blesses à l’épaule puis à la cheville, l’équipe s’enlise à nouveau. On la perd, on perd un coach, puis un autre arrive. Si le mistral peut donner mal à la tête, Frédéric Antonetti apporte-t-il un air méditerranéen qui panse tes plaies ? Ce parfum étrange, « L’Irremplaçable », qu’on s’est mis à nommer, s’impose à nouveau à la Meinau.
Le football, cet éternel recommencement. Quelques mois passent, le Racing entame doucement sa première année sous son nouvel actionnariat et Patrick Vieira essaie de faire sans toi. Mais ce poème tu le connais. Il se ravise en décembre, le Racing entame alors une série décisive de deux mois sans défaite.
12 mai de l’an 2024. Le Racing termine sa première saison de Ligue 1 sous son nouveau pavillon. Le maintien fraîchement acquis, nous préparons les festivités pour le dernier match à la maison quand une nouvelle tombe : « Ibrahima Sissoko sur le départ », annonce le club. Ce soir, tu prends ce micro qui est resté si loin. Si loin pendant toutes ces années. Et tu nous adresses ces derniers mots : « J’ai été fier de jouer pour le Racing. »
Nous sommes fiers de t’avoir eu à nos côtés.