Loïc Damour, l'impatient

Parcours

Loïc Damour est originaire du sud-est du département de l'Oise. Cette plaine boisée au sud de Compiègne relève administrativement de la région Picardie mais est solidement installée dans l'orbite de la région parisienne, dont elle constitue en quelque sorte l'hinterland. L'économie locale est en grande partie basée sur l'industrie de la course hippique puisqu'à proximité immédiate de l'hippodrome de Chantilly on trouve nombre d'éleveurs et, de façon générale, tout ce qui peut vivre autour des compétitions de canassons et des gens qui parient dessus. C'est dans cette mère patrie du Pari Mutuel Urbain qu'un fils de jockey nommé Jacky Duguépéroux a tapé ses premières balles. Comme l'homme a su garder ses réseaux dans la région, le Racing est régulièrement venu y piocher des jeunes talents, Kévin Gameiro et Quentin Othon en tête. Loïc Damour ne fait pas exception à la règle et a été repéré dès les benjamins par celui qui était alors (2002-2004) recruteur en chef pour le centre de formation strasbourgeois. Reçu à 13 ans au concours d'entrée de l'Institut national du football (INF) de Clairefontaine, il signe dès cette époque un accord de non-sollicitation avec le club strasbourgeois.

Le futur strasbourgeois effectue l'intégralité de sa préformation à l'INF tout en évoluant le week-end dans un club de la région parisienne – Boulogne-Billancourt – comme Habid Bellaïd avant lui. Lors de sa troisième et dernière saison comme pensionnaire de Clairefontaine, il intègre les 16 ans nationaux de l'INF et surtout l'équipe de France des moins de 16 ans, dont il devient capitaine. Forcément, un tel statut attire les convoitises et on évoque même l'intérêt de Liverpool ou du Milan AC. Le joueur confesse volontiers les quelques regrets qu'il pu nourrir à cette occasion : « Au début, on se met à rêver et à se dire que je n'aurais pas dû m'engager si tôt avec Strasbourg, mais heureusement il y a des gens autour de moi qui savent recadrer les choses ». C'est donc sans entrain particulier que Loïc Damour rejoint en 2007 le centre de formation du Racing. Il commence par évoluer en 16 ans nationaux avec Jean-Marc Kuentz avant d'être très vite surclassé avec les 18 ans de Claude Fichaux et même en CFA à la fin de la saison. Il est également aligné en coupe Gambardella, aventure conclue sur une défaite en demi-finale contre Rennes (0-1) - match au cours duquel il est expulsé. Parallèlement, le jeune milieu de terrain joue toute la saison avec l'équipe de France des moins de 17 ans qui décroche une place en phase finale du championnat d'Europe. Titulaire indiscutable pendant les qualifications, il se trouve relégué sur le banc par Francis Smerecki lors d'un tournoi que la France perd en finale contre l'Espagne (0-4). Consolation cependant, Loïc Damour signe son premier contrat pro avec le Racing dès avril 2008, moins d'un an après son arrivée au club.

Sa saison 2008/2009

Intégré au sein du groupe pro à la reprise de l'entraînement en 2008, Loïc Damour semble alors avoir la confiance de Jean-Marc Furlan qui l'intègre très fréquemment dans les 16 en début de saison. Il dispute ainsi son premier match en pro dès la 1ère journée contre Montpellier. Deux petites minutes en fin de partie qui en font un des plus jeunes joueurs à avoir porté le maillot du RCS en championnat. Suivent des apparitions à Dijon et Brest pour, là aussi, quelques minutes. Mais le retour de blessure de Renaud Cohade en septembre semble progressivement barrer la route au numéro 26 strasbourgeois. Damour doit ainsi se contenter de matches de CFA et d'une saison de transition avec l'équipe de France des moins de 18 ans, qui ne dispute pas de compétition officielle. Il réapparait en décembre contre Boulogne et Amiens, toujours pour quelques petits instants en fin de match. Voilà qui peut susciter l'impatience et, au mercato d'hiver, on entend bruisser les premières rumeurs de départ, le joueur souhaitant être prêté pour gagner du temps de jeu. L'intérêt d'Aston Villa est un temps évoqué mais reste au stade de la supputation tandis que le Racing oppose une fin de non-recevoir aux envies d'ailleurs de son espoir.

La mauvaise passe de l'équipe au début de l'année 2009 aurait pu offrir à Loïc Damour le temps de jeu tant désiré mais, malheureusement, le joueur est alors handicapé par une vilaine blessure à la cheville qu'il traînera comme un boulet. Cette entorse doublée d'une déchirure ligamentaire le tient écarté des terrains durant les quatre premiers mois de 2009, à l'exception d'un match de CFA fin février contre Saint Geneviève. C'est seulement le 15 avril contre la réserve de Metz qu'il peut durablement retrouver la compétition. Il est alors trop tard pour espérer jouer un rôle dans le sprint final du Racing, surtout avec un Jean-Marc Furlan de plus en plus rétif quand il s'agit d'intégrer de jeunes joueurs. Damour terminera donc la saison avec la CFA, qui assure son maintien confortablement.

Et maintenant ?

L'ascension de Loïc Damour a donc été météorique jusqu'en 2008 avant de connaître quelques coups d'arrêt depuis. Relativement borduré en équipe de France et au Racing, le Picard espère sans nul doute rebondir et évacuer la frustration en 2009/20010. Ca tombe bien car les circonstances y invitent. Côté Racing, le départ, non remplacé pour l'instant, de Renaud Cohade devrait lui laisser de la place à son poste de prédilection, milieu relayeur. Gilbert Gress a annoncé miser sur un groupe restreint et être tout à fait disposé à lancer les jeunes pourvu qu'ils aient le niveau. Damour a donc une belle chance à saisir avec le RCS pour confirmer les nombreux espoirs placés en lui. Coté bleuet, la France a obtenu l'organisation de la phase finale du championnat d'Europe 2010 des moins de 19 ans, pour lequel elle est donc automatiquement qualifiée. La génération 1991 conduite par Francis Smerecki a donc une carte à jouer, d'autant plus que ce championnat d'Europe sera qualificatif pour la coupe du monde 2011 des moins de 20 ans en Colombie.

Pour franchir ces étapes, Loïc Damour devra faire preuve d'abnégation. Le talent, dans son cas, ne pose aucun problème. Les observateurs sont unanimes pour saluer la finesse de sa technique et sa lucidité dans le jeu. Reste à exploiter au mieux ces qualités au sein d'un collectif, ce qui est souvent le plus difficile pour des joueurs naturellement doués. L'impatience légitime devra ici être mâtinée d'un peu de sagesse, car la dernière marche est bien souvent la plus dure à franchir pour un jeune joueur qui aspire à une carrière pro.

Sources

« Un espoir en bleu », article de Stéphane Heili publié sur le site de la Ligue d'Alsace le 27 septembre 2007.

« L'homme du futur », article publié sur le site de la Ligue d'Alsace le 2 juin 2008.