La promesse de l'Aube

La ville : Troyes

Citation:

"Le cumul des mandats et les jeux de mots Troyes-Trois sont les deux pires choses qui existent sur Terre" François Baroin, maire de Troyes

Capitale française de la diagonale du vide, Troyes est une bourgade de 60 000 habitants. Coté architectural, la ville se démarque par sa gare, qui n'aura pas lieu . Contrairement à ce que l’on pense, ce n’est pas Adil Rami qui a mis Troyes sur la carte de France mais Cassini, durant le XVIIIème siècle (comme toutes les villes de France métropolitaine d’ailleurs), voyez plutôt :


Troyes au XVIIIe, ça avait l'air bien

Il n’y a pas grand-chose à dire sur Troyes. La naissance de la ville est imputable à une tribu Celte et remonte à l’Antiquité. N’étant pas historien, je vous propose de faire un petit saut dans le temps. Durant l’entre-deux guerres, Troyes s’est spécialisé dans le textile (Petit Bateau, Lacoste et Dim y sont créés) mais dans les années 60, la concurrence asiatique et orientale plonge le secteur dans la crise. Voilà pour la partie historico-économique. Un peu faiblard pour alimenter vos discussions du repas de Pâques j’en conviens, mais en cette période électorale il est peu probable que l’histoire de la ville de Troyes soit un sujet de débat très prisé ce lundi. A la limite, vous pouvez tenter de caser que la spécialité culinaire à Troyes c'est l'andouillette, ça ne mange pas de pain.

Le club : l’ESTAC, le prosaïque

Contrairement à ce que l’on peut penser, l’ESTAC n’est pas un quartier de Marseille, mais le club de la ville de Troyes, né en 1986. Auparavant nommé ATAC, le club a dû changer de nom suite à une plainte des supermarchés ATAC (véridique). Refusant de s’investir dans une relation longue durée avec l’une ou l’autre division, l’ESTAC se contente d’un aller-retour incessant et régulier entre la D1 et la D2. Se faisant, l’ESTAC est un des clubs fondateurs du « yoyisme », un courant sportif prônant l’instabilité divisionnaire, qui comprend des clubs comme Caen, Metz, Dijon, Sedan à une certaine époque et bien évidemment le Racing des années 2000-2010. C’est d’ailleurs dans cette optique que Philippe Ginestet, craignant que Jean-Pierre Papin ne réussisse à pérenniser le Racing en D1, engage notre Guide Suprême : le bien aimé monsieur Jean-Marc Furlan, qui officia à Troyes entre 2004 et 2007 puis entre 2010 et 2015.

Troyes a déjà gouté à l’Europe. En 2001, l’ESTAC termine 7ème de D1 et participe à la Coupe à toto la saison suivante. Sous les ordres d’Alain Perrin, les Troyens éliminent notamment Wolfsbourg et Newcastle en finale grâce à la règle des buts à l’extérieur (0-0 à l’aller, puis 4-4 à St James Park). Grâce à cette performance, les Aubois jouent la coupe de l’UEFA où, après s’être débarrassés d’un obscur club slovaque (MFK Ruzomberok), ils seront éliminés de peu par Leeds United (alors leader de Premier League). Ce parcours restera une exception et Troyes retombe ensuite dans l'insignifiance.


Ils ne sont pas 11 mais 15 ou 16

Parlons joueurs emblématiques. Troyes est un club ayant vu évoluer des joueurs légendaires parmi lesquels Kilian Mbappé (aperçu quelquefois au stade de l’Aube lorsque le PSG daigne s’y déplacer) et Adil Rami (qui y porte le numéro 3 et a mis 3 buts ce qui le place en bonne posture au championnat du monde de cohérence*). La plus belle prise du club restant le brésilien Neymar qui a porté le maillot troyen après qu’un joueur de l’ESTAC ai échangé son maillot avec lui le 7 août dernier. Après avoir fui 5 ans à Caen, Benjamin Nivet a été condamné à jouer pour Troyes à perpétuité. Il a finalement été relâché en 2019 pour « bons comportements » après 430 matches joués.

Le match : l’insipide affiche

Citation:

« Strasbourg – Troyes ? Très peu pour moi » Vincent Labrune

Citation:

« Troyes – Strasbourg ? Au secours » un journaliste un mec macho qui aime donner son avis sur l’Equipe 21.

Le classement annuel des affiches insipides classe « Troyes - Strasbourg » au 4ème rang, juste derrière, Clermont - Brest, Metz - Lorient, et l'emblématique Angers - Reims. Au seul fait d'énoncer ces affiches, les diffuseurs de la Ligue 1 Hubert Ritz se roulent en boule sous leur bureau et implorent une mort rapide et indolore. C'est pourquoi la ministre des sports Roxana Maracineanu a évoqué la possibilité d'ouvrir un fond d’aide aux chaînes diffusant ces matchs, sans toutefois mentionner si une aide psychologique était également prévue.

Citation:

« Mauvais est l’homme qui oublie honte et vilenie qu’on lui fit » Chrétien de Troyes

Sur ses deux déplacements à Troyes, le Racing post-Hilali s’est par deux fois cassé les dents au stade de l’Aube. En 2016/2017 (4-0), puis en 2017/2018 (3-0). A chaque fois le Racing s’est effondré en seconde période et s’est retrouvé à 10 (Aholou puis Da Costa ont vu rouge). En ce week-end de Pâques, le Racing serait bien inspiré de venger ces affronts passés et d’en claquer 4 à Troyes pour faire de ce dimanche un beau festival.

L’enjeu : 3 points, comme d’hab

Citation:

« La vie est pavée d’occasion perdues » Romain Gary, La promesse de l'aube

Si l’affiche est insipide de prime abord, les enjeux le sont moins. Côté troyen, rien d’autre que le maintien. Côté strasbourgeois, rien de mieux que « continuer à bien jouer à se faire plaisir, de toute façon la saison est déjà une belle réussite » ce qui en d’autres termes signifie « bon, l’Europe bah au point où on en est on va essayer, mais faudra pas être trop triste si on n’y arrive pas ». Malgré leur défaite 2-1 à скала Монако, les Troyens restent sur une belle dynamique (3 victoires, 2 nuls) et sont invaincu chez eux depuis le 16 janvier (0-1 contre Lyon). L’ESTAC est 15ème à 5 points du barragiste Saint-Etienne. Côté strasbourgeois, ce match est l’occasion de reprendre un peu d’avance sur ses adversaires direct, notamment Rennes, Monaco, Lille et Lens qui s’affrontent. L’enjeu est également d’aligner un 10ème match consécutif sans défaite ce qui n’était pas arrivé depuis notre dernière courte saison en D2.

Pour conclure, comment ne pas faire un parallèle pompeux avec Mina Owczynska, cette mère (celle de Romain Gary) qui place en son enfant une énergie et une tendresse infinie afin qu’il se déploie et connaisse un destin grandiose. Notre enfant, c’est le racing. Et à l’heure où l’Europe montre le bout de ses étoiles et que la cigogne bat des ailes pour y prendre son envol, nous sommes fiers, quoi qu’il advienne, de supporter le Racing, notre Racing.


Les Bleus et Blancs vaincrons !! Mais … lesquels ?

*J’ai essayé de résister à la tentation d’un article sans jeu de mot Troyes-trois, et pour paraphraser DD : « sans Adil Rami j’y serai [aussi] parvenu » (Didier Deschamps, 2018).