Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Rétro 2005 : ils nous ont lâchés...

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Par kibitz
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© mamadou11

Le Racing a montré deux visages radicalement différents en 2005, entraînant ses supporters du paradis vers l'enfer. En quelques mois, le RCS a réussi à doucher des milliers de fans qu'il avait grisés peu avant. Terrible gueule de bois...

En octobre 2004, les résultats du Racing sont, comme souvent à cette époque de l'année, catastrophiques, si bien qu'Antoine Kombouaré cède sa place à Jacky Duguépéroux, qui fait son grand retour. L'homme est très apprécié dans les travées de la Meinau, auréolé de son parcours de joueur au club mais surtout d'entraîneur : personne n'a en effet oublié la victoire en Coupe de la Ligue en 1997 et l'épopée européenne qui a suivi, ni sa mise au placard par Patrick Proisy.

Début 2005, il reste donc quelques mois à Duguépéroux pour redresser le navire et sauver le Racing. Mais malgré quelques bons résultats fin 2004, la nouvelle année commence plutôt difficilement : défaite à Toulouse et à Lens, match nul contre Saint-Etienne et à Istres, le bilan comptable est plutôt maigre pour une équipe qui joue le maintien. Pire, le RCS se fait en plus piteusement éliminer de la Coupe de France par Sedan, club de L2. Heureusement, le tirage au sort de la Coupe de la Ligue est clément, et le Racing se qualifie, difficilement, contre Clermont à la Meinau, obtenant par-là son billet pour la demi-finale.

En février, le RCS se montre plus séduisant, se qualifiant pour la finale de la Coupe de la Ligue au Stade de France, corrigeant le PSG et laminant Caen à la Meinau. Mais après cette bonne série, le club semble s'essouffler, n'engrangeant qu'une victoire contre Ajaccio, contre des défaites à Nantes et contre Lyon, n'obtenant que le point du match nul contre Nice et Monaco. Mais le yo-yo remonte et les semaines suivantes sont plus agréables, avec des succès à Bordeaux et contre Marseille, et un nul à Auxerre. La défaite contre Lille sème le doute avant la tant attendue finale au Stade de France, mais le Racing ne rate pas son rendez-vous et s'impose 2-1, mettant fin à une série de finales disputées sans réussir à marquer le moindre but. C'est fait, Strasbourg remporte sa troisième finale de coupe en dix ans !

S'ensuivent deux semaines de réelle euphorie, au terme desquelles le RCS s'impose dans les deux derbys, allant gagner à Sochaux et battant l'ennemi messin sur sa pelouse. Le Racing semble alors irrésistible, le pari de Duguépéroux est réussi, le club se maintient et on observe un vrai engouement autour du club depuis quelques semaines, dynamisé par la victoire en finale de coupe. La saison s'achève sur une raclée à Rennes et un ultime succès contre Bastia, et au final tout le monde semble plutôt content : le club fait à nouveau rêver, plusieurs joueurs se sont révélés, et la saison prochaine s'annonce prometteuse, avec en prime la participation à la Coupe d'Europe.

Mais voilà, il est dit qu'au Racing, on ne peut jamais savourer très longtemps. Le lendemain de la victoire face au club corse, une tempête s'abat sur le RCS et ses supporters : Marc Keller dénonce les méthodes de Philippe Ginestet, le successeur désigné d'Egon Gindorf depuis des mois, et annonce son retrait. Coup de tonnerre ! La surprise est totale, mais rapidement médias, supporters et dirigeants du club semblent faire front autour de Keller, et Ginestet passe rapidement pour un arriviste aux méthodes radicales, malgré son implication financière courageuse et son choix de reprendre le club lorsqu'il était au plus mal. Keller remporte son bras de fer, Ginestet s'éclipse, et l'affaire en reste là, la nouvelle saison pouvant se préparer dans le calme.

Oubliée la petite frayeur, tout se présente en effet pour le mieux : Gindorf, très populaire et symbole de cette fierté retrouvée autour du club, rempile au poste de président; Keller reste au pouvoir et poursuit son travail de long terme, commencé sous l'ère Proisy; Pierre Brochet, le responsable marketing, peut s'enorgueillir d'exploser tous les records : plus de 10 000 personnes se pressent pour s'abonner, du jamais vu ! Les supporters reviennent, même l'hymne du club fait un véritable tabac au niveau des ventes de single ! Cette fois-ci, c'est la saison du décollage qui s'annonce, « tous les voyants sont au vert », la « reconquête » est véritablement lancée...

Ne reste qu'une inconnue, et de taille : le projet sportif. Le Racing a montré un visage très séduisant, effectuant un parcours de haut niveau, remportant 29 points lors de la deuxième partie du dernier championnat ! Cette équipe a du jeu, et ses performances ont montré qu'elle peut rivaliser avec les meilleurs. L'objectif est donc clair : conserver l'ossature et se renforcer. L'attaque était le point fort de cette équipe, avec un duo redoutable : Pagis et Niang, respectivement 15 et 12 buts. Va-t-on pouvoir conserver cette paire offensive ? La saga de l'été va malheureusement vite devenir l'affaire Niang, dont les coups d'éclat n'ont pas manqué de faire redouter le pire : le départ du bulldozer strasbourgeois, à qui on a promis la liberté en cas d'offre conséquente. Malgré quelques promesses de ne pas le lâcher à moins de 10 millions, on se dirige vers un transfert pour 7 millions vers l'OM, dont la somme est destinée à éponger enfin (cette fois c'est promis) les dernières dettes du club. Avec le départ de Yacine Abdessaki, le Racing perd ainsi ses deux flèches offensives, ainsi que l'expérimenté Pascal Camadini. Pagis aimerait aussi voir le large, mais se heurte à un refus catégorique et se voit contraint de rester... En revanche, on assiste aux signatures de Boka et Johansen, confirmés dans l'effectif, au retour de Pontus Farnerud, qui avait laissé une très bonne impression lors de son prêt, et l'attaque est renforcée par Diané, un jeune joueur de L2. Vercoutre retourne à Lyon, mais il est remplacé par Puydebois, et surtout Cassard-le-héros est une valeur sûre, indéboulonnable. Seule vraie ombre au tableau : le transfert rocambolesque et tardif du milieu égyptien Hosni, retenu pour des raisons administratives, et le souhait d'une pointure en attaque pour épauler Pagis, Diané ou les jeunes pousses strasbourgeoises semblant plutôt être les seconds couteaux appelés à occuper le banc. Le successeur de Niang se fait attendre, et sera finalement Gmandia, la jeune star tunisienne. La filière africaine se confirme donc, avec l'arrivée de jeunes internationaux dont on prédit un avenir en or. Fahmi est laissé libre, et Bassila s'en va faire des essais à Sunderland. Les jeunes Imbs et Bischoff font aussi leurs bagages, le second quittant le club contre la somme de 300 000 euros tout de même. La politique est donc claire : peu de transferts, mais des recrues de qualité, même si la faiblesse quantitative de l'équipe laisse de nombreux observateurs sceptiques : les départs ont largement compensé les arrivées, malgré l'optique de la Coupe d'Europe et de la CAN, et l'effectif est très jeune, ce qui peut paraître risqué.

Malheureusement, les débuts sont plus difficiles que prévus ! Le mois d'août s'achève sans aucune victoire, mais le Racing développe un beau jeu et la chance n'a pas toujours été de son côté lors de ces premiers matches. L'équipe va donc se reprendre, mais déjà on s'interroge sur l'attaque. L'absence de Niang se fait sentir, et Gmandia semble avoir besoin de temps pour s'adapter.

Bassila, pris en grippe par une partie du public, signe à Sunderland, se rétracte, va signer un contrat à Auxerre, et finalise finalement tout de même son transfert dans le club anglais ! M'Phela, prêté, fait à nouveau parler de lui en disparaissant de la circulation. En marge de tout ça, de nouveaux panneaux d'affichage vont faire leur apparition, les buvettes vont être réaménagées, Afflelou débarque au Racing comme sponsor, la Coupe d'Europe se profile, et finalement les à-côtés égayent largement cette entame de championnat morose.

Mais le Racing continue à ne pas gagner, piétine au classement, et surtout perd Keita, le néo-chouchou du public, pour de longs mois. Selon les propres termes de l'entraîneur, l'équipe manque de personnalité, les cadres sont montrés du doigt, les blessures s'accumulent, et les non-performances sportives vont se poursuivre. A côté de ça, le KCB perd l'une de ses figures, Dom, à qui le Kop tout entier rend hommage. Seule lumière dans la nuit strasbourgeoise, la Coupe de l'UEFA redonne un peu de baume au coeur aux supporters, frustrés en championnat. La suite est tout aussi pathétique, avec un Racing lumineux en Europe et sombre en France, offrant deux visages diamétralement opposés qui ne font qu'augmenter le dépit et l'incompréhension.

Marc Keller est alors annoncé à Monaco, on piste en vain Frau pour renforcer l'attaque, inefficace au possible, Martin Djetou vient s'entraîner avec la réserve, et au milieu de tout ce bazar, l'équipe va s'imposer contre toute attente sur le terrain de Bâle ! Mais les résultats se suivent et ne se ressemblent pas, sauf en championnat, où le Racing persiste à ne pas gagner. Les jeunes font de plus en plus leur apparition, notamment en Coupe d'Europe, les UB90 fêtent leur 15e anniversaire en publiant un livre retraçant leur histoire et en organisant un spectacle sur tout le stade, mais, encore, malgré une autre victoire en UEFA, la situation demeure toujours aussi critique en championnat. Aussi incroyable que cela puisse paraître, fin octobre, Strasbourg n'a toujours pas remporté le moindre match de L1 !

Duguépéroux semble sur le point d'être limogé, et le festival commence alors. On annonce que Bobic, le vieil international allemand, va être mis à l'essai, et qu'un psy va venir regonfler le moral des troupes. On recommence à parler de Ginestet, prêt à succéder malgré tout à Gindorf, mais c'est Alain Afflelou qui entre alors dans la danse. En quelques jours, Tiburce de la Star Ac' débarque sur les bords du Krimmeri, et le célèbre lunetier est annoncé président ! On reparle alors de Frau, on évoque Marcel Desailly, plusieurs joueurs sont annoncés, ainsi que des collaborateurs proches d'Afflelou. Alex Farnerud serait pisté par Stuttgart, disposé à débourser 5 millions pour s'attacher ses services, et on annonce une série de recrutements au prochain mercato pour renforcer et sauver l'équipe. Celle-ci est décimée par les blessures, l'incapacité à marquer et à gagner continue, c'est le cauchemar !

Encore une fois, c'est la Coupe d'Europe qui vient nous sortir de la grisaille et du burlesque, avec l'excellent match nul 1-1 à Rome, marqué par les bonnes performances des jeunes, pourtant habitués à la CFA, les blessures à l'arme blanche de quelques supporters alsaciens et la confirmation que le torchon brûle entre deux groupes de supporters strasbourgeois.

Mais le Racing s'incline ensuite 4-3 à Nantes au terme d'un renversement de situation incroyable, cette défaite étant très dure à avaler pour beaucoup. On s'active alors à annoncer les futures arrivées, mais un nouveau coup de théâtre vient ébranler le microcosme du RCS : Afflelou ne deviendra finalement pas président, et c'est au contraire Ginestet qui succèdera quand même à Gindorf. Encore une fois, la situation est incroyable, et l'ex-futur président, barré alors par Keller, revient en fin de compte au premier plan et arrache la présidence au nez et à la barbe du lunetier médiatique ! Sus à la stabilité et au long terme, incorrigible Racing...

L'année 2005 s'achève ainsi dans ce chaos extra-sportif, les joueurs ayant tout de même la bonne idée de finir premiers de leur poule en Coupe d'Europe, et de remporter leur première victoire, à Nancy. Malheureusement, le mal est fait : le Racing est bon dernier, à 10 points du premier non-relégable, même si d'après l'entraîneur il n'y a souvent rien à reprocher aux joueurs ! Sportivement, la situation est donc fortement compromise, désespérante, avec la perspective d'un retour en L2 la saison des célébrations du centenaire. La bonne image des dirigeants en a également pris un sévère coup, malgré la grande patience dont ils bénéficient, tant il est dur de pardonner les erreurs de casting et surtout la pathétique cession de la présidence. Mais surtout, on est déçu. Comment accepter la position actuelle du club, alors que tous les voyants étaient au vert, comme le veut l'expression, et que le Racing finissait la saison précédente en rayonnant ? Tous les espoirs sont gâchés, encore une fois la joie aura été de courte durée.

Finalement, le Racing, c'est un peu comme le mythe de Sisyphe. Toutes les saisons, on roule notre rocher, mais toutes les saisons, il nous faut recommencer. 2006 ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices. De « lâchez-rien », ils nous ont demandé « lâchez-vous ». Finalement, ils nous ont bel et bien lâchés. Et merde, tout est à refaire...

kibitz

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