Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Souvenirs pas du tout objectifs

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Par kaniber68
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© fsrcs

A la recherche de Roland...

Quand j’ai appris qu’ils viendraient ce samedi-là au « 1906 », le local de la Fédération des supporters du Racing, ma Meteor n’a fait qu’un tour. Dix heures pétantes comme convenu, me v’là devant le local, venu du trou de Bâle où on ne rigole pas avec les horaires. La journée menace d’être longue et le chef Greg distribue le boulot comme à la cantonade. Je coupe quelques baguettes pour les sandwichs et porte quelques packs de bibine. Pas de quoi fouetter une crème Chantilly. Pour les ceusses qui ne comprendraient pas les mots « chaleureux » et « vraiment sympa », qu’ils aillent donc faire un tour au « 1906 ». On en ressort un peu blindé, mais guéri.

Gress antique

17h30 ! Ils arrivent dans le bus officiel du Racing. Juste au moment où le ciel nous balance une drache d’anthologie qui s’abat sur la tente du pasteur. Bien fait, fallait pas scotcher le message biblique qui nous avait de toute façon promis le déluge. Et ils s’installent à des tables et sur des bancs, comme à la Fête des pompiers de Kintzheim. La tente explose de monde, les téléphones crépitent et les saucisses prennent l’eau. Ils arrivent et ils s’installent… mais qui ?

En quarantaine

Le « 1906 » a soudainement changé de nom. Il s’appelle le « 1979 » et j’me dis qu’il a fallu 73 années pour devenir Champion de France. Car les « qui » sont bien là, sous la tente et sous la pluie. Ces gars qui, il y a 40 piges, nous ont fait grimper sur la plus haute marche du football de la France de l’intérieur. Alors, j’me démène pour me faire une place dans la cohue. Sous le bras, un vieux bouquin de Christian Vella, « Allez Strasbourg ! », que j’ai retrouvé dans le grenier, avec dans ses pages les portraits et les photos de mes héros. J’ai seize ans et je chasse les autographes.

Roger, Joël, les Jacky…


Je reconnais de suite Roger Jouve, toujours aussi stylé. A ces côtés, Jean-Jacques Marx, alias Django, avec ses airs de poète. Joël Tanter, le « diable », et Albert Gemmrich, « le Albert », ferment le banc. Mais ces deux-là, on les croise souvent à la Meinau. Tout comme Léonard Specht, l’incontournable « Léon », avec auprès de lui Jacques Vergnes que je n’ai pas reconnu. Et puis Patrick Ottmann, la doublure de Dominique Dropsy, que j’avais oublié comme certains autres. Qu’ils ne m’en veuillent pas. Mais je le cherche toujours, mon joueur préféré de l’époque, avec ses longs cheveux et sa dégaine Bundesliga, ce type qui nous a claqué deux buts historiques lors du match du titre à Lyon. Où est-il ?

Et les autres !

A la deuxième table, du gratin ! Arsène Wenger, pas vraiment cool sous la pluie qui coule, Raymond Domenech, heureux wie Gott in Frankreich, Jacky Duguépéroux, toujours aussi énigmatique, Yves Erlacher, le BG de l’époque qui a gardé de beaux restes, René Deutschmann, le couteau suisse de Gress. Tiens, il n’a pas eu envie de venir, lui ? Entre temps, j’ai croisé le regard de Jacques Novi, taureau ombrageux…mais je n’ai malheureusement pas trouvé Francis Piasecki, mon deuxième joueur préféré de l’époque. Je cherche toujours le premier, quand un vieux dans mon genre me dit : « Roland Wagner ? Ben il est juste là ! »

« Roland, vous étiez un grand joueur ! »

Et ben oui ! Je l’ai raté ! Comment aurais-je pu le reconnaître avec son glatzkopf ? Il est là dans son costard gris et je me rends compte que je suis aussi chauve que lui. J’ai l’impression de le connaître depuis toujours, un peu plus et on va manger une flambée ensemble. Je l’interroge sur son après carrière, ce gars si doué, si simple, au foot si naturel et spontané, efficace à un tel point que l’Equipe de France l’a appelé dans ses rangs. Une mauvaise blessure contre les Etats-Unis, des mauvaises saisons qui s’enchaînent. Alors, je lui dis : « Vous avez fait quoi après ? » Et il me répond : « Ben, j’suis rentré à Drusenheim ! »

D’Arsène à Roland, il y a un monde. Et ce monde était là, vieilli certes, mais heureux d’être là. Le foot sait être cruel. Mais il sait aussi rassembler. Ceux qui ont réussi, d’autres moins. Les vieux nostalgiques et les jeunes qui ne voient que la saison prochaine. Comme le Mur bleu. Comme tous ces gens, ravis et joyeux en cette fin d’après-midi au « 1906 ». C’était bien et c’est bien. Allez Racing !

kaniber68

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