Première saison, premiers frissons...

Match n°1 : Strasbourg-Sète, 25 août 1934
C'est le dernier samedi du mois d'août 1934 qu'une saison exceptionnelle démarrait au stade de la Meinau. Exceptionnelle parce qu'après une première année professionnelle passée en D2, le Racing s'apprête à jouer son premier match en première division. Exceptionnelle aussi parce que cette première expérience au plus haut niveau se terminera par une seconde place au classement, après une lutte acharnée face au voisin sochalien.
Et l'affiche de ce 25 août ne pouvait être plus prestigieuse : ce n'est pas moins que le FC Sète, champion de France et vainqueur de la Coupe de France l'année passée qui se présente à Strasbourg. Et la meilleure équipe de France ne verra pas le jour. Gabriel Hanot, ancien joueur devenu célèbre journaliste assiste à la rencontre et commente dans le "Miroir des Sports" : « la victoire de 5 à 2 transporta d'aise les 5000 spectateurs de ce match de samedi ; sur la route du retour vers la ville, la Petite France et la Place Kléber, le chantant patois alsacien exprimait sa reconnaissance aux joueurs et sa confiance en la nouvelle saison ».

Match n°8 : Strasbourg-Antibes, 14 octobre 1934
Au moment d'accueillir Antibes, le Racing vient d'avoir pour la première fois les honneurs de la couverture du "Miroir des Sports", après un match nul à Colombes face au RC Paris, grand favori pour le titre (2-2) : « quinze mille spectateurs pour un simple match de clubs ! Le football va de l'avant, en France, aussi bien en qualité de jeu que par le nombre des assistants ».
Leader après 6 journées, avec un point d'avance sur Sochaux, le Racing est déjà bien plus qu'un simple promu. Et sa cote augmente encore ce 14 octobre. Non pas tant pour sa victoire écrasante 6 à 1 face aux Antibois que par l'apparition sur la pelouse d'un nouveau joueur : Oskar Rohr, ancien avant-centre de l'équipe nationale allemande, connu pour son doublé lors du match France-Allemagne de 1933 (3-3).

Match n°21 : Strasbourg-Paris, 27 janvier 1935
En tête du championnat, Strasbourg et Sochaux écrasent la concurrence, le Racing ayant même pris un ascendant psychologique important en parvenant à s'imposer sur le terrain de son rival. Avec sept points d'avance sur l'OM et Paris, l'Est de la France domine le football national.
Et la venue du RC Paris à la fin janvier ne fait que le confirmer. Malgré sa pléiade d'internationaux français et étrangers (Emile Veinante et Emile Scharwath, futurs strasbourgeois, mais aussi les stars autrichiennes Rudi Hiden et Gusti Jordan), Paris est écrasé 6 à 0 grâce aux triplés d'Oskar Rohr et Fritz Keller.

Match n°25 : Strasbourg-Sochaux, 24 mars 1935
C'est le tournant de la saison, le match tant attendu à six journées de la fin du championnat : 25200 personnes présentes, dont 3000 Sochaliens, match à guichets fermés, c'est alors la plus importante affluence connue en Alsace pour une rencontre de football. Avec 40 points, Strasbourg et Sochaux sont premiers à égalité, très loin devant tous les autres clubs (le troisième étant à 12 points).
La rencontre est tendue et tourne finalement à l'avantage des visiteurs, 0-1. Strasbourg accuse le coup (le résumé ici).

Match n°26 : Mulhouse-Strasbourg, 11 avril 1935
Après la défaite face aux Doubistes, le Racing compte deux points de retard sur Sochaux. Autant dire que le derby à Mulhouse quinze jours plus tard revêt d'une importance capitale pour préserver les dernières chances de titre.
Mais Mulhouse, sixième du classement, souhaite prendre sa revanche du match aller (4-2) et réalise sa meilleure prestation de la saison. Battu 4-1, la plus lourde de ses quatre défaites de la saison, le Racing craque au plus mauvais moment.
Dans le même temps Sochaux s'impose à domicile et compte alors quatre points d'avance. Pire encore, à la journée suivante, Strasbourg concède le nul à la Meinau face à Montpellier tandis que Sochaux s'impose à... Mulhouse, sur le score sans appel de 5-1 : avec cinq points de retard à trois journées de la fin, le titre est perdu.
Personne ne se doutait alors qu'il faudrait attendre plus de 44 ans pour l'obtenir enfin...

Repères

Match n°54 : Fives-Strasbourg, 11 avril 1936
Le Racing s'impose 1-0 et compte alors trois points d'avance sur Lille et Paris à quelques journées de la fin du championnat. Pour sa seconde saison en D1, le titre tend à nouveau les bras aux Strasbourgeois. Malheureusement les blessures de plusieurs joueurs importants handicapent l'équipe : encore raté, le Racing termine finalement troisième.

Match n°66 : Mulhouse-Strasbourg, 4 octobre 1936
Mulhouse explose 1-9 et Strasbourg est à nouveau en tête du classement. Quelques jours plus tard, c'est l'OM qui se présente à la Meinau : « il y avait Monsieur le Président Albert Lebrun dimanche dernier à Strasbourg, mais sans être irrévérencieux on peut dire que même si le Pape venait en personne dans la ville de Kléber un jour de football, sa présence n'enlèverait pas le moindre spectateur au Stade de la Meinau. Le football, grâce au Racing, c'est quelque chose à Strasbourg ! » (Jean Eskenazy dans "Football"). Strasbourg gagne à nouveau 1-0 et terminera la saison à la 6ème place.

Match n°222 : Strasbourg-Reims, 18 août 1946
Avec sa star Oscar Heisserer, le Racing retrouve bien vite sa place après les années de guerre. Vainqueur de Reims 3-0 pour l'ouverture de la saison, Strasbourg reste invaincu les huit premières rencontres de championnat et caracole en tête du classement.
Mais le parcours en Coupe de France où le club atteint la finale fatigue les troupes, le Racing termine finalement troisième : « grâce à la bonne tenue des footballeurs alsaciens, l'Alsace est à nouveau complètement assimilée » ("Sport-Est").

Match n°392 : Roubaix-Strasbourg, 25 mai 1952
A peine un an après le succès en Coupe de France, le Racing est relégué en D2 pour la première fois depuis son accession au plus haut niveau. Une saison calamiteuse marquée par les méformes, les blessures à répétition, le recrutement manqué, la malchance, les graves dissensions des dirigeants. Le club attend la fin novembre pour obtenir sa première victoire contre... Nancy (Qui a dit que l'histoire était un éternel recommencement ?)
Le 25 mai, le Racing dit au revoir à la D1 par une nouvelle humiliation à Roubaix : 5-0.

Match n°451 : Reims-Strasbourg, 30 janvier 1955
Après Rohr et Matéo, un troisième joueur d'exception arrive à Strasbourg en début de saison : Ernst Stojaspal. Le Racing occupe les premières places toute la saison et réalise l'exploit de s'imposer à Reims, le leader, par 2 buts à 1 : « les Strasbourgeois ont produit une très grosse impression à Reims et beaucoup se demandent si le Racing ne devient pas le favori du championnat » ("Sport-Est").
Mais une nouvelle fois, Strasbourg craque en fin de saison et termine quatrième.

Match n°745 : Strasbourg-Nantes, 5 mai 1965
Cette saison-là, Strasbourg parvient à briller en Coupe d'Europe (où il élimine le Milan AC et le FC Barcelone), en Coupe de France et en championnat où le club peut à nouveau rêver du titre. Mais à peine deux jours après l'exploit du Camp Nou, le Racing est à Bordeaux, leader du classement. Fatigués, les Bleus s'inclinent sur la plus petite des marges.
Pourtant le Racing reste dans la course malgré les épopées en coupes : au soir de la 29ème journée, il est même en tête à égalité avec Nantes et Bordeaux. Et à quatre matchs de la fin, ce sont précisément les Nantais qui passent par la Meinau. Ils y arrachent le match nul dans les dernières minutes, grâce à un but de Jean-Claude Suaudeau (1-1) : « Strasbourg a sans doute enterré ses espoirs de décrocher, pour la première fois de son histoire, le titre de Champion de France » (DNA). Nantes devient champion, le Racing termine à nouveau quatrième.

Match n°784 : Strasbourg-Nantes, 25 mai 1966
Le 22 mai, Strasbourg gagne la Coupe de France en battant Nantes en finale. Trois jours plus tard, c'est... Nantes, le leader incontesté du classement général, qui se présente à la Meinau. Dans une euphorie indescriptible et devant 30000 spectateurs, le Racing bat à nouveau la meilleure équipe de France 1-0.

Match n°1196 : Lyon-Strasbourg, 1er juin 1979
Victoire 3-0, le Racing champion, enfin...

Match n°1245 : Strasbourg-Nantes, 21 septembre 1980
André Bord, le président, et Gilbert Gress, l'entraîneur, deux des principaux hommes qui ont amené le Racing au sommet, sont en conflit depuis plusieurs mois. La situation s'envenime et devient intenable en septembre 1980. A l'occasion de la réception du champion de France en titre, le FC Nantes, tout explose. La défaite est anecdotique (1-2), on retient le tour d'honneur de Gilbert Gress dont le limogeage est annoncé, la colère des supporters, les tribunes en feu, les CRS qui chargent.
Le Racing sombre pour de très longues années : dans la décennie à venir, le club va connaître autant de saisons de D2 que depuis le début de son parcours professionnel.

Match n°1515 : Strasbourg-Marseille, 20 novembre 1992
Près de 40000 spectateurs, le grand OM de Barthez, Desailly, Deschamps, Pelé et Boksic, des buts, des rebondissements, de la tension, il y avait tout.
Frustré depuis plus de 10 ans, la Meinau retrouve enfin l'ambiance des grands soirs. Et la dernière demi-heure du Racing est resté dans les mémoires : menés 2-0, les Bleus arrachent un match nul mérité et signent leur véritable retour en D1 (2-2).

Match n°1609 : Strasbourg-Nantes, 15 avril 1995
Le FC Nantes (décidément) se présente en leader invaincu. Déjà quasiment assuré du titre il rêve d'une saison sans faux pas. C'est sans compter avec le Racing qui brise les espoirs nantais grâce à Leboeuf et Mostovoi : 2-0.
Avec une dixième place au classement final, le Racing réalise sa meilleure saison depuis 15 ans. Quelques noms prestigieux et des joueurs prometteurs issus du centre de formation laissent espérer de belles saisons.

Match n°1686 : Montpellier-Strasbourg, 26 avril 1997
Tout juste vainqueur de la Coupe de la Ligue, le Racing est encore en course pour la Ligue des Champions au moment de recevoir pour un match décisif le FC Nantes (forcément...). Battu 1-0, Strasbourg se relance tout de même dans la bataille quelques jours plus tard en battant Montpellier 4-1, grâce à un quadruplé de Pascal Nouma.
Finalement les défaites face à Monaco et Paris brisent le rêve de Ligue des Champions mais pas les espoirs pour l'avenir. C'est à ce moment que Patrick Proisy s'installe dans le fauteuil de président.

Match n°2000 : Strasbourg-Toulouse, 23 janvier 2008
... à suivre...


Source : Racing 100 ans, Pierre Perny.