Saison 2023/2024
Racing Club de Strasbourg

Entre ici, Julien Fournier

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Par strohteam
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© chris

Ces derniers temps, le Racing aime à changer de président tous les trois mois. Portait du petit nouveau, en attendant d'en savoir plus sur son projet et l'identité exacte des nouveaux actionnaires du club.

C'était dans l'air depuis le début de la semaine, Julien Fournier devient donc le dix-septième président du Racing Club de Strasbourg (RCS) depuis le début du professionnalisme et assumera la dix-neuvième présidence - puisque Joseph Heintz et Philippe Ginestet ont connu deux passages à la tête du club. A 35 ans, il devient le plus jeune président de l'histoire du RCS, encore moins âgé qu'Alain Léopold (37 ans à sa prise de fonction) ou Philippe Ginestet (39 ans). Le nouvel homme fort du Racing est toutefois bien plus expérimenté que ses prédécesseurs en ce qui concerne le milieu du football puisqu'il a déjà derrière lui un passé d'une décennie en tant que dirigeant, successivement comme directeur du centre de formation, directeur administratif et enfin secrétaire général de l'Olympique de Marseille (OM) alors que Léopold ou Ginestet n'étaient encore que des administrateurs frais émoulus au moment où il se trouvèrent propulsés à la présidence.

Julien Fournier sera également un président salarié, payé par les nouveaux actionnaires - les mystérieux Roman Loban et Jafar - pour diriger le club à plein temps, ce qui constitue une vraie première dans l'histoire du Racing. Jusqu'ici les présidents du club strasbourgeois ont le plus souvent répondu au même archétype : un entrepreneur ayant plutôt bien réussi dans le milieu des affaires qui se pique de prendre en main un club de football, selon un modèle somme toute très constant dans le football français, où les patrons de petites et moyennes entreprises se taillent encore aujourd'hui la part du lion (1). Ces présidents « bénévoles », et généralement mécènes, se sont régulièrement entourés d'hommes liges mieux versés qu'eux dans la chose footballistique – Joseph Heckel, Robert Domergue, Jean-Pierre Dogliani, Marc Keller – mais sans jamais leur laisser la totalité des rênes du club et certainement pas un titre aussi chargé symboliquement. Le poste de président est en effet bien plus exposé et reconnu dans l'Hexagone qu'il ne l'est ailleurs en Europe. Anglais, Italiens et Allemands semblent attacher moins d'importance à la fonction pour davantage insister sur le couple propriétaire-management sportif. Il n'y a guère qu'en Espagne que la relation quasi faustienne entre président et entraîneur atteint un tel degré de sensibilité, mais selon un modèle légèrement différent puisque les présidents en question sont souvent (ré-)élus par des sociétaires, ne règnent pas sans partage et doivent justifier leurs actes périodiquement. Tout se passe en fait comme si le football français singeait le bonapartisme qui transpire des institutions politiques du pays, avec un président omniprésent et responsable uniquement devant l'opinion de toutes les misères du monde si jamais les choses venaient à tourner au vinaigre. Les emblématiques patrons qu'étaient Roger Rocher, Claude Bez ou Bernard Tapie ont ainsi connu ce brusque basculement de l'hybris au némésis. Un type de figure tutélaire qui fleure tout de même fort l'amateurisme, voire même la danseuse, et semble quelque peu à bout de souffle dans un monde du football qui se complexifie sur le plan technique, financier et juridique. D'où la progressive montée en puissance du président salarié incarné par le mentor de Fournier, le charismatique Pape Diouf, et d'autres avatars un peu moins brillants, à Paris et Rennes notamment. Toujours soucieux de figurer à la pointe, le Racing vient de se trouver son super manager et rompt donc à son tour avec la séparation fonctionnelle présidence/direction en vigueur jusqu'à présent.

Si sa trajectoire personnelle est très liée à celle de Diouf, le profil de Julien Fournier ressemble davantage à celui d'un Frédéric de Saint-Sernin. Le président du Racing est en effet, comme celui de Rennes, un technocrate - juriste en l'occurrence - bien plus qu'un homme de média. Sans doute sait-il tout autant que Diouf cultiver ses réseaux, mais ceux-ci se sont apparemment bien davantage constitués dans les couloirs et les séances de travail que dans les salles de rédaction et les tribunes présidentielles. Lorsque les premières rumeurs sur le nom de Fournier ont commencé à fleurir, les suiveurs strasbourgeois, curieux, n'ont pu trouver sur leur moteur de recherche favori qu'une poignée de mauvais clichés de la bobine de l'impétrant alors que les faciès d'un Charles Villeneuve par exemple était largement connu au moment de son entrée en fonction. Difficile donc de connaître plus en détail le parcours d'un homme dont les interventions publiques furent jusqu'ici rares et qui n'a semble-t-il jamais eu droit à son portrait dans la presse écrite alors même qu'il a occupé pendant cinq ans un poste stratégique au sein du club le plus médiatique de France. On imagine bien le désarroi des journalistes de la presse locale, réduits à pêcher de lapidaires informations auprès de leurs confrères provençaux, qui n'avaient pas grand chose à dire et en tous cas rien de bien méchant, chose assez rare concernant le Racing du Sud.

Lorsque l'on épluche les dépêches depuis quelques années, le nom de Julien Fournier n'apparaît en fait que lors des différents épisodes contentieux qu'a connu l'OM, du départ de Matthieu Flamini aux récentes transactions avec Betclic ou Gilbert Sau en passant par l'épisode du Lama Barthez ou du transfert de Franck Ribéry. A chaque fois, Fournier semble avoir le beau rôle et, sous sa direction, le club marseillais s'est plutôt mieux sorti de ses sempiternelles embrouilles que lors des périodes précédentes. Le nouveau président du Racing a également pour lui d'avoir été le directeur d'un OM qui fut, de l'avis général, bien géré pour la première fois depuis des lustres. Un club qui n'a certes pas remédié à la sécheresse persistante en matière de palmarès mais qui a au moins cessé de remplir la case « faits divers » et de soutirer de l'argent à ce puits sans fond qu'était feu Robert Louis-Dreyfus. Au reste, le fait même d'être demeuré en place aussi longtemps à la barre du bateau ivre de l'OM dans une relative quiétude populaire sans pourtant remplir l'armoire à trophées semble dénoter une compétence significative en matière de rodéo qui ne devrait pas être superflue au sein cet autre cirque permanent qu'est le Racing. Un talent dont il peut paraître dangereux de se priver mais qui n'a semble-t-il pas outre mesure ému le terminator Vincent Labrune, lequel a éjecté Fournier en même temps que Diouf après pourtant avoir assuré dans un premier temps qu'il ne le licencierait pas. Fournier a donc été l'une des premières victimes du retour de la guerre des clans au sein de l'OM, où la purge se poursuit encore actuellement, de façon discrète mais néanmoins brutale. Il débarque au sein d'un autre club coutumier du fait mais où le niveau de conflictualité semble s'être récemment apaisé, davantage faute de participants que parce que les problèmes ont véritablement été résolus. On lui souhaite bien du courage et beaucoup d'ardeur à la tâche.


Footnote


(1) La règle souffre néanmoins des exceptions puisque le chirurgien Jean-Nicolas Muller a cumulé pendant deux ans (1960-1962) la présidence de l'association omnisports et de la section pro, ce qui sera aussi le cas du politicien André Bord quelques années plus tard (1980-1985). Quant à Patrick Proisy, il constitue un précédent en matière de président salarié, mais il était payé par le groupe IMG pour diriger la filiale française dans son ensemble et certainement pas le seul Racing. Léonard Specht était également resté un salarié à plein temps du groupe Lohr Industrie lors de son court passage au Racing.

strohteam

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Stammtisch
  • arthas ce point peut jouer en faveur du HAC à la 34e
  • arthas Ils ont un meilleur goal average, ce soir ça leur suffit pour repasser devant Metz
  • islay Marseille ???@ewolfo...
  • arthas Il n'empêche que c'est un point important pour le maintien
  • arthas La physionomie fait mal pour les Havrais, même si Paris a archi dominé quand même
  • fouxy Le déroulé du match c’est une claque pour Le Havre
  • fanta une victoire demain et on est maintenu officiellement
  • fouxy Avant le match oui @tenseur
  • arthas L'arbitre qui laisse le match se poursuivre mdr
  • tenseur Bon ça aurait pu être pire. Mais le PSG faire un nul vs Le Havre....
  • fouxy Vu la physionomie
  • fouxy Ce match nul va faire mal à la tête aux havrais
  • elwolfo68 (nous, nice puis marseille)
  • elwolfo68 le havre doit prendre 7 points sur ses 3 derniers matchs pour nous dépasser (
  • arthas Et voilà, l'enfilade comme d'hab' :p
  • tenseur Oufff
  • islay Psg sérieux ;))
  • tenseur Et Strasbourg va jouer chez Le Havre a la prochaine journee
  • athor 3-3
  • tenseur Pas sérieux de la part du PSG

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