« Personne ne doit venir gagner à Furiani ! »

(racingstub.com) Lanterne rouge de Ligue 2 l'an passé et relégué en National, est-ce que les cicatrices ont été refermées du côté de Bastia ?
Banditu : Il faut du temps pour que les cicatrices se referment. Il y a surtout un sentiment d'énorme gâchis qui prédomine. Parce que lorsqu'on finit 6e ou 7e en ne prenant en compte que les matches retour, on peut dire que c'est du gâchis. Si l'équipe alignée en deuxième partie de saison était présente au début, nous aurions été bien plus haut, et sans prétention aucune, peut-être en Ligue 1. L'engouement populaire que la fin de saison a engendré était tout simplement exceptionnel. 9 000 spectateurs pour le match contre Vannes le 4 Mai dernier, alors que la moyenne annuelle était de 2 000 spectateurs, on peut dire que la survie du Sporting a concerné énormément de monde. Mais avec un tel début de saison et avec des dirigeants qui n'ont pas voulu recruter alors que le groupe avait subi la perte de neuf joueurs (fin de contrat ou vente), il était très difficile de revenir de là où nous étions. Les anciens dirigeants en sont les principaux et je dirais même, les uniques responsables.

Comment peut-on qualifier l'intersaison : plutôt calme ou plutôt agitée ?
L'intersaison a été très agitée avec la rétrogradation en CFA prononcée à deux reprises par la DNCG. Considérant que la première était peut-être juste, le passage en appel était une véritable honte et une mascarade d'un haut niveau. En effet, en première instance la DNCG demande au club de se présenter avec des garanties financières pour combler le déficit de 1,2 M€ car les ventes de joueurs prévues n'étaient pas encore actées.
La seule solution pour le club a été de solliciter les collectivités locales : la région a débloqué 800 000 €, le département 150 000 €, la communauté d'agglomération 150 000 € et enfin celle-ci a également fait l'acquisition du centre de formation pour 1,1 M€ environ. On voit bien là que le déficit a largement été comblé, le club se trouvant même avec un excédent de trésorerie en fin d'exercice si ce budget était adopté par la DNCG. Le coup de théâtre est intervenu lorsque la DNCG confirme une deuxième fois la rétrogradation administrative, celle-ci remettant en doute le vote des élus de la région ainsi que l'acte de vente du centre de formation. La DNCG semble être très mal informée dans le domaine du droit, car dès qu'une subvention exceptionnelle est votée (c'était le cas pour celle de la région), elle est exécutoire instantanément. Cet organe pensait simplement que le contrôle de légalité exercé par le préfet allait annuler ce vote de la subvention. Or, le vote est exécutoire et le préfet dispose de deux mois pour annuler ce vote si un quelconque problème subsiste, ce qui n'était pas le cas.
Le CNOSF a donc conseillé au conseil fédéral de réintégrer le Sporting en National, ce qui a été fait. Cela avait surtout pour but de ralentir la préparation du groupe, le mercato et tout le reste.
Ce que la DNCG ne sait pas, c'est que cela a encore encore plus soudé le club, ses supporters et les joueurs.
A titre d'exemple, nous avions 1000 abonnés l'an passé en Ligue 2, nous en sommes à 1500 à ce jour, alors que la campagne n'est pas encore clôturée.

Après quatre matchs, le SCB est toujours invaincu et pointe dans le haut du tableau. Qu'en est-il ressorti de ces quatre parties ? Est-on confiant pour la suite ?
La confiance ne peut venir qu'en engendrant des points. Au niveau comptable, ce n'est pas mal du tout, surtout au vu de la préparation un peu tronquée. Au niveau du terrain, la défense est très solide avec un seul but encaissé. Pourtant, celle-ci a changé à 75% vu que Féthi Harek, l'arrière gauche, est le seul rescapé de Ligue 2. Pour le reste, l'équipe a du mal à concrétiser ses occasions et on compte trois buts. Mais quand Suarez et El Azzouzi seront plus affûtés physiquement, je pense que cela ira mieux. Le milieu doit également fournir plus d'efforts pour mettre les attaquants dans des situations plus avantageuses. Mais en tout état de cause, les joueurs se battent sur le terrain et ça fait plutôt plaisir à voir malgré le match contre Rouen où le niveau a été un peu trop faible.
N'oublions pas non plus les deux qualifications en Coupe de la Ligue et à l'extérieur qui plus est, à Angers et Amiens. Le SCB se déplacera une nouvelle fois en 1/16e de finale, cette fois-ci à Sochaux (merci Thiriez).

Depuis le début de saison, c'est Frédéric Hantz qui est aux commandes du club corse. Quel premier avis peux-tu émettre au sujet de son travail ? Est-il l'homme de la situation pour faire remonter le club ?
Nous avons eu la chance de convaincre cet entraîneur. Il est venu alors qu'il aurait très bien pu trouver un club de Ligue 1 ou Ligue 2. Personnellement je trouve qu'il peut être l'homme de la situation, en tout cas il communique beaucoup avec l'ensemble de ses joueurs. Il a compris les attentes des supporters, a recruté les joueurs qu'ils voulaient car les dirigeants ont fait des efforts dans ce sens. Il aurait aimé recruter un défenseur d'expérience, malheureusement les finances ne l'ont pas permis, le club n'ayant pas réussi à dégraisser.

Les supporters semblent être plus présents à Furiani que l'an passé. Pourquoi ? Cette descente en National a-t-elle resserré les liens ?
Comme je le disais plus haut, les liens ont été resserrés grâce à cette épisode de la DNCG. De ce côté-là on peut dire "merci la Ligue". Tout le monde s'est mobilisé : les élus, les supporters, les Corses exilés sur le continent, les dirigeants et les joueurs.
Le club en est ressorti renforcé mais cela n'est pas une fin en soi, il faut continuer à ressouder les liens entre le club et ses supporters. Il faudra comprendre une bonne fois pour toute que se couper de ses supporters est la pire chose qui soit arrivée à ce club. On ne peut pas d'un côté faire le jeu de la Ligue et de l'autre prôner l'union sacrée.
Mais depuis la mise en place d'une nouvelle équipe dirigeante en décembre 2009, les conditions semblent requises, grosso modo, pour que cette union puisse s'exercer normalement.
En fin de saison dernière, alors que le club était relégué, une réunion de supporters a été organisée pour dégager des pistes de réflexion pour mener le club au renouveau, celle-ci a tout de même réuni plus de 500 personnes, ce qui représente 25 % de l'affluence moyenne annuelle au stade, ce qui est assez énorme. De plus, des réunions se tiennent avec les dirigeants régulièrement, ce qui n'est pas pour déplaire aux supporters, qui réclament toujours plus de transparence.
Pour continuer sur le domaine de l'union sacrée, il faut savoir que les supporters se déplaceront en masse à Cannes lors de la prochaine journée, un avion ayant été affrété spécialement par le club et les supporters. D'une capacité de 186 places, il a été rempli en même pas deux jours (les supporters se déplaceront dans le même avion que les joueurs et les dirigeants), et il y a déjà une file d'attente conséquente, sans compter les Corses qui feront le déplacement des quatre coins de France et ceux faisant la traversée en bateau.

Depuis le début du championnat, on parle beaucoup du défenseur central bastiais, Maka Mary. Révélation ou pas ?
Je ne le connaissais pas beaucoup personnellement. C'est un véritable roc et pour l'heure il ressort du lot. Mais là encore, il faudra attendre un peu pour parler de révélation. De toute manière, la seule révélation qui puisse y avoir, c'est le groupe lui-même. Mais c'est vrai que pour l'heure, il a réalisé d'excellentes prestations, il fait penser à Frédéric Mendy.

Sur le front de l'attaque, c'est David Suarez qui semble être la figure de proue. Pas mal pour le National, non ?
Oui, c'est un joli coup réalisé par Hantz et les dirigeants. C'est un joueur qui n'a pas joué l'an passé à Sedan et qui a une soif de revanche. Il pèse beaucoup sur les défenses ce qui laisse de l'espace pour les autres attaquants. Maintenant, il doit encore travailler physiquement pour pouvoir tenir tout un match. Il a d'ailleurs ouvert son compteur but la semaine dernière à Bayonne (victoire 2-1) ce qui lui donnera encore plus confiance, je l'espère.

Ce samedi, le Sporting accueille le Racing, autre grand perdant de la saison passée. Comment aborde-t-on cette partie ?
Les matchs seront tous abordés sereinement, simplement parce qu'à Furiani, personne ne doit pouvoir venir y gagner. Les supporters sont gonflés à bloc, sûrement que les joueurs également. Aux joueurs de se battre, de tout donner, et surtout de se faire respecter. Le reste suivra, naturellement.
Bien sûr, la décision de la DNCG de ne pas homologuer les six contrats strasbourgeois a renforcé la motivation.

Le Racing continue à patauger dans la boue avec toujours aucune victoire au compteur et traîne ses éternels problèmes administratifs (seulement 14 joueurs professionnels au sein de l'effectif). Est-ce que ça facilitera la tâche des Bastiais et crois-tu que les joueurs alsaciens sont atteints ?
Il y a deux cas de figure : où les joueurs seront totalement démobilisés ou ils auront un esprit de revanche vis-à-vis de cette DNCG. Tout le monde donne le RCS comme mort, mais je pense qu'ils auront à coeur de bien faire. Le Sporting se doit de faire douter encore plus ce club et de le reléguer à huit points avec un match en plus de joué.

Les récents Bastia-Strasbourg ont toujours été accrochés, tu le sens comment le match ? Et quel est ton pronostic ?
On espère une victoire la plus large possible et pour l'heure qu'importe la manière, il faut vaincre sur ses terres. Pas de pronostic particulier.
Il y aura aussi plusieurs inconnues : l'état de forme des joueurs alsaciens, leur état mental, la volonté et la motivation des Bastiais. Et surtout la principale inconnue demeure la présence ou pas de Boubacar Kébé, notre idole qui nous manque tant.
Qu'aura t-il trouvé comme excuse cette fois-ci pour ne pas faire le déplacement ?

Remerciements au toujours excellent Banditu ! Retrouvez-le très vite sur ForzaBastia !