Poésie


A nos sangs littéraires...

25/11/2012 01:33
824 lectures
On peut détester la voix, le personnage, mais qui contestera le combat poétique ?

J'abhorre le marketing, les stratégies de communications, par pitié, laissez-nous ( ET NOS ENFANTS) rêver... Porter des drapeaux et des idéaux...


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et la poésie bordel ?!

26/09/2008 19:57
1.333 lectures
Obscur et froncé comme un oeillet violet
Il respire, humblement tapi parmi la mousse
Humide encor d'amour qui suit la pente douce
Des fesses blanches jusqu'au bord de son ourlet.

Des filaments pareils à des larmes de lait
Ont pleuré, sous l'auteur cruel qui les repousse,
À travers de petits caillots de marne rousse,
Pour s'en aller où la pente les appelait.

Ma bouche s'accouple souvent à sa ventouse
Mon âme, du coït matériel jalouse,
En fit son larmier fauve et son nid de sanglots

C'est l'olive pâmée et la flûte câline
C'est le tube où descend la céleste praline
Chanaan féminin dans les moiteurs éclos...



Sonnet du trou du cul, Verlaine et Rimbaud

(ah du coup, je te vois relire, oui toi, lecteur avide et lubrique :D)

http://www.gr-slb.com/blog/images/souris.jpg

Histoire d'eau (ou l'étang moderne...)

07/10/2007 10:41
492 lectures
"Des étangs dormaient dans les bois
sous leurs paupières
baignées d'ombre de brume

Le jour ils ont les yeux ouverts
rêvant avec le ciel nomade
les migrations les Désirades

Mais dans le lourd sommeil des vases
l'envers hanté sous leurs yeux clos
fermentent les métamorphoses
Les feux follets de l'eau profonde
remontent courir dans la nuit
Et des grottes vertes d'attente
sortent des racines-serpentes
qui s'enroulent autour des arbres blanchis

Et du haut du saut du chevreuil
dans ce bruissement de légende
de la secréte Quénécan*
on voit luire perdues dans le vent
leurs grandes pupilles pâles
comme des regards de clairière
dont on ne voit jamais le fond.

On s'approchait pourtant du bord
sans voir où passe la lisière
A peine un clapotis d'oiseau
aux cils des herbes et des joncs
Glissade d'insectes ou d'aiguilles
On reste là comme un roseau

Et le temps, immobile, brille..."



Jacqueline Saint-Jean, "Entre lune et loup"

http://www.summilux.net/calendriers/2007/Gautier-etang-800.jpg

*Quénécan est une forêt bretonne...


Rated X...

07/04/2007 18:16
852 lectures
"Tes lèvres ont le tanin
Que les papillons laissent
Dans le creu d'une main
Lorsque la mort les bercent
Tes lèvres ...

Tes lèvres ont le parfum
Roublard des maisons closes
Que des oiseau taulards
Ont barbelées de roses

Ton sourire salé
Est une vague tirée
Un bas que l'on enfile
Quand la nuit se défile
Qui glisse lentement
Lorsqu'une larme éclate
Comme un bourgeon de sang

Sur tes lèvres se hâtent
Les matins capricieu
La rosée maquerelle
Les premiers adieu
Des étoiles pucelles
Le hurlement gracieu
D'une feuille d'automne
Qui crevant sous les cieu
Voudrait qu'on lui pardonne
Les soleils brûlés
Ceu -là des saisons noires
Qui prennent au filet
Tes lèvres pour bougeoir
Les cigarettes mauves
Fumant de souvenirs

Ce gamin qui se sauve
Dont tu connais le rire
L'écume des silences
Où tu es si légère
Quand sur tes lèvres dansent
Les silences de la mer
Cette fleur adolescente
Comme un bouquet jeté
Cette fleur qui sent la menthe
Et le goudron mouillé..."

BABX, "Tes lèvres"

Vous aurez sans doute pu constater qu'il manque une lettre dans ses
te(x)tes...

http://ivansainzpardo.blogia.com/upload/20060622011733-escondite-...

Poème naïf...

Alors c'est mon amoureux à moi que j'ai (celui qu'a 13 ans et qui veut m'épouser), qui m'a écrit ce poème cet après-midi...

Maude
J'aime tes yeux démerode
Et quand tu te mé sur la défense
Alors moi je rentre en transe

Maude
Tu es belle comme une mirabelle
Désolé
Mais je t'ai trompé avec Christelle...

Yoann

(Salaud, il m'avait largué la semaine dernière pour cette pimbêche...)

http://www.cartonionline.com/TV/RAIDUE/titeuf/titeuf_01.jpg

Il faut bien que génèse se passe...

"Je me souviens... non, je me souviens pas bien...
attends... non, j'étais trop petit...
non... j'étais même pas là du tout... pas encore...
Ouille c'est loin tout ça !...
Ca a mal commencé, ça c'est sûr...
ça a commencé avec LUI... comment il s'appelait déjà ?
Bon, en tout cas, un jour qu'il s'ennouillait,
là-haut tout seul dans son logiciel
- peut-être il a voulu se payer une récréation -
il a mis le doigt sur un drôle de bouton rouge
et ça a fait SPLOTCH... BANG !
et pas un petit bang de rien du tout, non, un gigantexe, un très énorme
BIG BANG !!
On a jamais pu savoir s'il avait fait essprès,
mais ce qu'on sait, c'est que ce jour-là,
il a mis le monde au monde...
Y'en a qui disent que juste avant il aurait crié :
"Que le monde soit !"
Ca doit être vrai, passque à partir de là, le monde fut.
Le monde fut, et il est encore...
seulement faut voir dans quel état il est !!!...

Faut dire qu'il a tout fait tout seul.
tout seul, et à toute vitesse...
c'est bien simple, il a tout fait en UNE SEMAINE !
Pas étonnant que ça ait donné n'importe quoi...

D'abord, il a jeté un regard sur notre boule
très complètement obsessionné :
Prêt, pas prêt, je fonce ! On verra bien...
Faut rendre au hasard ce qui appartient au hasard !
Au début du commencement, fallait la nommer,
notre boule... Alors là, on peut pas dire qu'il s'est fatigué la machination.
Pour les autres, il avait trouvé des noms jolis, pour faire plaisir aux poètes :
la Lune... Vénus... ça fait rêver...
Avec nous, penses-tu, il était tellement pressé
qu'il a pris un petit morceau de notre boule,
il l'a tiré en l'air à pile ou face,
et quand c'est retombé en miettes, il a dit :
Mais c'est de la terre !
Et le nom est resté. C'est bête...
on peut pas imaginationner un nom pluss terre à terre !

Et puis ensuite il a eu une idée sotte et grenue...
il a mis de l'eau partout !
Alors là, il a vraiment mis le paquet avec la mer.
Bon, c'est joli l'eau, et c'est commode...
Seulement là, on se demande pourquoi l'avoir appelée la Terre
si c'était pour la couvrir d'eau !

Et les montagnes ! alors là, ça a été pire
il a fait ça n'importe comment... une montagne, puis une autre...
puis encore une... à toute vitesse...
les montagnes il les a faites à la chaîne !
Et en plus, en plus,
il s'est même pas donné la peine d'éteindre les volcans...
ça fume encore...
et on a trouvé personne pour les arrêter
ça fume, ça fume...
Tu parles d'un exemple pour les jeunes !
Mais lui il s'en fichait, penses-tu, il était pressé :
Hop ! Plus vite ! Faut passer à autre chose...
Ah tiens, une idée : si je faisais des forêts..."

Marc FAVREAU, "Le dispendieu" (in "Faut d'la fuite dans les idées")

http://ludocreationsautourdesergelama.hautetfort.com/images/mediu...

Au commencement donc...
Le mot départ est intéressant. 3 définitions (contradictoires ? logiques ? complémentaires ?)

1/ action de partir
2/ origine, commencement
3/ faire le départ de : séparer

Oui mais dans quel ordre ?

(et dire qu'il est possible de refaire le monde en 15 jours....)

Mise à nue...

26/11/2006 00:00
683 lectures
Femme aimante, pâle
dénudée du tricot des persévérants soleils,
ton regard gomme mes torrides tornades
Incitatrice de la mouvance des sables,
par le miroir de mes mains,
ton corps, sous la lune, improvise sa chanson.

Je prête mon nom à tous tes jeux,
quand tu balaies la nuit de ta robe d'oracle
pour que nos gestes se reconnaissent.

Sous les draps du matin, à l'orée du flou,
tu retrouves ta cadence.
La lumière de tes mots, ses grains mouillés,
me font douceur glissante

Femme papyrus
fragile intercalaire
entre aujourd'hui et tout lendemain,
je me double dans tes jardins-mémoires.
Porteuse de rêve, au carrefour des rues sans nom
les années de décloisonnements
là où les joncs se courbent
pour saluer la prudence de tes pas.

Je te regarde de mes mains,
te touche, de tous les yeux de ma tendresse
Fais-moi un paillis de ton corps,
en contrepoint de la sécheresse de tant d'hiers.

Femme de libre index,
maintenant que tu me lis à livre ouvert,
l'écorce de mes pages te sera le sésame
des secrets que je dessine,
sous le rythme de ta méridienne.

Losque ma nuit oubliera de se coucher,
m'accordant paix et poussière,
je continuerai à décoder le dialogue de tes gestes,
quand tu faisais la sieste, tel un poème en gestation.

Sur ta plage,
Un fémur que je veux de temps très anciens,
tient tête encore à l'ensablement des vagues
car il était une fois,
une lente phrase de violoncelle....

Anthony Phelps, "Femme papyrus"

http://www.triremis.com.au/petros/graphics/nude-pencil.jpg

"l'écorce de mes pages te sera le sésame des secrets que je dessine..."

île était une fois...

05/11/2006 18:07
488 lectures
Une île
Une île au large de l'espoir
Où les hommes n'auraient pas peur
Et douce et calme comme ton miroir
Une île
Claire comme un matin de Pâques
Offrant l'océane langueur
D'une sirène à chaque vague
Viens
Viens mon amour
Là-bas ne seraient point ces fous
Qui nous disent d'être sages
Ou que vingt ans est le bel âge
Voici venu le temps de vivre
Voici venu le temps d'aimer

Une île
Une île au large de l'amour
Posée sur l'autel de la mer
Satin couché sur le velours
Une île
Chaude comme la tendresse
Espérante comme un désert
Qu'un nuage de pluie caresse
Viens
Viens mon amour
Là-bas ne seraient point ces fous
Qui nous cachent les longues plages
Viens mon amour
Fuyons l'orage
Voici venu le temps de vivre
Voici venu le temps d'aimer

Une île
Une île qu'il nous reste à bâtir
Mais qui donc pourrait retenir
Les rêves que l'on rêve à deux
Une île
Voici qu'une île est en partance
Et qui sommeillait en nos yeux
Depuis les portes de l'enfance
Viens
Viens mon amour
Car c'est là-bas que tout commence
Je crois à la dernière chance
Et tu es celle que je veux
Voici venu le temps de vivre
Voici venu le temps d'aimer

Jacques Brel, " Une île"
http://www.rachelleb.com/images/2004_05_hawaii/waimea_footprints_...

Rrrrrrrrrrr...

03/11/2006 19:45
938 lectures
Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d'agate.

Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,

Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête,
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum,
Nagent autour de son corps brun.


Charles Baudelaire, "Le chat"

http://www.weathervanes.co.uk/images/Weathervanepics/Cats/2catsbK.jpg

L'arche de Zoé

15/10/2006 09:48
379 lectures
Seriez-vous prêts à monter dans l'arche de Zoé ?
Il vous suffit d'emmener un crayon et du papier
Seriez-vous prêts à monter dans l'arche de Zoé ?
En coupant des mots essayez donc d'en fabriquer

Le Torpotame comment croyez-vous qu'il soit venu ?
Comme un hippopotame ou comme une tortue ?
L'escarnouille est venu jusqu'à nous c'est pas trop tôt
Sautant comme ma grenouille, rampant comme l'escargot

Seriez-vous prêts à monter dans l'arche de Zoé ?
Un petit, un gros et c'est encore plus rigolo
Seriez-vous prêts à monter dans l'arche de Zoé ?
Coupez les syllabes de nos amis les animaux

La Cachanelle est peut-être bien une demoiselle
Ou tout simplement cachalot et puis coccinelle
Le Cragnée n'est pas un animal à fréquenter
Une tête de crapaud sur pattes d'araignée

Seriez-vous prêts à monter dans l'arche de Zoé ?
Comme des aventuriers prêts pour l'expédition
Seriez-vous prêts à monter dans l'arche de Zoé ?
En gardant le cap on arrive au pays des sons

Il ne manque pas de piquant c'est l'ami Ecusson
Un pti bout d'écureuil, un autre bout d'hérisson
Jamais propre et bon dernier voici le pti Torchon
C'est cette fameuse tortue qui mange comme un cochon


Seriez-vous prêts à monter dans l'arche de Zoé ?
D'une famille d'hippos nous faisons la présentation
Seriez-vous prêts à monter dans l'arche de Zoé ?
Garder l'avant ou l'arrière, telle est la question

Il y a l'Hipponard, l'Hippochon, l'Hippocéros
Et l'Hippocodile qui est sans doute le plus féroce
Il y a l'Hipporeuil, l'Hippotaure et l'Hippopin
Et l'Hippopanzée qui est sans doute le plus malin

Seriez-vous prêts à monter dans l'arche de Zoé ?
Il vous suffit d'emmener un crayon et du papier
Seriez-vous prêts à monter dans l'arche de Zoé ?
Larguez les amarres et surtout laissez-vous bercer...

http://www.rachelareilly.com/Noah's%20Ark.jpg

Un p'thi bou de pouaisie...

26/09/2006 22:30
1.714 lectures
Ce sont les mères des hiboux
Qui désiraient chercher les poux
De leurs enfants, leurs petits choux,
En les tenant sur les genoux

Leurs yeux d'or valent des bijoux
Leur bec est dur comme cailloux,
Ils sont doux comme des joujoux,
Mais aux hiboux point de genoux !

Votre histoire se passait où ?
Chez les Zoulous ? Les Andalous ?
Ou dans la cabane bambou ?
A Moscou ? Ou à Tombouctou ?
En Anjou ou dans le Poitou ?
Au Pérou ou chez les Mandchous ?

Hou ! Hou !
Pas du tout, c'était chez les fous...

Robert Desnos, Les Hiboux

http://www.val-saint-lambert.com/v2/images/hibou.png

Raconte-moi une histoart...

17/09/2006 09:03
2.718 lectures
Sur une assiette bien ronde en porcelaine réelle
une pomme pose
Face à face avec elle
un peintre de la réalité
essaie vainement de peindre
la pomme telle qu'elle est
mais
elle ne se laisse pas faire
la pomme
elle a son mot à dire
et plusieurs tours dans son sac de pomme
la pomme
et la voilà qui tourne
dans une assiette réelle
sournoisement sur elle-même
doucement sans bouger
et comme un duc de Guise qui se déguise en bec de gaz
parce qu'on veut malgré lui lui tirer le portrait
la pomme se déguise en beau bruit déguisé
et c'est alors
que le peintre de la réalité
commence à réaliser
que toutes les apparences de la pomme sont contre lui
et
comme le malheureux indigent
comme le pauvre nécessiteux qui se trouve soudain à la merci de n'importe quelle association bienfaisante et charitable et redoutable de bienfaisance de charité et de redoutabilité
le malheureux peintre de la réalité
se trouve soudain alors être la triste proie
d'une innombrable foule d'associations d'idées
Et la pomme en tournant évoque le pommier
le Paradis terrestre et Ève et puis Adam
l'arrosoir l'espalier Parmentier l'escalier
le Canada les Hespérides la Normandie la Reinette et l'Api
le serpent du Jeu de Paume le serment du Jus de Pomme
et le péché originel
et les origines de l'art
et la Suisse avec Guillaume Tell
et même Isaac Newton
plusieurs fois primé à l'Exposition de la Gravitation Universelle
et le peintre étourdi perd de vue son modèle
et s'endort
C'est alors que Picasso
qui passait par là comme il passe partout
chaque jour comme chez lui
voit la pomme et l'assiette et le peintre endormi
Quelle idée de peindre une pomme
dit Picasso
et Picasso mange la pomme
et la pomme lui dit Merci
et Picasso casse l'assiette
et s'en va en souriant
et le peintre arraché à ses songes
comme une dent
se retrouve tout seul devant sa toile inachevée
avec au beau milieu de sa vaisselle brisée
les terrifiants pépins de la réalité.

Promenade de Picasso, Jacques Prévert

http://jonathanscorner.com/writing/icons/picasso_the_guitar_player.gif


Mais ou et donc or ni car ?

24/06/2006 13:53
573 lectures
Profitant d'une pause ce matin pour prendre un bain de soleil, je me suis installée dans la cour de l'école, sur un banc, et j'ai fermé les yeux... Au bout de quelques minutes, mon attention fut attirée par un drôle de manège : un conciliabule d'oiseaux. Jamais vue pareille jacasserie !!!!! Et vas-y que j'te
cui-cui à tue-tête, que j'te roucoule, que j'te parade à grands déploiements de plumes ! Maître corbeau, par l'odeur du goûter alléché, vint faire la classe : il allait aujourd'hui enseigner à ses ouailles l'art de picorer les miettes de pains au chocolat à sa place. Pas gonflé, l'autre, hé, avec son corps beau et son ramage ! Au milieu de ce tintamarre, une armée de fourmis se fraye un chemin, transbahutant sur son dos les restes de viennoiseries... Saperlipopette, ça sonne, ça tintinnabule, le charme est rompu... Place à d'autres piailleurs... Rouhhhh rouhhhhhhhhh...

http://www.frazermarr.co.uk/fmsite/france/images/oiseau.jpg

Icare est la figure symbolique de l'aspiration des hommes à s'élever comme les oiseaux dans les airs, à s'y déplacer sans souffrir de la pesanteur, à s'affranchir des liens terrestres... Il est aussi par là, un avertissement contre l'orgueil humain. Pour les Grecs, il fut la personnification de l'imprudence, de l'ivresse de la découverte, de la démesure, alliées à la désobéissance. C'est le symbole de l'envol, du léger, de l'immatériel, de l'élévation vers le sublime...

"Sous tes ailes de fortune, Icare t'enviera,
Quelle est cette étoile qui vacille comme un prunier ?
Icare rougit de ta prunelle audacieuse ;
En toi, vit une harpe limpide aux cordes timides.
Les murs ont craché les eaux de vaisselle,
Les morts ont craché les odeurs d'aisselle,
Le laid et le puant et le faux sont diaphanes.
Icare le sait, il t'envie, tant vivace, hors du temps vigilant.

Un oeil crasseux semble s'être accoudé à tes ailes
Est-ce la peur qui vient briser ton envol ?
Tes larmes - ces perles-là ne sont pas essentielles,
Sèchent comme le jus d'orange sur les planchers vernis.
Tes cheveux, chevaux sauvages, reflètent l'éclipse des rires.

Musique flamenco, fiasco magique,
Tu danses comme une toupie digitigrade,
Les corps à l'unisson, les cordes au diapason,
Lorca ne croirait pas que même tes bras se balancent
Aussi rapides que des flûtes enchantées,
Même ta bouche gratte des notes
Plus amères que celles des guitares.
Icare t'envie, il convoite les membranes de tes ailes.

Les arbres, vastes parapluies, sous lesquels tu t'abrites,
Font de leurs branches un couffin de verdure où tu ris,
Ce rire a giflé ta larme, combat unique et magistral,
Tu as gagné sur toi-même,
Tes ailes s'ouvrent plus haut,
Tu t'envoles. Icare hurle englué dans la cire,
Il colle les plumes une à une, lui, dans son dédale.

Autour de la terre obsédée par des effluves de menthe âcre,
Odeur qui viole les hirondelles sur des cheminées imaginaires,
Un pas, un coup, une fenêtre - tu es là partout.
Matins pluvieusement gris, trottoirs dégueulasses, mais
Nous avons gagné sur nous-mêmes
Nos ailes s'ouvrent plus haut
On s'envole. Icare frémit englué dans la cire,
Il colle les ailes une à une, lui, avec Dédale.

Enveloppée dans tes rêves comme une puce dans une veste,
Tu t'es fait écraser, tique gorgée de chaleur humaine,
Sache que chaque aurore est une princesse maniaque
Ravissante mais incessante. Le soleil se lève aussi.
Le serpent de l'angoisse m'a vendu son venin,
Icare l'a étranglé de ses mains de bougie,
L'oursin des jérémiades n'a plus de piques,
Icare a joué coeur, coup sur coup.

Tes ailes te tricotent une robe de plumes,
Les cendres font la course, faux départ.
Un midi, tu assiéras tes maux sur tes genoux
Ils seront si légers que tu pourras les insulter.
La tourmente n'a qu'un troupeau, pas de drapeau.
Tes bras seront nos flocons de juin, doux et bleus,
Loin des giboulées de jaquemarts.
Tes mains, nos suaves parfums aux arabes saisons,
Seront celles d'un enfant aux prières novembresques.


Plus de vieux mégots sur nous, poupées pourpres,
Icare t'a caressée du bout des songes, pauvres singes,
Spirale de nausées à la tête planétaire,
Les ailes sont cousues au dos sacrifié, Icare, frère,
Envole-toi vers la lune, elle ne brûle pas,
Elle embrase d'or..."

Auteur inconnu

Des livres et moi...

11/06/2006 19:51
351 lectures
Boulimie de lecture... Au fil des pages, je redécouvre Balzac, Zola, Aragon, et Rimbaud...

Sensation...

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue :
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds,
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux comme avec une femme...

Rimbaud, mars 1870

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