Front Polisarre-union

Ce papier à vocation pédagogique pourrait s'arrêter à ce chapeau, tout y est résumé avec une concision d'une fulgurance éclatante qui ferait pâlir d'envie le plus appliqué des chalumeaux à acétylène. Cependant, le devoir qui nous appelle nous enjoint à développer le propos ; ce n'est pas de gaîté de coeur tant le développement verbieux n'est pas notre tasse de thé, fût-ce un des fameux lapsang souchong first flush qu'affectionnent le Commissaire Zorky et Winston Churchill.

The Mennele needs the Mannala to win the Mennele

Sarre-Union est une curieuse cité sise dans la non moins curieuse région qu'on appelle Alsace Bossue, soulignant là la sensibilité profondément raffariniste du pays, du nom de Jean-Pierre Raffarin. L'homme-dromadaire était, on s'en souvient, la cheville ouvrière de la deuxième phase de la décentralisation entre 2002 et 2004. C'est lui qui donne à Sarre-Union sa couleur politique singulière, on y note une absence frappante d'ultras giscardiens ou des milices balladuriennes.

Cette passion du Grand Décentralisant vouait Sarre-Union à jouer un rôle-clé dans l'échec tragique du référendum du 7 avril 2013. Il était fatal qu'on y préfère la division éternelle Haut-Rhin / Bas-Rhin.
Au delà même, d'autres caractéristiques de Sarre-Union ont pesé sur le référendum; la lorrainitude profonde, d'abord.
Prenons une carte d'Alsace. Ne portons aucun jugement géométrique sur la grotesque excroissance occidentale que représente cette Alsace Bossue, restons calme, déjà que la silhouette de Raff' hante l'auteur depuis 1 paragraphe.
En revanche, il faudrait être abruti ou muloser pour ne pas voir que le bidule de l'Ouest est franchement enclavé dans la Lorraine, voire même la Sarre.

Ensuite, Sarre-Union ne sait pas dire oui.
L'histoire de Sarre-Union est toute de contradiction : mi-réformiste mi-catholique, mi-homme mi-Alsacien, moitié Gilbert moitié Gress,... tantôt en Sarre, Lorraine et le glorieux Bas-Rhin, le Sarre-Unionais n'a jamais vraiment su où il se situait. Ne pouvant mélanger l'eau et l'huile, la ville apparaît multiple.

Il s'agit d'un problème déjà ancien ; l'histoire, qui se répète comme une loop de drums MIDI d'un morceau de dubstep/ commence avec une fusion contre-nature de deux communes, commence dés la genèse de Sarre-Union. C'est une après-midi de printemps. Union vota 'non' et Sarre vota '2' à un référendum dont personne ne se souvient de l'objet (mais la bonne réponse était 'Philippe Richert').

Sur ce malentendu initial se construisit ce quiproquo qui perdure encore, nous n'avons pas peur des doubles redondances.

Elsa Fraulein, de l'autre côté

Sarre était vivement opposé à Union, et réciproquement, que sur tout ce mépris que poussa progressivement de la haine. On voulut construire un mur entre les deux pôles (c'est plus propre), pile sur la Sarre et des 5m d'eau, dans des conditions dantesques, les fondations coulaient dans le lit de la rivière, on jetait les parpaings et le mortier au hasard dans le fleuve, et bien souvent, on s'apercevait qu'ils n'étaient pas alignés.

La population commençait à douter de Jean-Marc Furlan qui pilotait le chantier. Une minorité seulement croyait encore qu'il savait bétonner.
Prenant des mesures, la population décida de tuer un archiduc qui passait par là (Jean-Marc était introuvable au moment de la justice). L'Archiduc-icide, une méthode de relaxation étonnante (essayez, si vous connaissez un noble de race) qui permet souvent d'attirer les touristes et l'attention des médias, comme lors de la fameuse Révolution Française.

Le buzz prit pourtant moyennement, la faute à une actualité surchargée. Aucun reportage en Europe. Ni même à Drulingen. Une ville pourtant peu éloignée où cet évènement compta pour du beurre, en petite barquette 125g, unique apport significatif à l'avancement de l'humanité que l'on peut porter au crédit de la commune bordélique dont au sujet de laquelle nous vous entretenons présentement. Et encore, ils ne l'ont pas fait exprès.

Tu t'es vu quand t'as bu de l'eau ?

Toutes ces désunions de Sarre Union mènent au jeu ; le jeu mène à l'alcool, aussi sûrement que le marabout au bout de ficelle car ce sont autant de visages du vice. Rien d'alcoolique ne poussant sur ces terres désolées septentrionales on but l'eau de la Sarre.
Malédiction prévisible : le liquide n'est pas potable ! Ad cause des odieux industriels voyous du coin qui déversent depuis la nuit des temps les immondes effluents de leurs coupables industries de chapeaux grotesques ou de gazogènes odieusement polluants. Les ravages cérébraux se font encore sentir de nos jours. Témoin de l'affreuse corruption des esprits engendrées par la consommation de ladite eau, le blason de la ville.

Le projet était simple : imiter le merveilleux emblème du Bas-Rhin, en rusant sur la couleur : les gars se sont dit qu'en changeant le rouge pour du bleu ça passerait sans problème. Sauf que le designer n'arriva même pas à tracer des lignes droites et tomba en catatonie avant même d'attaquer le dessin des petites couronnes longeant la diagonale. Le résultat est pathétique :



A gauche, droiture et élégance, force et honneur. A droite, décadence et contorsions.

Désolation environnante

On dit qu'il faut avoir souffert en Alsace Bossue pour comprendre. Mais il y a la langue aussi, le francique. Le francique d'Alsace Bossue se parle comme le schtroumpf, on croit savoir et en fait on hésite dés qu'il faut distinguer "tournevis" ([schtroumpf] labial) de "riz basmati" ([schtroumpf] nasal). Il faut dire qu'il reste 118 mots connus du francique occidental (117 selon certains spécialistes), et les locuteurs ont beaucoup de mal à exprimer une idée complexe, sauf à force de combiner les mots élémentaires. Le résultat est musical mais répétitif.
Tous les toponymes, par exemple, commencent par Sarre, SarreTruc ou SarreMachin, Sarrebourg, Sarreguemines, Sarrecelles, Sarrementdumedok, Sarre-i. Un inventaire qui résonne comme le carnet de famille des Barbapapa. Au cas on quiconque l'oublierait, on est donc bien dans la Sarre. C'est mnémotechnique. Ils se le chuchotent parfois à l'oreille, pour s'entraider ; “Hé, on est où déjà ?” “Eh ben on est à Sarre-Union, donc dans la Sarre” “Ah oui, je le savais je viens moi-même de Sarrebacane” “Incroyable, ma mère y est née !”. C'est comme si Strasbourg s'appelait Alsacebourg, Colmar Alsacemarre, Mulhouse Alsalose (comme pour résumer le résultat du Richertorendum) et le Racing RCSA. Et nous voilà arrivés au bouclage de la boucle avec l'évocation de notre Racing.

C'est sur cette note réconfortante, en football mineur, que nous retrouvons nos repères dans cette jungle de paradoxes historico-géographiques que fut cette ballade aux confins de la bordure sarro-lorraine. Le picon à la main.
En résumé, ce samedi, nos fiers choucroutiers se doivent de l'emporter afin de laver l'affront et faire encore croire aux éternels drogués de l'espoir vain et éternellement déçu, qui sont nos malédictions, qu'il y a de la lumière au bout du tunnel. La lumiére des verts pâturages du National ou de la mort indifférente d'un calage en CFA ? Seul Canto sait !

Vomi par Zottel , Iuliu68 et jpdarky