Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Sanjin Prcic et signe

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Par athor
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Prcic, avec la réserve de Sochaux en 2012 © flow

Confronté à la blessure de Jonas Martin, le Racing a fait le choix de remplacer son maître à jouer par un joueur au profil similaire, l'ancien Sochalien et Rennais Sanjin Prcic.

Si la saison fantastique du Racing est principalement le fait d'un collectif parfaitement rodé, certains joueurs apparaissent comme indispensables à la bonne marche de l'équipe. Titulaire à l'un des postes les plus fondamentaux du football moderne, Jonas Martin était dans la forme de sa vie avant sa blessure subie à Monaco. Touché au niveau de la cheville, le vice-capitaine du RCS est contraint de regarder ses partenaires pour une période de deux à trois mois. En pleine période de mercato hivernal, la question du recrutement d'un remplaçant a évidemment été posée à Thierry Laurey, qui n'a pas écarté l'idée, mais en se contentant de parler d'opportunité. Mais la cellule de recrutement du club a pris les devants, avec sa discrétion habituelle, et a avancé le nom de Sanjin Prcic, le milieu de terrain bosnien de Levante. Présent dans les tribunes lors du match de L1 entre le Racing et Bordeaux, sa signature, en prêt, s'est faite en quelques heures.

Né à Belfort, Sanjin Prcic est, comme bon nombre de personnes dans la région, un enfant issu des conflits dans les Balkans. « Mes parents ont quitté l'ex-Yougoslavie juste avant le début du conflit, pour commencer une nouvelle vie. Ma maman a des origines serbes, mon papa bosniaques. Ils sont arrivés à Belfort deux ans avant ma naissance. » Safet, son père, ancien défenseur central en D2 yougoslave, se souvient de son arrivée en Franche-Comté : « on est arrivés avec une poussette et trois sacs en plastique, sans un sou. Nous sommes allés au Secours Catholique pour trouver à manger. J'avais 37 ans. Commencer une nouvelle vie à 37 ans, sans parler un mot de la langue du pays, ce n'est pas vraiment pas facile. Alors, quand Sanjin est né, j'ai fixé l'objectif de ma vie. C'était un coup de poker. » Patron de café, Safet Prcic se sacrifie pour son fils, évidemment tombé dans le football tout petit. A l'âge de sept ans, il intègre les équipes de jeunes du FC Sochaux, à 25 kilomètres au sud du domicile familial, emmené tous les jours par son père à bord d'une vieille Volkswagen Golf hors d'âge. Et le soir, les deux continuent à jouer au foot, pour perfectionner la technique de l'enfant : « mon père me lançait le ballon 500, 600 fois pour travailler l'intérieur, l'extérieur du pied. C'est ce qui me permet d'avoir aujourd'hui une certaine technique. » A Seloncourt, Sanjin figure parmi les Lionceaux les plus prometteurs de sa génération, leader technique dans chacune des équipes de jeunes, et même capitaine avec les U17, avec lesquels il remporte le championnat de France en 2010.

A 17 ans, il intègre déjà pleinement l'équipe réserve du FCSM, mais une blessure vient rompre ce parcours fulgurant. En 2011, il se rompt les ligaments croisés du genou et passe de longs mois loin des terrains. A son retour, il participe de plus en plus régulièrement aux entraînements de l'équipe première, tout en restant un cadre de l'équipe deux, avec laquelle il joue notamment face au Racing (0-0). En 2013 enfin, Eric Hély, son ancien entraîneur avec la réserve devenu coach de l'équipe fanion, lui ouvre les portes de la L1, comme une récompense après une préparation estivale convaincante. Titulaire à Guingamp lors de la 7ème journée, le Bosnien ne quittera plus le groupe professionnel, même avec l'intronisation d'Hervé Renard. Si Sochaux connait une saison compliquée, qui s'achèvera sur une relégation en L2, Sanjin Prcic est l'une des révélations de l'équipe. Convoité par beaucoup de clubs, le joueur de 20 ans fait le choix de rester en France, en repoussant l'offre du PSV Eindhoven pour s'engager avec le Stade Rennais.

Après des débuts prometteurs en Bretagne, il disparaît peu à peu du onze, victime notamment de l'émergence d'Abdoulaye Doucouré, physiquement plus adapté au jeu prôné par Philippe Montanier. Ce dernier décide d'utiliser le joueur sur les côtés, un rôle qu'il n'avait jamais eu auparavant et dans lequel son manque de puissance et de vitesse ne lui permet pas de s'exprimer. Une saison difficile, heureusement marquée par ses premières sélections avec la Bosnie-Herzégovine. A la recherche d'un temps de jeu que Montanier et Rennes ne peuvent lui garantir, Prcic franchit les Alpes et est prêté, avec option d'achat, au Torino, le 31 août 2015. Mais le milieu se retrouve vite dans une impasse et ne parvient pas à jouer régulièrement. De septembre à janvier, il doit en effet se contenter d'à peine 27 minutes de jeu, en deux matchs. Plutôt que de passer une saison blanche, et pour reprendre sa progression, il rompt le prêt, en accord avec Rennes, pour signer à Pérouse, en Serie B, toujours sous forme de prêt. Titulaire cette fois-ci, il réalise de bonnes performances durant ses deux mois de présence au club. Une année contrastée donc, mais une bonne expérience : « j'ai pu rencontrer de nouvelles personnes qui m'ont fait progresser à leur manière. J'ai découvert une nouvelle culture footballistique, cela me sert aujourd'hui pour ma progression et pour mon jeu. Après, on voit que la tactique, c'est aussi une question d'entraîneur. Là-bas, c'est surtout une autre culture du travail. »

De retour à Rennes, Prcic va faire une rencontre décisive pour son avenir, celle avec Christian Gourcuff, le nouvel entraîneur, réputé pour sa vision tactique très précise. Entre les deux, le coup de foudre est presque immédiat, comme le confirme le coach : « quand je suis arrivé à Rennes, il y avait un effectif important et lui revenait de prêt. Il n’était pas forcément un choix du club mais dès les premiers jours, j’ai su que je voulais travailler avec lui car je sentais un réel potentiel et une conception du foot, et même de la vie, qui me correspondait. » D'abord utilisé avec parcimonie, Prcic commence à accumuler du temps de jeu à partir du mois de janvier 2017. Après avoir bien identifié ses qualités, son entraîneur décide de le positionner en numéro 6, devant la défense, avec pour mission d'orienter le jeu. Un rôle rendu célèbre par un milieu de terrain italien, auquel Gourcuff pense également : « pour moi, c'est un petit Pirlo. Ce n’est pas un joueur explosif et il ne le sera jamais. Il est monorythme. Il est utile dans la distribution, il est intelligent, il a un jeu de passe court et long complet. Ce qui est certain c’est qu’il doit jouer face au jeu. » C'est donc avec le statut de titulaire que le Bosnien commence la saison 2017/2018, mais il connait quelques soucis physique. Face à Lille, il joue malgré une contusion osseuse à la cheville, et est victime d'un coup au même endroit durant le match. Verdict, près de trois mois d'indisponibilité. Entre temps, Gourcuff a été remplacé par Sabri Lamouchi, mais ce dernier fait immédiatement confiance au joueur dès son retour. Pilier d'une équipe rennaise en très grande forme, au point de finir 5ème de L1, Sanjin Prcic fait évidemment l'objet de nombreuses rumeurs de départs, d'autant que son contrat arrive à son terme. Le SRFC lui a bien fait une proposition, mais le renouvellement de la direction et les changements d’interlocuteurs rendent les discussions difficiles. Et malgré une dernière tentative de négociations, le joueur quitte la Bretagne libre pour s'engager en Espagne, à Levante, un championnat qui semble alors correspondre à ses qualités.

Dans le club de la banlieue de Valence, le milieu apparaît comme un joueur de rotation, derrière le duo Campana-Bardhi, avec un temps de jeu relativement limité (à peine six titularisations) en championnat, mais des matchs pleins en coupe du Roi, notamment lors du succès 2-1 face à Barcelone. Mais comme lors de sa précédente expérience à l'étranger, et alors qu'il a fêté ses 25 ans il y a quelques semaines, Prcic cherche à enchaîner les matchs au haut niveau. Avec ce prêt au Racing, il devrait avoir l'opportunité de le faire, au moins durant les cinq mois à venir. Et pourquoi pas au delà, afin que Safet puisse voir le fruit de ses nombreux sacrifices, à 150 kilomètres de chez lui.
En complément, lire cette excellente interview réalisée par Benjamin Idrac, d'Ouest France, dans laquelle Sanjin Prcic parle de sa vision du football : Prcic : « Le plus dur, c'est de jouer simple »
Citations extraites de Football365 et d'Ouest France. Merci à @chieffe pour le titre

athor

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