Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

USR - RCS, côté tribunes

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Côté tribunes
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25 mai 2013, Raon-L'Etape, Stade Paul Gasser : il ne se passe rien. - 2 juin 2013, Epinal, Stade de la Colombière, 18h25 : Le Racing vient d'accéder au National. Retour sur un après-midi historique.

Le jour le plus long


Comme toute opération commando qui se doit, un match crucial pour une montée au troisième échelon national se prépare en amont. Visiblement, Raon-L'Etape a négligé ce point... Résultat : opération montée repoussée d'une semaine, changement de lieu de débarquement et mesures de sécurité maximales sur place.

C'est donc la commune d'Épinal, plus footballistiquement connue pour son club local le SAS Épinal, jusqu'alors pensionnaire de National et à ce jour dans l'ascenseur du CFA, qui accepte d'accueillir la rencontre opposant l'US Raon, premier du groupe B de CFA, à son dauphin le Racing Club de Strasbourg.

Sur demande des autorités locale, le match classé à "haut risque" doit se jouer sur un terrain neutre, avec un nombre de places équitablement réparti entre les adversaires, et sous bonne surveillance policière.
Dans la pratique, les Raonnais auront tout de même la chance de jouer dans leur département mais il faut avouer qu'au niveau du public Raon ne jouait clairement pas à domicile. Les 2800 places réservées aux Strasbourgeois sont parties en moins de huit heures. De leur côté, les Raonnais gardaient un millier de places invendues... et encore, un bon nombre de celles vendues l'ont été à des Alsaciens.

Bref, passons.

Course d'orientation Vosgienne


Après un trajet relativement calme, c'est en arrivant à Épinal que nous croisons les premiers supporters tout de bleu vêtus. Il est donc assez facile de s'orienter pour trouver la rue du stade et des places de parking à proximité.

A 14h45, les grilles s'ouvrent, laissant entrer la cinquantaine de Strasbourgeois déjà présents. Quelques Raonnais occupent déjà la tribune d'honneur. Sur le parking, un bus arrivant de Raon dépose ses occupants avant de se rendre compte de son erreur, les rechargeant et repartant pour l'autre entrée. Juste le temps d'admirer la magnifique perruque bleu-blanc-rouge d'un supporter local.
Une voiture immatriculée 88 arborant un drapeau du Racing sur la plage arrière déposera trois passagers Strasbourgeois tandis que son chauffeur à l'écharpe Raonnaise prendra lui aussi la direction de la tribune d'honneur. Alors que les premiers bus Strasbourgeois approchent et se garent à l'arrière du stade, la tribune Paysagère se rempli et à près de 45 minutes du coup d'envoi elle est déjà couverte de bleu et de blanc. Petit à petit, la tribune réservée aux associations se colore à son tour. La tribune d'honneur, elle, mettra plus longtemps à se garnir.

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Tribune réservée aux associations de supporters du RCS

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La tribune Paysagère, côté gauche proximité avec les associations, côté droit proximité avec la tribune d'honneur

L'heure avançant, l'ambiance commence à monter et de premiers chants se font entendre. Dans cet avant match, les tubes s'intitulent "Mais ils sont où les Raonnais ?", "Paysans, paysans", "Raon, Raon, bucherons" pour la tribune paysagère, "Allez Racing, tes supporters sont là" pour la tribune "Associations", et "Strasbourg on t'encule" pour l'extrémité gauche de la tribune d'honneur. Une paire de fesses bien pâles sera d'ailleurs fièrement dégainée par un Vosgien présent à cet endroit.

Du côté Strasbourgeois, ce début illustre bien la philosophie des tribunes au cours du match avec une tribune Associations présente pour encourager du début à la fin, tandis que la Paysagère se veut plus provocatrice.


Une première mi-temps d'enfer


A l'entrée des joueurs, les deux tribunes Strasbourgeoises s'unissent pour chanter ensemble.

Côté Associations, tous regroupés derrière l'énorme bâche "Racing Club de Strasbourg 1906" habituellement en haut du quart de virage, les présents procèdent à un jet de papiers digne de carnaval, avec un excellent rendu. La banderole déjà vue à la Meinau contre Paris "Vous n'êtes pas 11... mais des milliers !" est ressortie pour l'occasion.

A l'extrémité gauche de la paysagère, la bâche PG06 et des banderoles "Supporter Strasbourg n'est pas un crime". Le groupe propose un lâcher de ballons bleus et blancs qui, surfant sur le vent, traverseront la pelouse. En tribune d'honneur, on ose des "Allez Raon" étouffés par les quelques Strasbourgeois présents dans cette zone, dont le CCS.

Cette mixité posera toutefois problème en début de match, puisqu'un jeune Vosgien en viendra aux mains avec un Alsacien. Le jeune homme sera rapidement repêché par les CRS qui l'accompagneront à la sortie sous les Auf Wiedersehen de la partie droite de la Paysagère. Après cela, on n'entendra plus les "supporters" Raonnais.

La tribune accueillant les associations étant séparée de la Paysagère par deux grillages espacés de plusieurs mètres, ainsi que par l'étendue de la zone réservée aux supporters, il est difficile d'obtenir une ambiance et des chants homogènes. Malgré quelques tentatives, l'idée sera rapidement abandonnée.

Parmi les chants entendus, "Mais ils sont où les Raonnais" sera suivi d'un "On est chez nous" repris par les 2800 Strasbourgeois présents. En effet, si du côté des associations la règle d'or était d'être debout et de chanter, il est plus surprenant de voir assez régulièrement la tribune paysagère debout taper dans les mains et chanter. Mieux encore, voyant qu'il était difficile de suivre les chants des UB, certains chants lancés spontanément sont repris par l'ensemble de la zone.

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Après une vingtaine de minutes de jeu, les Ultras déploient une banderole portant la mention "Le football est un sport simple, rendu compliqué par les gens qui n'y connaissent rien ! B. Shankly" en référence à l'organisation, précédée d'un petit clin d'oeil aux déclarations de l'entraîneur Raonnais "Sechet, nous sommes des casseurs d'oreilles". Ce message sera accompagné d'un puissant STRAS-BOUR-GEOIS en canon entre les deux tribunes.
Autre réussite vocale, le "Aux armes" résonnera dans toute la cité Spinalienne. A noter également l'interprétation de "vive le vent" qui fera un retour surprenant à cette période de l'année, référence aux sapins ?

Mais la tension du match reste palpable, peu à peu la Paysagère baisse de volume et se concentre sur le jeu. Après 40 minutes d'incertitude, Jean-Philippe Sabo lancé sur le côté gauche par Perrin centre pour Benedick qui du bout des crampons pousse la balle dans le but. La Colombière explose, c'est un premier cri de joie et de soulagement que pousse le public Alsacien. La route du National est ouverte.

Sur les cinq dernières minutes de la période, les chants repartiront de plus belle dans les deux tribunes, jusqu'au coup de sifflet de l'arbitre. Les rouges et blanc sortent sous les applaudissements d'un public acquis à sa cause.

Le temps pour chacun de souffler, de se désaltérer, mais aussi de perfectionner son bronzage. Seul regret : pas de bière à la Colombière.


Gardez les pieds sur terre !


Au retour des vestiaires, les chants ont du mal à décoller. L'ouverture du score a certes soulagé les supporters, mais également suscité des inquiétudes. 1-0, trop peu pour déjà se projeter en National... Raon est désormais obligé d'aller de l'avant. Et s'ils égalisaient à la dernière minute ? Tous les scénarios se lisent sur les lèvres des spectateurs. Certains osent même imaginer l'entrée d'un David Ledy qui délivrerait les Alsaciens.

En même temps que l'intensité du match, les chants s'élèvent à nouveau en tribune. Afin de remobiliser tout le monde, les Ultras lancent un "Quand le virage se met à chanter" qui fonctionnera à la perfection. Mais l'ambiance va peu à peu suivre la courbe du match des Strasbourgeois, qui en cette seconde période se font malmener.

Après quelques actions chaudes, et alors que les Racingmen perdent le ballon après moins de 10 secondes de possession, l'arbitre accorde un coup franc auquel peu de gens croient. Et pourtant, contre le cours du jeu, Brian Amofa se trouvera oublié dans la surface, seul face au gardien, plaçant sa tête et envoyant le Racing sur orbite nationale. Une seconde fois, les tribunes sauteront et chanteront en liesse.

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Quelques minutes plus tard, François Keller fera entrer David Ledy, sous les acclamations de la Mei... pardon, des tribunes Alsaciennes. Comme à leur habitude, les Ultras Boys lanceront le traditionnel "Qui est là ?" David Ledy Ledy Ledy... La Paysagère se contentera d'applaudir.

En seconde mi-temps, on notera également un tendu d'écharpes par les deux tribunes accompagné du chant habituel.

Le temps s'écoule, malgré quelques assauts Vosgiens la défense du Racing tient bon et Guillaume Gauclin dégage toujours autant de sérénité. Ça commence à sentir bon, et l'ambiance est plus détendue.

Autour du terrain, le dispositif de sécurité se met en place. D'abord, les stadiers du Racing se placent de l'autre coté des grilles sur la piste d'athlétisme. Après quelques sifflets, ils se trouveront gentiment chambré par des "vous êtes pas assez !". On a parlé un peu trop vite... les CRS eurent la bonne idée de les rejoindre. Là aussi, des sifflets (un peu plus insistants), suivis de "zéro, zéro zéro", "CRS avec nous" et enfin "vous êtes pas assez". Ce qui au début aurait pu passer pour une provocation a été tourné en dérision, et c'est tant mieux !

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Même pas peur...

A la 87e minute, Ledy, frais comme un gardon, récupère un ballon en profondeur, part seul au but, les tribunes se lèvent, des cris se font entendre, il attend le dernier moment, ouvre son pied et gagne son face à face inscrivant l'ultime but de la saison sous l'explosion de joie des supporters !

Ambiance coupe du monde en tribune ! Et un, et deux, et trois zéro ! Pour la première fois, le chant "on est en National" se fait entendre. Ni Ledy, ni le kop, ni même les spectateurs Raonnais n'auront le temps de réaliser le score que déjà, sur une superbe frappe de l'entrée de la surface, Ketlas réduit la marque.

3-1 à la 89e, c'est bon, easy se dit-on. La joie est toujours présente côté Racing. L'arbitre fera toutefois signe qu'il accorde 4 minutes de temps additionnel. Les plus sceptiques craindront le pire...
La suite, on la connait. Sur une nouvelle déferlante Vosgienne, Gauthier Pinaud agrippe la manche de Simsek qui saisira parfaitement l'occasion d'obtenir un penalty. Le scénario cauchemar semble se mettre en place et le spectre d'un nouvel échec à la dernière journée fait son apparition dans les tribunes. Après quelques encouragements à Gauclin, les 2800 Strasbourgeois siffleront Hamzaoui mais rien n'y fera : Raon 2, Strasbourg 3. Il reste deux minutes à jouer.

Le match prend une tournure complètement folle, les joueurs des deux camps courent dans tous les sens, comme ce joueur qui tentera de subtiliser le ballon à Sikimic pour accélérer l'engagement, sans réussite. Les Vosgiens, pourtant réduits à 10 suite à la sortie sur blessure de Loïc Demangeon sont revigorés par les deux buts inscrits. Le ballon sort du terrain, et est aussi vite remis en jeu.

La tension atteint son paroxysme. Les chants laissent place à des "Allez !" "Ouf !" "Pu... !" et autres sifflets. Sur une dernière attaque, le Vosgien porteur du ballon dévisse sa frappe qui s'envole dans les nuages, sous les applaudissements des tribunes Strasbourgeoises. Milovan Sikimic fait signe à Guillaume Gauclin de balancer en touche pour conclure...

Et enfin, enfin ! M. Rouinsard siffle la fin du match, libérant la "moitié" du stade. Les joueurs et le banc se jettent sur le terrain, tandis que les Vosgiens sont à terre. En moins d'une heure de jeu, ils viennent de perdre le championnat.

En Paysagère comme côté associations, les poings en l'air, écharpes tendues et cris de joie s'élèvent. Certains lèvent la tête en direction du soleil, qui comme un signe du destin avait refait ce jour là son apparition après tant de semaines d'absence.

Après l'humiliation et la tristesse du dépôt de bilan, après deux années de galère dans cet enfer amateur, le Racing retrouve la lumière et lave l'affront de l'ère Londonienne. Retour à la case départ, écrira plus tard Stéphane Godin.


Troisième mi-temps au Paradis


Au lendemain de cette victoire, François Keller déclara que ses premières pensées allèrent aux joueurs Raonnais.
Dans les minutes qui suivirent la fin du match, alors que les Strasbourgeois jubilaient et que les supporters locaux pointaient du doigt Jeremie Bahloul, le speaker Spinalien eut également une pensée pour Raon-L'Etape. Ainsi, à la surprise générale, il se mit à chanter au micro du stade "Merci Raon, merci Raon, merciiii", immédiatement suivi par toute la tribune Paysagère qui n'attendait que cela !
Côté associations, on se contentera d'un plus sobre "merci les bleus".

La blague ayant du mal à passer chez les voisins Raonnais, ceux-ci se mirent à jeter des bouteilles, provoquant la colère du dit speaker. Voilà pour le folklore montagnard. Speaker totalement décrédibilisé puisque sa dernière tentative visant à faire descendre les Strasbourgeois des grilles aura pour réponse 2800 "On est chez nous !".

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Moment de communion entre les joueurs et leurs supporters

Les joueurs eux, font des allers-retours entre les deux tribunes Strasbourgeoises, laissant ci et là leurs maillots, serrant des mains, écoutant la ferveur populaire et les chants de passion et de remerciement. Chaque joueur ou personnalité s'approchant des grilles sera célébrée.

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Merci les bleus !

Il est déjà temps de quitter le stade de la Colombière avec des souvenirs plein la tête. Chaque voiture bloquée dans les embouteillages en attendant de sortir de la cité participera au concours de klaxon, souvent avec la complicité de quelques 88 se prêtant au jeu et saluant le retour du Racing à un niveau qu'il n'aurait du quitter que dans le sens de la montée.

Ces images d'Épinal resteront gravées dans les mémoires de chacun. Ce 2 juin 2013, comme à Montpellier et Châteauroux, il y a eu des larmes. Mais pour la première fois, c'était des larmes de joie.

axis

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