Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Gerzino Nyamsi, déménageur breton

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Transferts
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Par athor
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Dans sa longue quête de renforts défensifs, le Racing a accéléré dans les derniers jours du mois d’août, en engageant Maxime Le Marchand puis Gerzino Nyamsi. L’ancien joueur de Julien Stéphan à Rennes débarque en Alsace avec une réputation de joueur solide physiquement, mais le Breton possède d’autres qualités encore.

Pour le Racing, le (trop) long mercato estival s’est quasiment résumé à une seule vraie problématique : reconstruire un secteur défensif entier. Après s’être séparé d’une grande partie de ses forces vives, et moins vives, à l’arrière, le club avait lancé son chantier avec le latéral droit Karol Fila avant de multiplier les approches avec des joueurs spécialistes de l’axe. Le marché des transferts de cette année 2021 étant largement ralenti par la situation financière des clubs, les transactions ont été peu nombreuses avant les derniers jours du mois d’août. Ainsi, après avoir dû bricoler pour remplir le haut de ses feuilles de match, Julien Stéphan a pu voir ses demandes satisfaites avec le recrutement de Maxime Le Marchand, puis de Gerzino Nyamsi, deux défenseurs centraux qui permettront à l’entraîneur de maintenir son schéma en 3-5-2 qui semble bien fonctionner. Si l’ancien Niçois affiche un parcours riche de plusieurs saisons pleines, le CV de Nyamsi, 24 ans, est plus léger.

Natif de St-Brieuc, celui dont le prénom évoque l’ancienne légende de Botafogo et de la Seleçao Jairzinho rejoint le Stade rennais dès l’école de foot, en 2003, pour y faire toutes ses classes : « j’ai commencé le foot à 6 ans et demi. J’ai joué défenseur et milieu axial avant de me stabiliser au poste de défenseur central, même s’il m’est arrivé de dépanner à droite. J’ai gravi tous les échelons, 17 ans, 19 ans Nationaux jusqu’à la CFA. » Dans chacune de ces catégories, Gerzino Nyamsi fait figure de cadre, portant parfois le brassard de capitaine, au sein d’une génération 1997/1998 prometteuse, composée notamment d’Ousmane Dembélé, Joris Gnagnon, Armand Laurienté ou encore Jérémy Gélin. Une génération qui va croiser la route de Julien Stéphan, d’abord en championnat U19 Nationaux, puis avec l’équipe réserve à partir de 2015. Pour Nyamsi, la vraie bascule vers le monde sénior se fait à l’automne 2016, juste après avoir remporté le réputé tournoi européen des centres U21 de Ploufragan, quand Stéphan en fait un titulaire régulier de l’équipe réserve, promue en CFA. Aligné à partir du mois de novembre, le Briochin, qui a débuté la saison avec une simple convention amateur, ne quittera plus le onze de départ, participant activement au titre de champion de CFA.

Gerzino Nyamsi figure alors parmi les jeunes les plus en vue du Stade rennais et décroche logiquement un premier contrat professionnel de trois ans, le 29 mai 2017. Christian Gourcuff fait appel à lui pour la préparation estivale de l’équipe première et le 10 septembre, confronté à une avalanche de blessures, il décide de le lancer dans le grand bain de la L1, avec une titularisation au stade Vélodrome. Aligné aux côtés de son coéquipier de la génération 1997 Joris Gnagnon, Nyamsi réalise un match sobre, sans erreurs, et participe au succès 3-1 des Bretons. Le défenseur sera titularisé encore à deux reprises, mais le retour des titulaires habituels le pousse à nouveau avec l’équipe réserve. Seul un prêt semble donc être la solution pour acquérir de l’expérience et en janvier 2018, Jérôme Leroy, le directeur sportif de Châteauroux engage les négociations avec Rennes. Les Berrichons ne pouvant se faire prêter un nouveau joueur durant ce mercato hivernal, en raison du nombre maximum de prêts déjà atteint, la transaction se fera sur la base d’un transfert avec une option de rappel pour le club breton lors de l’été suivant. Peu importe la combine, l’entraîneur de la Berri, Jean-Luc Vasseur se satisfait de ce renfort : « Gerzino était une opportunité, même s’il n’y avait pas nécessairement besoin de recruter. C’est un joueur qui n’a pas peur de venir s’intégrer dans le jeu, qui aime jouer, qui a une relance simple mais efficace. Il est grand mais va assez vite, se déplace bien. C’est un apport supplémentaire pour moi et le groupe, pour être encore plus efficaces sur les prochaines semaines. » Pas immédiatement titulaire, le joueur de 21 ans finit par gagner sa place au sein du schéma à trois défenseurs axiaux au mois de mars, et débute à neuf reprises au sein d’une équipe qui a longtemps espéré accrocher les barrages de montée. Sur un plan personnel, ce vrai-faux prêt est une réussite pour Nyamsi, qui est en plus appelé en équipe de France U20 pour le tournoi de Toulon 2018. L’aventure n’ira toutefois pas plus loin que trois matchs contre le Canada, le Togo et l’Ecosse, la France étant éliminé dès la phase de poules.

De retour à Rennes, il ne parvient pas à gagner la confiance de Sabri Lamouchi, qui ne l’aligne que lors d’un match de Ligue Europa à Kiev, au cours duquel l’équipe prend l’eau (défaite 3-1). Il faut attendre le changement d’entraîneur et l’arrivée de Julien Stéphan sur le banc de l’équipe première pour que le statut de Nyamsi évolue, même si le nouveau coach ne fait pas immédiatement appel à lui. Ce n’est qu’au printemps que Gerzino profite des absences pour engranger du temps de jeu, avec six titularisations en L1 et surtout la demi-finale victorieuse en coupe de France sur la pelouse de Lyon. Désormais installé comme numéro 3 dans la hiérarchie, le défenseur a su se faire une place dans son club formateur, à la grande satisfaction de ses anciens éducateurs, parmi lesquels Landry Chauvin, le directeur du centre de formation : « sa grande qualité, c'est qu'il a conscience de son bagage. Il a besoin d'être concerné en permanence. Il doit faire attention à ne pas croire qu'il est arrivé. C’est un mec qui est simple, sobre, efficace. J'aime bien quand il est associé à Damien Da Silva, il a besoin encore d'un mec plus expérimenté à côté de lui. Il connait ses limites. Pour un entraîneur c'est bien parce qu'on est sûr qu'il va être régulier au fil des matchs. En plus il est humble, travailleur, il n'a pas un mot plus haut que l'autre. Pour un coach c'est du pain béni. »

Preuve de la confiance que lui accorde le Stade rennais, Gerzino Nyamsi prolonge son contrat de quatre saisons supplémentaires, soit jusqu’en juin 2024. Si la saison 2019/2020 s’écrit plus en pointillés, la faute à des pépins physiques, le défenseur reçoit une belle marque de confiance de la part de Julien Stéphan à l’occasion d’un match de Ligue Europa sur le terrain de la Lazio (qui comptait certes pour du beurre), avec le brassard de capitaine : « on a débuté avec six joueurs formés au club sur les dix joueurs de champ. Je souhaitais un capitaine qui soit le capitaine des jeunes, formé au centre. Et donc j’ai fait le choix de donner le brassard à Gerzino Nyamsi par rapport à tout ce qu’il fait au quotidien, à son investissement, à son professionnalisme. Pour lui montrer aussi à quel point on croit en lui, en ses qualités, en son potentiel, pour le responsabiliser encore davantage, c’est dans ce sens-là que Gerzi était capitaine. »

Toujours numéro 3 à l’entame de la saison dernière, derrière l’inamovible duo Damien Da Silva – Nayef Aguerd, Nyamsi réalise sa saison de L1 la plus remplie, en profitant même pour participer à deux matchs de Ligue des Champions, mais son total de 14 apparitions demeure tout de même bien faible pour un joueur qui aspire à s’imposer définitivement dans le monde professionnel. Avec un horizon bouché du côté du Roazhon Park, où Bruno Genesio semble même lui préférer le jeune Warmed Omari sur le banc, la seule façon d’enfin enchaîner les rencontres sur la durée ne passe que par un départ de son club formateur. A la fin de ce mois de juillet, le promu troyen semblait tout proche de conclure le transfert, mais les négociations entre les clubs ont capoté au dernier moment. D’autres équipes de L1, en quête d’un défenseur, se sont montrées intéressées, comme Angers, Brest, Lorient ou encore Nantes (Rennes avait même accepté l’offre du FCN, mais le joueur a refusé au nom de la rivalité entre les deux clubs), mais c’est finalement le Racing qui a su se montrer convaincant. S’il ne fait évidemment guère de doutes que la présence sur le banc de Julien Stéphan a fait pencher la balance, la perspective d’être titulaire régulièrement au sein d’une défense à trois, avec des profils complémentaires au sien, a dû achever de convaincre le Breton. Son physique impressionnant (1,94m pour 85kg) sera une arme supplémentaire dans les duels défensifs mais également sur coups de pied arrêtés, mais Gerzino Nyamsi possède également une vraie qualité de passe, en étant capable de bien figurer dans un système où l’arrière garde assure la première relance. A 24 ans, c’est sans doute enfin l’occasion pour lui de lancer définitivement sa carrière.

Citation extraites de France Bleu Armorique, La Nouvelle République et Ouest-France.

athor

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