Trop bon pour être Beauvais

Liste des exploits

Pour certains d'entre vous, Beauvais, c'est aussi une équipe de football, L'un des pensionnaires acclimatés aux joutes de la Ligue 2, faisant partie de cette longue liste de clubs anonymes, au même titre que les Niort, Laval, ou Créteil qui polluaient les pages de l'Equipe le dimanche matin de par leurs résultats insipides. En 1985, Beauvais atteint le plus haut niveau de son histoire, la division 2. Quinze ans, une guerre froide, un Tchernobyl, et quelques septennats plus tard, Beauvais est toujours la. Tranquille. Inébranlable. En ligue 2.

Beauvais est à la fois trop près de Paris, et de son encombrant voisin amiénois. Un club qui se complaît dans l'anonymat, dont il ne sort qu'a l'occasion de -très rares - exploits. Il ne peut y avoir qu'un club populaire en Picardie, et il ne se trouve pas dans l'Oise. Petite parenthèse : pour tout picard, Strasbourg évoque évidemment 2001, la coupe de France. Une bien mauvaise soirée pour eux.. Le seul bon souvenir c'est José Luis Chilavert. Mine de rien, il en a décomplexé pas mal lui, a jouer en Ligue 1 avec un physique de joueur de district.

Le palmarès de l'AS Beauvais Oise est aussi mince qu'un string sur une plage en été : finaliste de la Coupe Gambardella en 1989 contre l'équipe du Havre de Christophe Revault, et titre (ô combien convoité par le RCS cette année !) de champion de National en 2000. Cela ne remplit pas une vitrine, mais c'est toujours mieux que Schiltigheim. Au royaume du palmarès discount, l'ASBO est roi.

Les plus anciens d'entre vous se rappelleront peut-être de l'épopée de 1988 en Coupe de France, la réception du grand Bordeaux, la panenka ratée d'Eric Cantona, atterrissant dans une flaque d'eau alors que le gardien Eddy Caullery était battu. Longtemps cette image a fait partie des best of Téléfoot. Notre parcours s'était achevé contre l'équipe d'Auxerre, déjà entrainé par le "jeune" (a l'époque) Guy Roux en quart de finale. Le meilleur résultat de l'histoire du club beauvaisien. Une broutille.
Autre fait d'armes moins connu : le match Beauvais – Guingamp: premier, et à l'heure actuelle, seul match de l'ère professionnelle en France arrêté suite a l'expulsion de quatre joueurs, côté beauvaisien.

Enfin, pour les inconditionnels de France Football sachez qu'à un moment donné en 1998, on avait envisagé d'en faire le club résident du Stade de France. Ça aurait eu de la gueule, Beauvais au Stade de France.

Aucun grand joueur de football n'est né ou n'a joué a Beauvais. Ils ont juste la fierté d'avoir été entrainé par deux des entraineurs les plus emblématiques des dix dernières années, Vahid Halilhodzic (à ses débuts), et Bruno Metsu (quart de finaliste du Mondial 2002 avec le Sénégal). A l'époque, croyez le, ca gueulait sur le banc de touche. Beauvais, c'était aussi il y a quelques années une attaque Steve Savidan – Grégory Thil. Malheureusement, a l'époque, elle était loin de nous faire rêver. Cette paire de buteurs envierait même le rendement de David Ledy. C'était plutôt Savidan qui rendait cardiaque en ces temps là.

Niveau exploits, c'est à peu près tout. On aimerait énumérer des épopées en Coupe de France, des scandales dévoilés, des supporters déchaînés, mais malheureusement ici rien de tout cela.

L'histoire récente

Saison 2001 – 2002, février: le club pointe au premier rang de Ligue 2, et entrevoit pour la première fois de son histoire l'accession en Ligue 1. Trois mois plus tard, Beauvais finit septième de ligue2. Construction de nouvelles tribunes, d'un nouveau stade, tout le monde y a cru. Trop vite, trop fort. C'était sans compter sur les pouvoirs publics locaux qui ont volontairement freiné des deux pieds. On ne passe pas du statut de nain a celui de géant comme cela. Istres, et Arles l'ont appris à leurs dépends.

Tout s'enchaîne. Beauvais est relégué la saison suivante en National, puis en CFA. Terrible descente aux enfers, d'un club passé en deux ans de la joie de pouvoir affronter le grand PSG, a celui de devoir affronter (et de perdre!) contre sa réserve. LA DNCG se rappelle au bon souvenir de Beauvais, et le dépôt de bilan est évité de justesse. Dans cette période troublée, les destinées de Beauvais et du Strasbourg actuel n'ont jamais paru aussi semblables. On ne partage pas les même couleurs, mais on partage les même ennuis.

En National, le stade Pierre Brisson et ses 10 500 places semble bien vide et désert puisque 1500 spectateurs en moyenne y prennent place seulement. Les mauvaises langues disent que le club subit la concurrence du volley-ball... Pour ceux qui se déplaceraient, le stade se trouve entre le Décathlon et la sortie d'autoroute A16, pas loin du camp de gitans. Bienvenue a Beauvais. L'ambiance y est assurée par le Club des Supporters, les Salamandres, qui tentent d'assurer un habillage sonore. Les soirs de match parfois, on compte presque autant de gens devant la buvette, qu'en tribune ou sur les talus derrière les buts. C'est l'esprit Flunch du National.

Depuis, le club tente lentement de repartir de l'avant : l'an dernier, Beauvais est longtemps resté dans le wagon de tête, en dépit d' une deuxième partie de saison ratée, la faute selon moi au départ du meilleur buteur Brice Jovial en Ligue 2, parti faire le bonheur du Havre. L'objectif cette année est de s'installer dans le haut du tableau, en espérant que... Les dirigeants se sont donnés trois ans pour remonter en Ligue 2.

L'an dernier, Beauvais a tout de même atteint les huitièmes de la Coupe de France contre Sochaux. On commence a se dire que quelque chose peut se déclencher, la ferveur commence a monter. Le score tombe : 4-1 pour les Lionceaux, le soufflé retombe, les Beauvaisiens peuvent vaquer a leurs activités. Ouf, dites moi, on a cru qu'on allait enfin s'enflammer a Beauvais.

Cette saison

A ma grande surprise, le nom de Beauvais n'était jamais mentionné dans les favoris pour l'accession en Ligue 2 au début de cette saison. Pourtant, c'est l'un des clubs les plus expérimentés a ce niveau en national, possédant les infrastructures pour monter.
Cette année, Beauvais a curieusement enchaîné les résultats intéressants a l'extérieur, victoire a Créteil par exemple, sans parvenir a s'imposer a domicile, et occupe actuellement une position dans le haut du classement. Il est difficile a l'heure actuelle de juger des réelles capacités du collectif beauvaisien. En effet, le début de saison a été relativement clément en terme d'opposition, puisque Beauvais n'a rencontré aucun des trois relégués. Néanmoins, les premières rencontres montrent que le onze picard est davantage a l'aise a l'extérieur qu'à domicile, où la première victoire se fait toujours attendre.

Autant dire qu'entre une équipe de Strasbourg qui ne parvient plus à gagner a l'extérieur, et une équipe de Beauvais qui ne parvient pas à gagner a domicile, les bookmakers avisés auront vite fait de miser sur un nul. Autre constante entre les deux clubs : les points perdus en fin de match. Contre Alfortville, le club normand réduit à neuf parvient a égaliser en fin de match. Contre Rouen, samedi dernier, le but de l'égalisation intervient a la 95'. Moralité de l'histoire: un Normand ça trompe énormément.

Le match contre Strasbourg revêt une réelle importance: d'un il permettra de se jauger contre l'un des prétendants naturels a la montée, et de deux une victoire permettrait au club de se positionner dans le haut du tableau. Pour donner enfin au club la possibilité de prendre son envol.